Citations de Tim Gautreaux (109)
Il avait toujours considérer Lily comme une orpheline, quelqu'un de pareil à lui, et il pensait que chacun pouvait imaginer la douleur de l'autre. Or il n'en était rien. La douleur d'autrui vous reste étrangère.
« Tu veux tirer un coup ?
- Ben oui.
- Qui tu veux ? »
Billsy réfléchit un moment.
« Cette fois, je voudrais bien une fille avec des dents. »
Il devinait avec quelle violence les illusions de tous ceux qui avaient combattu là s'étaient vues irrémédiablement anéanties.
Son oncle lui avait dit et répété que la vengeance ne menait nulle part et qu'un salaud se punissait tout seul en en étant un.
Sous ses doigts, il se passa quelque chose d'étrange : il était moins concentré sur sa partition, et son tempo s'en trouva amélioré. Il se mit à ressentir ses notes au lieu de seulement les déchiffrer sur la page. Penchant la tête, il s'écouta jouer de mieux en mieux, triste à en pleurer alors que les danseurs tournoyaient joyeusement au son de sa musique.
Il lui vint à l'esprit cependant que depuis il aurait pu comprendre, à un moment ou à un autre, si la vengeance était importante. Mais à quoi pouvait-elle bien servir ? A rendre la monnaie de sa pièce à un salaud ? On ne lui avait pas appris à penser de cette façon. Son oncle lui avait dit et répété que la vengeance ne menait nulle part et qu'un salaud se punissait tout seul en en étant un.
Quand un homme en tue un autre, le plus important c'est qu'il lui enlève ce qu'il aurait pu faire du reste de sa vie.
« Y a des gens qui sont comme des oiseaux, ils vivent là où ils se posent. »
Anthony Buzetti appréciait le fait que son bureau n'eut pas de fenêtres. C'était à travers l'une d'elles que l'on avait abattu son frère ainé d'un coup de feu, et sa mère s'était jetée d'une autre fenêtre en apprenant la nouvelle.
La vie d'un petit enfant est une sorte de réduction d'une existence entière, et un mois y dure autant qu'un an pour un adulte.
- Est-ce que tu sens le poids de ma main sur ton épaule ?
- Oui.
- Chaque douleur que tu infliges, petite demoiselle, est un poids, et plus tu vieilliras, plus tu ressentiras leur masse peser sur toi comme des pierres, jusqu'à ce qu'elles fassent fléchir ton cou et qu'elles menacent de t'ensevelir.
Le principal défaut du curé, c'était d'écouter de façon délibérée les conversations qui ne lui étaient pas destinées ; il trouvait que les ragots constituaient les sons les plus intéressants que produisait l'âme humaine, non pas pour les vérités qu'ils pouvaient contenir, mais pour ce qu'ils révélaient du caractère de ceux qui les propageaient.
"On aurait presque envie d'en rire. Pourtant, quand on y pense, il n'y a rien de drôle dans tout ça." (Sam)
Charlie rendit le gros couteau Bowie à son sinistre propriétaire.
"En fait, les trucs qui font rire sont jamais vraiment drôles. C'est pour ça qu'on peut pas faire autrement qu'en rire.
- Je vais y réfléchir.
- Si tu finis par comprendre, tu m'expliqueras ce que je voulais dire par là."
Sam se retourna sur le flanc, les ressorts couinant sous son poids.
"Petit, un pistolet dans la poche d'un homme change sa façon de penser. Quand il n'en a pas, il hésite à prendre certains risques. Quand il en a un, il va là où il ne devrait pas, ou fait ce qu'il ne devrait pas faire. Il pense qu'une arme est un passe-partout, mais il se trompe.
- Mais c'est aussi une protection, non ? Un dispositif de sécurité ?
- Quand on ne sait pas nager, il vaut mieux ne pas s'approcher de l'eau.
Randolph comprit alors ce cliché selon lequel les nouvelles, comme le poisson, n’ont de valeur que tant qu’elles sont fraîches.
Il leva les yeux et imagina cinq cent mille soldats se précipitant les uns sur les autres sous une pluie glacée, le corps déchiqueté par les balles, le visage arraché, les genoux écrasés jusqu'à plus n'être qu'une charpie de sang mêlée de neige, les poumons brûlés par le gaz moutarde, et tout cela durant quatre années, une étendue aussi vaste et étale que le continent lui même......
Il était peut-être en train de changer, approchant la frontière de cet âge où il commencerait à regarder derrière lui, et il se rendit obscurément compte que ce changement avait quelque chose d’infiniment triste.
(p. 236)
" Aujourd'hui, la plupart des danseurs aiment tout pourvu que ça bouge. Il y a dix ans, il n'y avait que le ragtime et le cake-walk. A se demander ce qui leur plaira dans cinquante ans. "
Les yeux d'August s'étaient mis à briller. Il tendit la main pour faire claquer la bretelle gauche de son père.
" Quelque chose qui ressemblera à une tempête de grêle dans un bidon d'huile. "
Sam termina ses œufs et repoussa son assiette.
- "Je connais pas mal de gens qui passent leur temps à penser à l'avenir et qui bousillent le présent en attendant.
- C'est pas faux"
Sam tenta de se remémorer ce qu'il ressentait à son âge, alors qu'il avait déjà résolu de quitter la ferme de son oncle. Rien n'aurait pu l'ébranler dans sa décision. Il songeait que cette obstination était à la fois ce qu'il y avait de mieux et de pire chez les jeunes gens.