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Citations de Unica Zürn (41)


Elle en observe une autre, une vieille femme qui reste longtemps debout, à la même place devant les grilles de la fenêtre et s'entretient en criant avec un personnage invisible. Le médicament qu'on lui donne pour endormir ses "voix" n'agit que sur son corps qui est dans un tel état de faiblesse qu'elle doit s'appuyer aux murs pour marcher ; mais son pauvre esprit doit répondre aux propos hostiles de son infatigable "interlocuteur". Quel supplice n'est ce pas pour beaucoup de ces malades que d'être contraintes de vivre avec "leurs voix" ! elle s'en rend compte ici pour la première fois.
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C'est alors que pour la première fois elle a la vision de l'Homme-Jasmin ! Immense consolation ! Reprenant son souffle elle s'assoit en face de lui et le regarde. Il est paralysé! Quel bonheur! Jamais il ne quittera le fauteuil qu'il occupe dans son jardin où, même en hiver, le jasmin fleurit. Cet homme devient pour elle l'image de l'amour.
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De toutes les branches de la médecine, la psychiatrie est sans doute la plus ardue en même temps que la plus captivante ; elle est la seule dont nous puissions attendre des éclaircissements de tout ce qu'il y a d'obscur ou de nuageux sous notre calotte crânienne, même si de savoir-vivre nous avons apparemment assez pour échapper à la cellule capitonnée et à la camisole de force ... Par l'amour, point autrement, la science psychiatrique est en train de devenir une puissance de lumière et une force de salut.

(André Pieyre de Mandiargues)
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La musique triste et sereine d’un violon monte du village jusqu’à elle. « N’ayez pas peur, je m’occupe de vous... » Oh ! non, elle n’a pas peur. À la clarté de la lune qui se lève la chambre se transforme en jardin : les murs s’évanouissent ou ne sont plus fait que de l’ombre de feuillages et de branches. Une tache d’argent commence à bouger comme un doigt qui veut désigner quelque chose : cela éveille son attention. Cette minuscule lueur parmi l’ombre des feuillages grandit ou s’apetisse à la façon d’un œil qui cligne. Lumière et ombre se métamorphosent distinctement en tout petits personnages. Deux groupes se sont formés qui s’approchent l’un de l’autre avec des manières gracieuses et cérémonieuses. Quel spectacle ! On se salue, on se fait des révérences. Ces « hommes » pas plus grands qu’un doigt sont parfaitement formés et distincts. Elle voit leurs visages et même l’expression de ces visages. Une seule personne se détache de chaque groupe : un homme et une femme. Les deux groupes se retirent à l’arrière-plan et disparaissent dans la nuit de leur pays que certainement l’on chercherait en vain sur cette terre. L’homme, la femme se tiennent face à face comme deux êtres à leur première rencontre. Leurs têtes ne sont pas plus grandes qu’un pétale de rose - oh, plus petites encore. Leurs yeux sont là ! Ils se regardent. Leurs yeux sont petits comme des yeux d’oiseau, mais clairs comme des perles. Le vent bruit dans les arbres devant la fenêtre. Pendant un moment, tout devient noir. Quand le vent s’est calmé, l’homme et la femme sont de nouveau là, plus près l’un de l’autre. Leurs longs vêtements s’agitent alors. Et quand ils cessent de trembler leur plis, leurs ornements, leurs parures, leurs broderies, paraissent encore plus nets et plus précieux. Tous deux semblent prêts à tomber dans les bras l’un de l’autre. Elle espère qu’il n’auront plus à se séparer, et elle les quitte, tandis que ses yeux se ferment pour un court moment de sommeil.
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Parfois, les enfants sont pris de joie à se sentir échapper à la pesanteur. Avec une témérité folle, ils sautent du mur. le plus haut et, tels des chats, ils atterrissent en douceur sur les mains et sur les pieds. Ils dansent, ils tournent sur eux-mêmes toujours plus vite jusqu'à être pris de vertige et tomber.Ils jouent à la princesse et aux brigands, et la princesse vole d'un épais buisson à l'autre pour se cacher des brigands. Si elle est quand même prise, les brigands se changent en Peaux-Rouges qui attachent leur victime au poteau et tirent sur elle arcs et flèches. Le jeu est dangereux mais c'est cela qu'elle veut. On lui bande les yeux. On allume un feu si près de ses vêtements qu'ils commencent à brûler. On lui tire les cheveux, on la pince, on la boxe. Pas une plainte ne s'échappe de ses lèvres. Elle souffre en silence, perdue dans des rêveries masochistes où les idées de vengeance et de représailles n'ont pas de place. La souffrance et les douleurs lui font plaisir.
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Qui pourrait supporter l'amour sans en mourir ?
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Depuis son enfance le lit est, dans ce monde inquiétant et dans cette vie trouble, l'endroit où elle se sent le plus en sécurité. Le lit où l'on peut écrire, dessiner et rêver est son suprême refuge contre la vie ; et dans les longues périodes passives et sans espoir, ces longues périodes de dépression qui suivent ponctuellement et inexorablement celles de la folie et des hallucinations tellement agréables, le lit est pour des jours et des mois le seul endroit où elle est capable de continuer à exister. Dans ces dispositions d'esprit elle reste couchée, les yeux fermés, des heures durant et elle parvient à ne plus penser à rien.
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(Les étranges aventures de Monsieur K.°

Il fait froid. Des corbeaux parlent autour du lac,
Biche et merle prennent le thé. Corbeau,
Prophète de malheur dans le soir. Premières étoiles,
Parle, K. !
Le crapaud grave est mort très misérablement au Hik.
Tout à côté le rêve de l'âne parlait.
Le nez du pauvre monsieur K. saignait
Lac, sombre lac des corbeaux. Respirer
veut dire vivre, veut dire que le rêve
des étranges aventures s'épanouit en vrilles.
Aventures. Celles de monsieur K. ?
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Ici l'une pleure parce que bientôt elle sera le "cas le plus célèbre" que le monde ait jamais vu. L'autre poursuit une marche sans fin et s'amuse de choses dont personne n'a idée. La troisième se trouve dans la forêt de sa chevelure et va peut être s'y promener.
Elle pense aux premiers fous qu'elle a vus étant enfant. Et ils n'étaient pas peu. Elle se souvient d'eux. Ils ont fait impression inoubliable sur son imagination toute fraîche d'enfant.
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Alors le scorpion rouge se précipita du plafond sur le sol de la chambre, et dans une horrible contorsion se transperça le coeur de son propre aiguillon.
Au même moment l'aigle blanc entra en volant par la fenêtre ouverte et m'enveloppa de son magnifique regard bleu.
Après s'être éloigné il se débarrassa de ses ailes et retourna dans sa chambre. Il s'assoit en face du fauteuil vide et, perplexe, il regarde la fuite du temps.
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"C'est fini" dit-elle à voix basse et elle se sent déjà morte avant que ses pieds ne quittent le rebord de la fenêtre. Elle tombe sur la tête et se brise le cou. Son petit corps gît, étrangement tordu dans l'herbe.
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Elle se marie avec lui. Le plus beau c’est que personne n’en sait rien. Et c’est son premier, son plus grand secret.
La présence immobile de cet homme lui dispense deux leçons qu’elle n’oubliera jamais :
Distance.
Passivité.
Beaucoup plus tard on tourne en elle des clefs, l’une après l’autre, mais elle ne s’ouvrira pas. On se lasse vite de cette petite boîte inutilisable et on la jette. Car, dans les années qui viendront, elle ne verra, par-dessus l’épaule des hommes sur laquelle elle se penchera, rien que l’Homme-Jasmin. Elle restera fidèle à ses noces d’enfant.
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Quel bonheur d'avoir dans cette maladie un "interlocuteur" digne qui n'insulte ni n'attaque. Elle pense à une femme de Wittenau qui s'entretenait pendant des heures avec une petite aiguille invisible, une aiguille pleine de gaieté et d'idées drôles qui lui donnait toujours de bons et judicieux conseils.
Un mot de l'homme derrière la grille, le seul avec lequel elle parle parfois, l'étonne. Il dit avec un sourire presque heureux : "On est fou".
(Comme s'il y avait un refuge dans la folie - ce qui d'ailleurs est peut être vrai).
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Quelqu'un qui voyage en moi me traverse.
Je suis devenue sa maison.
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On frappe dans les rues, on frappe sur les toits, on frappe dans les caves. Par ce moyen, on s’envoie des messages. Est-il donc défendu de se parler aujourd’hui ? ça en a l’air. Quelle belle idée ! On frappe avec un marteau sur du bois, avec un marteau sur de fer, sur de la pierre. On frappe dans toutes les maisons, dans toutes les rues les magnifiques chiffres de 1 à 9 et chacun connaît leur signification. […]
Un avion décrit des courbes dans le ciel d’été bleu et rayonnant et laisse derrière lui un gigantesque cercle blanc et lumineux : un signe pour elle ! Et elle pense : « Quelle nuit ! Quelle journée ! »
Loin, en bas, dans la rue, un petit chien lui répond : Oui, quelle journée jappe le petit chien, et elle court à la fenêtre et est saluée par des cris d’allégresse, un joyeux concert de klaxons : elle qui représente le tigre à la poursuite du gibier, le fauve terrifiant !
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Qui pourrait supporter l'amour sans en mourir ?
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L'homme ne peut rien imaginer qui ne se réalisera un jour sous une forme quelconque.
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A présent elle sait enfin pourquoi elle vit: parce qu'elle devait -le-rencontrer. Dans les heures sombres de désespoir, elle s'est souvent demandé pourquoi elle était venue sur terre. Elle en voulait à ses parents de l'avoir mise au monde. Ce monde qui lui semblait hostile et dur. Elle est tellement émue qu'il lui soit apparu qu'elle en mourrait volontiers sur le champ. Rien n'existe pour elle de plus grandiose et de plus excitant que la contemplation de cet étranger. Pour la première fois de sa vie, elle aime quelqu'un qui n'est pas son père. (p.61 /éd. Pierre Belfond, 1971)
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Sans le malheur, la vie est insupportable.
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La musique triste et sereine d'un violon monte du village jusqu'à elle. "N'ayez pas peur ! Je m'occupe de vous ..." Oh ! non, elle n'a pas peur. A la clarté de la lune qui se lève la chambre se transforme en jardin : les murs s'évanouissent ou ne sont plus faits que de l'ombre de feuillages et de branches. Une tache d'argent commence à bouger comme un doigt qui veut désigner quelque chose : cela éveille son attention. Cette minuscule lueur parmi l'ombre des feuillages grandit ou s'apetisse à la façon d'un oeil qui cligne. Lumière et ombre se métamorphosent distinctement en tout petits personnages.
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Leurs têtes ne sont pas plus grandes qu'un pétale de rose - oh, plus petites encore. Leurs yeux sont là ! ils se regardent. Leurs yeux sont petits comme des yeux d'oiseau, mais clairs comme des perles.
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