AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Robert Valançay (Traducteur)Ruth Henry (Traducteur)André Pieyre de Mandiargues (Préfacier, etc.)
EAN : 9782070756735
280 pages
Gallimard (03/11/1999)
4.02/5   42 notes
Résumé :
" Je promenai encore un regard autour de moi pour voir s'il me restait quelque chose à faire. Mais à présent l'ordre seul semblait gouverner dans la pièce. Tous les yeux tristes et étrangers qui couvraient les murs de cette chambre se fermèrent lentement de sommeil. Une dernière fois je regardai par la fenêtre là-bas où, un jour, j'avais vu par le trou de la serrure de cette pièce les yeux de mon ennemi. Tout l'horizon à gauche, au fond, où l'aigle blanc avait dispa... >Voir plus
Que lire après L'homme-jasminVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
4,02

sur 42 notes
5
5 avis
4
3 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Le voyageur passant par la bonne ville de Lausanne, au sein de la mésestimée Confédération Helvétique, a pour obligation — au moins aussi impérieuse qu'une longue contemplation de son Lac — de dédier une demi-journée à la visite de sa Collection de l'Art Brut, incroyable musée établi dans le discret Château de Beaulieu, abritant les oeuvres que Jean Dubuffet a réuni tout au long de sa vie sous la bannière d' « art des fous ».
(en passant, on remarquera une fois encore l'acte manqué de l'Etat Français pour accueillir ce type de fondation…)
Les questions que posent ces créations sur la nature même d'une oeuvre d'art, déjà sérieusement chamboulée par l'explosion des médiums dans les Arts Modernes et Contemporains, sont innombrables… alors que l'intelligence artificielle vient en poser de nouvelles, plus complexes encore.
La sincérité et le caractère quasi-naturel de leur essence les singularisent certainement, justifiant ce distinguo que d'autres trouveraient choquant, voire dégradant pour les adeptes de théories post-relativistes telle cette « neurodiversité », autre réponse de ceux qui pensent qu'essayer de se mettre d'accord sur certaines vérités équivaut à de l'oppression… le propos n'étant pas de réduire un individu à sa pathologie, mais bien de réfléchir à sa prééminence dans l'action créatrice…

Tout ça pour vous introduire un des plus beau exemple à ma connaissance d'Art Brut en littérature, fascinante et rare occurence d'une folie conscientisée, décrite avec la distance nécessaire par son récipiendaire dont la schizophrénie permettait ces effrayants moments de lucidité, d'auto-analyse jusqu'au vertige, sans toutefois en sortir tout à fait.

Unica Zürn s'est faite aussi connaitre pour ses dessins, malheureusement absents des deux livres en ma possession (avec « Sombre Printemps » au Serpent à Plumes), et pour ses anagrammes ou « écritures sorcières », proches de l'écriture automatique des Surréalistes qu'elle a fréquenté, dont certains exemples émaillent le livre, impossibles à apprécier du fait de leur traduction de l'Allemand.

Reste l'expérience sensorielle et abyssale de cette folie dont l'équilibre a fini par céder, émouvante résonance personnelle pour ceux qui la fréquente dans leur intimité ou dans leur entourage, ne cessant jamais de défier tout appel à une possible normalité.
Commenter  J’apprécie          8514
"Dans un abominable cliquetis un scorpion rouge et laqué tomba du ciel et heurta le plateau. Sans réfléchir si j'en avais le droit je le broyai au moyen d'une statuette de Bouddha en pierre que je trouvai à côté du plateau. le grincement furieux que provoqua sa destruction fit place à un craquement de verre lorsque je le jetai dans le feu. Un frisson d'ailes blanches traversa la fenêtre ouverte. Un aigle blanc s'inclina devant moi et pendant un long instant je me sentis étreinte par ses ailes. Ses magnifiques yeux bleus fixaient sur moi leur regard fier et heureux. Puis il reprit son vol vers le lointain. La poupée de cire, percée d'aiguilles noires, avec son visage pareil au mien, je la jetai au feu."

Récit autobiographique -
Descriptions de ses incarcérations en asile psychiatrique,
lourd - pesant - plombant
terrible - effrayant
dur - révoltant
d'une désespérance sans nom.

Allez ! Viens !
Je t'emmène loin, loin, dans le délire d'une âme qui se perd, une âme et d'autres avec elle déjà perdues.

Allez ! Viens !
Regarde le monde, ce monde
au-dedans de Soi
au-dehors des Autres

Loin, très loin, où la musique est triste
où la tendresse n'existe plus
où un gouffre s'ouvre sous ses pieds
où l'esprit vagabonde sur des routes sinueuses
où personne jamais n'y trouve son chemin
Et se perd .... se perd ....
Inexorablement !

Le corps ploie
L'esprit vacille
Regarde ! regarde par la fenêtre
Le jour, l'horizon du possible ...

Souris !
Rêve !
Attrape le Soleil, la Lumière, la Vie !

Tout déchire
Suprême douleur.

Fin du voyage

Fais dodo !

"Elle regarde se dérouler un film fascinant qui ne finit jamais".

Délire !
Quel livre !!!

Commenter  J’apprécie          271
L'Homme-Jasmin commence par un rêve d'enfance. Suivant l'exemple d'Alice, la jeune Unica Zürn passe de l'autre côté du miroir, où a lieu un dédoublement a priori assez bénin, puisqu'il s'agit de l'apparition d'un ami imaginaire : l'Homme-Jasmin éponyme. Mais celui-ci provoque d'emblée un jeu de regards interne, comme deux miroirs face à face dédoublant à l'infini l'image que la jeune Unica se fait d'elle-même. En effet, la forme originelle de l'Homme-Jasmin n'est décrit que par ses yeux bleus, dans lesquelles Zürn voit « l'image de l'amour ». Il lui dispense « deux leçons qu'elle n'oubliera jamais :
Distance.
Passivité. »

Zürn se retrouve ainsi hors d'elle-même, et l'on comprend mieux son choix narratif de se désigner par le pronom « elle ». Cette distance, enseignée par l'Homme-Jasmin, lui permettra de se ressaisir objectivement hors du chaos de sa folie à venir.

Mais la distance est aussi un symptôme de sa crise d'altérité. À travers son double inavoué de l'Homme-Jasmin, l'observée se voit s'observer elle-même, et ne sait plus où elle est, qui elle est.

À l'âge adulte, elle rencontrera le poète Henri Michaux, un personnage qui la fascinera au point de lui paraître incarner l'Homme-Jasmin. La sensation d'être observée par son idéal devient ainsi objective, mais d'autres fantasmes viennent s'y greffer, comme celui d'être manipulée de loin. La réalité commence ainsi à être interprétée à l'aune de ces projections paranoïaques, qui s'auto-alimentent.

Dans ce texte, Zürn évite soigneusement de nommer Michaux, préférant lui substituer l'alias de l'Homme blanc (reliquat de la blancheur du jasmin ?) ou de HM, initiales que Zürn confond à dessein avec son écrivain favori Hermann Melville, comme pour se tromper elle-même et préserver ainsi sa santé mentale, dont elle comprend la fragilité en parvenant parfois à trouver assez de recul pour définir son mal : « Comme elle n'est pas assez intelligente, elle veut absolument croire qu'il l'hypnotise. Son cerveau, pas plus grand que celui d'un poulet, ne comprend pas que c'est elle-même qui s'hypnotise en laissant constamment sa pensée tourner autour de la même personne. Lui, c'est l'aigle qui décrit des cercles autour du petit poulet masochiste. »

À l'instar de cette dernière image tragi-comique, le rapport entre Unica Zürn et Henri Michaux se fait avant tout sur le mode de la rêverie surréaliste, comme dans le passage hallucinatoire où la narratrice se voit (à distance bien sûr, au fond d'elle-même) exécutant sous les ordres de l'Homme blanc une danse difforme, qui démultiplie ses membres et la métamorphose de façon symbolique. La « passivité » inculquée par l'Homme-Jasmin devient une soumission inconditionnelle à la volonté de l'Homme blanc.

Le fantasme d'une force hypnotique exercée par une figure masculine m'a fait penser au récit En-bas de Leonora Carrington, autre épitomé de la folie féminine chez les surréalistes. Toutefois, malgré l'importance donnée ici à la distance, Zürn ne bénéficie justement pas du même recul que Carrington, puisqu'elle écrit entre deux crises, là où son aînée avait su, en partie grâce à l'écriture, traverser sa « grande épreuve de l'esprit » (pour reprendre une expression de Michaux, qui admirait le récit de Carrington : tout se rejoint, il y aurait de quoi devenir paranoïaque…). de plus, fidèle à la passivité de l'Homme-Jasmin, Zürn refuse de changer : à un psychiatre qui lui demande si elle croit en sa guérison, elle répond « non », « avec un certain plaisir ». le monde lui paraît « morne » sans les visions hallucinatoires causée par le premier stade de ses crises.

En pratiquant l'écriture et le dessin, Unica Zürn ne cherche donc pas à se guérir. Son identité d'artiste s'affirme par la dépersonnalisation, via les figures extraordinaires qui lui apparaissent au début de ses crises et lui inspirent ensuite ses dessins aux formes foisonnantes et aux yeux grouillants. Ils sont comme un jeu pour faire éclater les formes : des figures définies par la disparition de corps définis et singuliers. de même, le recueil est truffé d'anagrammes qui disloquent le langage et font émerger de nouveaux sens. Tous ces jeux participent de son identité paradoxale, qui prend forme en déformant. Mais c'est aussi sa schizophrénie qui y triomphe.

Avec son homme-jasmin devenu Homme blanc, Unica Zûrn pratique un « jeux à deux » dont les règles délirantes visent à laisser ses personnages imaginaires s'entre-déchirer de leurs regards distants, jusqu'à avoir « succombé au pouvoir de leurs yeux ».

Notons pour finir que l'influence du style de Michaux devient palpable dans la dernière partie du recueil, intitulée « La maison des maladies », où l'on retrouve l'exploration fantaisiste d'un corps altéré - ici celui d'Unica Zürn - observé à distance, dans un état de conscience modifié. Ce corps devient bien plus grand que sa propriétaire, suffisamment pour qu'elle tienne tout entière dans chacune de ses parties, mais sans le contrôler. le « je » d'Unica Zürn se retrouve enfin dans la narration, mais prisonnier d'un corps non contrôlé, de ce « elle » où rôde une mort personnifiée, qui la supervise. Cela constitue une magnifique métaphore filée renvoyant à la fois à cette sensation d'être prisonnière d'elle-même, mais aussi à ses séjours dans des institutions psychiatriques en Allemagne puis en France qui rythment le récit de l'Homme-Jasmin et la confrontent à des malades mentaux qui se parlent à eux-mêmes et luttent avec eux-mêmes. Autant de reflets déformés du cas Unica, dans le miroir brisé d'Alice.

Au-delà de tout ce qu'il peut avoir de dérangeant, ce livre demeure très éclairant sur les prisons que l'on peut se construire, et les rapports ambigus qu'elles entretiennent avec la création artistique (Dali ne disait-il pas que ce qu'il haïssait le plus au monde, c'était la liberté ?)
Commenter  J’apprécie          140
Unica Zurn est une écrivaine et plasticienne allemande née en 1916. Elle participa au courant surréaliste avec son compagnon Hans Bellmer. Elle composa des poèmes sous forme d'anagrammes et des textes poétiques ainsi que de nombreux dessins et des gravures.
Elle fut très proche d'Henri Michaux qui lui a inspiré le présent livre "L'homme Jasmin" et écrivit également un récit fantasmé d'enfance et de jeunesse intitulé "Sombre Printemps".
Elle fut très appréciée du cercle surréaliste car elle était la seule à pouvoir franchir la zone qui sépare la réalité de l'imaginaire grâce à ses troubles psychiatriques dont elle sut faire une source de création.
Unica Zurn se suicida en 1970.
L'homme Jasmin est le journal d'une folie. On mesure bien à sa lecture le génie de cette femme qui sut transformer des symptômes cliniques dont elle connaissait la banalité en oeuvre d'art. le style est limpide et envoûtant.
Pourquoi n'est-elle pas davantage connue ? Sans doute, l'univers de qui passe à travers le miroir est-il inquiétant. Mais cette lecture est une expérience à tenter si on aime le surréalisme.
Commenter  J’apprécie          265
Challenge ABC 2018-2019, 14/26
Challenge Plumes Féminines

Qu'en dire ? Ce n'est pas une lecture facile. Ce n'est pas facile d'en parler non plus. Elle m'a beaucoup fait penser à L'Ombilic des Limbes d'Artaud (qu'elle évoque aussi), surtout lors de la lecture de la première partie, où elle décrit (est-ce vraiment le bon terme ?) ses hallucinations lors des ses périodes à la fois dépressives et schizophrènes. C'est la partie la plus pesante, celle que j'ai eu le plus de mal à lire. Celle où les obsessions sont les plus présentes : l'homme-jasmin, qui devient l'Homme Blanc (et qui n'est pas un médecin), les deux figures qui annoncent les internements, mais aussi les injections faites pour changer de sexe (ainsi, elle craint que l'homme avec qui elle vit, Hans Bellmer ne soit transformé en femme). Les dernières parties sont moins lourdes à lire, elle parle de ses différents internements et reconnait les signes avant-coureurs d'une crise ; elle peut anticiper Globalement, l'hôpital psy semble être un endroit où elle se sent en sécurité, où elle peut travailler
Cette plongée dans la psyché de Zürn ne se fait pas sans mal, ni sans malaise. Il n'ai pas facile de se figurer dans un cerveau malade, qui fonctionne d'une manière différente du sien propre.
Commenter  J’apprécie          110

Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
La musique triste et sereine d’un violon monte du village jusqu’à elle. « N’ayez pas peur, je m’occupe de vous... » Oh ! non, elle n’a pas peur. À la clarté de la lune qui se lève la chambre se transforme en jardin : les murs s’évanouissent ou ne sont plus fait que de l’ombre de feuillages et de branches. Une tache d’argent commence à bouger comme un doigt qui veut désigner quelque chose : cela éveille son attention. Cette minuscule lueur parmi l’ombre des feuillages grandit ou s’apetisse à la façon d’un œil qui cligne. Lumière et ombre se métamorphosent distinctement en tout petits personnages. Deux groupes se sont formés qui s’approchent l’un de l’autre avec des manières gracieuses et cérémonieuses. Quel spectacle ! On se salue, on se fait des révérences. Ces « hommes » pas plus grands qu’un doigt sont parfaitement formés et distincts. Elle voit leurs visages et même l’expression de ces visages. Une seule personne se détache de chaque groupe : un homme et une femme. Les deux groupes se retirent à l’arrière-plan et disparaissent dans la nuit de leur pays que certainement l’on chercherait en vain sur cette terre. L’homme, la femme se tiennent face à face comme deux êtres à leur première rencontre. Leurs têtes ne sont pas plus grandes qu’un pétale de rose - oh, plus petites encore. Leurs yeux sont là ! Ils se regardent. Leurs yeux sont petits comme des yeux d’oiseau, mais clairs comme des perles. Le vent bruit dans les arbres devant la fenêtre. Pendant un moment, tout devient noir. Quand le vent s’est calmé, l’homme et la femme sont de nouveau là, plus près l’un de l’autre. Leurs longs vêtements s’agitent alors. Et quand ils cessent de trembler leur plis, leurs ornements, leurs parures, leurs broderies, paraissent encore plus nets et plus précieux. Tous deux semblent prêts à tomber dans les bras l’un de l’autre. Elle espère qu’il n’auront plus à se séparer, et elle les quitte, tandis que ses yeux se ferment pour un court moment de sommeil.
Commenter  J’apprécie          80
Elle en observe une autre, une vieille femme qui reste longtemps debout, à la même place devant les grilles de la fenêtre et s'entretient en criant avec un personnage invisible. Le médicament qu'on lui donne pour endormir ses "voix" n'agit que sur son corps qui est dans un tel état de faiblesse qu'elle doit s'appuyer aux murs pour marcher ; mais son pauvre esprit doit répondre aux propos hostiles de son infatigable "interlocuteur". Quel supplice n'est ce pas pour beaucoup de ces malades que d'être contraintes de vivre avec "leurs voix" ! elle s'en rend compte ici pour la première fois.
Commenter  J’apprécie          130
- Oui, j’ai sauté du quatrième étage dans la cour avec mon bébé. Et, arrivés en bas, le petit était sur moi et sans la moindre égratignure. Moi non plus d’ailleurs, pas même un bras cassé – c’est bien le plus étonnant -, seulement des entailles aux joues. On me les a très bien recousues. Vous pouvez voir les cicatrices toutes fraîches. »
Et elles admirent les cicatrices et elles admirent aussi la femme.
Entre alors un homme tout rond et gentil. La femme dit : « Voici mon ami. »
Son ami ? Et l’autre alors ? Celui pour lequel elle a eu tant de chagrin qu’elle a sauté d’une fenêtre ? Cet ami lui apporte une quantité d’énormes sandwiches et de salade de pommes de terre. Et la grosse, sans cesser de manger, le prend dans ses bras. Comme tout cela est simple !
Elles entendent l’ami lui dire : « Si tu ne guéris pas, alors je ne t’apporterai plus rien à manger. Tu pourras alors recommencer à te jeter par la fenêtre jusqu’à ce que tu en meures. »
Ils rient, s’embrassent et mangent.
Quand il est parti, la grosse femme revient vers elles. « Et où est ton bébé ? lui demande la jeune fille rousse.
-A l’orphelinat, répond-elle.
-Mais quand je serai guérie, j’aurai le droit de le reprendre, j’épouserai mon ami et tout sera bien.
-Mais tu n’es donc pas guérie ? lui demande-t-on.
-Oh non, dit-elle tristement, je n’ai plus le droit de me servir de ma machine à coudre.
-Pourquoi ?
-Ah, c’est terrible ! Il y a deux ou trois tout petits bonshommes plus petits encore que mon pouce, qui habitent ma machine. Et quand je couds, ils se mettent à pousser des cris effroyables et à pleurer, car l’aiguille les perce de part en part, et même la nuit, leurs sanglots me réveillent parce que leurs blessures les font énormément souffrir. Je ne sais pas comment tout ça va tourner, car je gagne ma vie en faisant de la couture.
Commenter  J’apprécie          20
De toutes les branches de la médecine, la psychiatrie est sans doute la plus ardue en même temps que la plus captivante ; elle est la seule dont nous puissions attendre des éclaircissements de tout ce qu'il y a d'obscur ou de nuageux sous notre calotte crânienne, même si de savoir-vivre nous avons apparemment assez pour échapper à la cellule capitonnée et à la camisole de force ... Par l'amour, point autrement, la science psychiatrique est en train de devenir une puissance de lumière et une force de salut.

(André Pieyre de Mandiargues)
Commenter  J’apprécie          90
Depuis son enfance le lit est, dans ce monde inquiétant et dans cette vie trouble, l'endroit où elle se sent le plus en sécurité. Le lit où l'on peut écrire, dessiner et rêver est son suprême refuge contre la vie ; et dans les longues périodes passives et sans espoir, ces longues périodes de dépression qui suivent ponctuellement et inexorablement celles de la folie et des hallucinations tellement agréables, le lit est pour des jours et des mois le seul endroit où elle est capable de continuer à exister. Dans ces dispositions d'esprit elle reste couchée, les yeux fermés, des heures durant et elle parvient à ne plus penser à rien.
Commenter  J’apprécie          70

Video de Unica Zürn (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Unica Zürn
https://www.editions-harmattan.fr/livre-exposition_benoit_lepecq-9782343227139-68464.html
Lors d'une exposition en 1962 à la galerie le point cardinal, on assiste au vernissage d'une dessinatrice surréaliste, compagne d'Hans Bellmer : Unica Zürn. Celle-ci, un an plus tôt, a été hospitalisée à Sainte-Anne par le docteur Ferdière, présent au vernissage. La traductrice et journaliste Ruth Henry complète les invités. Son exil de l'Allemagne post-hitlérienne la fait agir comme une enfant aux yeux d'un cénacle d'artistes académiques et d'un pouvoir médical qui vient de découvrir les neuroleptiques. Sa grande innocence subvertit les codes: il est question de savoir si on la ré-internera ou non. Hans Bellmer représente le contrepoint masculin à son vécu désintégré, dont la place dans l'histoire surpasse la muse ou la Poupée qu'on aura retenues d'elle.
+ Lire la suite
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature des langues germaniques. Allemand>Romans, contes, nouvelles (879)
autres livres classés : folieVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (107) Voir plus



Quiz Voir plus

Freud et les autres...

Combien y a-t-il de leçons sur la psychanalyse selon Freud ?

3
4
5
6

10 questions
434 lecteurs ont répondu
Thèmes : psychologie , psychanalyse , sciences humainesCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..