Citations de Uwe Wittstock (17)
Pour détruire la démocratie, il n’aura pas fallu plus de temps à ses ennemis que l’équivalent de bons congés annuels. Ceux qui avaient quitté un État de droit fin janvier revinrent quatre semaines plus tard dans une dictature.
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Trente jours seulement après avoir prêté serment comme chancelier du Reich, Hitler a donc créé le socle légal de son pouvoir illimité. Il n'aura plus besoin que de la loi des pleins pouvoirs, promulguer quelques petites semaines plus tard, pour rendre le parlement définitivement superflu.
Pour détruire la démocratie, il n'aura pas fallu plus de temps à ses ennemis que l'équivalent de bons congés annuels. Ceux qui avenir quitté un état de droit fin janvier revinrent quatre semaines plus tard dans une dictature.
Pour certaines des personnes présentes, cette réception chez Bernhard sera jusqu'à nouvel ordre leur dernière fête à Berlin. Ils ont fait leurs bagages et ont pris leur billet de train. Ils supposent qu'ils ne devront passer qu'une brève période à l'étranger : il ne devrait quand même pas s'écouler beaucoup de temps avant qu'Hitler ait fait le sien. Mais la situation actuelle offre trop peu de visibilité : mieux vaut aller voir ailleurs.
Manifestement, le policier n'est pas un nazi, il semble avoir de bonnes intentions à son égard. Il l'avertit : dès le lendemain, les autorités doivent lui retirer son passeport et une fois que ce sera fait, il ne pourra pas quitter l'Allemagne. Manifestement, les nouveaux maîtres du ministère de l'Intérieur ne veulent en aucun cas le laisser filer, ils veulent être sûrs qu'ils pourront l'arrêter à tout moment lorsqu'ils le jugeront nécessaire.
Les termes qu'il emploie de lui paraissent jamais assez grandioses: respect, salubrité, peuple, entité ethnique, populaire, communauté du peuple, et revenant toujours et constamment: allemand, allemand, allemand.
Mais tous les articles montrent le peu de cas que font les politiciens nationaux-socialistes des droits fondamentaux, seize jours après l'accession d'Hitler au pouvoir.
Comme beaucoup de ceux qui ont le sentiment d'avoir été laissés pour compte dans le passé ou d'avoir échoué face à des concurrents juifs, il sympathise avec les antisémites qui viennent d'arriver au pouvoir.
Le populisme qu'est Hitler brosse à l'intention de son auditoire le tableau fantasmatique d'une " communauté du peuple " organique dans laquelle toutes les nuances et toutes les individualités se dissolvent au sein de collectifs monolithiques comme "le" paysan allemand et "le" travailleur allemand, ou en concepts indéfinissables, comme " la" culture allemande et "les" grands hommes de l'histoire allemande.
Un critique reprochant à Papen d'avoir livré le pays à un dictateur, il répond: « Que voulez-vous donc ? Dans deux mois, nous aurons tellement coincè Hitler qui'il se mettra à couiner. »
Au fond, L’identité de l'homme qui succédera à Schleicher à la chancellerie ne le concerne plus du tout, pas plus que de savoir si ce bal était la dernière danse de la République.
Il est difficile de formuler plus clairement un ordre d'ouvrir le feu. Ce décret transforme pratiquement toute personne n'appartenant pas à une organisation nationaliste en gibier à battre . Mieux vaut que la police tire une fois de trop que trop peu. Goering en assume personnellement la responsabilité. Il détache la police de ses ancrages legaux et en fait une brigade de guerre civile.
Mais lorsque Cohn lui déconseille une fois encore, de manière très pressante, tout report de son départ, Herzog comprend que l'apparition des deux mouchards annonce un danger bien réel. Sa décision est prise aussitôt : même s'il donne l'impression de partir en catastrophe, il montera dans le train de nuit pour la France.
En dépit des apparences, le discours d'Hitler ne révèle rien de concret sur son programme. Une mise au contraire sur les métaphores pompeuses et la sonorité de grands mots qui scande comme autant de signaux, quitte à prononcer des phrases dépourvues de sens.
C'est quand on veut être pris au sérieux dans le combat politique, Il ne faut surtout pas sous-estimer l'adversaire: la satire peut être mortelle.
Comme si un assassinat était un délit mineur.
" Et tout cela va durer beaucoup plus longtemps que vous ne le pensez. Mais chacun d'entre nous peut faire en sorte de ne jamais tendre ne fût-ce que le petit doigt à ceux qui ont désormais le pouvoir. " Carl von Ossiertzky