Mina Lacan, première gendarme profileuse, est l'héroïne de deux livres immersifs signés Marie-Laure Brunel-Dupin et Valérie Péronnet : "Avant que ça commence" et "Serrer les dents".
À l'occasion de la parution de ce second tome aux éditions Black Lab, les créatrices de cette série aussi réaliste qu'haletante nous plonge dans les coulisses de leur travail d'écriture à quatre mains.
"Avant que ça commence" https://www.hachette.fr/livre/avant-que-ca-commence-9782501160766
"Serrer les dents" https://www.hachette.fr/livre/serrer-les-dents-9782501183697
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Ils se sont offert une réunion de famille, tranquille. Tous ces gens morts depuis des années parfaitement vivants dans mes murs, chacun à l'âge de son plus grand bonheur, et tous contents de se retrouver. Je n'avais jamais vu ça. Armand contait fleurette à Dumontine, qui riait en rosissant ; la petite Séraphine faisait des grâces à ses grands-parents énamourés ; Eusèbe filait à la cuisine dès qu'il en avait l'occasion pour minoucher son Émerencienne.
Et dans un coin du salon.....une très belle dame, aux allures de Parisienne, observait ce petit monde....sans que personne semble avoir conscience de sa présence.
La vie est plus supportable quand on est hors d'atteinte et qu'on ne se pose pas de questions.
C'est un hiver très dur. Un hiver de pluie, de neige et de vents glacés qui font craquer les murs et souffrir les toitures. De noirceurs interminables, de ciels fous. Un hiver sans mots, sans douceur, sans personne. (Incipit)
Elle fait souvent ça. Tous les jours, même. Elle s'agite, elle s'agite, et puis paf, elle tombe, très lentement, comme si on la débranchait.
À un moment, on arrive au bout de ce qu'on peut supporter. C'est comme ça.
Je n'ai jamais vu ça. Elle est complètement seule. Totalement désertée par tous, absolument absente du monde, dont rien ne parvient jusqu'à elle à part le froid dément et les hurlements de l'hiver, sans fin.
Les maisons, c’est fait pour abriter, pour habiter. Pas pour encombrer, peser, et rendre la vie invivable.
Voilà comment ça a commencé, entre Emma et moi. J'ai tendu un fil très doux entre mon cerveau et le sien, pour qu'elle comprenne sans que j'aie besoin de parler. Un fil invisible, très fin et très solide, qui ne se coupe jamais, même quand je suis caché, même quand elle est loin, même si on est fâchés. Ça s'appelle un fil-de-frère. C'est très précieux, et très rare.
(...) c'est presque impossible de convaincre quelqu'un qui se croit coupable alors qu'il ne l'est pas. Alors une mère n'en parlons pas. J'espère qu'elle finira par y parvenir, et que sa vie sera un peu plus légère.
Les humains ne se méfient jamais assez de leurs maisons. Ils disent : " Les murs ont des oreilles", et puis ils oublient et nous livrent leurs secrets, y compris les plus intimes, sans réaliser qu'on est là. Qu'on les entend, qu'on les voit, qu'on les respire et même qu'on les aide un peu parfois.