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Citations de Véronique Chauvy (48)


Des passants hâtèrent le pas, place de la Concorde, pressés de s'engouffrer dans un hôtel particulier qui abritait un cercle privé, l'Automobile Club de France. Dans un salon feutré, la lumière artificielle venait mettre en valeur une sculpture d'argent massif. Sur son socle de marbre, l'objet d'art livrait au regard une savante construction pyramidale : une automobile lancée à toute allure devait son impulsion à un petit personnage, hardi génie du Progrès qui orientait le volant d'une main tout en pointant de l'autre vers le ciel une torche résistant aux assauts du vent ; à l'arrière, une silhouette se tenait debout sur le siège, femme et divinité mêlées, déesse de la Victoire aux ailes déployées, qui retenait sur son sein dans un élan pudique le vêtement dont elle était drapée et qui s'envolait sous l'effet de la vitesse. Les flammes d'argent qui s'échappaient des roues pour lécher la carrosserie rendaient parfaitement l'illusion du mouvement du véhicule.
Œuvre d'un joaillier de la rue de la Paix, cette allégorie matérialisait le trophée d'une course automobile de prestige : la coupe Gordon-Bennett, du nom de son créateur, un homme de presse américain passionné de sport.
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- Cette rencontre a quelque chose de stimulant, et je ne parle pas seulement du chocolat ! Cette femme et moi avons un point commun, c'est de gérer une entreprise qui nous conduit à nous imposer dans un milieu d'hommes. Pour moi, il s'agit du personnel dans sa grande majorité ; pour elle, ce sont les concurrents.
La passion faisait briller les yeux de Gabrielle.
- Quelle chance ai-je de vivre en ce début de siècle ! Nous, les femmes, sommes amenées à assumer de plus en plus de responsabilités. Quel tournant !
- A prendre à la corde ! plaisanta Sabine.
P 223
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New York donna à voir au petit matin, sur des eaux assagies, la silhouette fière de la statue sculptée par Bartholdi, qui incarnait, au-delà de la Liberté, la complicité entre les peuples français et américain. Henri posa les yeux sur les buildings qui se dressaient derrière elle : traits de verre, d'acier auquel le soleil levant donnait des couleurs d'ocre, de feu et d'or rouge. Quand le bateau entra dans le port, l'horizon était barré de ces formes verticales qui paraissaient démesurément hautes, et une foule innombrable gesticulait d'impatience sur le quai. Des curieux, des enthousiastes étaient venus nombreux, qui piaffaient en babillant dans l'attente de voir enfin ces fameux Français.
P 223
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Moi, je suis à l'atelier de masticage : j'incorpore le soufre au caoutchouc pour faire la partie la plus dure de la bande de roulement, expliqua-t-il en gonflant la poitrine. Pour les jantes des camions, bien sûr ; la voiture, ça n'a pas d'avenir !
P 18
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Le citoyen républicains que je suis espère que ce même lecteur condamnera les massacres commis au nom d'une idéologie qui perdure encore aujourd'hui dans sa volonté de tout régenter.
_ Ne croyez-vous pas qu'à faire une lecture du Moyen-âge à l'aube du XXeme siècle on se trompe de regard?
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En ce vendredi 12 mai, l'Automobile-Club d'Auvergne entreprenait sa troisième excursion, l'avant-dernière avant les éliminatoires françaises. Autant dire que l'oeil avisé des organisateurs cherchait à ajuster les ultimes détails dans les travaux d'aménagement. Les sportsmen étaient partis en compagnie d'autorités militaires et administratives - la préfectorale étant particulièrement bien représentée - afin d'envisager la question cruciale du service d'ordre. On prévoyait de disperser tout le long du circuit, en postes réguliers, plus de sept mille militaires et plus de mille gendarmes à pied et à cheval.
P 128-129
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Une bâtarde ! Le mot avait tourné dans sa tête durant la journée, la renvoyant à ces chiens qui traînaient dans les rues quand on ne les avait pas jetés au ruisseau au préalable, l’échine tombante comme s’ils se savaient marqués du sceau de leur origine. Elle avait voulu se convaincre que le déshonneur dont s’était rendue coupable sa mère était demeuré un secret bien gardé, mais elle se sentait cependant salie. Elle avait essayé de se persuader qu’elle avait vécu vingt et un ans de la sorte, dans une ignorance qui l’avait préservée, alors pourquoi sa vie devrait-elle en être brusquement changée ?
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. Groupeyre venait à présent lui lécher la main, en chien fidèle qui reconnait la supériorité du maître.
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Juliette devinait, sous les couvertures hermétiquement jointes les unes aux autres, un foisonnement de savoirs, une avalanche de rêves, une abondance de voyages entraînant vers des rives inconnues. Elle aurait voulu tout avoir lu, tout avoir feuilleté, se doutant que sa minuscule personne ne pourrait qu'être écrasée sous tant de découvertes.
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À avoir raté sa vie, sa seule exigence était de ne pas rater sa mort.
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Elle tourna les talons, furieuse contre Rodolphe et contre elle-même. Si seulement, ce fameux soir du 3 janvier 1892, alors qu’elle rentrait dépitée du banquet des confiseurs, la porte entre les deux magasins s’était ouverte sur Rodolphe ! Elle avait tant besoin de réconfort que sans doute, s’il était venu la consoler par des gestes tendres, c’est à lui qu’elle se serait donnée… Elle se rappellerait toujours avoir guetté un mouvement du côté de la porte communicante. Mais c’est celle de l’atelier qui s’était ouverte, imprimant à sa vie une autre direction, et il ne pouvait être question de revenir en arrière.
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Juliette le regardait avec une sérénité attentive et Gustave Marquand se surprit à penser que cette fille combinait beaucoup de qualités : pugnace sans être entêtée, décidée mais pas obtuse pour autant, et en même temps lucide sans faiblesse. L’épisode de la confiture sauvée de justesse avait renforcé une conviction que la débrouillardise de la jeune fille, au cours de toutes ses années d’emploi, avait fait naître peu à peu. Mais elle avait eu la prudence de rester à sa place, c’est-à-dire de ne pas profiter de l’expérience pour aspirer à un poste d’ouvrier confiseur. Il n’y avait pas de féminin à cette tâche et il lui avait su gré de ne pas chercher à prétendre de façon pérenne à un travail où elle ne pourrait jamais être employée.
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— Détrompe toi, Juliette. Quand nous serons tous les deux aux portes de la vieillesse, nous nous retournerons sur ces premières années du nouveau siècle, et nous nous dirons, parce que nous voudrions les revivre : comme elles étaient belles…
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- Vous offrez à l’auteur un cadeau très précieux, l’osmose entre votre âme et la sienne.
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Cette croisade que s’apprête à célébrer la ville, c’est aussi ma croisade ! Ma croisade contre la concurrence, contre le mépris de mes confrères, contre le découragement qui me gagne parfois à me lever tous les matins à 5 heures et à travailler plus de quatorze heures par jour !
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Une vision de barricade emplit son esprit.Un mur de pavés barrait l'accès à la rue,surmonté de sacs de sable et étoffés de caissons de meubles et de planches extraites de l'ébénisterie familiale. Des corps gisaient à terre, inertes et sanglants, celui de Vincent envoyait un regard vide vers le ciel. Julien cilla des paupières.
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Dans la voix de Pierre, Juliette avait senti vibrer la peur. La peur d’être découvert, la peur d’être dénoncé, la peur de devoir payer sa fuite. Durant ces cinq longues années, où elle avait enduré l’humiliation d’avoir été abandonnée, la tristesse d’élever une enfant sans père, éprouvé du souci et de la peine pour Rodolphe, lui se cachait et n’exprimait à présent que de la peur ? C’était tout là l’homme qu’elle avait épousé ! Ses propres angoisses d’être confrontée à lui s’évanouirent aussitôt.
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Les regrets l’avaient déjà saisi, à quoi bon s’obstiner à tenter de séduire une Juliette qui, elle, avait les pieds sur terre et ne s’en laissait pas conter par un utopiste comme lui ?

Il referma la couverture du fascicule dont il avait commencé la rédaction dans l’après-midi, en attendant son ami le député. Celui-ci avait sans doute préféré demeurer chez lui, de crainte d’avoir à se glisser au milieu d’un défilé des croisades qu’ils qualifiaient tous deux de mascarade. Il relut le titre qu’il avait écrit provisoirement : « Vers une nécessaire séparation des Églises et de l’État. »
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Il est encore temps de faire évoluer les regrets pour en faire des semences d’avenir…
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Le cœur est comme une onde

Fébrile où va la vie

Sombre comme le monde

Désir inassouvi.

C’était un poème sur le regret, ce sentiment tenace qui, à la relecture de la vie, renvoie en parallèle un idéal rêvé, avorté à l’instant même où il est ébauché. Par quelle alchimie ces rimes et celles qui suivaient parvenaient-elles à refléter son âme à cet instant exact ? L’auteur de ces lignes semblait avoir eu une vision prémonitoire du roulis qui agitait son cœur. À moins que lui-même n’ait connu pareille émotion...
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