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Citations de Victor Castanet (64)


Dès que je suis arrivée dans cette unité, dès que l’ascenseur s’est ouvert, j’ai compris que quelque chose n’allait pas. Déjà, il y avait cette odeur de pisse terrible, dès l’entrée. Et je savais que c’est parce que [les résidents] n’étaient pas changés assez régulièrement. Ça s’est révélé être le cas. Je suis restée près d’un an là-bas, et je ne vous dis pas à quel point il fallait se battre pour obtenir des protections pour des résidents.
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" Il s'agit également de pointer les responsabilités du système de santé français et tout particulièrement des autorités de contrôle, en premier lieu les agences régionales de santé ( ARS ), qui, à bien des égards, ont failli à leurs missions premières : s'assurer de la bonne utilisation de l'argent public et, surtout protéger nos aînés."
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" J'ai découvert, incrédule, qu'Orpéa avait réussi le tour de force d'industrialiser le secteur de la dépendance, pourtant peuplé de corps, de chairs, de regards, de peaux, de bruits et de vies, Des dizaines de milliers d'hommes et de femmes ont été transformés en simples produits de consommation ; les personnes âgées, réduites à des chiffres ; les politiques de santé du groupe, à des équations budgétaires."
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Malgré toute la confiance que je lui accorde, j’ai alors du mal à concevoir qu’un établissement de ce standing soit le théâtre de telles dérives.

Pour quelles raisons un groupe laisserait-il passer de tels dysfonctionnements qui, à terme, risqueraient de nuire à son image et donc à sa rentabilité ?

Je décide de commencer à enquêter pour en avoir le cœur net et demande à Laurent Garcia de me mettre en rapport avec d’anciens salariés qu’il a côtoyés durant son expérience Orpéa.

Saïda Boulahyane est l’une des premières que je rencontre et je suis alors loin d’imaginer qu’elle sera la première de dizaines et de dizaines d’autres, ni que ce « fait divers » m’amènera à visiter presque chaque région française durant trois ans et à me plonger dans un dossier tentaculaire qui dépasse de très loin la question de la maltraitance.
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En un instant, le paradis s'est transformé en enfer. Je n'avais rien vu de tel. J'ai 54 ans, de l'expérience dans de nombreux groupes. C'est le pire du pire que j'ai vu dans ma vie.
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Ce médecin de formation est un homme très influent dans le domaine de la dépendance, souvent missionné par les ministres de la Santé pour rédiger des rapports et proposer des pistes de réformes. Lorsque j’évoquerai ces ratés avec lui, il me répondra ceci :
« Les contrôles, c’est une question de fond. C’est le sujet ! Est-ce que les tutelles, est-ce que les agences régionales de santé ont les capacités et les moyens de contrôler des groupes comme Korian et Orpéa ? Est-ce que l’Etat est capable, une fois de temps en temps, de faire une descente avec une équipe-choc qui sait lire entre les lignes, fouiller la comptabilité d’un groupe ? Est-ce qu’ils ont la puissance d’expertise pour le faire ? Je ne parle pas d’un flicage malsain, mais juste de vérifier la bonne utilisation de l’argent public ? Aujourd’hui, clairement non !
Il faudrait qu’ils embauchent des anciens du secteur, qui sont les seuls capables de savoir où il faut aller fouiner. Il faudrait des autorités de contrôle indépendantes et beaucoup plus de moyens. »
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Victor Castanet
" Au delà de l'image, Les Bords de Seine (EHPAD privé), comme tous les établissements du groupe, doivent rapporter de l'argent. Beaucoup d'argent"
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Trois couches par jour ...

( page17 )

L'alimentation , c' était au compte- gouttes . Au petit déjeuner , c'était deux biscottes . Et s'ils en voulaient une troisième , ce n'était pas possible . Au goûter , c'était une madeleine . Une deuxième madeleine , ce n'était pas possible .

( page 23 )

Jean-Claude Marian a vendu le 21 janvier 2020 la totalité du solde de ses actions , soit 6,3 % du groupe , et empoché par la même occasion de quoi mettre sa famille à l'abri pendant plusieurs siècles : 456 millions d'euros !

( page 359 )
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Je m’étonne, d’ailleurs, encore des défaillances des autorités de contrôle et de l’attitude de la DGCCRF vis-à-vis de mon enquête. Même lorsque je leur ai révélé par téléphone que j’étais en possession d’un document attestant de détournements de l’argent public dans le secteur des EHPAD ainsi que de nombreux témoignages détaillant l’ensemble du système mis en place, ils refusèrent de me rencontrer.

Ce mur, ce silence de l’administration, plusieurs témoins de mon enquête l’ont constaté, amers. Une ancienne directrice de la région bretonne notamment avait essayé un temps d’alerter les autorités, en vain. Elle se tournera finalement vers moi…
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C’est la version ultime de l’entreprise capitaliste. Et c’est ce qui explique, en partie, les niveaux de marge exceptionnels de cet empire, depuis trente ans. Orpéa a inventé un système où il est quasiment impossible de perdre. Chez Orpéa, chaque mois, on va pouvoir supprimer un, deux, trois, quatre, cinq postes, parfois plus, pour s’adapter à son niveau d’activité et maintenir coûte que coûte une marge intéressante.
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L'équation imposée par Orpéa à ses directeurs était complexe. Il s'agissait :
1) de ne jamais dépasser le budget fourni par les conseils départementaux sous peine de devoir payer de sa poche
2) d'engranger, dans le même temps, 28% de l'ensemble de ces budgets pour les reverser au siège ;
3) de fournir, malgré tout, un service minimum pour que cela n'impacte pas de manière trop visible l'exploitation.
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Pour te dire, Victor, ce fameux groupe Médica que j’ai rejoint ensuite, ils ont hésité à me recruter parce que je venais d’Orpéa. Ils m’ont dit : « Nous, les gens d’Orpéa, on n’en veut plus parce que vous avez perdu toute votre humanité. »
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Elle me raconte que la personne en charge du contrat incontinence de Hartmann au siège du groupe n'avait jamais mis les pieds dans un EHPAD et ne connaissait absolument rien au secteur des protections. "La seule chose qui l'intéressait, me dit-elle, c'était d'obtenir le prix le moins cher. Le reste, les questions de qualité, ça lui passait au-dessus de la tête". Lors de la renégociation du contrat Hartmann en 2016, les effets désastreux des ristournes appliquées se seraient fait sentir immédiatement : " après cette renégociation, on a reçu énormément de plaintes de directeurs d'Ehpad. Ils nous appelaient pour nous dire que les couches étaient de très mauvaise qualité, qu'elles fuyaient, qu'il y avait constamment des problèmes. J'en ai parlé plusieurs fois à ma supérieure, mais elle s'en foutait."
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En revanche, elle se rappelle qu'il lui était interdit de descendre ses protégés au rez-de-chaussée ou au premier étage. Que ce soit à Notre-Dame ou aux Bords de Seine, le "bossu" reste dans les étages : "Un vieux avec la tête qui pendouille ou les yeux grands ouverts, ça ne va pas avec le cadre chez ORPEA, m'explique SB. On préfère les cacher. ça ne fait pas très chic. ça ne va pas avec la moquette.
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Ces conditions de travail, avec le temps, laissent des traces. Votre peau s'épaissit, votre humeur se dégrade, votre rire n'a plus la même résonnance. Vous avez perdu, sans vous en apercevoir, de votre légèreté.
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Les heures qui suivent vont être particulièrement éprouvantes. Plusieurs infirmières qui avaient refusé d’administrer les différents traitements dans un premier temps auraient subi une telle pression qu’elles auraient été contraintes de se soumettre et de procéder aux injections. D’autres feront semblant ; l’une ira même jusqu’à vider ses seringues dans les plantes et injecter, à la place, du sérum physiologique. Sans que l’on puisse établir de manière certaine si c’est la conséquence directe de ces injections contestées, une chose est certaine, 48 heures plus tard, Mme Burgat est déclarée morte.
(…)
J’aurai quelques mois plus tard, l’occasion de discuter par téléphone avec l’un des fils de Mme Burgat, l’ancien ministre.
Encore traumatisé par le départ de sa mère, il m’avouera ne pas avoir la force de s’exprimer sur cet épisode tragique. Mais il m’encouragera à publier mon enquête et m’affirmera qu’il n’avait jamais été mis au courant de la mise en place de cette procédure extrême et n’avoir jamais formulé le moindre accord.
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Ces trois directeurs étaient donc au courant, eux aussi, qu'Orpéa avait mis en place des contrats-cadres avec ses fournisseurs et que l'entreprise était susceptible de recevoir des rétrocessions à la fin de l'année... Les rétrocessions serviraient à payer, entre autres choses, les séminaires organisés tous les ans par le groupe. Pour Orpéa, ces séminaires sont capitaux. L'objectif affiché est de faire corps, d'insuffler l'esprit d'entreprise, la gagne Orpéa. p.229
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"Monsieur Dufour*, allons ! Soyons sérieux ! N'oubliez pas qu'on fait du parcage de vieux." Puis, il roule les plans, me les tend et part prendre son train. Cette phrase a résonné longtemps dans ma tête. Et je pense que c'est ce jour-là que j'ai décidé de démissionner. Je veux bien être dans une entreprise capitalistique dans laquelle il faut générer de l'argent, de la marge, mais pas n'importe comment... Là, en plus, on touche aux soins, à la santé. C'est quand même très spécifique ; on ne peut pas faire n'importe quoi. On gère des individus. Pas des boîtes de conserve ou des cornichons." p.115
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Le sort des personnes âgées dont elle s occupe au quotidien la préoccupe sincèrement, mais sa situation financière ne lui permet pas de faire d esclandre. Son seul moyen d action est de faire son travail, aussi bien qu'elle le peut.
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Et l’élément clef, l’ADN d’Orpéa, il est vraiment là: réussir à organiser la prise en charge de personnes âgées dépendantes dans le contexte budgétaire le plus restreint possible. Lorsque vous avez compris ça, vous avez compris Orpéa.
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