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Citations de Violaine Gelly (30)


Violaine Gelly
Sa pratique quotidienne de l'oraison, une prière proche de la méditation zen, inspire toujours les catholiques, tandis que la psychanalyse voit en elle une grande figure de l'hystérie. Thérèse d'Avila, c'est l'Espagne charnelle et passionnée de Dieu, à moitié folle et totalement hystérique.

(psychologies HS)
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Charlotte Delbo fait partie du convoi du 24 janvier 1943, le seul convoi de femmes politiques à avoir jamais été envoyé à Auschwitz. Sur les 230 déportées, seules 49 reviennent, après 27 mois de captivité.

Prière aux vivants pour leur pardonner d'être vivants (1970), extrait
Je vous en supplie
Faites quelque chose
Apprenez un pas
Une danse
Quelque chose qui vous justifie
Qui vous donne le droit
D’être habillés de votre peau de votre poil
Apprenez à marcher et à rire
Parce que ce serait trop bête
A la fin
Que tant soient morts
Et que vous viviez
Sans rien faire de votre vie.
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Une mère aimante mais sévère. Droite. Rigoureuse. D'une moralité ouvrière inflexible, celle qui demande qu'on supporte la faim plutôt que de voler du pain, qui exige aussi qu'on partage celui qu'on possède. (...)
Une famille à gauche, de tendance anarchiste, où l'on aime la politique mais où l'on a peu confiance dans les politiciens. Où l'on partage ce que l'on a avec ceux qui n'ont rien. Générosité, respect de la parole, fidélité, intransigeance aussi: des valeurs que Charlotte incarnera toute sa vie. (p.15)
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De cette heure d'adieux nous ne savons rien, ou si peu. Plus tard, Charlotte Delbo, l'écrivaine, essaiera de rendre ce matin du 23 mai 1942. " j'écoutais son coeur qui battait au rythme que je connaissais, comme je l'écoutais quand je m'endormais dans ses bras. Je l'écoutais et, malgré moi, j'en comptais les battements, je mesurais combien de coups son coeur avait encore à battre. Chaque battement dévorait les minutes et c'est ainsi que j'ai su la mesure de ma vie et de mon amour. " (Extrait d'" Une scène jouée dans la mémoire" , HB éditions, 2001)
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Pour Gross, la nature normale de l'homme réside dans l'immoralité sexuelle. La fidélité, l'abstinence, la conjugalité... tout cela ne sert qu'un but : asservir l'être humain aux contraintes sociales et assurer le maintien de l'ordre bourgeois. Jung défend l'inverse. Pour lui, le refoulement sexuel est indispensable comme facteur de culture. Sinon, nous ne serions que des animaux à peine civilisés.
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Je vous en supplie
Faites quelque chose
Apprenez un pas
Une danse
Quelque chose qui vous justifie
Qui vous donne le droit
D’être habillés de votre peau de votre poil
Apprenez à marcher et à rire
Parce que ce serait trop bête
A la fin
Que tant soient morts
Et que vous viviez
Sans rien faire de votre vie.
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Quand Wilhelm avait fait la connaissance d’Ingeborg,
elle portait sur son visage cette austérité à laquelle l’avait
contrainte sa mère. Les cheveux tirés en chignon autour d’une
raie au milieu parfaitement droite, le regard sérieux, le visage
soigneusement inexpressif. Elle qui espérait si peu de la vie et
pas grand-chose des hommes tomba rapidement amoureuse
de celui-ci, attentionné et affectueux. À la grande inquiétude
de sa mère. «Comment allons-nous faire une avec un élément
érotique parmi nous, écrivit-elle quand elle apprit qu’Inge-
borg était amoureuse.
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Sans doute avez-vous raison
vous qui avez des mots pour tout
Mais
il y en avait
ni forts ni faibles
qui n'ont été
ni jusqu'au sacrifice
ni jusqu'à la trahison
Il m'est arrivé de penser
qu'il aurait pu être de ceux -là
et d'avoir honte
Je voudrais être sûre
d'avoir eu honte
il faut
il faut
que vous ayez raison

Je me demandais
pour qui
pour qui il mourait
pour lequel de ses amis
Y avait-il un vivant
qui méritait sa vie à lui
lui
le plus cher
Doucement il est revenu
de là-bas où il était en allé
revenu me dire
qu'il était mort pour le passé
et pour tous les devenirs
J'ai senti que ma gorge éclatait
mes lèvres ont voulu sourire
mais c'était que je le revoyais.

Vous ne pouvez pas comprendre
vous qui n'avez pas écouté
battre le coeur
de celui qui va mourir "- [p. 12 / extr. "Une connaissance inutile" ]
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Marie-Claude Vaillant-Couturier l’aide par ailleurs à obtenir un grade militaire, celui d’adjudant-chef. Elle est pensionnée au titre de déportée politique, puis de déportée résistante.

Lorsqu’ils étaient rapatriés, les déportés recevaient tous une carte, bleue, certifiant qu’ils étaient déportés politiques et ouvrant droit à une pension. Par la suite, des associations ont fait valoir qu’il convenait d’établir une différence entre une personne déportée pour faits de guerre et une personne déportée parce qu’elle était juive ou bien civile prise dans une rafle. Pour ceux qui avaient appartenu à un réseau officiel, une carte (rose) de déporté résistant fut donc créée. Simple histoire de dénomination ? Pas seulement : les déportés politiques touchaient une pension civile, les déportés résistants une pension militaire. Or celle-ci était supérieure de 60 %. Quand elle l’apprend, Charlotte écrit directement au ministère des Anciens Combattants pour que son statut soit rectifié : « Certes, tous les déportés ont également souffert, je le sais. Mais puisqu’on a établi une différence entre déporté politique et déporté résistant, je dois vous avouer que j’ai été humiliée de n’avoir pas la carte de déporté résistant. J’ai été humiliée d’être mise dans la catégorie de ceux qui ont été déportés par hasard ou nazis. » Elle obtiendra son nouveau statut en 1957. En 1970, l’injustice qui était faite en matière de pension sera réparée et tous les déportés recevront la même somme.
(page 220)
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Jusqu'en 1965, Charlotte laissera dormir le cahier qui contient le manuscrit de Aucun de nous ne reviendra. Il ne la quitte pas, elle l'emporte partout. Mais elle n'en parle pas. Le conserve pour elle. Le 2 avril 1974, interrogée par Jacques Chancel pour l'émission Radioscopie, elle racontera qu'elle s'était donné vingt ans pour le relire et juger : "Pour moi, ce livre aurait tant d'importance dans ma vie qu'il fallait que ce fût une oeuvre. Pour m'assurer que c'en était une, il fallait que je le laisse dormir pendant vingt ans. Cela peut paraître un pari stupide, orgueilleux en même temps, j'avais des raisons très prosaïques. Nous arrivions dans un pays ravagé par la guerre, des gens meurtris qui ont subi des deuils, des bombardements, des déprédations, qui ont été très malheureux. Et leur malheur, même s'il était sans comparaison avec le nôtre, il faut bien l'admettre, était présent alors que le nôtre était lointain. Nous étions dans la situation de celui qui est en train de mourir d'un cancer et qui essaie d'attirer l'attention de quelqu'un qui souffre d'une rage de dents : la rage de dents vous possède tant que vous ne faites pas attention à l'autre et que vous n'entendez pas la plainte du proche."
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Beaucoup de leurs amis pensèrent à l’époque qu’il la fuyait parce qu’elle était trop possessive. Mais elle n’était pas possessive: elle l’aimait. Et il ne l’aimait plus. Ou plus assez. Ce que Karen découvrait, c’est que Denys n’aimait personne.
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Ce point sur la carte
Cette tache noire au centre de l'Europe
cette tache rouge
cette tache de feu, cette tache de suie
cette tache de sang, cette tache de cendres
pour des millions
un lieu sans nom.
De tous les pays d'Europe
de tous les points de l'horizon
les trains convergeaient
vers l'in-nommé
chargés de millions d'êtres
qui étaient versés là sans savoir où c'était
versés avec leur vie
avec leurs souvenirs
avec leurs petits maux
et leur grand étonnement
avec leur regard qui interrogeait
et qui n'y a vu que du feu,
qui ont brûlé sans savoir où ils étaient.
Aujourd'hui on sait.
Depuis quelques années on sait.
On sait que ce point sur la carte
c'est Auschwitz.
On sait cela
Et pour le reste on croit savoir.
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Vingt-cinq ans après être revenue d'Auschwitz, elle sait désormais que l'expérience concentrationnaire, en dépit des témoignages, et notamment du sien, ne peut être partagée. Pis, elle ne peut prévenir tout ce qui fut à sa source : le racisme, l'antisémitisme, la guerre, la dictature... Ni le goulag, ni la guerre au Vietnam, ni la torture en Algérie. Non, l'expérience d'Auschwitz ne donne aucune clairvoyance, aucune lucidité, aucune légitimité particulière face aux barbaries.
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Elle a 46 ans. Elle est pauvre, malade, veuve de son amour et orpheline du défi qui remplissait sa vie depuis deux décennies. Pour la seconde fois de son existence, elle doit repartir à zéro, recommencer sans enthousiasme, ni l’inconscience de sa jeunesse. Et elle n’a pas le courage. Elle s’est donnée six mois pour trouver ce qu’elle devait faire de sa vie. Mais certains matins elle a à peine le courage de se lever. Une fois de plus elle se trouve prisonnière, incapable de gagner de l’argent, humiliée, coincée par cette bourgeoisie qu’elle hait.
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Je sors tout droit de la magnificence de la grande nature, du face à face avec les grands fauves qui vous captivent, vous obsèdent au point de vous laisser l’impression que rien d’autre que les lions ne peut donner un sens à votre vie, revigoré par le grand air de la haute montagne, bronzée par le soleil, pleine du spectacle de sa splendeur sauvage, libre, puissante, lors des journées éblouissantes de chaleur et des grandes nuits de clair de lune. Il n’y a rien au monde qui puisse être comparé à la chasse (…). La vie de safari a quelque chose qui vous fait oublier tous les chagrins de la vie.
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Nous nous sommes ici assigné un seul objectif : faire revivre Charlotte Delbo pour donner envie aux lecteurs de découvrir ses textes. Pas son expérience, par son authenticité mais ses silences, ses ellipses. Tout ce qui peut enrichir non pas l'expérience, mais le récit.
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Charlotte est fichée détenue Nacht und Nebel. nacht und Nebel, "Nuit et brouillard" en allemand. Le film d'Alain Resnais qui porte ce titre a conduit la plupart d'entre nous à associer ces mots au génocide juif. Pourtant, historiquement, les décrets Nacht und Nebel des 7 et 12 décembre 1941 n'ont qu'une directive : "Avec le début de la campagne de Russie, des éléments communistes et d'autres milieux germanophobes ont intensifié leurs attaques contre le Reich et contre la puissance occupante. L'étendue et le caractère dangereux de ces menées imposent, pour des raisons d'intimidation, les mesures les plus rigoureuses à l'égard de leurs auteurs". La dénomination Nacht und Nebel est donc réservée aux militants communistes, aux terroristes, à tous ceux qui ont lutté directement contre l'occupant. "Un effet de frayeur efficace et durable, poursuit le décret, ne peut être atteint que par la peine de mort ou par des mesures propres à maintenir les proches et la population dans l'incertitude du sort des coupables. Le transport en Allemagne permet d'atteindre ce but." Par ces deux lettres, NN, le sort des nouvelles détenues de la Santé est scellé : Secret et déportation.
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Le patron a une idée en tête : confronter des personnages de roman et de théâtre. Le Julien Sorel du Rouge et le noir de Stendhal, le Sim Tapperti du Barnaby Rudge de Dickens, face à Arnolphe, Dom Juan ou Hamlet... Pour Charlotte, les personnages de roman s'expliquent et décryptent leurs actions à mesure qu'ils découvrent les mobiles qui les meuvent, alors que les personnages de théâtre agissent et laissent au spectateur le soin de comprendre, par lui-même, leurs motivations. "Les personnages de roman nous disent leurs secrets, Les personnages de théâtre paraissent ne rien cacher mais gardent leurs secrets. [Sp,11]
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Le 26 décembre 1936, Charlotte est au théâtre Adyar, près de la tour Eiffel. Là, devant trois cents personnes, Danielle Casanova annonce la création de l'Union des jeunes filles de France (UJFF), sous la présidence d'honneur de Marguerite Cachin, épouse du directeur de l'Humanité, compagne de route de Jules Guesde et de Jean Jaurès. "Il n'est plus désormais possible à la femme de se désintéresser des problèmes politiques, économiques et sociaux que notre époque pose avec autant de force. La conquête du bonheur est, pour la femme, liée à son libre épanouissement dans la société, cet épanouissement est une condition nécessaire du développement du progrès social", déclare Casanova à la tribune. L'UJFF se veut déjà un mouvement communiste, féministe, pacifiste et antifasciste. Dans ses rangs se recruteront les militantes d'aujourd'hui et les résistantes de demain. Marie-Claude Vaillant-Couturier, Danielle Casanova et tant d'autres seront les chevilles ouvrières de la lutte clandestine des femmes communistes. Charlotte sera leur compagne de route et leur amie jusqu'à la fin de sa vie.
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Pour Charlotte et Georges, la vie militante s'intensifie. Aux JC, ils sont tous deux mêlés de près à la grève des Midinettes en mai 1935. Le mouvement, parti de chez Lanvin, se propage très vite aux maisons Chanel, Worth, Paquin, Molyneux ou Nina Ricci. Les jeunes cousettes, exploitées et sous-payées, réclament avec force manifestations - et obtiendront - une garantie des salaires, la reconnaissance des sections syndicales, une semaine de congés payés et l'élection de déléguées d'atelier.
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