AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Walker Percy (33)


Au dessus de l'entrée de notre cinéma de quartier, on peut lire en permanence: "Ici, le bonheur ne coûte pas cher". Et il est vrai que je suis heureux au cinéma, même si le film est mauvais. Beaucoup de gens, je l'ai lu quelque part, passent leur vie à chérir les moments inoubliables de leur passé: la découverte du Parthénon à l'aube, la rencontre, une nuit d'été dans Central Park, d'une belle fille solitaire avec laquelle on saura établir des rapports tendres et naturels, pour parler comme les livres. Moi aussi un soir j'ai rencontré une fille dans Central Park, mais je n'en conserve pas un très grand souvenir. Ce dont je me souviens par contre, c'est du moment où, dans La Chevauchée fantastique, John Wayne tue trois hommes avec sa carabine, tout en se jetant sur le sol dans la rue poussiéreuse, et de celui où, dans Le Troisième Homme, le petit chat découvre Orson Welles dans l'embrasure d'une porte.
Commenter  J’apprécie          182
Je vide d'un trait mon Tang - vodka aux œufs de cane additionné de Tabasco. Je me sens déjà requinqué.
Commenter  J’apprécie          91
Quelquefois, je suis frappé par le fait que, quand ma mère mentionne Dieu, elle se sert de lui, ni plus ni moins, comme de l'un des expédients dont on peut, dans le monde révoltant des hommes, se servir, avec tout le reste, pour accomplir la seule tâche qui lui semble utile : la maîtrise circonspecte des secousses de le vie. C'est un marché qu'elle a passé, au tout début, en acceptant un amoindrissement général des choses, des bonnes comme des mauvaises. De la même façon, elle se méfie de la bonne fortune et dresse des murs contre la mauvaise et il me semble parfois l'entrevoir dans ses yeux, cette radicale défiance : la vielle lueur du savoir, aussi vieille et rusée qu'Eve elle-même.
Commenter  J’apprécie          90
Il y avait le chat. Allongé là, dans le soleil, ses besoins satisfaits. Pour lui, tous les endroits se valaient, du moment qu'il y avait du soleil - pour lui, point de sottises sur des vieux coins hantés, couverts d'herbes folles quelque part au Mississippi, ou sur une vie toute neuve dans un endroit tout neuf de Caroline - le chat était exactement cent pour cent chat, ni plus ni moins. Tandis que Will Barrett, tandis que les gens aujourd'hui... Jamais ils n'étaient cent pour cent eux-mêmes. Ils occupaient un espace, non sans peine et avec plus ou moins d' insuccès. Au mieux, ils étaient eux-mêmes à quarante-sept pour cent - ou très rarement, dans le cas d'Einstein dans le tramway, à trois cents pour cent. Comment la grande aspiration de soi peut-elle espérer jamais être un chat dodu somnolant au soleil ?
Commenter  J’apprécie          90
Nous nous serrons la main et nous nous quittons bons copains.
Mais bons copains ou pas, il faut absolument que je sorte le plus vite possible. A dire vrai, trop de camaraderie me rend nerveux. Une minute de plus et la salle de bal elle-même va se charger de malaise. Déjà le poêle de cellophane a des lueurs de mauvais augure.
Commenter  J’apprécie          80
C'était un abruti mais il avait de la grâce. C'était un espace vide empli par la vision d'un autre. Un bon acteur.
Commenter  J’apprécie          80
Si je l'aimais ? Je ne suis pas sûr de comprendre ce que veulent dire les mots, mais je l'aimais, si l'aimer c'était la désirer à chaque minute, chaque seconde, désirer ne fût-ce que poser mes yeux sur elle, à en perdre le souffle dès que qu'elle s'éloignait de moi, à en avoir le cœur en fête dès qu'elle réapparaissait à l'horizon comme, de retour au pays, l'exilé retrouvant le bonheur des siens.
Commenter  J’apprécie          70
Ne sois pas en colère contre père et mère. Ils t'aiment autant qu'ils comprennent l'amour, autant que la plupart des gens.
Commenter  J’apprécie          70
Depuis mercredi j'ai conscience de la présence des juifs.Comment je m'en suis rendu compte?Parce que dès que je m'approche d'un juif,mon compteur Geiger se met à crépiter comme une mitrailleuse (...) A l'époque où j'avais des amis, ma tante Edna,,qui s'intéresse à la théosophie avait noté qu'il étaient tous juifs.Elle savait même pourquoi: Dans une vie antérieure j'avais moi-même été juif.En tout cas il est vrai que je suis juif par instinct,nous partageons le même exil.Le fait est pourtant que je suis plus juif que les juifs,Ils se sentent plus chez eux que moi. Autre preuve de ma judéité: l'autre jour un sociologue a révélé dans un rapport que,dans une proportion remaquablement élevée les gens qui vont au cinéma sont des juifs.
Les juifs sont mon premier indice sérieux.
Commenter  J’apprécie          70
Mon oncle Jules est le seul homme que je connaisse dont la victoire sur le monde soit totale et sans réserve.Il a gagné énormément d'argent,il a beaucoup d'amis,il a été roi du mardi gras.Il est généreux de son temps et son argent.C'est un catholique exemplaire,mais on a du mal à comprendre pourquoi il se donne autant de peine:La cité des hommes est si agréable que la cité de Dieu n'a pas beaucoup à lui offrir.A regarder le monde avec ses yeux,je comprends pourquoi il l'aime et veut le garder tel qu'il est :Un lieu d'amitié (...)Où le charme du vieux monde s'allie aux nouvelles méthodes commerciales,où de braves blancs et de joyeux moricauds se traitent avec affabilitéJamais une ombre ne passe sur son visage à moins que l'on évoque le match Tulane-LSU de l'an dernier.
Commenter  J’apprécie          70
Le plus délirant dans l'histoire, c'est que les gens de cinéma faisaient trafic d'illusions dans un monde réel, alors que ce même monde estimait quant à lui que sa propre réalité n'existait qu'au sein de l'illusion.
Commenter  J’apprécie          60
Ils croient que je suis sur le point de me suicider. Quelle blague ! En vérité, c'est exactement le contraire ! Le suicide est la seule chose qui me garde en vie. Quand tout s'écroule autour de moi, tout ce que j'ai à faire c'est d'envisager le suicide et en deux secondes, je suis aussi gaie qu'un simple d'esprit. Mais si je ne pouvais pas me tuer, - alors oui, je le ferais.
Commenter  J’apprécie          50
Savez-vous ce qu'est la jalousie ? La jalousie est une altération de la forme même du temps. Le temps perd sa structure. Le temps s'étire. Elle n'est pas là. Où est-elle ? Avec qui est-elle ? Le temps n'en finit pas. Les minutes et les heures s'écoulent une à une. Que fait-elle ? Tout est possible. Elle n'était pas là. Son absence était comme une absence d'oxygène. Que faire de toute cette journée devant moi ? Dans ma poitrine, un étau se resserra.
Commenter  J’apprécie          50
Ce n'est pas le sang versé qui fait l'atrocité de la violence, mais son absence de sens. Elle ne signifie rien.
Commenter  J’apprécie          50
Il s'était toujours projeté en avant d'un passé sombre dont il ne pouvait pas se souvenir vers un futur qui n'existait pas encore. Pas une seule fois il avait été présent pour sa vie. Et sa vie s'était donc écoulée tel un rêve. Est-il possible que des gens manquent leur vie comme l'on manque un avion ? Et comment se fait-il que la mort, la proximité de la mort, puisse restituer une vie manquée ?
Commenter  J’apprécie          40
Il existe un remède certain contre les explorations cosmiques, les idées grandioses sur Dieu, l'homme, la mort, le suicide, etc. - c'est la nausée. Je défie un homme affligé de nausée d'accorder une seule pensée à ces vastes sujets. Un homme nauséeux est un homme sans passion. Un homme nauséeux est un homme détaché.
Commenter  J’apprécie          30
Il s'étendit à ses côtés,plus ou moins rempli de tristesse,lui embrassa les lèvres et les paupières en lui susurrant de doux mots d'amour dans le creux de l'oreille,lui disant combien elle était charmante.Mais moi,se demandait-il,que suis-je? Ni chrétien,ni païen,ni plein de fougue amoureuse d'un gentleman qui se respecte,car je n'ai jamais rien compris au fond,à toute cette histoire de dame et de putain.Et tout ce que je veux et ça ne me semble pas trop demander,c'est d'y comprendre quelque chose, une bonne fois pour toutes.
"Je t'aime Kitty,lui dit-il,je rêve de t'aimer le matin...
Commenter  J’apprécie          30
Qu'est-ce qu'une répétition ? C'est la reconstitution d'une expérience passée dans le but d'isoler le segment de temps révolu afin qu'il - le segment révolu - puisse être savouré par lui-même, sans l'altération habituelle des événements qui encombrent le temps comme les amandes dans une barre de nougat. La semaine dernière, par exemple, j'ai fait l'expérience d'une répétition accidentelle. A la bibliothèque, j'ai remarqué dans une revue allemande une réclame pour la crème Nivea qui montrait une femme, son visage grenu levé vers le soleil. Je me suis souvenu d'avoir vu la même réclame, il y a vingt ans, dans une revue sur le bureau de mon père, la même femme, le même visage grenu, la même crème Nivea. Les événements des vingt dernières années étaient neutralisés, les trente millions de morts, les innombrables torturés et tous les déplacés. Rien d'important ne pouvait avoir eu lieu parce que la crème Nivea était exactement comme avant. Il ne restait que le temps lui-même, pareil à un long mètre de nougat parfaitement lisse.
Commenter  J’apprécie          20
[...] elle pensait que je parlais de littérature ou de politique, comme dans un club de lecture. Bon sang, je me suis dit : Est-ce que c'est ça que je fais ?
Commenter  J’apprécie          10
C'est un cinéphile, même si, bien sûr, il ne va jamais au cinéma.
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Walker Percy (76)Voir plus


{* *}