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Citations de William Ryan (56)


— Pardonnez-moi. Je n’ai nullement l’intention de vous arrêter, mais je dois aller travailler.
— Travailler, vous dites ? Juste une chose, monsieur ment. J’aimerais savoir comment vous avez réussi à faire monter un éléphant par l’escalier ? Moi-même, j’ai déjà du mal à le monter. Il a dû en baver, le pauvre.
— Un éléphant ?
— Oui, parfaitement. D’ailleurs ça me rappelle l’histoire du mouton. Vous la connaissez ? C’est un mouton qui tente de franchir la frontière avec la Finlande. « Pourquoi tu veux fuir en Finlande ? lui demande le douanier. – A cause du NKVD, répond le mouton. Le camarade Staline a ordonné que tous les éléphants soient arrêtés. – Mais tu n’es pas un éléphant, dit le douanier. – Oui, je sais, répond le mouton, mais essayez d’expliquer ça aux tchékistes. » Elle est bonne, hein ?
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— J’ignorais qu’ils étaient si nombreux… les suicides. C’est peut-être l’arrivée de l’hiver. C’est ça, la cause ?
— Avec ces gens-là, ça peut être n’importe quoi, répondit Chestnova, dont les joues avaient retrouvé des couleurs. Tout ce que je sais, c’est que c’est un comportement anti-soviétique de se suicider quand une menace pèse sur la nation. Si vous êtes malheureux, vous devez trouver du réconfort dans un travail utile. Ces gens-là, ajouta-t-elle en désignant d’un geste vague la morgue et l’autre salle d’autopsie, étaient des égoïstes. Des individualistes. Ils ne pensaient qu’à eux, au lieu de penser à l’État.
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William Ryan
Peut-être était-ce l'image de Semionov gisant dans le couloir qui l'incita à faire ce geste, il n'aurait su le dire, mais sa main droite se leva, come animée par une volonté propre, et exécuta un signe de croix parfait aux yeux du monde entier. Pendant un instant, il ne ressentit aucune peur en songeant aux conséquences, uniquement une paix absolu
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— Camarade colonel ? lança Korolev, craignant qu’ils aient été coupés.
Peut-être qu’un fourgon était déjà en route pour venir l’arrêter.
— Oui, capitaine, je suis toujours là. Je suis en train de me demander s’il est possible de répondre aux questions que vous avez posées, ou je devrais plutôt dire aux suggestions que vous avez formulées. Je ne pense pas. La sécurité de l’Etat est une priorité dans tous les cas de figure. Vous en avez bien conscience, n’est-ce pas, capitaine ?
Gregorine avait légèrement insisté sur le grade de son interlocuteur afin de lui rappeler combien la glace était fine sous ses pieds. Korolev n’avait pas besoin qu’on le lui rappelle : il n’était qu’un simple milicien, un pied-plat, alors que Gregorine était un haut gradé de l’héroïque NKVD, les défenseurs de la Révolution, la branche armée du Parti, rien que ça. Le chauffeur du colonel lui était sans doute supérieur en grade.
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— Dans toute prison, même dans la cellule d’un poste de police, il existe une hiérarchie. Au sommet, on trouve le Voleur supérieur, l’« autorité », puis ses lieutenants, et ainsi de suite jusqu’aux apprentis. Après les Voleurs, il y a les autres prisonniers, puis les détenus politiques. Tout en bas, en dessous de tous les autres, on trouve les intouchables. Aucun Voleur ni aucun autre prisonnier ne les toucheront, sauf pour commettre des actes de violence, parfois sexuelle. Ils dorment sous les couchettes, au cas où ils contamineraient un lit. Ils possèdent leurs propres couverts car une fourchette utilisée par un intouchable contamine celui qui s’en est servi après lui, et qui se trouve rabaissé au rang d’intouchable à son tour. On leur impose les tâches les plus répugnantes. Et ils ne font pas de vieux os. En tant que violeur, Voroshilov finira comme ça, à moins qu’il ait de la chance. Telle est la morale des Voleurs.
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L'amour ne suit jamais un chemin prévisible.Le coeur est un organe qui ne connait pas la logique.
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Et ainsi que vous le savez, mieux que quiconque, la vérité peut être manipulée afin de servir certains objectifs, ou cachée si cela arrange certaines personnes.
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— Ah ! Il a bougé. On va l’avoir, les gars ! lança en crachant l’homme à la masse.
Le crachat atterrit sur un tas de gravats à ses pieds. Korolev hocha la tête d’un air pensif, un stratagème qu’il trouvait très utile quand il ignorait ce qui se passait, et il avança d’un pas, timidement. À sa connaissance, Iagoda était toujours un membre éminent du Politburo et il avait droit au respect dû à sa position. Mais de toute évidence, quelque chose avait changé si on déboulonnait sa statue.
Korolev marmonna un « bonjour, camarades ! » bourru mais ferme en passant devant les ouvriers. Il se disait qu’à Moscou, au moins d’octobre de l’an de grâce 1936, il était préférable de s’abstenir de tout commentaire sur ce genre de choses, surtout quand on avait la gueule de bois.
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Le général fit glisser sur le bureau un formulaire de réquisition provenant du ministère du Logement, signé par la très sainte Kourilova. Korolev prit le document et sentit son visage s’enflammer. À quarante-deux ans, il rougissait encore. Heureusement que Yasimov n’était pas là pour le voir.
– Je n’ai fait que mon devoir, camarade général…, commença-t-il.
Le général l’interrompit :
– Stop. Ne vous emballez pas, ce n’est qu’un appartement commun. Mais vous aurez votre propre chambre. Quant au quartier… Kitaj-Gorod, ça ne se refuse pas. C’est plein de personnalités et de cadres du Parti. Ça leur fera du bien de voir un authentique travailleur.
Le général sourit en percevant la gêne de Korolev.
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S’ils avaient eu plus de temps devant eux et une affaire moins urgente à régler, se dit Korolev, un petit verre de vodka n’aurait pas été une mauvaise idée. Mais pas aujourd’hui, pas maintenant. Pas au moment où un gangster après lequel il courait depuis six mois allait se jeter dans un piège issu de son cerveau.
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Et ainsi que vous le savez, mieux que quiconque, la vérité peut être manipulée afin de servir certains objectifs, ou cachée si cela arrange certaines personnes.
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Voilà pourquoi il devait demeurer vigilant, ce qui voulait dire vivre sur le fil du rasoir, en avoir conscience, et faire confiance au Seigneur pour veiller sur lui et les siens. Évidemment, certaines personnes pourraient lui dire que le Seigneur était une fiction et une superstition, inadaptée à la réalité scientifique et logique du pouvoir soviétique. Pourtant, il était prêt à parier ses belles chaussures que la moitié de ces personnes priaient avec la même ferveur que lui pour être guidées dans cette vallée de larmes. A vrai dire, il en était certain. Ces individus avaient beau parler comme des bolcheviques, ils demeureraient toujours des croyants dans leurs coeurs de Russes. C'était dans leur nature. (p.121/122)
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Mon Dieu, non, dit Shymko, avant de se ressaisir lorsque Babel exprima sa réprobation d'un petit claquement de langue : prononcer le nom du Seigneur était devenu un blasphème. (p.72)
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Des militants s'accusaient mutuellement de ne pas faire preuve d'assez de vigilance, de cacher leurs origines sociales, d'être d'anciens mencheviques, ou pire encore, des partisans de Trotsky l'exilé. Et parfois un de ses collègues disparaissait. (p.24)
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. “L’enquête commençait à suivre son propre chemin et il n’était pas sûr d’apprécier ce qu’elle lui réservait.”
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— Tout va bien, répondit Korolev, ignorant le sol qui tanguait sous ses pieds.
Pas question de perdre du temps à cause de cette foutue bosse.
Chestnova le regarda droit dans les yeux, puis elle leva la main.
— Combien de doigts ?
— Comptez-les vous-même, tout va bien.
Il ne voulait pas admettre qu’il en voyait six. Même dans son état, il savait bien que c’était trop.
— Une commotion cérébrale, c’est sérieux… A vous de voir, évidemment.
— J’ai déjà reçu des coups plus violents sur la tête, croyez-moi.
— Oh, je vous crois, répondit Chestnova avec un sourire en coin.
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L’hiver était précoce. Déjà la veille, la saison froide avait annoncé son arrivée, à voix basse, à travers le vent glacial qui avait soufflé dans les rues dès la fin du jour. Korolev l’accueillait comme une vieille amie ; il était toujours heureux de voir les premières neiges. Les hivers étaient rudes, évidemment, mais la neige masquait les imperfections de Moscou, et la nuit elle imposait un silence qui prenait l’apparence de la tranquillité. Moscou en hiver devenait une ville belle, dure et oppressante, où la seule odeur était celle de l’intérieur de votre manteau. Il ne regretterait pas l’été avec sa puanteur et sa chaleur étouffante. L’odeur des gens en été ! Il espérait que la production de savon serait bientôt une priorité industrielle.
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Popov se tourna vers la fille en inspirant à fond ; ses doigts étaient blancs autour du fourneau de sa pipe. Il contempla de nouveau le corps déchiqueté et estropié. Une expression sauvage déformait son visage.
— Écoutez-moi, Alexeï. Écoutez-moi bien. Traquez ce monstre sans relâche. C’est compris ? Et si vous cassez quelques œufs pourris en faisant cette omelette, tant mieux. Vous avez carte blanche. Je nommerai Semionov pour vous seconder. Il pourra vous rendre de petits services, peut-être même apprendre deux ou trois choses, il n’est pas idiot. Mais trouvez ce tueur, et quand vous l’aurez trouvé… quand vous l’aurez trouvé, livrez-le-moi.
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Korolev avait pour habitude de relire chaque page d’un dossier avant de se rendre dans le bureau du procureur. Le but de cet exercice lui permettait d’une part de s’assurer que le dossier contenait tous les éléments nécessaires pour obtenir une condamnation, mais en accomplissant cette tâche il pouvait également relever des détails qui lui avaient échappé au cours de l’enquête et qui, rétrospectivement, auraient peut-être permis de boucler l’affaire plus rapidement. C’était une méthode qui donnait souvent des résultats intéressants et n’était jamais une perte de temps. Parfois, Korolev relevait des modèles de comportement qui l’intriguaient et qu’il enregistrait afin de s’y référer ultérieurement.
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– Je sais quelle heure il est, Grigori Denisovitch, répondit Korolev. J’ai dû aller voir le colonel Gregorine à la Loubianka. Il m’a fait attendre. Veux-tu que je te donne son numéro de téléphone pour que tu puisses vérifier ?
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