AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Xavier Mussat (36)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Les Pistes invisibles

Voici un récit qui ne comporte aucune bulle, juste une narration omniprésente qui va partir dans un délire mystico naturel que personnellement, j'ai eu du mal à suivre.



C'est tiré d'une interprétation libre de l'histoire de Christopher Thomas Knight qui a disparu pendant 27 ans dans les forêts du Maine entre 1986 et 2013 pour y inventer une façon de vivre.



L'idée était intéressante à première vue pour expliquer comment un individu en société peut se démarquer et avoir envie de disparaître dans une forêt. Cependant, on ne connaîtra pas vraiment les motivations qui ont poussé cet homme à se mettre en marge de la civilisation.



Il insistera sur le fait qu'on peut le voir comme un big foot qui n'aurait plus une apparence humaine. Je suppose que cela doit être le cas quand on ne peut plus se raser pendant une vingtaine d'années. J'aurais plutôt tendance à faire preuve de compréhension.



Par ailleurs, on sait qu'il va commettre de menu larcins pour prendre aux autres ce dont il a besoin pour vivre. Après tout, ce ne sont que des pavillons de chasse ou des maisons secondaires au bord d'un lac qui restent une bonne partie de l'année inhabitée. Je rétorquerai que ce n'est pas une raison d'autant que c'est un choix de cet individu de se mettre en marge.



Le traitement graphique est assez particulier en insistant sur une espèce de bichromie (en bleu et en orage) tout en reproduisant des formes géométriques qui m'ont paru souvent assez abstraites. Ce n'est pas ce que je préfère dans la bande dessinée car plutôt attaché à un style réaliste.



En conclusion, je dirai que cette œuvre n'est pas faite pour moi pour toutes les raisons invoquées. Ceux à la recherche de quelque chose de différent pourront sans doute y trouver leur compte et c'est tant mieux.
Commenter  J’apprécie          532
Les Pistes invisibles

Club N°51 : BD sélectionnée

------------------------------------



Belle histoire sur le rapport des Hommes et des Femmes à la Nature, la place qu'ils·elles y prennent et l'interdépendance qu'il y a entre eux.



Le dessin à trois couleurs est original ainsi que la façon dont l'auteur dessine des notions conceptuelles.



Morgane N.

------------------------------------



Très spéciale, mais l'histoire de ce personnage réel m'a totalement scié.



Le dessin aussi est peu commun, bon livre.



Jérôme

------------------------------------



Très honnêtement… je pense que je n'ai pas vraiment compris.



Le graphisme est intéressant, son parti pris m'a plu.



Le découpage des motifs sur les pages participe, pour moi en tout cas, à égarer le lecteur.



Il peut donner l'impression d'autre significations associées au trait et à la couleur que personnellement je n'ai pas saisi.



Il participerait à une image foisonnante, étrangère et en même temps familière de la nature ?



À voir.



Le récit est étonnant en tout cas.



Perceval

------------------------------------



Ouvrage intéressant sur notre rapport à la Nature.



L'histoire vraie est assez surprenante.



Le graphisme peut cependant être assez déstabilisant.



Samuel

------------------------------------


Lien : https://mediatheque.lannion...
Commenter  J’apprécie          360
Les Pistes invisibles

Il ne faut avoir aucune idée en tête pour découvrir ce dont on ignore l’existence.

-

Ce tome contient une histoire complète indépendante de tout autre. Il s’agit d’une bande dessinée en couleurs publiée en 2023. Elle a intégralement été réalisée par Xavier Mussat, scénario, dessins et couleurs. Elle comprend cent-soixante-dix pages de bande dessinée. Un paragraphe en fin de tome précise la technique de dessin : Ce livre a été dessiné avec un usage strict de formes pleines au pinceau et à l’encre de Chine, sans recours au trait de contour. Les formes pleines ont été numériquement traduites en deux couches de couleurs superposées et retravaillées à la palette graphique afin d’obtenir une impression en deux passages de tons directs Pantone (bleu 2206 U et orange 1655 U). La troisième couleur et obtenue par leur superposition.



Des nuages dans le ciel. Un tronc d’arbre, des racines, un petit cours d’eau. De la végétation dans un sous-bois. Une fois qu’ils l’ont attrapé, tout s’est arrêté. Même après qu’ils l’ont eu relâché, il n’a jamais pu retourner dans sa forêt. S’il y retournait, ils sauraient qu’il faudrait l’y rechercher. Les efforts d’immobilité, de silence, les stratégies de camouflage deviendraient inutiles. Pour bien disparaître, il ne fait pas être cherché. Devenir invisible, ça n’est pas disparaître, c’est se mélanger au reste. C’est participer à l’illusion du silence. Ne pas briser l‘équilibre visuel de la forêt qui donne à toute chose une présence similaire. Le silence est une impression. Parce que le vent dans les feuilles, les craquements d’arbre, les bruits d’insecte, le murmure des ruisseaux, tous les sons de ce monde se manifestent à volume égal. Et alors cette orchestration, c’est comme un brouhaha en arrière-plan, inaudible parce que sans relief. Il y a dans presque toutes les forêts une légende d’homme sauvage couvert de poils, improbable vestige vivant ou chaînon manquant que de nombreuses personnes jurent avoir vu de leurs propres yeux. Plus de trois mille témoignages et aucune preuve, aucun ossement ni corps ni dent, rien d’autre que des empreintes de pas.



Trois mille… Ça en fait des promeneurs, des chasseurs, des campeurs. Ils ont vu ce qu’ils voulaient voir. En vingt-cinq ans, il n’a été vu de personne. Il a vécu caché dans cette forêt, mais pas comme un homme des bois. Ils sont passés souvent très près de lui, mais dupes du silence, ils l’ignoraient. Ils traquaient autre chose : une idée déjà en tête, une représentation à laquelle il échappait. Un son plus fort que les autres. Un géant primitif aux proportions et à l’aspect si différents du décor qu’on ne saurait le manquer. Il ne faut avoir aucune idée en tête pour découvrir ce dont on ignore l’existence. Il aurait suffi qu’ils essaient de le trouver. Il entend souvent la même question : comment expliquer son imprévisible disparition ? Il n’aurait pu en aucun cas l’imaginer, la planifier. Il n’aurait pas disparu s’il en avait fabriqué l’idée dans sa tête. Trop vertigineuse. Souvent ceux qui pensent à partir ne dépassent pas l’idée fantasmée du départ. Ils réfléchissent, tentent de prévoir, d’anticiper les obstacles qu’ils se fabriquent, et ça les paralyse. Les projections, ça les décourage. Non, il faut de fil en aiguille s’en aller malgré soi, se surprendre.



Assurément une bande dessinée qui sort des sentiers battus, et ce dès la couverture. L’œil du lecteur se retrouve attiré par cette étrange alliance de couleurs : cet orange très vif, quasiment fluo, et ce bleu très plat, terne. S’il ne s’en est pas rendu compte, il découvre donc que la troisième couleur est le résultat de la superposition des deux autres, et l’artiste joue également avec le blanc. L’artiste s’en tient à ces couleurs tout du long de son ouvrage, avec cet effet de contraste entre l’orange pétant et le bleu neutre, ce marron agissant comme une couleur plus foncée mais pas nette comme du noir. L’effet peut s’avérer étrange : l’orange ressort sur le marron comme si c’était du noir, alors que le bleu est atténué du fait du faible contraste avec le marron. L’artiste joue également avec le principe de superposition : celle du bleu et de l’orange pour obtenir du marron, mais aussi la superposition de l’image d’un insecte sur une forme de schéma électrique ou électronique pour contraster, et même opposer la nature irréconciliable de ces deux éléments. La page d’après, il s’agit d’un hélicoptère contre une montagne, l’esprit du lecteur établissant automatiquement le lien avec l’opposition entre l’insecte et le circuit. En page vingt-neuf, Mussat inverse le contraste, pour une séquence onirique aérienne, lorsqu’une jeune femme s’envole dans le ciel alors qu’elle tombe dans l’eau. Le choix de se départir d’une approche naturaliste pour les couleurs indique au lecteur que la narration visuelle ne se limite pas à des dessins descriptifs, et qu’elle comprend une part de sensations et de vie spirituelle.



A priori, l’histoire offre peu de possibilités : un individu qui quitte la société pour vivre en état de solitude pendant vingt-cinq ans. Soit il est en mode survivaliste, soit il vit de rapines modestes et pathétiques. Les premières pages posent rapidement le point de départ : un abandon de voiture non prévu dans une zone boisée sauvage, un métier dans l’électronique, la décision aussi naturelle qu’irrévocable de ne pas retourner sur ses pas. L’individu (il n’est jamais nommé) essuie quelques déboires, puis trouve un mode de vie en harmonie avec la nature, en décalage avec les clichés de l’homme des bois : il est parvenu à effacer son existence, à se rendre invisible aux autres êtres humains. En fin de tome, l’auteur indique laconiquement qu’il s’est inspiré librement de l’histoire de Christopher Thomas Knight qui a disparu vingt-sept dans les forêts du Maine, entre 1986 et 2013. Il a commis environ un millier de cambriolages dans des maisons de la région, soit environ une quarantaine par an et a survécu aux rigoureux hivers du Maine.



À la découverte des premières pages, le lecteur comprend que ces dessins sont autant dans le descriptif que dans l’impression, et qu’ils donnent à voir le récit en vue subjective, par les yeux du personnage. Il apprécie le jeu sur les contrastes de couleurs de cette palette très limitée. En page neuf, il voit la silhouette de l’homme sauvage couvert de poils, cette légende, improbable vestige vivant ou chaînon manquant, c’est-à-dire une projection de ce à quoi pense le personnage. À partir de la page dix, il note l’apparition de formes purement géométriques venant se surimposer à ce qui est représenté. En page treize, il y a une forme de circuit électrique en fond de case, puis un graphe assez simple avec uniquement des points et des segments. En page seize, une silhouette humaine donne l’impression d’une peinture rupestre, en orange sur fond blanc. Page suivante, c’est un motif géométrique évoquant les nations premières. En page vingt-et-un, l’artiste effectue un rapprochement purement visuel : le plan de coupe d’un tronc d’arbre, puis la toile d’une araignée, avec des motifs très similaires. En page quarante-cinq, la représentation de type art primitif d’un serpent devient un serpent réaliste dans la case suivante. En page cinquante-et-un, le lecteur éprouve l’impression de contempler des courbes de niveau du relief montagneux, avec une randonnée et ses points de pause tracée dessus. Dans les pages quatre-vingt-dix, l’artiste joue avec les motifs des nervures d’une feuille, avec ceux formés par les tuiles d’un toit, puis avec d’une tenue camouflage. Il met ainsi à profit les possibilités de offertes par les dessins pour rapprocher des formes, ce qui rapproche, dans l’esprit du lecteur, des éléments de natures hétérogènes.



Le lecteur assimile rapidement que la narration visuelle sort d’un cadre descriptif, en vue subjective, et même d’une transcription d’impression et de sensation, pour une interaction entre le descriptif, le sensoriel et le monde des idées. Dans la première page, le solitaire indique qu’il ne pourra plus retourner dans la forêt : il a donc déjà été attrapé et ramené à la vie en société. Il évoque également le fait que les recherches ont été infructueuses pendant toutes ces années parce que les personnes qui se sont mis à la recherche de l’individu qui cambriolait les chalets environnants pour commettre de petits larcins (petits mais réguliers) s’en étaient fait une idée sans rapport avec la réalité. De son côté, le lecteur, toujours en vue subjective, fait l’expérience de cet éloignement de la société des hommes également par les remarques du narrateur. Il suit le fil logique de cette vie à l’écart, et les réflexions générées par cet état insolite. On ne meurt pas si facilement. Le constat de l’empreinte dévastatrice de ses déplacements. Et puis des stridulations d’insecte, un chant polyphonique de grésillements. Sifflet à roulette, roulement d’une bille dans une assiette, escadrille d’avions miniatures. Il y avait des martèlements dans chacun des sons. La répétition plus ou moins espacées de motifs uniques. Un langage sonore archaïque, rythmique, un concert cacophonique de frottements, de souffles, de percussions sans aucune coordination. La persistance rétinienne. La prise de conscience de son mode de schémas comportementaux avec les autres, après coup. L’incroyable concours de circonstances qui a été nécessaire pour la formation du système solaire et de la planète Terre telle qu’elle existe. Etc.



Le lecteur ne peut pas faire autrement que d’avoir l’œil attiré par cette couverture à l’orange criard, à la graphie du titre qui commence à s’effacer, à devenir invisible. S’il le feuillète, il peut être repoussé par cette esthétique peu conventionnelle, un peu pétante. S’il commence sa lecture, il constate immédiatement que la narration visuelle dépasse la description pour embrasser plusieurs autres domaines, grâce à l’utilisation de plusieurs registres dessinés. Au fil des pages, il éprouve la sensation de faire l’expérience de cette vie en marge de la société, comme le fait le narrateur, tout en se retrouvant à se plonger dans des pensées inattendues, à effectuer des associations, des rapprochements visuels riches de sens. Une expérience de lecture peu commune.
Commenter  J’apprécie          333
Carnation

Depuis quelques années l'air du temps est-il à l'autobiographie dans la BD?

Car après ma lecture du génial "L'Ascension du Haut-Mal" de David B., j'ai lu celle de Xavier Mussat intitulée "Carnation".

Dès le premier regard la couverture m'a attiré; ce corps dépecé délicatement par deux mains m'intriguait. Qu'allais-je découvrir?

Le récit intime publié en 2014 dévoile les conquêtes féminines de l'auteur durant les années 1990 à Angoulême.

Mussat se penche plus précisément sur une relation toxique qui a failli le détruire.

Sa rencontre avec Sylvia se transforme en conflits incessants.

Cette jeune fille porte en elle de la colère et son côté rebelle paralyse sa vie. Ruptures anciennes non guéries, refus de la hiérarchie et de la consolation, divorce des parents, Sylvia se complait dans ses souffrances. Son caractère indépendant détruit peu à peu le dessinateur qui projette de faire cette autobiographie. Mais le couple s'enlise dans des dialogues d'incompréhension et la dérive sociale est en chemin.

Dans un noir et blanc tragique Mussat avoue que cette autobiographie est mêlée de fiction. Et j'en suis soulagée car ce portrait sans nuances d'une femme entière si destructrice et sans concession m'a mis mal à l'aise.

Tout comme David B. l'auteur s'est inspiré de l'art visuel et littéraire pour enrichir son album: parfois j'ai reconnu les artistes comme Tati ou Kristof.

Le constat de cette autopsie du pire m'a laissé un goût amer du récit. Mais j'apprécie l'imagination de Mussat pour mettre en lumière les ressentis et les situations de cette période si douloureuse de sa vie.



Commenter  J’apprécie          240
Les Pistes invisibles

Si vous aimez les choses bien carrées,les dessins qui correspondent au texte et qui ne font pas plus travailler votre imagination, alors ce roman graphique ne vous plaira pas.



En effet, Mussat va bousculer le lecteur et le faire sortir de sa zone de confort.



D'abord il réalise tous ses dessins en utilisant la technique de bichromie (orange et bleu), puis, il va s'attacher à mettre plus en avant l'univers dans lequel évolue son héros plutôt que l'homme lui même.



Cette BD traite de la disparition volontaire de Tomas Knight, un américain qui a vécu pendant 25 ans dans la forêt, se cachant des autres et excluant tout contact avec l'extérieur.



Pour ne pas se faire repérer, il est allé jusqu'à inventer une technique bien à lui qui consistait à se mouvoir sans laisser de traces.



Les dessins sont abruptes, pas bien définis, pas toujours bien définissables et il faut vraiment les allier au texte pour comprendre le message.



Une BD qui bouscule et ne plaira pas à tout le monde.

Moi même, en refermant cet ouvrage, ma 1ere impression a été de me dire "bof", mais , en laissant reposer le truc quelques heures, ça m'a finalement bien plu et j'y repense encore.
Commenter  J’apprécie          100
Carnation

Je sors assez chamboulée de cette bande-dessinée, et pourtant je ne sais pas quoi en penser...

Ceci est le témoignage d'une relation dévastatrice et toxique, et bien que ça m'ait touchée, je ne peux pas dire que j'ai aimé. Non pas à cause du thème, plutôt car le lecteur n'a pas vraiment de place dans ce titre. Nous ne sommes que des spectateurs à qui on livre un schéma connu et dont nous connaissons déjà la fin inéluctable.

En termes graphiques, la proposition est très intéressante, riche et très soignée. Un bel objet comme Casterman sait bien les faire !
Commenter  J’apprécie          90
Carnation

Dessinateur formé à Angoulême, Xavier Mussat a choisi de rester sur place à la fin de ses études. En 1998, le studio dans lequel il travaille s’attaque à la réalisation du dessin animé « Kirikou et la sorcière » de Michel Ocelot. Une fois ce travail titanesque terminé, les productions suivantes, formatées pour la télévision, lui paraissent bien fades. Décidé à se lancer dans la BD, il abandonne son job et se retrouve du jour au lendemain à dépendre des ASSEDIC. C’est à cette époque que débarque dans sa vie Sylvia, jeune femme instable, fragile et un peu sauvage. Le début d’une relation tumultueuse dont il ne sortira pas indemne…



Xavier Mussat ne nous épargne rien dans cet album introspectif, disséquant la moindre parcelle de ses moments passés avec Sylvia, de leur rencontre à la rupture, du désir au rejet, de la tendresse à l’indifférence. Comment Sylvia l’a isolé de ses amis, comment elle l’a dévoré peu à peu, comment il n’a pu faire face à son instabilité chronique. Leur histoire est un grand huit permanent dont la toxicité sonne comme une évidence mais avec laquelle ils finissent par s’accommoder. « On ne s’enferme pas dans une relation secouée de tant de dissemblances sans que quelque chose ne finisse par changer. Au début on cherche les similitudes et on s’indigne des désaccords, on essaie de tordre la matière. Et puis, ne parvenant ni à extraire ni à modifier ce corps étranger, on intègre les paradoxes. On apprend à aimer et on se surprend à vouloir que cet amour devienne véritable. »



Deux cent quarante pages d’une mise à nue complète pour une histoire d’amour tellement tumultueuse qu’elle ne pouvait qu’être émouvante. Oui mais voila, je n’ai pas été touché une seconde par ce récit beaucoup trop intime pour moi. Sans doute parce que je déteste avoir l’impression de jouer les voyeurs. L'ensemble est aussi bien trop bavard. Joliment écrit mais avec des tonnes de récitatifs au verbiage très, très plombant.



Visuellement, par contre, c’est impressionnant. Je trouve la prise de risque formidable et je dois bien reconnaître que les nombreuses allégories présentes quasiment à chaque page sont aussi variées qu’originales.



Un exercice purificateur, une catharsis sans doute nécessaire, mais cette séance de psychanalyse géante m’a laissé de marbre. Rien à faire, je suis allergique à l’autofiction, même en BD !




Lien : http://litterature-a-blog.bl..
Commenter  J’apprécie          90
Les Pistes invisibles

Il a roulé jusqu'à la panne d'essence. Puis il a marché dans la forêt. Il y est resté 25 ans. Ce n'était pas planifié, Il a juste voulu être invisible, caché.



Xavier Mussat s'est inspiré de l'histoire de Christopher Knight, l'ermite du Maine, resté plus de 25 ans sans contact humain, vivant de la nature et de vols dans les cabanes du bord d'un lac. Il en fait le narrateur imaginaire de son propre récit. L'attirance pour la forêt, les sens aiguisés par l'impression de silence, la faim, la nécessité de voler ce qui va lui permettre de subsister dans les quelques résidences secondaires qu'il croise sur son chemin.



Un chemin qu'il veut le plus discret possible, allant jusqu'à inventer de nouvelles façons de marcher, de se mouvoir... créant des pistes invisibles afin de ne pas être repéré. A l'affut de chaque instant, de chaque endroit, il découvrira le lieu idéal pour installer son camp.



Ce magnifique objet livre m'a bousculé. Par son contenu sur le thème de la disparition volontaire mais aussi par sa forme. Un dessin en bichromie avec le bleu et le orange qui se superposent, créent des mondes nouveaux, en cachent d'autres. Des cases qui illustrent, d'autres qui font appel à nos sens, d'autres plus oniriques, symboliques. Un monde en soi, immersif, introspectif.



Lire "Les pistes invisibles", c'est vivre une expérience singulière. C'est partager la vie d'un homme qui a choisi d'être reclus. Xavier Mussat a réussi à mettre mes sens en éveil, à m'identifier à un personnage sans jamais le rendre visible. C'est mon premier gros coup de cœur de l'année.
Commenter  J’apprécie          80
Carnation

Louable intention que celle de Xavier Mussat de relater une passion amoureuse ravageuse en un épais album, joliment édité...

Hélas, bien que l'ouvrage se lise aisément d'un bout à l'autre, cette auto-psychanalise est totalement dénué d'humour. L'auteur relate sa chute dans une pénible relation dont on se demande bien pourquoi elle aura duré si longtemps. Le dessin noir et blanc aux traits finement tramés et les personnages caricaturés à l'extrême rappellent plus le dessin d'humour que le rendu réaliste qu'aurait mérité cette histoire.

Reste la fâcheuse impression d'une complaisance du malheur partagée par une équipe de jeune gens au romantisme complètement désuet.

Néanmoins, ce récit au long cours, honnête et sans fard, mérite le respect.
Commenter  J’apprécie          50
Carnation

Carnation est narré avec talent et devrait combler ceux qui aiment à sonder les tréfonds du comportement humain.
Lien : http://www.bdgest.com/chroni..
Commenter  J’apprécie          50
Carnation

Quel artiste que ce Xavier MUSSAT qui manie aussi bien le feutre que le stylo...des dessins d'une densité incroyable associés à un texte soigné font de ce roman graphique autobiographique un livre puissant.



L'auteur nous livre sans détours ses interrogations, ses angoisses, ses joies, ses espoirs, ses déconvenues,ses amours, ses fuites et ses retours dans lesquels chacun peut se retrouver.



C'est avec une certaine distance que Xavier MUSSAT raconte son histoire que tout à chacun peut s'approprier et fait de son récit un ouvrage ouvert et non nombriliste comme beaucoup d'autobiographie le sont.



Cette BD est toutefois un peu difficile d'abord car elle fourmille de références et oscille souvent entre poésie et onirisme, il faut donc prendre son temps pour découvrir cet album, voire même le relire plusieurs fois pour en saisir toutes les subtilités.



J'ai aimé son trait ciselé et précis. Une vraie belle découverte que j'ai faite grâce à Babelio et les éditions Casterman que je remercie de m'avoir envoyé ce bel ouvrage.
Lien : http://edea75.canalblog.com/..
Commenter  J’apprécie          50
Les Pistes invisibles

Vivons cachés !

Un homme se retire dans la forêt et s'isole du monde pendant 27 ans, vivant de rapines dans les villages de vacances et pavillons de chasse. L'histoire n'est qu'un prétexte pour apporter une vision décalée du monde. Les choix graphiques sont très radicaux, une impression en bichromie, traitée en aplats uniquement, un orange pétant et un bleu horizon plus neutre, la superposition de ces deux couleurs en crée une troisième, un brun. On ne voit jamais le narrateur, on est dans sa vision, une vision tronquée du monde avec cette gamme de couleurs volontairement limitée, la voix off, empreinte de fébrilité et d'hésitations, souvent neutre, s'attachant aux détails, quasiment entomologiste, est en décalage avec les images, raides et agressives, d'une beauté froide. L'homme a choisi de se retirer de la société, il se détache de son humanité jusqu'à sa perception des choses, pour redevenir un animal, qui fuit l'homme, c'est un récit de folie, de paranoïa.

On se perd dans cette gamme colorée qui nous offre un monde parallèle, en marge, où notre vision actuelle n'a plus de raison d'être, nos sens deviennent autre chose, l'expérience est étrange, totale, immersive, le fait divers n'a que peu d'intérêt, il n'est qu'un support pour nous raconter une histoire de vision décalé, de perception différente. Cette lecture est une expérience en soi, et pour cela, c'est une grande réussite.
Commenter  J’apprécie          40
Les Pistes invisibles

Quel étrange objet que voici. Une histoire d’effacement. Un homme disparaît dans les bois pendant 25 ans. Il se fond dans l’espace sylvestre pour devenir invisible aux autres. Il nous raconte les premiers et les derniers temps de cette parenthèse.

Invisible, il l’est (presque) également des illustrations. Ce n’est qu’au détour de quelques cases qu’on l’aperçoit, au milieu de la végétation, du foisonnement de la nature. Le graphisme du roman est particulier; il m’a parfois évoqué les futuristes italiens pour les passages plus « géométriques ». Xavier Mussat oscille sans cesse entre figuratif et abstrait : des paysages grandioses de lacs et forêts, des dessins inspirés des peintures rupestres, des formes cubiques, des représentations anthropomorphiques comme on en trouverait chez les Amérindiens. Tout ceci en trois couleurs : bleu, orange et brun (l’eau, le feu et la terre ?) appliqués comme une risographie.



C’est beau et envoûtant. Ça s’inscrit dans la lignée d’un Walden et dans la mouvance des récits de retour à la nature actuels (Dans la forêt, etc).
Commenter  J’apprécie          40
Carnation

« Les histoires d’amour finissent mal en général » et l’auteur l’a bien compris. A travers Carnation, il nous offre une vision d’un couple brisé, d’un amour impossible.



Tout d’abord parlons de l’ouvrage. Carnation est un projet de longue date publié en 2014 chez Casterman. Sa couverture, sobre, donne envie de plonger son nez dedans. Le contour délicat et dorée de cette jeune fille contraste au bleu nuit. Le contraste sera d’ailleurs fort à propos au sein de la BD. Carnation ça veut dire « teint d’une personne, coloration des chairs ». Le reste de la BD est en noir et blanc. En 256 pages l’auteur nous montre ce qu’est un corps. Plus qu’une autobiographie, c’est clairement une autopsie que Mussat fait sur lui-même. Aujourd’hui professeur, il retourne à l’époque où il vivait à Angoulême et où il travaillait sur Kirikou … Un passé lourd où il a rencontré Sylvia.

Le second thème de cette bande dessinée est la création artistique, le questionnement sur ce que cela implique et sur les ressentis des artistes. Notamment le blues post Kirikou.



Mussat aborde également l’amour sous toutes ses formes dans Carnation. L’amour comme sentiment, l’amour de la chair, la place de l’amitié face à l’amour. L’auteur porte un regard presque une analyse sur ce sentiment. De la naissance de l’amour à la haine, Mussat nous donne à voir la naissance d’un couple, puis un couple qui se déchire. Souvent on se demande comment après être tombé amoureux, on peut en arriver à se séparer. L’auteur a compris et cherche à le dire par cette BD. Ce n’est pas une réponse générale, juste un cas précis, un exemple qui peut finalement nous rappeler nos histoires de vies à nous, à tout à chacun. Est-ce que l’amour est plus fort que la destruction ? Peut-on aimer et détruire l’autre ? Voici ce que Carnation dévoile en partie car comme tout le monde sait en amour rien n’est figé.

Un dessin délicat, parfois morbide, parfois dur et cruel mais toujours en adéquation avec le propos. Un ouvrage magnifique par la forme, original par son traitement du fond. Une autobiographie qui n’est pas égocentrée, un ouvrage qui m’a profondément touché. Un ouvrage qui ne laisse pas de marbre.



Le genre des histoires d’amour est ici revisité sous un jour nouveau. Un questionnement universel qui n’en finira pas de faire couler de l’encre !
Lien : http://chickon.fr/2014/08/04..
Commenter  J’apprécie          40
Carnation

Le travail de Xavier Mussat dans cette Carnation est colossal, et [...] les quelques écueils narratifs relevés restent minimes. C’est du roman graphique comme on les aime...Notamment grâce au remarquable travail éditorial de Casterman (l’objet est une merveille), cet ouvrage est un des incontournables de la rentrée.
Lien : http://www.actuabd.com/Carna..
Commenter  J’apprécie          40
Carnation

Vaste autobiographie, Carnation détaille sentiments, sensations, sensibilités, sensibleries, rêves, projets, échecs, interro(né)gations de l'auteur, par ailleurs cocréateur des éditions Ego comme X avec Fabrice Néaux.
Lien : http://www.auracan.com/album..
Commenter  J’apprécie          40
Carnation

Xavier Mussat débarque à Angoulême en 1989 pour suivre une formation en Arts Pla. Une fois le diplôme en poche, n’ayant nulle part où aller réellement, il décide de s’y installer. Après avoir participé à un collectif BD en 1994, il décroche un poste dans une société qui fait de l’animation ; il aura notamment l’opportunité d’intervenir sur la réalisation de Kirikou et la sorcière. Au bout de deux ans, sur un coup de tête, il démissionne afin de pouvoir se consacrer entièrement à la réalisation d’une bande dessinée autobiographique (Sainte famille, paru en 2002 chez Ego comme X) ; l’événement déclencheur de ce premier album fut la reprise de contact avec son père.



C’est dans ce contexte artistique et personnel qu’il fait la rencontre de Sylvia. Cette jeune femme paumée s’incruste dans son cercle d’amis. Attiré par cette dernière, il va progressivement s’éloigner de toutes ses connaissances et se consacrer presque entièrement à elle. Une étrange relation platonique s’installe entre eux. L’ambiguïté de la jeune femme orchestre leurs rencontres. Quant à Xavier, il s’est mis en tête de l’aider à se sortir de cette période de doutes (personnels, professionnels…) et met inconsciemment ses projets artistiques en latence. Au fil des mois, leur couple se structure maladroitement sur des bases bancales.



L’album s’ouvre en 2006, au moment où l’auteur quitte Angoulême pour aller s’installer à Paris. Il est enfin parvenu à prendre la résolution de tourner définitivement la page de cette relation pourtant terminée depuis plusieurs années. Entre temps, il a terminé son ouvrage autobiographique (Saint famille) mais n’a pas de perspectives professionnelles concrètes.



Carnation est le récit d’une relation destructive et ravageuse. Ce témoignage est un exutoire. L’auteur a trouvé-là le moyen de panser les dernières cicatrices infligées par cette liaison et réalise un dernier inventaire des moments marquants de ce couple éphémère.



-



La part de symbolique est omniprésente dans la narration. Eprouvé par cette relation affective, Xavier Mussat reprend le fil de son étrange couple sans chercher à l’embellir, sans l’enlaidir d’amertume… il me semble qu’il est parvenu à le faire avec suffisamment de recul. Son incompréhension reste inchangée.



Ce récit autobiographique se focalise sur le lien autodestructeur qui s’est tissé progressivement. Egoïste et profiteuse, son ex-compagne suscite un mélange d’attraction-répulsion avec lequel on doit composer pendant la lecture. Je ne suis pas parvenue à ressentir une quelconque forme d’empathie pour elle ; agacée par son ambiguïté et son inconsistance, j’ai eu du mal à tenir compte de sa souffrance psychique. Elle cherche ses limites et ne parvient pas à faire croire à sa pusillanimité. Elle mène une quête d’identité qui semble vaine. Pour autant, elle m’a fascinée. Impossible d’anticiper ses actions, ses réactions, elle dit tout et son contraire. On essaye de la cerner. L’auteur a eu le même mouvement à son égard, il s’aide de nombreuses suggestions verbales et graphiques pour rendre compte de cela. Les non-dits permanents laissent le lecteur face à ses propres interprétations et conclusions. Il se heurte à un échec et les quelques 240 pages de l’album qui ne nous suffiront pas pour la comprendre. Ce qui donne du corps et délimite un peu cette femme, c’est finalement l’apparence que l’auteur lui donne. Fine et féline, aussi mystérieuse que belle, on la sent dangereuse et dans une incapacité totale d’identifier ses propres désirs…



Les métaphores visuelles de l’album sont atypiques et singulières. Dès la première page, le lecteur est témoin d’un échange entre le narrateur et un vautour. Je m’attendais donc logiquement à ce que le rapace soit un personnage récurrent dans le récit mais il n’en est rien… pas de façon directe du moins. Cependant, le côté morbide est omniprésent dans le récit.



La veine graphique n’est pas sans me rappeler des auteurs comme Charles Burns ; peut-être cette comparaison hâtive tient-elle au fait que l’on est face à un emploi permanent de la métaphore (essentiellement visuelle). Le ton est donné dès la première de couverture où l’auteur dissèque symboliquement cette femme pour tenter de la comprendre. Comment est-elle faite ? De quoi est-elle faite ? Comme lui, on aimerait pouvoir faire de cette femme une souris de laboratoire, vérifier que tout est à sa place, chercher ce qui dysfonctionne… On essaye, comme lui, de trouver la cause de ce déraillement psychique afin de rationaliser les choses et contenir sa propre incompréhension. Cette femme est le genre d’individus qui force à se remettre en cause. Les propos de Xavier Mussat ne répondent à rien et laissent les questions intactes, vierges de toute explication. En fin de compte, pourquoi a-t-il mis autant de temps à accepter l’échec de cette relation ? D’ailleurs, la démarche de l’auteur est-elle réellement d’observer les faits pour tenter de se les approprier enfin ? Et pourquoi n’y a-t-il aucune pudeur dans la manière de rendre compte de ses sentiments ?
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
Commenter  J’apprécie          40
Carnation

Avis et commentaires :



J’avoue avoir beaucoup à découvrir en matière de BD et cette nouvelle expérience et totale découverte, à la vue de sa couverture et à la lecture de sa thématique, m’a tout d’abord intrigué puis un peu effrayé.



Ces sentiments, probablement liés à ma faible habitude de ce type de lecture, se sont vite estompés pour se changer en un véritable intérêt sur cette tranche de vie autobiographique, plutôt perturbée, mêlant complexité des illustrations à des traits plus simplifiés, véritable reflet d’un récit de qualité.



Entre juin 1993 et août 2006, Xavier Mussat, l’auteur de ce livre, s’installe à Angoulême pour exercer un métier qui l’intéresse depuis toujours ; la BD. Impliqué pendant un temps dans la préparation de « Kirikou », il se cherche à la fin de cette préparation, il prend son indépendance, sans vrai succès entre projet plus ou moins perso et Pôle Emploi et va donc vivre une longue parenthèse, à Angoulême, plutôt désœuvré professionnellement mais alors particulièrement débordé par le côté personnel entre ses copains, eux aussi, dans la BD, dont certains plutôt perturbés et surtout par sa relation de nature assez toxique et complexe avec Sylvia.



Être plutôt perturbé, Sylvia, a dans le domaine de sa vie privée et encore plus dans la vie amoureuse, une nature exceptionnellement torturée. C’est tout le cœur du problème de l’auteur, entretenant une cour assidue auprès de cette égérie, les relations, entre ces deux êtres vont se révéler d’une rare complexité, hésitant entre relation amicale, amoureuse, passion, ils vont chacun à leur tour, alterner le rôle de bon copains, confidents, entremetteurs, puis amant et cela en total décalage. On se rapproche, dans les faits, plus d’une relation sado maso voir d’une grande proximité avec les mœurs de la mante religieuse dans sa vie amoureuse que d’une classique histoire d’amour. S’ils vivent le plus souvent en autarcie totale, leur relation torturée, certains amis, parfois plus qu’intrusifs, sont de passage et apportent un peu de piment dans ce couple.



Entre folie, chantage affectif, dépendance financière, dépendance affective, sexe fusionnel, trahisons, période de chômage, dépressions et tentatives de suicides, Sylvia et l’auteur vont nourrir une relation hautement toxique, l’ensemble totalement incompris et mal appréhendé par les derniers amis et la famille de chacun.



Pour rester au plus près de ce récit, un bestiaire des plus variés, de dessins chocs, de traits simplifiés, tout est mis à profit pour que le lecteur soit aussi bien plongé dans l’histoire de ces deux personnages que dans la visualisation et la concrétisation des émotions, des évènements et des lieux. Histoire autobiographique mais aussi parfaite illustration du milieu de la BD et de son système dans la ville qui lui est dédiée.



Un bonheur et un plaisir.
Lien : http://passiondelecteur.over..
Commenter  J’apprécie          40
Carnation

Nous voici le nez dans une autobiographie. Celle d'un dessinateur qui ne dessine plus. Sa violence intérieure va être révélée par une relation tortueuse et torturée.

 

Je l'ai lu comme une splendide réflexion sur les rapports humains au seuil de la trentaine. 🖤
Commenter  J’apprécie          30
Carnation

De métaphores et paraboles visuelles en images mentales plus ou moins décisives, l'auteur donne à voir jusqu'aux ultimes ressacs dépressifs de sa propre aventure. Et il trouve, au long de ce cheminement qui tient de l'autoanalyse sans complaisance, la pertinente distance pour évoquer une obsession a priori inénarrable.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
Commenter  J’apprécie          30




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Xavier Mussat (157)Voir plus

Quiz Voir plus

Fleurs, fruits, livres, chansons 🌸🍓📘🎶

Quelle chaleur!😓 Heureusement, j'ai gardé une ... pour la soif.

pomme
poire

10 questions
366 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}