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Critiques de Xianyong Bai (17)
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Garçons de cristal

Influencé par la pression des médias et des revendications "LGBT", on pourrait lire le roman de Bai Xianyong comme un livre "sur l'homosexualité". Ce terme abstrait serait bien commode pour éviter de comprendre et d'apprécier l'histoire qui est racontée et les personnages qui s'y trouvent. Or, tous ces jeunes "garçons de cristal", tout prostitués qu'ils soient, sont aussi mille autres choses : des enfants, des orphelins, des vagabonds, des serveurs de restaurant, des fils, des miséreux, etc. Si, à la différence des romanciers contemporains, Bai Xianyong (né en 1937) évite les scènes de sexe et leur réalisme cru, ce n'est pas par pudeur, ou par peur de la censure, mais simplement, pour montrer la complexité de ses personnages, qu'un trop fort ancrage sexuel réduirait à un seul aspect de leur existence. Jean Genet romancier prend les mêmes précautions, qui rappellent ce que Marguerite Yourcenar disait des hommes et des femmes : l'on n'est jamais absolument, consciemment, un être mâle ou femelle à tous les instants du jour et de la nuit. Tout réduire, se réduire soi-même et réduire les autres à cette dimension serait appauvrir l'humain, s'appauvrir soi-même et la civilisation. La lecture de ces auteurs permet de se vacciner contre ces délires du "genre".



D'autre part, ce roman retrace avec beaucoup de poésie la vie quotidienne d'une série de personnages hauts en couleurs, ce qui donne beaucoup de charme à la prose de Bai Xianyong. Un "fil rouge" permet cependant d'unifier tous ces destins disparates : la question douloureuse du père. L'action se déroule à Taïwan, île peuplée d'anciens combattants et héros des guerres contre les Japonais et les communistes : l'honneur du nom et de la famille est primordial. Plusieurs personnages sont maudits par leur père quand il découvre leur penchant, et l'auteur est assez éloigné des sottises revendicatrices pour adopter successivement le point de vue du fils, et celui du père. En cela, il fait son travail de romancier. Dans un bon roman, le lecteur comprend que tout le monde a (ses) raisons. De plus, des figures d'hommes âgés assument parfois un rôle paternel dans le roman, par compassion ou pour d'autres raisons. Même, à certains endroits, des "clients" de ces garçons peuvent incarner provisoirement une fonction paternelle, nourricière, protectrice. Certains (comme le vieux photographe, ou "le Maître") font vivre la mémoire mythologique et légendaire de ce petit monde nocturne, en lui conférant une grandeur tragique.



C'est un très bon roman où "l'homosexualité" ne joue qu'un rôle marginal. C'est un roman de Taïwan vu des jardins publics.
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Garçons de cristal

A travers la description de la vie d’un groupe de jeunes garçons homosexuels livrés à eux-mêmes, qui se retrouvent dans un parc, refuge précaire et toujours remis en cause, l’auteur trace en arrière fond le tableau de la société taïwanaise dans les années 70. Une société marquée par son histoire : de nombreux réfugiés venus du continent, suite aux guerres civiles et à la victoire communiste en Chine continentale, ont fuit à Taïwan. Ces îles considérées comme « arriérées » deviennent tout leur univers. Des ex-militaires vivent dans le souvenirs des combats, et dans la glorification de valeurs traditionnelles et viriles. Ce qui renforce sans doute le rejet impitoyables de fils qui manifestent des tendances homosexuelles. Qui n’ont donc d’autres possibilités que l’errance et la prostitution.



Bai Xianyong trace de beaux portraits de quelques uns de ces garçons, chacun avec son histoire, sa personnalité, ses rêves et spécificités. Aquig, le narrateur, marqué par l’abandon de sa mère, les duretés de son père, et la mort de son jeune frère. Petit Jade, obsédé par l’idée de retrouver son père, qui vit au Japon. Wu Min, sentimental, très attaché à un amant plus âgé qui l’a mis à la porte, et enfin Souriceau kleptomane invétéré, martyrisé par frère. Mais d’autres personnages, d’autres histoires, sont là également. L’auteur trouve un ton d’épopée, de récit mythique, pour conter les destinées des jeunes fréquentant le parc. Avant d’être des homosexuels ou prostitués, ce sont avant tout des jeunes garçons, avec les goûts et les rêves de jeunes garçons, malgré la dureté de leurs vies et leur manque de perspectives.



Nous les suivons un petit moment de leurs vies, quelques péripéties de leurs existences, avant de les quitter. Plus qu’un roman avec une intrigue, un début et une fin, c’est un ensemble de récits, de bouts d’histoires. Quelques instantanés pris sur le vif, mais qui permettent d’imaginer, de se plonger dans une atmosphère, et de vivre en empathie avec les jeunes héros du livre.



Un beau texte, sensible et intelligent.
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Garçons de cristal



Sans la nécessité de trouver un livre dont l’auteur a un nom commençant par X, je n’aurais pas lu ce livre. Eh bien, cela aurait été dommage. Pourtant le début ne m’a pas enchantée mais au fil des pages je me suis attachée à ces garçons de cristal.

Ils sont une dizaine ou plus vivant dans New Park à Taipei, sous la protection de maitre Yang. Ils se prostituent, par goût ou par nécessité, car beaucoup se retrouvent pour une raison ou une autre sans famille. Le récit se déroule sur neuf mois, après que le père de Aqing l’ait chassé à la suite de la découverte de son homosexualité. Aqing est le principal protagoniste mais bien d’autres garçons apparaissent dans ce récit, Petit Jade par exemple qui rêve d’aller au Japon pour retrouver son père, Le Souriceau qui est kleptomane, wu Min, Diligent Xiao, Wan Kuilong … Ce qui m’a frappé le plus c’est la gentillesse de ces garçons qui s’attachent à des figures paternelles qu’ils soient clients ou non. Restent avec eux lorsqu’ils sont malades, les soignent. Oui c’est leur caractère profondément humain, leur solidarité aussi qui les rend si attachants. Ils jouent parfois les garçons de café, certains cherchent à changer de vie. Ces garçons sont complexes, pas des anges mais pas non plus des démons...

Les noms des rues , des restaurants assez présents dans ce récit, des divers lieux est très dépaysant.





Un roman que je conseille.





Challenge ABC 2019-2020

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Enfance à Guilin

Ce récit n'est pas l'histoire du déroulement d'années d'enfance dorées, calmes et tranquilles, dans cette ville provinciale du sud de la Chine, ni au contraire d'un supplice au long cours dans la misère et la maltraitance. L'enfant qui raconte n'a qu'un sujet : sa gouvernante Jade.

Dès la première rencontre, Rong Er en tombe amoureux. La jeune femme, probablement trentenaire, attire les convoitises des domestiques masculins au service de la famille et quelques jalousies de Panzi, la tante de Rong Er. Mais elle sait dissuader les importuns. Rong Er qui l'observe va bientôt découvrir qu'elle part souvent en douce rejoindre chez lui un garçon d'une vingtaine d'années, Qingsheng. Au début, il ne comprend pas trop la nature de cette relation, pensant qu'il s'agit d'un frère de lait, surtout que Qingsheng l'appelle grande soeur…Mais il ne va pas tarder à comprendre qu'ils sont amants. Dès lors, ce petit seigneur, plus guidé par une vive curiosité et un désir de décrypter ce monde des adultes, que par la jalousie (il est tout autant séduit par Qingsheng et son extrême fragilité apparente, quasi-féminine, que par Jade), ne va pas les lâcher d'une semelle. Il est témoin de la vive tension permanente entre les deux, entre une Jade inquiète qui couve et surveille sans cesse Qingsheng, qui semble terrorisé et fuyant. Lorsque Rong Er entraîne une fois Qingsheng au théâtre, il ne se doute pas que l'illumination qu'il semble avoir pour une des actrices va se transformer en liaison…Quand il le découvre, il ne trouve rien de mieux à faire que d'entraîner Jade dans son sillage pour qu'elle le voit de ses propres yeux. Dès lors, l'engrenage du drame qui va se jouer est enclenché…

Un court roman dramatique sur la passion amoureuse, qui semble empreint de réminiscences des grandes oeuvres de Stendhal, Flaubert, ou Mérimée vu la concision du format. Ce qui frappe également, c'est la puissance évocatrice des trois ou quatre scènes décrites rassemblant Jade et Qingsheng (voir les citations par ailleurs). La mise en scène du drame est diaboliquement précise, et là on pense au théâtre de Shakespeare. C'est aussi la figure marquante de Jade, qui sous ses airs de jolie femme douce, s'avère être jalouse et dominatrice avec son amant, et dévoile même un visage inquiétant voire démoniaque, se transformant en véritable Médée dans sa passion irraisonnée et (auto) destructrice.

Le jeune narrateur est décidément un enfant trop gâté et perturbateur, qui sous ses airs innocents de gamin amoureux inoffensif de sa nounou, va, mine de rien, venir perturber le jeu des adultes, jusqu'à jouer un rôle de catalyseur du drame final. Le titre du livre est très trompeur, car finalement centré sur la relation passionnée de deux jeunes amoureux, qui bascule dans le drame en grande partie par la malheureuse entremise d'un enfant trop curieux.

Cet enfant s'avère avant tout capricieux, auto-centré, et ambigu dans son rapport aux autres. Il semble aimer Jade, la trouve belle, mais lui reproche ses quelques petites rides naissantes. Il est fasciné par le beau et efféminé Qingsheng, mais se moque de sa timidité maladive. Il admire le jeune couple, mais ne voit pas qu'il joue les voyeurs et les gêneurs, comme s'il se faisait un plaisir, en tout cas un devoir d'être le premier témoin, pour nous rapporter ce qu'il voit et entend...jusqu'au spectacle morbide final dont il n'a plus qu'à se régaler comme de la contemplation d'un tableau parfaitement agencé, à la fois romantique, fantastique, et décrit avec un réalisme saisissant.

Servi par une belle écriture classique, voici un livre dense et puissant, par un écrivain marquant de la littérature contemporaine de langue chinoise.

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Gens de Taipei

J'ai découvert ce texte à une lecture du musée Guimet, où deux nouvelles du recueil ont été lues. Et j'ai eu envie de découvrir les autres.



14 textes composent ce livre. Des Chinois nés sur le continent et obligés, suite aux événements politiques, de fuir leur pays, et de se réfugier, dans ces îles qu'ils considèrent comme provinciales, frustres. Certains ont pu garder leur rang, leur façon de vivre, d'autres sont descendus dans l'échelle sociale.



Il y a un peu de tout dans parmi les personnages de Bai Xianyong. Pas mal de militaires et de prostituées, mais aussi des servantes, des étudiants, des femmes mariées, des veuves, des professeurs....Il semble apprécier tout particulièrement les femmes, dont il dresse des portraits attachants.



Des beaux récits, entre la nostalgie de ce qui a été perdu, même si beaucoup de personnages espèrent revenir sur "le continent", dans leur vraie vie, la mélancolie du vieillissement qui s'installe insidieusement, les souffrances endurées, même si elles sont dites à moitié. Un monde, une civilisation engloutis par l'histoire en marche.



Entre cruauté et tendresse, Bai Xianyong, se fait le cartographe de ce monde en train de sombrer, en petites touches, avec une écriture pudique, dans lequel le rythme, le phrasé est aussi important que les mots.



Une très belle découverte, il me reste encore "Garçon de cristal" qui est son deuxième libre accessible en français.

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Gens de Taipei

Ces « Gens de Taipei » viennent en réalité de Guilin, de Chongqing, de Shanghai, ou encore de Nankin et ont fui la Chine continentale au moment où s’installait le pouvoir communiste. Exilés dans le Taipei des années cinquante, qui sont-ils ? Des militaires qui ont combattu dans l’armée de Tchang Kaï-chek et ont accompagné son repli sur Taïwan, mais aussi des belles de nuit, entraîneuses de bar, prostituées, chanteuses de music-hall, parfois des lettrés ou des commerçants. Leur gloire – militaire, artistique, révolutionnaire – est derrière eux, comme leurs succès, leur jeunesse ou leur beauté. « Gens de Taipei », une dénomination qui les renvoie à l’anonymat, à la gêne des gens ordinaires, à la solitude.

Bai Xianyong a, lui aussi, connu les chemins de l’exil et décrit avec une mélancolie, qui se teinte souvent de résignation et d’impuissance, ces vies rendues au quasi-néant. Ses nouvelles ne sont pas bâties sur les caractéristiques attribuées habituellement à ce genre, la construction dramatique, l’irruption de l’insolite, la présence d’une chute... Il s’attache plutôt à saisir une scène ordinaire qui installe le décalage entre le moment présent et le passé. Je comparerais son art à celui de l’aquarelle où le pinceau imbibé d’eau dépose sur le grain de la feuille un soupçon de couleur qui finit par se fondre aux autres touches pour dessiner un paysage aux contours flous.

La traduction d’André Lévy restitue avec une grande justesse le ton de chaque nouvelle, passant du raffinement des déclassés à la gouaille des prostituées, ou encore aux accents martiaux de vieux soldats.

Ma préférée dans ce recueil de 14 nouvelles : La dernière nuit de la Taïpan Jin.
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Garçons de cristal

Pour ma première critique, quoi de mieux que de faire la première critique d'un ouvrage ! Ayant en une phrase démontré sans contestation possible que j'ai de l'esprit, je souhaite mettre en avant un sujet tout aussi passionnant, le livre.



J'ai trouvé ce livre d'occasion, à vrai dire je ne lis jamais de littérature taïwanaise. J''avais acheté celui-ci pour la belle photographie en couverture qui m'avait interpellé. Bien m'en a pris, car ce roman vaut le détour, pour de nombreuses raisons.



La lecture du livre est d'abord facile, et cela compte quand on traite le sujet d'une bande de jeunes garçons qui vendent leur corps ( quelque chose me dit qu'on a déjà fait des sujets sur des romans moins tristes ) L'auteur aborde ce sujet avec une écriture empreinte d'une grande pudeur, de beaucoup d'empathie pour tous les personnages, sous l'angle de courts chapitre comme autant de scènes de vies variées.



La deuxième raison est que ce roman est riche : il est à la fois une promenade dans le Taipei des années 70 et la découverte d'une société taïwanaise fascinante. Sans avoir besoin de prendre une encyclopédie ( j'adore celles-ci, mais dans le sac de vacances beaucoup moins... ), on découvre une société fracturée : Taïwan est séparée de la Chine, mais les habitants se disent chinois et ne digèrent pas leur exil forcé sur l'île. On voit aussi la vielle génération des exilés militarisés, ne comprenant pas des jeunes volant de leur propres ailles.



Sur cette subtile toile de fond, l'auteur aborde avec courage le sujet tabou de l'homosexualité : les homosexuels; chassés de chez eux, se regroupent, formant un Royaume souterrain ( un parc, un bar ) peuplé des fantômes de leurs amours interdites . Les jeunes s'y prostituent pour des clients qui vivent dans le placard. Évitant de tomber dans un pathos aussi lourd qu'une enclume ou des scènes de sexe omniprésentes ( je ne suis pas puritain, mais j'ai comme le sentiment que trop de scène de ce genre auraient affaibli la porté de ce roman ... ) , l'auteur nous montre des jeunes résilients, vulnérables et forts à la fois, tombant puis se relevant, essayant de trouver leur voie vers la lumière tout en goûtant aux plaisirs dangereux de leur monde de reclus. En sus, toute une galerie de personnages secondaires est peinte, toujours de manière intense et juste par l'auteur.

Le point essentiel de ce long paragraphe ( merci à mes phrases à rallonge ) est que tout cela aboutit à ce que formant des scènes intenses et surprenantes, ce récit devient le cri triomphateur de l'auteur : oui ces jeunes oiseaux de printemps sont des êtres sensibles qui se fraient un chemin dans une société qui les rejette.
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Gens de Taipei

De retour d'un voyage à Taïwan je me suis décidée à lire ce livre qui dormait depuis un certain temps dans ma bibliothèque , bien m'en a pris car je l'ai beaucoup aimé ! Il raconte la vie de ces chinois en désaccord avec la politique communiste de Mao zedong et qui on suivi Tchang Kaï chek sur cette île .L'auteur les décrit avec beaucoup de tendresse, qu'ils soient militaires, professeurs ou prostituées, beaucoup pensaient avec nostalgie à leur vie passée et espéraient sans doute retourner un jour sur le continent .Comme l'action se passe dans les années 50 on peut imaginer que de nos jours ils ne sont plus de ce monde et que Taïwan n'est plus la même ….
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Gens de Taipei

Des récits envoutants (en majorité) qui nous plongent dans le Taiwan des années 1950 avec le sentiment d'être inondé d'une douce amertume.
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Gens de Taipei

Gens de Taipei est un livre passionnant, qui nous plonge dans l'atmosphère d'un Taipei passé en pleine transition. Chaque histoire apporte une nouvelle perspective sur la vie d'habitants "déracinés". Les détails sur la vie et la pensées des personnages transforme ce recueil en une sorte de témoignage, enrichissant sur les plans humains, historiques et sociaux. Seul bémol, j'ai trouvé les nouvelles parfois inégales : certaines m'ont bien plus intéressée que d'autre.
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Garçons de cristal

Une plongée dans le Taïwan des années 1970, qui garde encore les stigmates de l'occupation japonaise et de l'exil de la Chine continentale suite à la victoire des communistes à travers le prisme d'une communauté homosexuelle. Les personnages sont attachants, brutalisés par la vie mais réagissent en créant une fraternité qui leur permet de survivre et de se reconstruire. Une belle leçon liberté, de solidarité et de résilience.
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Garçons de cristal

Garçons de cristal est un livre qui mériterait à se faire connaître.

Déjà car il traite d'un sujet tabou, encore plus à Taïwan dans les années 70, l'homosexualité et plus particulièrement la prostitution masculine.

Le sujet est traitée d'une manière très douce, pleine d'une fragilité palpable sans pour autant être condescendant ou dans le voyeurisme. On y suit la vie de ces garçons, la vie souterraine nocturne du Taipei des années 70, souvent par des scènes communes, touchantes. L'écriture est fluide et agréable.

On s'attache à ses garçons à la fois fragiles et solides.
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Garçons de cristal

Ce livre m’a fait mal autant qu’il fut beau. C’est une aventure presque merveilleuse, à la fois magnifique et terrible. On suit un groupe de jeunes hommes, à peine sortis de l’adolescence, sans foyer, chassés de ce dernier. Rassemblés la nuit au jardin public de Taipei, eux ainsi que d’autres et leurs aînés forment une sorte de communauté, une famille qui se soutient d’une manière ou d’une autre dans l’adversité.

L’ambiance juvénile mêlée à la dureté de leur vie déjà bien lourde met en scène un thème fort et tragique, pouvant paraître sombre mais montré sous un jour simple, sans excès, sans jugement et certainement pas en tombant dans le trop pathétique ni le superficiel. Il y a une certaine forme de positivisme. Nous n’avons pas tant ici l’idée de fardeau. C’est leur vie, ils l’assument. Pour autant, je ne crois pas que ce soit de la simple survie. Ils sont ensemble et leur condition ne les empêchent pas d’avoir des activités que l’on va qualifier d’ordinaires ou quotidiennes et des moments d’amitié forts et vrais. Ce sont des personnages très sensibles et attachants, au lourd passé, qui vivent dans le présent mais qui sont aussi capables de rêver du futur.

C’est un récit plein d’espoir malgré tout. Dans un monde ou une société où les menaces sont grandes et nombreuses, reflets d’un pays et d’une époque difficiles, comme bien souvent c’est l’humain qui permet de surmonter tout cela ainsi qu’un soutien et une loyauté sans faille entre ce groupe du jardin. La fin arrive presque trop vite, avec une belle conclusion, qui arrive un peu soudainement à mon goût, dans la même veine que le reste.

C’est le genre de roman et de personnages capables de résonner très longtemps après la lecture. Et en même temps, c’est déchirant. Je me souviendrai toujours tout particulièrement de l’histoire de Phénix, ainsi que l’épisode avec Petit frère dont Aqing décide de prendre soin et qui lui rappelle de manière très affective son cher Frérot-Chou. C’est l’une de mes scènes favorites et pourtant aussi l’une des plus terribles à mes yeux.


Lien : https://lenaaupuitsdesmots.w..
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Garçons de cristal

Le roman chinois a ses propres caractéristiques, déroutantes pour nos habitudes littéraires. Le traducteur a visiblement veillé à l'adapter au mieux aux lecteurs français mais il ne pouvait tout gommer sans trahir l'original.

Il se situe dans les années 60.

Le contenu s'avère intéressant mais, alors qu'il concerne des vies difficiles, des personnes en souffrance, cela est décrit froidement sans réussir à créer l'empathie du lecteur. On assiste à une succession de scènes dont il est parfois bien difficile de comprendre l'enchaînement avec le paragraphe précédent, en raison des noms auxquels nous ne sommes guère habitués et qu'il est difficile d'assimiler (Sauf celui ds garçons qui ont piour la plupart leur traduction "fleurie") mais aussi, et surtout, parce que l'on passe d'un moment à un autre, sans aucune transition. Il devient alors difficile de suivre le déroulement de ces vies.



Par ailleurs, l'auteur garde parfois des noms de situations, d'objets, de lieux, sans fournir aucune explication ce qui fait que l'on ne sait pas de quoi il parle et ajoute à la confusion.

Les situations se répètent et évoluent très très lentement alors que l'unité de temps est réduite (9 mois), n'apportant rien au fond de l'histoire.



Les attitudes et les propos de ces jeunes sont déroutant également : bien souvent, on a plutôt l'impression d'assister à des scènes et des dialogues évoquant davantage l'enfance que le grand ado alors qu'à d'autres passages on assiste à des comportements de jeunes adultes. Certes le monde dans lequel ils évoluent n'est pas très cohérent mais les incohérences du récit sont autant de heurts dans la lecture. Il faut constamment chercher à comprendre ce qui unit les faits, pourquoi d'un seul coup on passe d'un lieu à un autre en changeant de personnages.

Tout cela manque d'énergie et ressemble bien souvent à un descriptif de situations que l'on dirait narré par une voix robotique.

Certains parlent d'une évocation poétique... je ne l'ai franchement pas trouvée à moins que la traduction fleurie des noms chinois suffisent à cette impression.



Déjà soumis à l'incertitude du lendemain, ces vies se déroulent bien souvent dans la crasse profonde : reflet d'une Chine défavorisée ou d'une société où la saleté est omniprésente même dans les couches sociales plus élevées ? Est-ce alors à un degré moindre et cette crasse est une spécificité de cette couche sociale très défavorisée ? L'omniprésence de cette saleté, y compris dans la rue laisse à s'interroger.



J'ai fait des efforts pour avancer dans ce livre mais j'ai lu en travers une cinquantaine de pages après le milieu du livre, puis j'en ai sauté carrément environ 150, les quelques phrases piochées au hasard ne faisaient que dire de nouveau ce que j'avais lu avec d'infimes nuances. 476 pages là où 300 auraient donné un roman accrocheur.





En conclusion, un sujet intéressant, un traducteur qui a fait des efforts pour rendre ce livre accessible mais à la lecture difficile, fatigante, frustrante en raison du manque de liaison et de fluidité, de répétitions, de vocabulaire spécifique non expliqué, d'incohérences dans les comportements.



Note difficile à attribuer.

4 voire 4.5 pour le sujet et l'entrée dans cette société et ce milieu, pour l'approche de ces jeunes soumis à eux-mêmes, sachant que cette situation évoque celles d'autres pays mais 2.5 pour l'écriture pas assez liée. A sa décharge, cette écriture est assez spécifique de la littérature chinoise. Dans ce roman, elle est même particulièrement adaptée à nos habitudes mais son origine reste présente... ce qui, au final, peut être un compliment.
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Enfance à Guilin

Rong Er, rejeton d'une famille riche de la Chine "traditionnelle" (l'action est non datée mais se situe sans doute juste avant la guerre sino-japonaise), s'éprend de sa gouvernante, la belle Jade au teint d'albâtre et à la chevelure de jais. Assez libre de ses mouvements, le jeune enfant la suit dans toutes ses allées-et-venues, au sein et hors de la maison familiale. Il va ainsi assister à la naissance et à la conclusion d'un drame. Vus à travers les yeux d'un enfant, l'amour et la mort apparaissent comme un univers irréel, vide de sens mais fascinant. L'excellence de la traduction tient sans doute une large part dans l'attrait exercé par ce court récit, d'une densité rare dans les lettres chinoises. Un petit bijou !
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Garçons de cristal

The book is about the gay life in Taiwan in the 90s and 20s. Its subtle. There was no single word saying directly that the guys are gays. But the whole ambiance was densed in pink. Its not the pink in the fairytale perfect world. Its the pink soked with the misery, struggles and pain. Gays communities in that period of time were not openly accepted, not like now that they gained the recognitions and support and even legal position as part of marriage in law.

They gathered in the park where there were covered in trees at nights. They felt safe to pursuit their love and desire under the shade of the obsicurity. Phiscally and mentally they senses a belongingness to each other. Most of them were poor. The olders leaders took shelter for the young ones they did not have places to go. They became couples or fathers and sons. The young orphans had to kind of sell their bodies to the old to get the financial support. They had dreams but they could not control their fates so the dreams were just dreams.

One of them wanted to live in Japan where there are lots of opportunities and tolerances. His suger daddies were the support. He made it. We cannot tell if the life in Japan was better. He felts sense of dreaming coming true.

Their leader succeeded in opening an undergrand secret bar by the support of a power kind guy. The business was booming. Instead of gathering in the park, they had the secret place indoor. They had work and they met more people. The bar had to close due to a journalist exposed this gay bar. There were lots of straight guys who tried to sabotage and ruin this shared gay places. The gental and rich supporter passed away because he tried to help an orphan. The old guy ran out of his last breath.

With the bar closed and old guy died, their lives went back to what it was before. They need to find somewhere else. Some of them still went to the park time to time at night but the park lost its warmth.

Let live others, we are all humans. Love is love
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Garçons de cristal

J'ai adoré ce livre de bout en bout ! Du coup, je vais essayer de vous le vendre de ouf.



Si on m'avait dit que je dirais ça d'un roman qui parle de prostitution, je l'aurais sans doute pas cru... ce qui est sacré premier argument, en fait.

Parce que oui, "Garçons de Cristal" a pour protagoniste principal un jeune taïwanais viré de chez lui qui n'a comme solution que d'aller se vendre aux hommes du coin. C'est une histoire de vie, c'est celle des amis qu'il se fait au fur et à mesure, de ceux qui l'aident à leur manière.



J'ai trouvé si habile cette façon de parler d'un sujet si dur et destructeur sans jamais nous mettre face à des situations trop malaisantes ou directes (aucune scène de sexe, par exemple). Et surtout, j'ai trouvé formidable d'avoir un seul ressenti durant toute ma lecture : la douceur.

Je sais ce que vous vous dites : la prostitution et la douceur ? Elle déraille, celle-là.

Et pourtant...



Je ne sais pas comment vous décrire à quel point je me suis sentie bien en lisant ce livre. Parce que prostitution mise à part, c'est surtout l'histoire de garçons qui se serrent les coudes, qui se lient d'une manière si particulière. Ce sont des histoires d'amitié, de fraternité, voire de paternité.



C'est dû à l'écriture, sans doute. À une beauté un peu étrange qui en émerge, à ces histoires racontées au fur et à mesure. Ce que ces gamins ont vécu et qui s'entremêle à leur présent. Évidemment, il y a des histoires et des passages difficiles, mais c'est toujours amené avec une justesse impressionnante.



Et puis avec tout ça, il y a cette façon qu'ils ont d'avancer coûte que coûte. Se souvenant du passé, sans le renier, en lui laissant la place qui lui revient, mais en gardant toujours le regard fixé vers l'avenir et l'espoir. C'est un livre si riche de tous côté, et si justement dosé.
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