Nous sommes en Abysinie. Le village est assemblé au soir dans le toukoul, Grand-Pa va raconter l’histoire de Saba. Mamusch, son grand-frère était le gardien du troupeau de chèvres, seule richesse de la famille. Mais parmi elles, une vieille chèvre plus sauvage que les autres aimait fuguer sur les hauts plateaux…
La petite Saba épouse les mêmes rêves. Et un beau jour à l’aube, elle suit l’animal qui va se promener dans la montagne comme tous les matins. La petite découvre alors que cette petite fugueuse vient dévorer régulièrement une plante inconnue. Mais la panthère guette et se lèche déjà les babines. Lorsqu’elle se jette sur Saba, la chèvre, au lieu de fuir, affronte le fauve qui la tue. C’est au tour de Saba de défier celle qui a pris la vie de son amie. Mais plus la panthère s’approche et plus Saba est effrayée. Mamusch, cependant, a suivi la petite, et, témoin du drame, il décoche une flèche au félin. Il a sauvé sa sœur, mais la petite chèvre est bien morte. De retour au village, Saba pour toute explication de son forfait offre à son père une branche de la plante que la chèvre allait grignoter tous les matins. De colère, celui-ci la chasse et jette la branche par-dessus son épaule. Celle-ci tombe dans l’eau mise à bouillir sur le foyer. Vient à passer une caravane de marchands arabes. L’un d’eux demande l’aumône au père de Saba. Il lui offre de cette eau chaude qui attend sur le feu. Le marchand est conquis et demande à voir la plante qui produit ce divin breuvage. Saba explique alors au marchand que la chèvre qui l’a découverte se nommait Kafé…
Télescopage réussi entre la chèvre de Monsieur Seguin et la légende qui entoure la découverte du café. Il existe deux Saba dans cette histoire. Une qui écoute et une qui vit le récit. Cette mise en abîme est intéressante, car elle incite les jeunes lecteurs à être très attentifs au déroulement du récit. Par ailleurs, les commentaires qui sont faits par les écoutants rejoignent ceux que nous aurions à faire à nos enfants, mais ils auront sans doute plus de poids énoncés dans un livre. Cet aller-retour permanent entre le texte et son commentaire est bien amené, drôle et dynamise l’ouvrage. Et toujours les dessins magnifiques de Yann Dégruel, déjà remarqué avec ses adaptations des Histoires comme ça de Kipling. Un très joli petit conte ethiopien !
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