Dans "Vega" de Serge Lehman et Yann Legendre, nous sommes embarqués dans un monde futuriste où ce sont les triades, mafias et groupuscules défendant des causes diverses qui mènent la danse. Nous sommes dans les années 2060, dans un monde fait d'États-machines dans lequel la technologie avancée et robotisée organise et fait le quotidien de toute la population. Le docteur Ann Vega, informaticienne et anthropologue, membre éminent du mouvement Reborn qui consiste à vouloir assembler une sorte d'arche de Noé en orbite, est plus que déterminée à mettre en sécurité le dernier orang-outan recensé sur Terre. Entre cyberattaques, menaces et tentatives d'enlèvements venant des Alter-Pongo, groupe prônant le clonage pour lutter contre l'extinction des espèces en voie de disparition, le projet d'Ann Vega et son équipe se voit mis à mal, d'autant qu'on ne leur accorde plus que dix jours, le maire de Chicago ne désirant plus leur accorder l'asile...
Ici, à travers Java, seule femelle orang-outan restante pour représenter son espèce, il est bel et bien question de biodiversité et le message transmis est clair : on peut bien bénéficier de toute la technologie la plus développée qui soit, les conséquences sur notre biosphère sont irrémédiables.
Aucun des personnages n'est réellement attachant, et ce quelque soit leurs projets. Sans aucun doute parce que très peu creusés, ils ne nous partagent pas assez leurs ressentis, et je les ai en fait trouvés peu sensibles à ce qui les entourait, trop concentrés sur leurs tâches, trop concernés par leurs propres idéaux. C'est en fait ce qui m'a fait défaut : la dimension humaine, empathique est peu approfondie. On sent pourtant bien une fêlure chez Ann, notamment en ce qui concerne son mari et sa fille assassinés par les triades chinoises six ans plus tôt, tout comme chez le Medbot qui s'humanise quelque peu lorsqu'une pseudo-conscience apparaît lors de sa reprogrammation. Mais c'est bien trop peu exploité à mon goût et je n'ai de ce fait rien ressenti durant ma lecture, en-dehors quand même de l'affection pour Java et la petite Dewi.
En revanche, l'intrigue en elle-même est plutôt happante. La dimension scientifique, pourtant bien présente, n'altère en rien la compréhension et l'avancée de l'histoire. C'est en général ce que j'appréhende le plus quand j'entame un livre dit "scientifique", mais ici c'est très limpide et clair. On veut savoir si Ann mettra au point son projet à temps. On s'intéresse à la transformation qui s'opère en elle, effet secondaire dû à une anomalie énergétique lors d'un test. Et surtout, en ce qui me concerne en tout cas, on veut connaître le sort de Java. Côté intrigues, c'est donc plutôt réussi, alors qu'il y a globalement très peu de texte et que les pages se tournent relativement vite.
J'ai été, par contre, assez perturbée par les dessins, clairement numériques. Les couleurs criardes sur fonds noirs, un peu "psychédéliques" si je puis dire, agressent, créent un ensemble peu naturel, trop "synthétique", trop artificiel, trop invraisemblable. Je n'ai pas du tout adhéré.
Une intrigue et un contexte futuriste et scientifique qui m'ont bien plu mais avec des personnages peu creusés et des dessins trop surréalistes à mon goût. Je n'en ressors pas totalement convaincue, mais ce fut quand même relativement une lecture agréable, très fluide.
Lu et reçu dans le cadre de la masse critique graphique, je remercie Babelio et les éditions Albin Michel pour la sélection et l'envoi de cet ouvrage.
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Sacré beau bouquin, très esthétique.!
Un scénario assez simple pour les amateurs de SF :
2060, sur une Terre très polluée, au bord de l'asphyxie, Ann Vega, scientifique de renom découvre dans la jungle de l'Indonésie le dernier spécimend'une famille de grands singes, une femelle orang-outan.
Attaquée par un groupe animalien terroriste, elle va tout faire pour échapper à toutes sortes de menaces et permettre à cet animal survivant de la mettre à l'abri et d'échapper ainsi à l'extinction dans le cadre d'un projet de mise en orbite, en suivant le protocole mis en place par son mari assassiné, lui et sa fille, juste après la découverte de sa femme.
Récit politico-scientifiques, à partir de l'adaptation d'un roman de John Brunner en 1972 "The sheep look up", intrigue aux forts accents écologiques qui dépeint un futur assez chaotique et qui pourrait ressembler au nôtre!
Très beau roman graphique avec de forts choix esthétiques qui accentuent l'impact de cet album
Avis aux amateurs!
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Jolies BD aux dessins colorés et psychédéliques. On y sent une forte inspiration des vieux comics de Jim Starlin. La critique de @Lunalithe dit que chaque page ferait un magnifique poster, ce qui résume bien la chose.
Le scénario, par contre, m'a bien reçu. On y découvre une dystopie d'effondrement climatique un peu générique. Les gens en extérieur doivent porter des masques et l'extinction massive des espèces se poursuit. Le pouvoir est désormais dans les mains des mafias et des villes devenues cité-états.
Les protagonistes découvrent en début de livre la dernière orang-outan. Ils décident de la garder pour tenter de faire renaître l'espèce par fécondation in vitro. Un groupe de clones terroristes veulent la récupérer pour sauver le primate par clonage à la place.
Lors d'une expérience qui a mal tourné, la protagoniste a aussi commencé à se transformer en étoile.
Voilà. Chacun de ces éléments est sous-développé. Et surtout, je n'y retrouve aucun thème, aucune complexité qui font habituellement la richesse des œuvres de Lehman.
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Flesh Empire est une histoire qui fait écho au Metropolis de Fritz Lang, sauf que les rôles sont inversés, les robots sont la norme, et le sensible, le sensuel, l’humain sont du domaine de la science, de la création, le mythe de Prométhée est ici renouvelé de façon originale. Évidemment, ce futur est glaçant, froid et sec. C’est un thème cher à la littérature de science fiction, ce n’est pas de ce côté que se cache la grande originalité de cette bande dessinée, c’est surtout la réponse graphique à cette thématique qu’il faut louer. C’est un graphisme de dessin vectoriel, en noir et blanc, et le rose chair fera une apparition dans certaines pages. L’auteur utilise beaucoup de trames géométriques, c’est chargé de références multiples, Metropolis, et Fritz Lang, bien sûr, mais aussi Eicher, l’Art Optique et Vasarely, l’Art Psychédélique et les maîtres de la BD de science fiction européenne des seventies, Moebius, Druillet, Caza. La froideur du style et la maîtrise technique parviennent par moment à une étrange sensualité, pleine d’émotion, c’est une belle réussite. Superbe.
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Merci à Babelio pour cette masse critique.
Vega est un roman graphique de SF à la fois original et très classique. L'originalité c'est le graphisme: des vignettes très grandes sur papier glacé, des couleurs très criardes et des scènes très contrastées. C'est à la fois moche et beau. Moi, j'ai finalement bien aimé.
L'histoire est assez attendue: une scientifique veut sauver la dernière femelle orang-outan d'Indonésie en l'envoyant dans une sorte d'arche de Noé spatiale. Elle est aux prises avec des animalistes, des terroristes, des opportunistes, bref, toute la ribambelle de istes que l'on trouve dans les BD futuristes.
C'est assez intéressant et bien narré mais il y a un truc qui m'a dérangé: le fait que la scientifique n'écoute absolument pas les arguments des animaliens. Elle est bornée. Je trouve que c'est dommage. Ceci dit, elle est dans l'air du temps de tous ces progressistes persuadés d'incarner le BIEN.
Dans l'ensemble, j'ai passé un bon moment de lecture.
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Au premier abord je ne me serais pas dirigé vers ce style particulier mais j'en ai pris plein les yeux. Graphiquement c'est original et irréprochable.
Niveau scénario c'est un récit de science fiction plutôt linéaire. Cela m'a semblé pas assez développé malgré les bonnes idées.
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Un graphisme vraiment, vraiment spécial qui surprend mais que j'ai aimé. C'est tout en couleurs très franches et noir, tout en dégradé. J'ai aimé aussi la disposition des cases ou d'ailleurs des non-cases.
L'histoire commençait bien sur fond d'écologie, de téléportation... Malheureusement, ça a mal fini avec la physique quantique et les divers groupes plus ou moins politiques. J'ai même sauté des bulles car je ne comprenais pas et à vrai dire, je n'avais pas vraiment envie (à ce moment-là) de me creuser. Dommage...
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De la BD qui sonne et qui scintille comme de la SF du début des années 70, façon John Brunner. Nous sommes fin du XXIè siècle, les mafias ont pris le pouvoir, les gouvernements sont impuissants à gérer le délitement des choses, les villes tentaculaires sont la règle, la biodiversité a bien trinqué, la pollution est partout, bref c'est la cata.
Dans cet océan de marasme morose, Ann Vega recueille la dernière femelle orang-outan en Indonésie. Elle est aussitôt traquée par Alter Pongo, un groupe d'activistes pro-clonage. Ces activistes souhaitent récupérer la femelle orang-outan, mais Ann la destine à son arche de Noé qu'elle construit en orbite autour de la terre. Tous les coups sont permis, y compris cloner la fille d'Ann Vega, morte des années plus tôt...
Graphiquement, on est (je l'ai dit) dans une inspiration très années 70. Les couleurs, la mise en page, tout cela fait très psychédélique. Mais aussi oppressant avec l'usage immodéré du noir. Côté scénario, les auteurs soulèvent pas mal de questions sur la biodiversité, la protection de la planète, le clonage, la maternité... Personnellement, je suis assez fan.
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Nous sommes sommes à la fin du XXIeme siecle, Ann Vega, scientifique en Indonésie découvre une femelle orang outan, unique survivante de son espèce. Juste avant une attaque surprise sur Jakarta, elle réussit à embarquer le jeune animal tandis que son mari et sa fille, Dewi, sont tués dans l'attaque de Jakarta.. Quelques années plus tard, lors d'une expérience de téléportation, Vega entre dans le champ et voit son corps devenir un faisceau de lumière. Face a son corps qui se transforme, Ann est étonnée mais pas paniquée. Ce qui va provoquer sa révolte c'est le chantage mené par Alter Pongo, un groupe animalien qui veut récupérer leur soeur, Java, la femelle orang outan, et vont mener des cyber attaques sur la ville afin que la jeune femme rende l'animal...Mais celle ci ne veut pas, n'a aucune confiance envers ses soit disants frères.
Une histoire simple centrée sur une femme assez opaque mais qui fait référence à pas mal de thèmes différents. allié à un graphisme année 70 qui me fait penser un peu à Paul Gillon, une référence. A lire.
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Un album pour les amateurs d’anticipation, de science fiction.
Nous sommes fin du 21e siècle. Dans la jungle indonésienne Ann Vega va découvrir le dernier orang-outan et n’aura de cesse de vouloir la sauver des mafias d’état et des séparatismes génétiques.
De la manipulation du génome en passant par la teleportation, et ma transformation de la matière, tout y passe.
Les couleurs soutiennent à elles seules un scénario qui n’est pas toujours clair. Mais peut être est ce par manque pour moi de connaissance de ce genre d’album…
Décevant pour une tentative dans le monde du futur ou les limites et l’unité du genre humain sont en jeu.
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Ce qui interpelle avant tout dans Vega, c'est le graphisme léché, et les couleurs vives. Pour ma part, j'en ai pris plein les mirettes, en ayant l'impression de regarder un poster à chaque page. J'ai adoré.
Mais les graphismes ne sont pas le seul atout de Vega, car l'histoire nous embarque aussi sûrement que les illustrations nous éblouissent ! Nous sommes fin XXIe siècle, l'histoire commence sur un drame, et l'on rencontre la docteure Ann Vega, qui vit dans un monde futuriste, dominé par les mafias d'État, et divers groupuscules aux intérets variés.
Mais c'est dans la jungle indonésienne, que la docteure Vega fait une extraordinaire découverte : sans doute le dernier orang-outang de la Terre. Cette découverte la projette au coeur d'un réseau d'intrigues politiques et scientifiques, chacun souhaitant s'approprier le primate pour des raisons personnelles - et usant d'arguments pas toujours très fair-play.
Et Ann, que va-t-elle faire, en son âme et conscience ?!
Une BD sublime, tant dans le graphisme que le message.
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2060, On n’a plus vu d’Orang-outan depuis 6 ans mais Ann Vega, anthropologiste de son état, en découvre une dans la jungle javanaise, dérivant suite à un tsunami.
Ce primate que l’on croyait disparu va devenir un enjeu crucial, entre un mouvement antispéciste éco-terroriste qui prône le clonage pour recréer l’espèce et Ann et ses collègues qui tentent de la maintenir en vie sur une station orbitale.
Le scénario de Serge Lehman (Saint-Elme, L’homme gribouillé entre autres…) est imparable, ingénieux et empli de trouvailles que l’on craint visionnaires. Il est servi par le dessin impressionnant de Yann Legendre : des pages noires mais un univers presque géométrique aux couleurs intenses, prégnantes… le résultat est immersif, vertigineux.
Serais-je allé vers cet album sans la belle chronique de @bullesdedupondt ? Pas sûr.
Merci à elles d’avoir attiré mon attention sur cet album, un très beau livre à la couv retro-futuriste soignée. Du beau travail !
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http://lepandemoniumlitteraire.blogspot.fr/2014/10/grimm-contes-choisis-illustres-par-yann.html
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Gros coup de cœur pour cette BD.
J'ai adoré le style graphique très incisif et les couleurs chaudes et lumineuses utilisées pour représenter cette histoire ! J'ai trouvé le scénario, bien qu'un brin classique, très prenant. Avec un message intéressant.
Moi qui ne suis pas habituée du genre, j'ai été vraiment surprise par ce récit qui de prime abord, ne me faisait pas de l’œil !
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Voilà un livre qui ne me faisait absolument pas envie. Si ça n'avait pas été pour le travail, je ne l'aurai pas lue. J'y suis allée avec le sentiment que je n'aimerais pas et j'avais raison.
Déjà, je n'ai pas compris grand chose à l'histoire. Enfin, si, je pense avoir compris le sens global, mais quel en était l'intérêt ? J'ai eu l'impression qu'on sautait du coq à l'âne sans arrêt, qu'on manquait d'explications, qu'on manquait de contexte. Je me suis posée pas mal de questions pendant ma lecture et aucune n'a trouvé de réponse.
Quant aux illustrations, ce n'est vraiment pas mon style. Je n'ai pas aimé le trait, ni l'utilisation des couleurs.
Cette BD, en ce qui me concerne, ça a été une vraie perte de temps. Mais je suis curieuse, elle a beaucoup de bons avis ici, alors je suis peut-être passée à côté de quelque chose. Donc si quelqu'un ici l'a lue et appréciée, je serai ravie d'échanger sur le sujet !
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Je participe au prix des Imaginales des bibliothécaires, j'ai lu cette bande dessinée qui par ses dessins m'a tout de suite intriguée.
Une bande dessinée qui aurait pu avoir une série de plusieurs tomes. Le sujet abordé pourrait nettement être plus développé, c’est un peu creux et rapide, à peine nous rentrons dans le vif du sujet : la biodiversité, le sauvetage de la dernière femelle Orang-outang, le projet scientifique qui en découle, que nous pouvons déjà refermer la BD. Les illustrations sont quant à elles magnifiques, agrémentées de couleurs criardes, avec des tons de lumières qui varies tout au long des pages. L’univers créé à travers les planches est d’une justesse et nous permet de comprendre plus facilement le monde scientifique.
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Flesh Empire, c'est le récit d'un monde futur composé d'humanoïde pouvant être programmé et déprogrammé à volonté...
La force de cette BD, c'est son très beau graphisme en noir et blanc. Les belles planches se succèdent et donnent envie de savoir qui du sénat ou du professeur Ray Zimon va l'emporter.
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J'ai commencé ce roman graphique en pensant que j'allais détester. En le feuilletant, je n'avais pas été emballé par l'univers des dessins.
Et finalement c'est une bonne surprise !
Après l'avoir refermé, c'est les dessins que j'ai le plus aimé. Attendre quelques temps pour le lire (après l'avoir feuilleté) a été le bon choix.
Je ne mets pas 5 étoiles parce que les dialogues sont pour moi le point faible de cette histoire. Et au début des paroles ça m'a un peu dérouté.
Pour parler de l'histoire justement, l'angle sous lequel les sujets sont abordés est intéressant, on voit les conflits d'opinions entre les personnages.
Mais ces derniers n'ont rien d'exceptionnel. On n'a pas le temps de s'attacher à eux ou de découvrir qui ils sont vraiment.
Peut-être manque-t-il quelques pages ?
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