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3.56/5 (sur 56 notes)

Nationalité : Corée du Sud
Né(e) à : Yesan , 1975
Biographie :

Yi-seol Kim est une écrivaine sud-coréenne.

Yi-seol Kim a commencé sa carrière d’écrivain en recevant en 2006 le prix Sinchunmunye décerné par le quotidien Seoul Sinmun pour une nouvelle intitulée "Treize ans".

Depuis, elle a publié un roman en 2009 et un recueil de nouvelles en 2010.

Le roman "Bienvenue" est son troisième ouvrage et le premier à être traduit en français.



Source : http://www.editions-picquier.fr/auteurs/fiche.donut?id=389
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Bibliographie de Yi-seol Kim   (1)Voir plus

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Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
De nos jours, ne pas avoir de maîtresse pour un homme, c’est un handicap de sixième degré. Ça te dirait d’être la mienne ?
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Un papillon nocturne me suivit à l’intérieur et alla se poser sur le néon. Quand l’homme commença à gémir, l’insecte se mit à battre frénétiquement des ailes contre le tube d’éclairage. Je portais déjà dans mon ventre un embryon issu d’un spermatozoïde dont j’ignorais l’origine et j’écartais encore les cuisses pour un inconnu que je regardais droit dans les yeux. Je tendis l’oreille au bruit paisible de la rivière. L’eau devait être presque tiède.
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Voir un sexe sans poils, c’est trois ans de malheur, affirma le client. Quelle poisse !
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Il arrivait souvent que les clients touchent à peine aux plats – pourtant coûteux – qu’ils avaient commandés. A force de voir des os de poulet tachés de rouge à lèvres, des poils pubiens flotter dans les restes de soupe, des mouchoirs en papier froissés traîner dans tous les coins, des préservatifs encore humides, et de devoir essuyer les traces de sperme sur les murs, j'en venais à me demander dans quel monde sordide je vivais. Dans ces pavillons qui aurait dû embaumer l’odeur succulente de la soupe de poulet aux jujubes, on ne respirait que les effluves écœurants de passions adultères et désordonnées.
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"La pièce oú nous vivions était exposée à tous les vents, en hiver elle était trop froide, en été surchauffée, pas vraiment l'endroit idéal pour un bébé ....."
"A mes yeux ,un chef de famille qui non seulement ne gagnait pas un sou mais en plus coûtait cher n'était rien de plus qu'un criminel ."
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A mes yeux, un chef de famille qui non seulement ne gagnait pas un sou mais qui en plus coûtait cher n'était rien de plus qu'un criminel. (p.166)
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— Je ne les ai pas achetées. Mme Shin, la gérante de la supérette en bas
de chez nous, me les a offertes pour le premier anniversaire d’Ayeong le
mois prochain. Elle dit que c’est bien d’en faire pousser chez soi quand on a
un enfant.
— Comment sait-elle que tu as un enfant ?
— C’est chez elle que j’achète tout ce qu’il faut pour Ayeong.
— Et comme tu y fais presque toutes tes autres courses, elle doit aussi
savoir que tu es père au foyer. Pourquoi elle ne te propose pas davantage
pendant qu’elle y est ? A mon avis, elle te drague, oui ! Quel culot !
— Calme-toi, ma chérie.
— Me calmer ?
— Je sais que tu travailles dur, dit-il en baissant la tête. Je suis désolé.
— Désolé, désolé !… Tu n’as que ce mot-là à la bouche. Mais tu ne sais
rien de mon travail, alors tais-toi !
Effrayée par mes cris, Ayeong vint se réfugier dans les bras de son père.
Ses sanglots faisaient tressaillir ses petites épaules. Je n’étais pas là quand
elle s’était retournée sur sa couverture pour la première fois, quand elle
avait commencé à ramper à quatre pattes, à s’asseoir toute seule, à
prononcer ses premiers mots et percer ses premières dents. C’était Jeong-
man qui avait eu ce bonheur. Lui qui la lavait, la faisait manger et dormir et
jouait avec elle. Il était sa mère. Sur les murs de notre petit logement, il
exposait les gribouillis de notre enfant comme des œuvres d’art. Il achetait
quantité de jouets et d’albums illustrés qu’il rangeait soigneusement dans un
coin. Une vraie petite famille ! Un couple avec enfant, un logement assez
grand pour y dormir étendus de tout notre long.
La bonne odeur de soupe de pâte de soja et de riz aurait dû me faire
oublier ma dure journée de travail. Le visage d’ange de ma fille, les plantes
en pot, les jouets multicolores, la chaleur douillette de la pièce, tout cela
respirait la paix et le bonheur. Sauf que voir mon compagnon de nouveau
planté devant l’évier et Ayeong chercher son père m’horripila. Je repensai
au coup de fil de Minyeong, à mes cuisses douloureuses d’avoir « servi »
les clients dans les pavillons. J’en avais assez ! Comment en étais-je arrivée
là ? Comment allais-je en sortir ? Depuis un moment, le grondement d’une
moto résonnait dans la rue. J’éteignis la lumière et me glissai sous la
couverture.
Ayeong aurait un an le mois suivant. Et Jeong-man n’avait pas du tout
avancé dans ses études. A quoi servait que je me décarcasse dans les
pavillons ? Je gagnais trop désormais pour pouvoir m’arrêter, j’avais même
ouvert un compte d’épargne à l’insu de mon compagnon, mais je n’arrivais
pas à y laisser de l’argent très longtemps. J’en avais envoyé un peu à mon
frère et à ma mère, que j’avais recontactés après le premier appel de
Minyeong. J’avais aussi remboursé une partie de mes dettes et donnais à
Jeong-man de quoi se payer ses cigarettes et ses livres. Sans compter les
vêtements et les gâteaux que je voulais acheter pour l’anniversaire
d’Ayeong. Depuis que j’avais une nouvelle source de revenus, j’étais
devenue un véritable panier percé. L’argent me filait entre les doigts.
— Excuse-moi de t’avoir crié après, dis-je d’une voix radoucie en tirant
sur le bras de Jeong-man.
Il se retourna vers moi avec réticence. Visiblement, il doutait de mon
désir de réconciliation. Depuis quelque temps, il semblait craindre mes
sautes d’humeur. Je le serrai dans mes bras.
— Parle-moi de ta mère, lui demandai-je. Comment va-t-elle ?
Il enfouit sa tête dans le creux de mon épaule. Ses cheveux sentaient le
gras.
Vu notre situation, le mariage n’était pas envisageable. Nous avions
décidé de commencer par vivre ensemble et de prévenir nos familles plus
tard, une fois que nous serions bien installés dans la vie. Bien sûr, nous
aurions aimé recevoir les félicitations de nos proches, mais nous étions trop
préoccupés par notre survie. Il y avait tellement de choses qui nous
demeuraient inaccessibles.
— Ma pauvre mère ! Elle met tous ses espoirs en moi. Mais je ne suis
qu’un bon à rien… Je vous en cause du souci à toutes les deux ! Je ne suis
pas très fier de moi.
J’eus envie de lui dire : « Si tu le sais, pourquoi tu ne fais rien pour y
remédier ? » Mais je me retins. Il s’empara de mes seins.
— Papa ! appela Ayeong qui s’était réveillée derrière lui.
— Oui, ma puce, tout de suite !
Il retira ses mains de ma poitrine et se retourna. Dans l’obscurité de la
chambre, je l’entendis tapoter doucement l’enfant pour l’endormir. Je
décidai alors de ne plus le laisser vivre comme un inutile.
— Ta maman… Elle est en bonne santé ?
— Oui, en pleine forme. C’est d’ailleurs pour ça qu’elle travaille encore.
C’est elle qui m’envoyait de l’argent avant.
Je roulai sur le dos. Les lumières de la rue balayaient le plafond.
— Nous irons la voir ce week-end, décrétai-je.
Il s’interrompit net.
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Après avoir vendu notre maison pour permettre à Minyeong de monter sa
propre affaire, ma mère et moi avions été obligées d’emménager dans un
goshiwon. Nous n’avions conservé que le strict minimum de vaisselle et
d’affaires personnelles ainsi que les outils de travail de ma mère. Malgré
tout, la pièce était si exiguë que nous pouvions à peine nous retourner.
Heureusement, ma mère avait gardé son travail à domicile, lequel consistait
à monter des boîtes à fusibles. Sans quoi, nous n’aurions même pas eu les
moyens de louer cette chambre. Cette époque avait été l’une des plus
difficiles de ma vie. J’en avais perdu le sommeil.
Avec mes économies, je décidai d’acheter une sandwicherie en
souscrivant un petit emprunt, mais je dus la revendre avant même de l’avoir
ouverte. Minyeong m’avait suppliée de lui prêter l’argent que je destinais à
la réalisation de mon projet. Pour quelques jours seulement, m’avait-elle
assuré. Puis elle avait disparu. Nous avions déjà perdu notre maison à cause
d’elle. Pourquoi m’étais-je laissé attendrir une fois de plus ? J’étais folle de
rage. Ma mère me reprocha amèrement mon manque de réalisme. Quand
apprendrais-je à refuser de céder aux demandes de ma sœur ? Elle n’avait
pas tort. Je fus forcée de prendre un nouveau travail.
Je commençai à travailler dans un atelier de circuits imprimés : à
longueur de journée, je triais des composants électroniques sur un tapis
roulant pour en éliminer les pièces défectueuses. J’avais l’impression que
ma vue se brouillait. La mauvaise aération des lieux me provoquait des
picotements incessants dans les narines. Cependant, ce travail machinal me
permettait d’oublier mes soucis et d’envisager l’avenir avec optimisme.
Plaie d’argent n’est pas mortelle, dit-on. Il me suffirait de travailler dur pour
rembourser mes dettes.
Après ma journée à l’usine, je commençais mon autre travail : j’accostais
d’éventuels clients pour un restaurant qui me payait au nombre de têtes. Et
malgré tout, j’étais toujours à court d’argent. Finalement, ma mère réussit à
se faire embaucher dans un sauna et quitta le goshiwon. « Du moment que
je suis logée, je serais prête à faire n’importe quoi », avait-elle dit.
Impossible de la faire changer d’avis.
C’est dans le goshiwon que je fis la connaissance de celui qui allait
devenir mon compagnon. Je le croisais souvent dans la cuisine commune de
l’étage où je venais préparer mon dîner. Au début, nous étions aussi
intimidés l’un que l’autre. Nous nous contentions de nous saluer d’un signe
de tête. Puis, peu à peu, nous commençâmes à partager notre kimchi et à
faire des omelettes pour deux. Nous finîmes par manger nos nouilles
instantanées dans la même casserole, nos têtes penchées l’une contre
l’autre. Nous allâmes jusqu’à rajouter nos restes de riz dans l’eau de cuisson
des ramyeon. Lorsque nous eûmes pris l’habitude de voir nos couverts dans
un seul plat, nous décidâmes d’emménager ensemble. Je ne prévins pas ma
mère. Mon ventre avait déjà commencé à s’arrondir.
Après maintes recherches, nous trouvâmes une chambre sur le toit en
terrasse d’un immeuble qui nous plut tout de suite. Pour l’occuper, il nous
en coûterait seulement l’équivalent de nos deux anciens loyers. Or, la pièce
était trois fois plus grande que celles du goshiwon et comprenait en plus une
cuisine et une salle de bains. Bien sûr, elle n’était pas isolée contre le froid
et la chaleur, l’escalier était dangereux, mais peu importait. Nous nous y
installâmes sans attendre. C’était l’été avant que j’entre au Jardin des
Jujubiers. J’accouchai à l’automne. Notre logement devint de plus en plus
encombré. Le bébé tenait à peine sa tête droite que déjà nous avions acheté
des quantités incroyables de choses rien que pour lui. La chambre qui nous
avait paru si vaste fut bientôt trop petite. Je ne me souvenais même plus du
bonheur que j’avais éprouvé à l’idée d’avoir notre propre salle d’eau.
Chaque fois que je donnais un bain à ma fille, j’inondais la pièce.
J’épongeais en maudissant le manque de place. J’aurais tellement aimé
disposer de plus d’espace, juste un peu. Ce n’était pas de l’avidité de ma
part, seulement un modeste désir. Et pour réaliser ce rêve, mon compagnon
devait réussir son concours. Il devait donc se consacrer tout entier à ses
études, et moi, subvenir à nos besoins. J’étais fière qu’il ne soit pas simple
manœuvre, je préférais le voir le nez plongé dans ses livres, quitte à ce qu’il
ne rapporte pas tout de suite de l’argent à la maison. Tant qu’il ne
renoncerait pas, il y aurait de l’espoir. Le labeur ne me faisait pas peur. Je
me sentais capable d’affronter n’importe quel travail.
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A force de voir des os de poulet tachés de rouge à lèvres, des poils pubiens flotter dans les restes de soupe, des mouchoirs en papier froissés traîner dans tous les coins, des préservatifs encore humides, et de devoir essuyer les traces de sperme sur les murs, j'en venais à me demander dans quel monde sordide je vivas. (p.18)
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Le sous-directeur de l’école primaire ne décrocha pas. Il ne fut pas le
seul. Aucun des autres clients que je voyais en dehors du Jardin des
Jujubiers ne répondit. En dernier recours, je téléphonai à mon patron. Il
m’abreuva d’injures et me raccrocha au nez. Je n’avais plus personne à
appeler. Nulle part où me réfugier. J’allai m’asseoir à une table vide devant
la supérette. Les autres étaient occupées par des buveurs. De l’intérieur du
magasin, la patronne me jeta un coup d’œil furtif. Je composai le numéro de
ma mère.
— Qu’est-ce que tu veux ? Il t’est arrivé quelque chose ?
Derrière elle, j’entendais des gens parler.
— Non, rien.
— Alors, laisse-moi tranquille, j’ai à faire.
Je n’avais jamais su m’y prendre pour poser à ma mère des questions du
genre : « Où habites-tu en ce moment ? De quoi vis-tu ? Tu t’intéresses à
tes enfants ?"
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