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La clé de 14 lance ses éclats dans la pénombre. C’est sur elle que le regard de Serge se fixe, alors qu’il se réveille d’une longue torpeur. Il n’est que douleur et nausée. Son corps est cruellement appareillé d’anneaux et de brides en acier inox. Autour de lui, des compagnons d’infortune subissent les mêmes tortures dans ce qui semble être une carrière souterraine. Tout proche, il reconnaît son ami Tony, inconscient et entravé. Quel destin imprévu a jeté Serge et Tony dans cet enfer ? Pourquoi les deux hommes se retrouvent-ils emprisonnés et maltraités ainsi ? Parviendront-ils à s’enfuir ? Laissez-vous entraîner dans un récit oppressant et anxiogène.
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Alphonse Zocambolet se lève de grand matin et rassemble son attirail de pêche, sans oublier sa nouvelle canne de haute mer offerte par ses anciens collègues. Sa grande glacière est prête à recevoir le poisson. Il prépare aussi un délicieux casse-croûte pour Damien et lui. Le rendez-vous est fixé dans le Port de Sète à neuf heures trente. Il aurait aimé appareiller plus tôt, mais son capitaine vient d’Alès. C’est à deux heures de route. Se déplacer spécialement pour offrir une sortie en mer, c’est déjà bien généreux de sa part.
Lorsqu’Alphonse approche du quai après avoir garé sa Jaguar, il constate que Damien est sur le pont. Le Croix du Sud est resplendissant avec sa longue coque blanche affûtée comme une aile de Boeing. Le plaisir de monter sur le voilier est toujours renouvelé.
Il fait plutôt froid, mais le soleil adoucit un peu l’atmosphère encore humide.
Les deux hommes se serrent la main, sourire aux lèvres. Le souffle de leur respiration embue l’air.
Déjà Damien lance le moteur de cale et saute sur le quai pour détacher les amarres. Puis il bondit à bord alors que le vaisseau commence à prendre ses distances.
Installé à la barre, le marin manœuvre, attentif à l’inertie de son treize mètres. Aussitôt que l’alignement est maîtrisé, il salue quelques plaisanciers qui profitent du matin sur le pont de leur bateau, ou qui se préparent à sortir en mer. Alphonse aussi est connu dans les parages. Alors il répond aux sourires et aux hochements de tête.
– L’ami, le temps est magnifique. Je te propose de partir plein large, là où les poissons n’ont pas entendu parler de nous. Ça te va ?
– C’est parfait. Cap au sud ! La température sera plus douce. C’est un beau cadeau de Noël que tu m’offres en avance !
Tout juste sortis du port, Damien et Alphonse gréent le Croix du Sud qui s’élance comme un félin. Chaudement vêtus et équipés de cirés jaunes, assis côte à côte, les deux équipiers profitent des embruns parfumés, les yeux rivés sur l’horizon. Les voiles sifflent dans le vent et les vagues frappent la coque. Ils vivent intensément. Tous leurs sens sont comblés, saturés de perceptions primaires.

Vers midi, Damien affale la voilure.
– On est juste à la limite des canyons sous-marins.
– Je vais pêcher des monstres ! Mais tu as peut-être déjà faim ?
– Oui, mangeons d’abord, propose Damien qui installe la toile au-dessus du carré arrière pour abriter du soleil. La température est maintenant un peu plus clémente.
Pendant qu’ils dégustent calmement leur repas, Damien s’intéresse au nouveau projet de son vieil ami :
– As-tu déjà recruté ?
– C’est fait. Et on commence lundi. J’ai une petite affaire.
– Bravo !
– C’est un adultère. Tu sais ce que j’en pense.
– Je te connais. Toi, tu veux des enquêtes de haut vol !
– J’aimerais ! À Sète, il ne s’est jamais rien passé d’extraordinaire. Je suis comme un marin d’eau douce. Je suis un alpiniste qui ne gravit que les collines, un globe-trotter qui n’a jamais quitté sa patrie…
– Je comprends !
– S’il apparait quelque chose de bizarre dans tes histoires de pompier, ne m’oublie pas Damien. N’importe quoi d’inattendu.
Après deux ou trois minutes de silence, Damien reprend la parole :
– Maintenant que t’es plus flic, je peux bien te parler de quelque chose.
Surpris, Alphonse fixe intensément son ami du regard afin de lui faire cracher le morceau. Ce dernier se décide :
– Tu te souviens de ces deux personnes que vous aviez arrêtées fin août ?
– On en arrête beaucoup…
– Mais tu m’avais téléphoné. L’un d’entre eux avait ma carte de visite.
– Oui ! Les prétendus espions ! Le lieutenant en avait fait toute une affaire, de ces deux malheureux clodos.
Alphonse continue de sonder son ami du regard. Damien cherche ses mots avec soin :
– Leur histoire va te surprendre. Accroche-toi.
Après avoir avalé ce qui reste de sa cuisse de poulet à la mayonnaise, Damien se lance :
– Je me suis transformé en délinquant le jour où vous les avez libérés. Je les ai fait passer au Portugal à bord du Croix du Sud.
– Alors là ! Tu m’étonneras toujours. Je suppose que c’était pour la bonne cause.
– Sans aucun doute. En fait, ils étaient en fuite après s’être évadés d’une mine désaffectée située en Savoie. Ils étaient détenus parmi plusieurs centaines de personnes. Tous étaient enchaînés et subissaient des sévices… Comment dirais-je ? À glacer le sang !
– Tu es en train de te payer ma tête ! s’exclame l’ancien commandant dont le visage montre une grande perplexité.
– Non, malheureusement. Pendant la traversée vers le Portugal, ils ont raconté tout ce qu’ils savaient. Les deux gars étaient considérés comme morts. Leurs familles en ont fait le deuil. Lors de leur enlèvement, pour donner le change, leurs ravisseurs ont placé deux cadavres dans leur voiture, ont mis le feu et ont précipité le tout dans un profond ravin. Si je me souviens bien, ils ont passé plus de deux ans séquestrés au fond d’une mine. Maintenus dans un état de demi-conscience, ils étaient appareillés avec des brides et des tenseurs métalliques.
– En Savoie ? Tu me dis qu’il y a un centre de détention en Savoie ou des gens déclarés morts sont prisonniers pour subir…, des expérimentations ?
Alphonse est déconcerté. Damien dévore une deuxième cuisse de poulet et boit de la bière pendant que son coéquipier méditatif essaie de bien comprendre ce qu’il entend. Damien reprend :
– Affreux, abominable, inhumain. Serge et Tony, c’est comme ça qu’ils s’appellent, ils étaient tout déformés. Cent mètres sous terre, ils étaient enchaînés et entravés par des brides et des tenseurs en acier. On leur faisait des piqûres de je ne sais quelles saloperies. Les injections ou la nourriture les maintenaient dans le coaltar.
– Et tu crois qu’il y a toujours des gens dans cette mine, là-bas ?
– J’espère que non, déclare Damien, penaud. Je ne savais pas quoi faire. J’en ai fait des cauchemars ! C’est horrible ! Tu comprends ? Je suis pompier et j’ai gardé ça pour moi.
– Mais pourquoi n’es-tu pas venu nous voir ?
– C’est que j’ai promis à Serge et Tony de me taire. Ils étaient traqués et fous de terreur. Après s’être évadés, ils étaient même recherchés par un hélicoptère. Ensuite, il y avait une voiture devant chez la femme de Serge. Ils ont essuyé les tirs d’une arme à feu. Ils ont failli se faire reprendre. Et apparemment, la police les considérait comme des espions. Ils m’ont supplié de leur laisser leur chance et se sont engagés à révéler l’affaire aux journaux aussitôt qu’ils seraient en sécurité.
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– Bonjour, j’aimerais une voiture de la catégorie intermédiaire.
– Bonjour monsieur. Je vais voir.
Le préposé, en costard-cravate sobre, consulte gravement son écran. Il prend son temps. Chambord Cowardier patiente, les bras ballants, un peu gêné par la solennité de la chose.
– Bien, dit le loueur. Quelles assurances voulez-vous souscrire ?
Et il lui présente une fiche plastifiée explicative.
Après réflexion, Chambord Cowardier demande toutes les assurances et tous les rachats de franchise.
S’ensuit une nouvelle étape de saisie sur l’ordinateur, alors qu’un autre client entre pour attendre son tour.
– Passeport et paiement, s’il vous plaît.
Le jeune détective remet fièrement sa magnifique carte internationale.
Et il signe le reçu sur la machine à empreinte.
L’employé prend la parole :
– Suivez-moi, je vous prie. Nous n’avons plus de voiture de catégorie intermédiaire. Vous êtes surclassé en full size. Une Cadillac Eldorado Coupé, modèle 1978. Elle est équipée de pneus d’hiver.
Ayant franchi la porte latérale, il lui montre le somptueux véhicule couleur sable qu’un technicien vient de garer à proximité. Elle est monumentale et élancée, moderne aussi avec ces lignes tendues et son énorme calandre rectangulaire. Le capot est immense, comme la plateforme d’appontage d’un porte-avion. Le coffre à bagages n’est pas en reste. L’extérieure de l’habitacle est très élégant, revêtu de vinyle à l’arrière alors que l’avant est très vitré. L’intérieur révèle 4 fauteuils en cuir caramel d’une volupté sans pareil.
Délaissant son attitude presque obséquieuse, affichant un demi-sourire, le loueur dit encore :
– Bienvenue en Amérique.
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Dès qu’Alphonse est à sa portée, le molosse le pousse violemment par les épaules et hurle :
– T’as pas compris ? Tu dégages, abruti !
Alphonse perd l’équilibre et tombe à la renverse dans un tas de gravats comportant briques, débris de carrelages, morceaux de bois, cartons éventrés et d’autres choses douteuses. Il grimace d’abord, puis ses yeux tournent à la colère noire. Et il se reprend, adoptant de nouveau une attitude neutre. Le chantier est silencieux. Le niveau d’adrénaline de Dany vient de dépasser la zone rouge, elle avance d’un pas, se retrouvant là où était Alphonse un instant plus tôt, juste avant sa chute.
– Hé ! aboie-t-elle.
Le balaise oriente sa face vers elle un huitième de seconde avant qu’elle ne lui décoche un droit. La nature a pourvu la jeune femme d’un temps de réaction et d’une rapidité de tension des fibres musculaires nettement supérieures à la moyenne. Son poing n’est pas très lourd, mais il atteint la pommette à une vitesse de sept mètres par seconde. L’onde de choc fait vibrer la cervelle de son adversaire comme un flanc à la vanille. Il est comme paralysé. Elle enchaîne avec un coup de pied latéral à droite de l’abdomen, en plein dans le foie. Il s’effondre comme une masse, le souffle coupé, submergé de douleur. C’est dans la boue que son mouvement l’entraîne. Sa pommette est maintenant violette et noire.
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Elle ne sourit pas. Apparemment, c’est une tradition chez les loueurs de voitures. Elle se contente de mentionner le prix du supplément pour rendre l’auto à plus de mille kilomètres de son point de départ. C’est somme toute assez raisonnable. Puis elle regarde la fiche qu’un autre préposé vient de déposer sur le bureau et admet à voix haute que le véhicule n’a subi aucun dommage. Un coup de carte de paiement et c’est terminé.
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–Dans ce texte, il y est question de gens corrompus un peu partout dans le monde. Et à la réflexion, je pense que l’article du quotidien régional a pu être écrit pour allumer un contre-feu aux interrogations légitimes des habitants du coin. Ce serait en quelque sorte un acte de complicité au profit des bourreaux.
– Si tu dis vrai, c’est exactement le contraire du journalisme !
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Pendant la première demi-heure de vol, Dany se contente de maintenir l’assiette de l’aéronef et de régler la puissance du moteur afin de garder le badin dans la zone verte. Il s’agit de conserver une vitesse viable.
Les lueurs des habitations s’estompent sous eux à cause de l’altitude et de l’opacité d’un air chargé de vapeur d’eau.
Se sentant davantage en confiance, Dany se contorsionne et attrape les casques audios qu’elle a précédemment posés sur la tablette, juste derrière la tête d’Alphonse. Elle les dispose sur les genoux d’Alphonse, l’un après l’autre. Ce faisant, elle agit sur le manche à balai et l’avion adopte des trajectoires affolantes.
Dany lutte pendant une dizaine de secondes, à l’intuition. Motocycliste aguerrie, elle a une bonne perception kinésique.
Lorsque le Jodel est enfin stable.
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– Si je comprends bien, ils manigancent et font en sorte que cela ne soit pas intelligible par nous autres.
– Et justement, Tryphon Rockero-Glasoj l’avait démontré scientifiquement. Sa thèse s’intitulait « Détermination de la déviance entre la moyenne des volontés individuelles et les décisions des appareils gouvernementaux. Évaluation des systèmes de prises de décisions politiques ». C’était très rusé du point de vue des mathématiques.
– Tu le connaissais ?
– Absolument. J’ai même assisté à sa soutenance. Un triomphe.
– Et quoi ?
– C’est après que ça s’est compliqué. Il continuait ses recherches. Quand son laboratoire a reçu un IBM 1620, avec des collègues, ils ont conçu un logiciel...
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Les voiles sifflent dans le vent et les vagues frappent la coque. Ils vivent intensément. Tous leurs sens sont comblés, saturés de perceptions primaires.
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Le cartable et le pistolet étaient à mon père. C’était un résistant. Je m’en suis servi pendant des opérations spéciales auxquelles j’ai participé en début de carrière. À cette époque, j’ai fait ajouter des armatures métalliques à la sacoche afin de dissimuler habilement le petit joujou aux rayons X. Ce sont les techniciens de la police qui ont réussi ce prodige.
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