– Bonjour, j’aimerais une voiture de la catégorie intermédiaire.
– Bonjour monsieur. Je vais voir.
Le préposé, en costard-cravate sobre, consulte gravement son écran. Il prend son temps. Chambord Cowardier patiente, les bras ballants, un peu gêné par la solennité de la chose.
– Bien, dit le loueur. Quelles assurances voulez-vous souscrire ?
Et il lui présente une fiche plastifiée explicative.
Après réflexion, Chambord Cowardier demande toutes les assurances et tous les rachats de franchise.
S’ensuit une nouvelle étape de saisie sur l’ordinateur, alors qu’un autre client entre pour attendre son tour.
– Passeport et paiement, s’il vous plaît.
Le jeune détective remet fièrement sa magnifique carte internationale.
Et il signe le reçu sur la machine à empreinte.
L’employé prend la parole :
– Suivez-moi, je vous prie. Nous n’avons plus de voiture de catégorie intermédiaire. Vous êtes surclassé en full size. Une Cadillac Eldorado Coupé, modèle 1978. Elle est équipée de pneus d’hiver.
Ayant franchi la porte latérale, il lui montre le somptueux véhicule couleur sable qu’un technicien vient de garer à proximité. Elle est monumentale et élancée, moderne aussi avec ces lignes tendues et son énorme calandre rectangulaire. Le capot est immense, comme la plateforme d’appontage d’un porte-avion. Le coffre à bagages n’est pas en reste. L’extérieure de l’habitacle est très élégant, revêtu de vinyle à l’arrière alors que l’avant est très vitré. L’intérieur révèle 4 fauteuils en cuir caramel d’une volupté sans pareil.
Délaissant son attitude presque obséquieuse, affichant un demi-sourire, le loueur dit encore :
– Bienvenue en Amérique.
Elle ne sourit pas. Apparemment, c’est une tradition chez les loueurs de voitures. Elle se contente de mentionner le prix du supplément pour rendre l’auto à plus de mille kilomètres de son point de départ. C’est somme toute assez raisonnable. Puis elle regarde la fiche qu’un autre préposé vient de déposer sur le bureau et admet à voix haute que le véhicule n’a subi aucun dommage. Un coup de carte de paiement et c’est terminé.
Le cartable et le pistolet étaient à mon père. C’était un résistant. Je m’en suis servi pendant des opérations spéciales auxquelles j’ai participé en début de carrière. À cette époque, j’ai fait ajouter des armatures métalliques à la sacoche afin de dissimuler habilement le petit joujou aux rayons X. Ce sont les techniciens de la police qui ont réussi ce prodige.
Il n’est pas précis et sa puissance est limitée. Pour un tir de loin, c’est de la dissuasion. De près par contre, il fait des dégâts. Alors, évite de buter tout ce qui se présente. En cas de légitime défense, vise l’épaule ou la cuisse.