Pendant la première demi-heure de vol, Dany se contente de maintenir l’assiette de l’aéronef et de régler la puissance du moteur afin de garder le badin dans la zone verte. Il s’agit de conserver une vitesse viable.
Les lueurs des habitations s’estompent sous eux à cause de l’altitude et de l’opacité d’un air chargé de vapeur d’eau.
Se sentant davantage en confiance, Dany se contorsionne et attrape les casques audios qu’elle a précédemment posés sur la tablette, juste derrière la tête d’Alphonse. Elle les dispose sur les genoux d’Alphonse, l’un après l’autre. Ce faisant, elle agit sur le manche à balai et l’avion adopte des trajectoires affolantes.
Dany lutte pendant une dizaine de secondes, à l’intuition. Motocycliste aguerrie, elle a une bonne perception kinésique.
Lorsque le Jodel est enfin stable.
– Si je comprends bien, ils manigancent et font en sorte que cela ne soit pas intelligible par nous autres.
– Et justement, Tryphon Rockero-Glasoj l’avait démontré scientifiquement. Sa thèse s’intitulait « Détermination de la déviance entre la moyenne des volontés individuelles et les décisions des appareils gouvernementaux. Évaluation des systèmes de prises de décisions politiques ». C’était très rusé du point de vue des mathématiques.
– Tu le connaissais ?
– Absolument. J’ai même assisté à sa soutenance. Un triomphe.
– Et quoi ?
– C’est après que ça s’est compliqué. Il continuait ses recherches. Quand son laboratoire a reçu un IBM 1620, avec des collègues, ils ont conçu un logiciel...