La frénésie avec laquelle la main plonge dans le flacon l’extrémité de la lime à ongles et en ressort avec ses petits prélèvements qu'elle précipite sous les fosses nasales, cette frénésie relève de la folie par ses accélérations discontinues.
«J'ai reçu le baptême de l'opium dans des circonstances extravagantes, le jour même où Toulouse se libérait. »
Le monstre sacré est un être humain déchiré, puissamment immoral, qui met tout en oeuvre afin que son coeur puisse survivre à la blessure qui l’accable, le désespère, le tue. Placé devant des circonstances dramatiques exceptionnelles, il est l’expression la plus intense de « la lutte pour la vie ». Ses alibis nous épouvantent mais ses mobiles, à la réflexion, nous émeuvent. Pour l’auteur comme pour l’acteur et le spectateur, le pathétique est le sentiment de la nudité intérieure, du dénuement le plus affligé. Acculé, au bout du rouleau, tu recenses tes ultimes ressources. Ou tu les imagines. Le monstre sacré, la monstresse sacrée, les improvise. Il est capable de tout : de tous les subterfuges ou manigances, de toutes les trahisons ou félonies, de tous les crimes ou forfaits. Puisque – motivation suprême – s’il est vaincu, il meurt. Le monstre sacré est un produit du génie humain. Sans génie point de sacre.