Parents abusifs, pervers, manipulateurs, maltraitants : les noms que les adultes employaient pour désigner les croque-mitaines, les monstres. Ces créatures qui surgissaient de sous les lits et du fond des placards, une fois la nuit tombée, ceux contre lesquels il fallait se protéger à l’aide de veilleuses et de doudous. Mais que se passait-il lorsque le monstre était celui-là même qui allumait, qui accrochait les attrape-rêves et qui était censé être le gardien ?
Layla n’avait jamais connu la douceur des effluves de thé et de cannelle, le réconfort d’un feu de cheminée dans une maison heureuse, le bonheur de rentrer à l’abri après s’être amusée dans le froid.
[Double vue]
Les emmerdements possédaient cette faculté aussi déprimante qu’inéluctable à se déplacer en meute et à ravager leurs victimes à force d’acharnement.
Au moins, je ne m'étais pas endormi sur son épaule. Avec son poitrail de boeuf, ses poignets de forgeron et sa moustache de shérif péquenot, il ne se serait sans doute pas gêné pour me remettre à ma place.
Le vieil homme tourna sa tête décharnée vers la femme qui le poussait. Layla avait l'impression de voir une momie. L'homme paraissait mort, un cadavre retenu en vie par un maléfice monstrueux.
Layla marchait dans des morceaux humains, éclats d os et ribambelles d intestins qui jonchaient le sol de terre battue.