Citations de Éric Laurent (25)
Un renseignement si précieux soit-il ne de vient une information que si le pouvoir politique a la volonté de l'exploiter.
Il s’est emparé des journaux en arabe qui étaient dans mon sac et s’est précipité dans un coin de la tente pour les lire pendant vingt minutes, sans tenir compte ni de ses combattants ni de son hôte occidental. Bien que saoudien - il avait déjà été déchu de sa nationalité - il ne savait même pas que le ministre iranien des Affaires étrangères venait de faire une visite officielle à Riyad. Il n’écoute donc pas la radio ? me suis-je demandé. Est-ce bien là le parrain du terrorisme international ? Peut-il réellement commander une armée de terroristes kamikazes depuis les montagnes désolées d’Afghanistan ? Je me suis demandé, en regardant les images de New York, si Bin Laden n’était pas aussi étonné que moi de les voir. A supposer qu’il ait la télévision.
Après le 11 septembre, alors que le ciel américain était totalement interdit de vol, plusieurs jets ont pu survoler le territoire des Etats-Unis avec à leur bord des membres ou des proches de la famille royale saoudienne et vingt-quatre membres de la famille Bin Laden.
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Les consignes étaient si drastiques qu'un avion acheminant des organes humains destinés à des transplantations fut contraint de se poser en catastrophe.
Le silence est une arme redoutable pour étouffer ou tuer la vérité. Et il possède un allié aussi efficacement pervers que lui : l'oubli. Je ne sais pas si « derrière toute grande fortune, comme le disait Bossuet et non Balzac, il y a un grand crime »,mais j'ai pu constater que derrière tout grand crime commis il y a le silence et l'oubli. Les crimes du 11 septembre et les mystères qui les entourent en sont l'illustration.
Cette frénésie d'emprunt reflète, au fil des ans, non pas l'insouciance des Américains, mais au contraire leur inquiétude face à la diminution de leur pouvoir d'achat.
Joseph Staline, dès la fin des années 20, était passé maître dans un exercice spécifiquement communiste : " l'expropriation de l'Histoire". Il avait fait sien le précepte de Napoléon : " L'esprit dans lequel doit être écrite l'Histoire, voilà ce dont il faut s'assurer avant tout. L'important est de diriger monarchiquement l'énergie des souvenirs."
Début du chapitre VI, p93.
Et puis, une révélation: « Le plan de sauvetage (de plus de 180 milliards de dollars) d'AIG est un trompe-l'oeil. Une partie de ces sommes a transité par AIG pour être reversée discrètement à plusieurs établissements bancaires », dont Goldman Sachs, UBS, BNP Paribas et Crédit Agricole. « Ce sont 52 milliards de dollars provenant du sauvetage qui seront reversés, via AIG, à des banques américaines et étrangères.
Paulson aurait pu sauver Lehman, mais l'ancien président de Goldman Sachs avait pris encore une fois le pas sur le ministre des Finances et voyait dans les difficultés rencontrées par son rival une formidable opportunité pour l'effacer définitivement de la carte financière.
Le montant des dérivés reposant sur des emprunts immobiliers était de 35 milliards en 1994, ajoute l'auteur. Il atteint 625 milliards de dollars en 2005.
Cette loi est venue autoriser « la concurrence entre banques de dépôt, banques d'investissement et compagnies d'assurances. Elle favorise les surenchères et les excès qui déboucheront neuf ans plus tard sur la crise actuelle. Cette loi autorise également les fusions entre établissements différents ».
Le 11 septembre ressemble à un vaste labyrinthe où une vérité en trompe l’œil dissimule une réalité complexe. Il est probable qu’elle fascinera encore longtemps chercheurs et historiens.
En juin 1944, après plusieurs rencontres au Kremlin, l'envoyé spécial du gouvernement américain, Averell Harriman, membre richissime et influent du Parti démocrate, estimait dans un rapport destiné à Roosevelt : "Staline reconnaît qu'environ les deux tiers des plus grandes entreprises soviétiques ont été construites avec l'aide des Etats-Unis ou grâce à leur assistance technique." Dans le calme de ses appartements, l'ancien séminariste georgien, défenseur du socialisme dans un seul pays, lui avait confié : " Il nous faudrait allier la conscience révolutionnaire à l'efficacité de vos capitalistes."
Début du chaptre VII, p111.
« Le pays qui exercera la plus grande influence sur la région, le Golfe et son pétrole, consolidera sa supériorité en tant que superpuissance sans que quiconque puisse rivaliser avec lui. Cela démontre que si la population du Golfe, et au-delà tout le monde arabe, n'est pas vigilante, cette zone sera gouvernée selon les vues des Etats-Unis. Par exemple, les prix du pétrole seront fixés de manière à bénéficier aux intérêts américains, tout en ignorant les intérêts des autres. »
"- Rien ne vous échappe...
- C'est un métier. Rappelez-vous ce proverbe : "le diable se niche toujours dans les détails".
Soudain son visage changea un bref instant. Volontairement ou non, il venait fugitivement de tomber le masque porté durant toute la soirée. Wayne put entrevoir dans le regard dur, soudain empreint de mépris, toute la détermination de l'adversaire qu'il avait devant lui".
Les capitalistes américains sont encore loin de tisser, comme le déclarera plus tard Lénine, "la corde qui les prendra". Lénine a aboli la propriété privée, nationalisé le commerce, déclaré qu'il refusait d'assumer les dettes contractées à l'étranger par les gouvernements précédents. "Réactions éphémères", estiment néanmoins les milieux d'affaires américains qui considèrent qu'une reconnaissance internationale du régime bolchévique facilitera son assouplissement. Optimisme qui sera encore, cinquante ans plus tard, celui des partisans de la détente à tout prix, mais renforcé à l'époque par une ignorance absolue du phénomène communiste. Non seulement les milieux dirigeants de Wall Street n'ont pas peur des révolutions, mais ils semblent alors être passés maîtres dans l'art de les susciter et de les contrôler.
1903. une révolte aboutit à amputer la Colombie d'une partie de son territoire, à la création de l'Etat du Panama, et au contrôle par les Américains de cette voie stratégique que constitue le Canal. L'affaire - les comptes rendus des commissions d'enquête du Congrès le révèlent aujourd'hui - fut totalement orchestrée par plusieurs grandes sociétés privées. Mieux : la déclaration d'indépendance proclamée avec éclat le 3 novembre 1903 à Panama avait été rédigée de bout en bout dans les bureaux de la société de conseil juridique new-yorkaise Sullivan and Cromwell, travaillant pour ces compagnies.
1912. Un pool bancaire nord-américain appuie en Chine la révolution engagée par le leader nationaliste Sun Yat-sen. Argent et armes sont acheminés à travers plusieurs sociétés secrètes chinoises, dont le K.14. L'un des intermédiaires est l'avocat new-yorkais Charles B. Hill, qui siège également au conseil d'administration de Westinghouse.
Plus de cent dix documents font état de ces transactions. Dans certains cas, Sun Yat-sen, après avoir remercié ses bailleurs de fonds américains, leur garantit des concessions dans les secteurs de la banque, du commerce et des chemins de fer dans le cadre de la nouvelle Chine révolutionnaire.
En mai 1917, le procès à New-York d'un espion allemand, von Ritelen, met en lumière le soutien apporté par plusieurs firmes à la révolution mexicaine de Pancho Villa. Trois cent quatre-vingt mille dollars avaient été transférés par le canal de la Guaranty Trust et de la Mississippi Valley Trust au fabricant d'armes Western Cartridge Co, installé à Alton, dans l'Illinois. Ce dernier s'engageait à livrer les armes et les munitions commandées, à El Paso, au Texas, où les troupes de Villa en prendraient livraison. Le 10 janvier 1916, Villa assassine dix-sept mineurs américains et, le 7 mars, il récidive à Colombus, au Nouveau Mexique, tuant dix-huit autres ressortissants des Etats-unis. Une livraison de quinze mille fusils et quinze millions de cartouches est alors suspendue. L'intervention du secrétaire d'Etat Robert Lansing permet néanmoins de débloquer rapidement la livraison d'armes. Quelques mois plus tard fut mis sur pied à Mexico le gouvernement Carranza, création étrangement hybride : doté d'une constitution de type "soviétique" (elle avait été rédigée par des trotskystes), le nouveau régime avait été porté au pouvoir et était soutenu par les milieux d'affaires nord-américains ! Un exploit qu'on ne doutait pas alors, à New-York et Washington, de pouvoir rééditer avec le même succès en Russie.
Chapitre II, pages 38-39.
A ceux qui tentent de lui faire admettre qu'il n'existe pas de lien entre Al Quaeda et Bagdad et qu'il n'y a pas de preuves tangibles que l'Irak ait repris son programme de fabrication d'armes chimiques et biologiques, il rétorque: « L'absence d'évidence n'est pas l'évidence de l'absence. »
Homme secret, Bush comprit immédiatement que la CIA avait impérativement besoin de regagner l'anonymat pour retrouver une réelle efficacité.
"Deception" était un des maîtres mot des stratèges américains. Ce terme, en anglais signifie tromperie, désinformation. Dans ce jeu précédant la guerre où la feinte compte autant que le mouvement, l'opération "Cheval de Troie" pouvait apparaître comme une belle réussite. Une division totalement fictive avait été installée sur la frontière saoudienne. De faux tanks et des pièces d'artillerie en plastique avaient été disposés autour de baraquements où quatre cent soixante soldats s'activaient pour faire croire à la présence de seize mille marines.
L'opération Bouclier du Désert ne se déroulait pas tout à fait avec l'exemplaire efficacité imprimée dans les communications officiels. De nombreux avions-cargos se posaient sur des aérodromes où on ne les attendaient pas, tandis que des navires se trompaient de port. Des tanks et des pièces d'artilleries étaient acheminés vers certaines positions; les munitions qui leur étaient destinées partaient dans des zones opposées. Accomplissant, plus de trois cents missions par jour, des avions-cargos sillonnaient le territoire saoudien, appelés en urgence pour réparer ces erreurs.
Ce programme portait le numéro de code 1002-90 et l'appellation de "Tip Fiddle". Le secret avait été parfaitement gardé et personne, même au Pentagone, ne connaissait l'existence de ces travaux.