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La Rabouilleuse (Un ménage de garçon)

Ce roman est intéressant à plusieurs titres. D'abord, il relate ce qu'on appellerait aujourd'hui une saga familiale. L'action commence vers 1792 en pleine Révolution, se poursuit sous l'Empire pour s'achever vers 1835. Ensuite, c'est un roman sur la question épineuse des successions. Comment certains s'emploient à déshériter une personne en toute légalité et comment faire pour détourner une succession. Et puis, c'est un roman qui s'intègre parfaitement dans la Comédie Humaine par les nombreuses interactions avec "le colonel Chabert", "le père Goriot" ou "Illusions Perdues".



Mais je commencerais bien par une anecdote personnelle sur Issoudun, sous-préfecture de l'Indre, où se déroule une partie du roman. J'avais lu et beaucoup apprécié ce roman vers l'adolescence. En particulier j'avais bien aimé la description de la ville d'Issoudun d'un point de vue historique et humain. Mais ne me souvenais plus de certains détails. Il y a peut-être une quinzaine d'années, j'avais rencontré des gens, qui étaient originaires d'Issoudun. Et je m'étais écrié : "ah, mais je connais Issoudun à cause du roman de Balzac" ! Et ma remarque avait fait un flop magistral qui m'avait un peu surpris. Et en relisant le roman, j'ai bien rigolé car je ne me souvenais plus, en fait, de la férocité de Balzac en décrivant les habitants (pas arriérés mais presque, pas avares mais pas loin) d'Issoudun …



Comme très souvent chez Balzac, on voit l'écrivain louvoyer entre son attachement à la royauté restaurée (avait-il bien le choix s'il voulait satisfaire quelques petites ambitions ou simplement réussir à être publié ?) et une admiration sinon un respect pour l'Empire et les personnages issus de cette période. En effet, ici, Balzac nous décrit diverses personnes parmi les anciennes gloires des campagnes de Napoléon qui ont refusé d'intégrer les armées royales et qui vivotent avec une demi-solde. Ceux-là complotent entre eux ou traficotent pour s'en sortir. C'est le cas de Philippe, le fils de la famille Bridau à Paris mais aussi de Max à Issoudun. Mais, d'autres personnages issus de cette période ne manquent pas d'intérêt comme le père de Philippe qui fut un fonctionnaire dévoué de l'administration mise en place par Napoléon.



Le cœur du roman, c'est le tableau familial centré sur la mère, Agathe Bridau née Rouget, d'origine issoldunoise, que le père Rouget avait déshéritée en l'expédiant à Paris. Agathe et ses deux fils Philippe et Joseph. Philippe est son préféré malgré son ingratitude, son cynisme et ses habitudes de soudard. Joseph est le personnage que Balzac bichonne. Il respecte sa mère et lui porte assistance. Il a du cœur. Surtout, c'est un travailleur forcené et cherche douloureusement à percer à travers son métier de peintre. Il y parvient peu à peu à la force du poignet grâce à des amis fidèles et à une reconnaissance de son talent : Balzac est en train de parler de lui-même…



Et la Rabouilleuse alors ? Eh bien, c'est le fil rouge du roman. Il s'agit d'une fillette récupérée par le grand-père Rouget dans les marais en train de "rabouiller" l'eau du marais pour faire sortir le poisson de son gîte. Avare, il la prend à son service pour une poignée d'écus. Il se trouve qu'elle devient belle en grandissant ; elle prendra peu à peu conscience de son ascendant, se rendant ainsi indispensable aux vieux grigous qui l'emploient. Elle devient surtout un enjeu dans le débat des successions qui agite la famille sous le regard intéressé et narquois de la bonne bourgeoisie d'Issoudun. De Rabouilleuse elle deviendra même comtesse, mais là, je ne veux pas en dire plus.



La Rabouilleuse est un excellent roman, bien balzacien, où ce n'est pas souvent les gens honnêtes qui remportent la mise. Il se lit d'autant plus agréablement que Balzac laisse éclater une belle ironie tout au long de l'histoire. D'ailleurs je terminerai bien par une des dernières phrases du roman qui témoignent d'un (léger mais certain) persifflage de l'ami Balzac.



"Les bons comtes ont les bons habits"
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Jane Eyre

"Jane Eyre" ... Je connais depuis une éternité. Enfin, c'est à moitié vrai ce que je dis car j'avais reçu un livre appelé Jane Eyre dans une édition "enfantine" qui n'était que l'adaptation du vrai roman. Mais j'adorais ... Ce n'est que vers vingt ans que je me suis procuré une première édition complète dans "le livre de poche" remplacée par une deuxième plus récente chez GF (traduction Marion Gilbert et Madeleine Duvivier) ainsi que la version originale (chez Oxford's Classics). Et j'ai pu constater des différences, des simplifications assez mineures toutefois quand même entre GF et la version originale. Et j'ai toujours et encore adoré. Et aujourd'hui où je viens de finir de relire le roman (en français …), je ressens toujours cette même émotion.





J'entends d'ici certains commentateurs experts me rétorquer (avec sûrement un brin de gentille ironie) : mais comment est-ce possible, Jean ? Jane Eyre avait la foi vissée au corps, celle qui déplace les montagnes ! Eh bien oui, je suis pris en flagrant délit de contradiction ! D'ailleurs, réglons ce problème tout de suite en disant que je "sais" remettre les choses dans le contexte de l'époque d'une religion anglicane très développée et ancrée dans les mentalités, d'autant que les pasteurs pouvaient créer une famille et qu'une possibilité et non des moindres pour une jeune fille était de devenir l'épouse d'un pasteur. De plus , Jane Eyre n'avait guère dans ses moments les plus critiques que cet horizon-là, cet idéal-là pour se raccrocher aux branches ou demander de l'aide, ce que je peux parfaitement concevoir et admettre.





Je mets souvent en perspective les deux romans de Charlotte et Emily Brontë à savoir Jane Eyre et Wutherings Heights où les deux héros ou héroïne, Jane et Heathcliff, finalement, ont des destins qui se ressemblent. Même si j'aime aussi beaucoup le roman d'Emily, car j'aime beaucoup le personnage sauvage de Heathcliff, je donnerai toujours la préférence au roman de Charlotte Brontë car elle accorde à Jane et à Rochester (le pendant d'Heathcliff) la possibilité d'accéder au bonheur.





C'est curieux de voir que les deux héroïnes Catherine Earnshaw et Jane Eyre ont des comportements face à Heathcliff et Rochester assez analogues. De voir aussi que Heathcliff et Rochester sont des hommes, un peu brut de fonderie, analogues aussi.

Là où diffèrent les deux romans, c'est que "Jane Eyre" est un chemin initiatique qui forge, à la dure, le caractère de Jane et lui donnera le courage d'affronter, avec succès, les obstacles, nombreux, de sa route.

D'ailleurs, le roman "Jane Eyre", qui, comme tout le monde sait, est construit comme une autobiographie, est saisissant dans l'évolution du ton employé par la romancière, entre la petite fille du début à la femme qui a gagné son pouvoir de décision ou son autonomie à la fin en passant par l'étape d'institutrice de la pupille de Rochester.

Le personnage de Jane évolue tout au long du roman mais le caractère fondamental, lui, reste inchangé : aucune compromission que ce soit par amour ou par haine ou pour obtenir un quelconque avantage. Aucune vanité.





Les évocations des personnages qu'il s'agisse d'Helene Burns ou de Rochester sont très réussies. Rochester en homme viril, pas beau, soupe au lait mais capable de douceur et de tendresse.

Est-ce que vous me trouvez beau ? Non ! répondra Jane.

L'opposition Rochester /Saint-John Rivers est tout aussi saisissante dans la bouche de Jane. Saint-John est beau, séduisant, fin, intellectuellement brillant mais pourvu d'une âme calculatrice et froide : Jane ne peut l'aimer comme un mari. Alors qu'on sent que Rochester est humain, incandescent, chaud comme la braise.

La beauté de l'homme au sens esthétique du terme n'est pas dans les critères de choix de Charlotte Brontë : la beauté de Saint-John et de Blanche Ingram masque les vraies personnalités qui peuvent se trouver vaniteuses ou frivoles ou insensibles.





Il y a des passages qui confinent au merveilleux, par exemple l'amitié entre Jane et Helene Burns ou la première rencontre entre Jane et Rochester sur la route verglacée. Sans oublier, bien entendu le bouleversant retour de Jane à la fin et sa délicatesse et son empathie absolues face à Rochester. Ah, j'oubliais aussi l'amusante scène où Rochester se déguise en bohémienne ... Ces passages-là, je les lis lentement pour mieux les absorber et je prends même plaisir à les relire (au cas fort improbable où je n'aurais pas tout-à-fait compris et où j'aurais sauté une ligne).





Je ne sais pas si je l'ai dit mais j'aime beaucoup ce livre, me replonger régulièrement dans son atmosphère, m'imprégner et me substituer aux personnages du roman.

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Une vie

Redécouverte d'un roman lu à l'adolescence.

J'appréciais déjà Maupassant alors.

Je le relis avec bonheur.

Quel talent d'écriture !

Tant le style, le maniement du verbe que la qualité des descriptions et narrations de cette petite bourgeoisie de province, de ces personnages, de ces paysages normands.

Un régal.

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