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L`Age d`Homme [corriger]


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La Cerisaie

La Cerisaie d’Anton TCHEKHOV

Pièce de théâtre en quatre actes.



Lioubov, Ania sa fille, Gaev son frère, Charlotta la gouvernante et Trofimov un étudiant retournent à la Cerisaie après cinq ans d’absence passés en France. Les accompagne un valet, Yacha. Ils sont reçus par Douniacha la femme de chambre, Firs un vieux valet, Lopakhine un marchand, Varia fille adoptive de Lioubov et Epikhodov le comptable. Pistchik un propriétaire ruiné de domaines est là aussi pour les accueillir. Douniacha est émue car Epikhodov vient de la demander en mariage. On comprend que la Cerisaie est mise en ventes pour dettes dès le mois d’août mais Lopakhine a une idée pour sauver le domaine, faire un lotissement. Mais la famille et surtout Lioubov qui a laissé son amant à Paris, semble loin de ces problèmes d’argent, incapables pourtant de payer les intérêts des hypothèques en cours. Ils préfèrent philosopher ou jouer ou encore danser en attendant de savoir pour la vente de la Cerisaie, qui sera le nouveau propriétaire.



C’est la dernière pièce de TCHEKHOV malade. Elle représente l’évolution de la société que la noblesse ne peut ou ne veut suivre ( l’abolition du servage date de 1861). Lopakhine est le prototype du marchand, âpre au gain qui représente cette nouvelle classe qui émerge. Comme pour la Mouette, TCHEKHOV a écrit une comédie bien que certaines mises en scène en fassent plutôt une tragédie.

Magnifique pièce.
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Les Paysans

Jagna est belle et douée. Elle a des mains et une âme d’artiste, elle a un esprit libre et sensible ; quand elle aime, elle aime passionnément.

Elle rêve d’un ailleurs.

Elle est née au mauvais endroit, au mauvais moment.

"Parce que chez ces gens-là Monsieur

On ne s´en va pas."

Ces gens-là, c’est la communauté paysanne de Lipce en Pologne, à la fin du 19ème siècle.

Le roman raconte une année dans la vie du village, une année agricole.

La population villageoise vit presque totalement à l’écart du monde ; très peu sont déjà allés à Varsovie ou ailleurs, sinon à la guerre. Des vies entières se déroulent là, au rythme des saisons et des travaux de la terre, depuis des siècles : on pourrait être à l’époque féodale, si ce n’est le contexte politique (la domination russe) parfois évoqué.

La terre est tout ce qui compte. On craint Dieu autant qu’on craint la sécheresse ou la tempête, les pommes de terre gelées ou le blé moisi.

Allez hop, on attelle le cheval à la carriole, je vous amène visiter Lipce.

Au loin, très loin, le château et ses puissants habitants, qu’on ne voit qu’à l’église (féodal, je disais).

Dominant la société villageoise, les paysans propriétaires : la richesse se mesure en arpents de cultures, mais aussi en possessions matérielles, notamment les parures des femmes.

"Faut vous dire, Monsieur

Que chez ces gens-là

On n´cause pas, Monsieur, on n´cause pas

On compte."

Exploités, maltraités, humiliés, ceux qui ne possèdent rien : les paysans locataires et les femmes seules qui louent leurs bras, ou bien les fils privés d’héritage, à la merci d’une dispute qui les jettera dehors sans rien, dans la plus grande des misères.

À part, très très à part, l’aubergiste habituellement appelé "le juif", cible d’odieux propos racistes, malgré ses protestations comme quoi il est aussi Polonais que les autres, comme son père et son grand-père qui tenaient l’auberge avant lui...

"Et puis y a la toute vieille

Qu´en finit pas d´vibrer

Et qu´on attend qu´elle crève

Vu qu´c´est elle qu´a l´oseille

Et qu´on n´écoute même pas

C´que ses pauvres mains racontent"

Le talent de Ladislas Reymont (hormis la beauté de son écriture), c’est de nous faire vivre les évènements de cette année comme si on y était, au village, en immersion totale : les fêtes, les décès, les scandales… et de rythmer son récit par les passages du mendiant aveugle, ou le départ de la vieille Agata, chassée à l’automne pour aller mendier, et recueillie (de mauvaise grâce) au printemps lorsqu’elle revient les mains pleines de menus cadeaux…

Descendons de la carriole et concluons : si j’ai cité Brel, c’est parce que cette chanson-là colle tellement à l’atmosphère de ce roman, un chef-d’œuvre certes, mais qui laisse un goût amer, ou, comme le fait remarquer le paysan Antek dans les dernières pages : "Tout d’un coup, (…) le village lui parut quasiment étranger, et singulièrement déplaisant et plein d’odieux braillements."



À noter la perfection de la traduction par Franck-L. Schoell.



Challenge Nobel

Club de lecture mai 2024 : "W-X-Y-Z"
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Poèmes et fragments

Sappho par Sapho. Poèmes et fragments, c'est-à-dire ce qu’il reste – et quelle chose prodigieuse – des mots pensés et écrits par une femme qui vécut au VIIe siècle av. J.-C. C’était en Méditerranée, sur l’île de Lesbos, un temps où les bateaux faisaient du cabotage sur le littoral, de la terre ferme aux îles en vue.

Déjà, pourquoi passer à côté de cette rareté ? Ensuite, cette édition (1995, toujours disponible, autre prodige) présente le choix de la chanteuse Sapho qui, associant aux écrits ses sensibles pastels bleu cobalt et noire révèle une superbe plasticienne.

Quelle émotion particulière à lire : « quelqu'un se souviendra de nous plus tard j'en suis sûre »… Ou encore, à recevoir son dépit éprouvé : « la vantarde ! Te voilà fière d'avoir aux doigts un anneau ». Sans parler de ces bribes d’histoire sociale « Vous payez de neuf bœufs le droit de la garder / ô maris qui régnez sans partage sur les villes ! » C’est aussi sans compter sur l’effacement, la perte, l’amputation du texte qui offre de nouvelles fins sublimes comme celle-ci : « Mais il faut tout oser, puisque… »

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