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Le portier des Chartreux, ou histoire de Do..

Le Portier des Chartreux / Jean-Charles Gervaise de Latouche. (1715-1782)

Le narrateur, éloigné à présent des vains plaisirs et des voluptés dangereuses, rend grâce au Tout-Puissant dont la miséricorde l’a retiré de l’abîme du libertinage et lui donne la force de narrer ses égarements pour l’édifications de ses frères humains. Bien sûr, tout homme est homme et les moines en particulier puisqu’ils ont eux aussi la faculté de travailler à la propagation de l’espèce, tâche dont ils s’acquittent si bien !

On va donc aborder les mémoires de Saturnin, le portier des Chartreux.

Il a vécu son enfance chez un paysan nommé Ambroise et longtemps il a cru que celui-ci était son père. En vérité, Ambroise était seulement le jardinier d’une maison de campagne où les moines Célestins allaient en villégiature. Sa femme Toinette fut sa nourrice : elle venait juste de perdre son nouveau-né, qui fut vite enterré et celui issu des moines fut mis à sa place.

Toinette était la plus fringante des femelles et notre narrateur en grandissant, s’écrie : « Ah ! je sentais bien que je n’étais pas son fils, ou que j’aurais volontiers passé sur cette qualité ! Surtout quand il l’entendait à travers la cloison de la chambre en pleine action avec un homme, ce qui attisait sa curiosité… La surprise fut de taille quand il put voir à la dérobée l’acteur en question ! ce qui éveilla en lui un feu inconnu…

À quelque temps de là, le jeune garçon fait part de ses découvertes à sa sœur Suzon, un peu plus âgée que lui et qui vient de sortir du couvent, avant d’avoir vers elle des regards concupiscents. Une visite inopinée ensemble à la marraine de Suzon lui fait découvrir encore du nouveau tout en babillant.

Saturnin, c’est son nom, ignore alors que Suzon a beaucoup appris au couvent au cours de nuits torrides avec sœur Monique, une novice comme elle, et ne craint pas de lui dire qu’elle en sait plus que lui sur le plaisir. Elle raconte alors en détail à Saturnin les délices nocturnes du couvent… Ne voulant être en reste, Suzon raconte à Monique les façons de faire de leur confesseur.

Sœur Monique explique à Suzon que pour plaire aux hommes, il faut faire montre d’un certain art et stimuler leur imagination en ne dévoilant que le minimum de leur corps. Et elle lui apprend encore beaucoup d’autres choses que Suzon va ensuite au fil de la conversation porter à la connaissance de Saturnin.

Afin de parvenir à ses fins avec Suzon, Saturnin le voyeur des ébats de Toinette et de l’abbé grâce à une ouverture dans le mur de séparation des chambres, a plus d’un tour dans son sac pour la faire changer d’avis.

Afin d’éloigner un peu Saturnin de Suzon, Toinette le confie au curé au sein d’un petit pensionnat, un homme au facies malin et cultivant volontiers les vignes du Seigneur et non avare de caresses à l’endroit de sa gouvernante Madame Françoise et de Nicole, une jeune fille soi-disant sa nièce, une pouponne objet aussi des tendres vœux de tous les pensionnaires.

Mais en attendant, Saturnin espère retrouver Suzon au château de Madame Dinville, où il est invité.

Madame Dinville ne ménage en aucune façon la vue de ses charmes au jeune garçon, charmes dont juste un drap jaloux dérobe l’apparence, quand soudain s’avance Suzon ! Laquelle choisir ? L’expérience et l’ingéniosité, la ruse et le talent de Mme Dinville va faire le reste.

Le retour chez Mme Françoise et sa servante Nicole, toutes deux au service du curé va entrainer Saturnin dans des aventures rocambolesques riches de quiproquos en tout genre.

S’en suit dans une seconde partie une violente diatribe à l’encontre des moines et leurs penchants à l’oisiveté, la paresse, la paillardise, le mensonge et la lâcheté. Saturnin, d’abord novice puis profès et enfin père finira comme portier du couvent ! Perdues Toinette, Suzon, Nicole et Mme Dinville ! Mais le père André lui réserve quelques surprises avec une certaine Marianne et le père Casimir derrière les grandes orgues de l’église, et lui enjoint de faire assaut avec Gabrielle sa voisine. Une voisine très particulière…

Mais il arrive un jour qu’une trop grande dissipation entraine une inappétence chronique et que seul un mets succulent peut remédier à cet état. Et selon le père Siméon, seule une parfaite dévote pourrait rallumer les feux éteints et mettre un terme à une dommageable léthargie. Le poste de confesseur devrait lui faciliter la tâche. Et la première jeune dévote qui se présente lui réserve un jour une belle surprise.

Plus tard, Saturnin retrouve Suzon et lui narre ses mésaventures et Suzon fait de même. Ils sont heureux de se retrouver. Mais pour combien de temps ?

Jean-Charles Gervaise de Latouche fut avocat au Parlement de Paris et membre de l’Académie des belles lettres de La Rochelle. Il écrivit plusieurs ouvrages licencieux qui connurent un certain succès. Les aventures rocambolesques, libertines net licencieuses de Saturnin, moine débauché, se veut être une dénonciation sur le mode ludique, de la luxure du clergé au XVIIIe siècle. Érotique, ce roman est avant tout une initiation au plaisir en cette époque des Lumières qui voyait une liaison étroite entre bonheur et libre expression de la sexualité. Souvenons-nous notamment des œuvres érotiques de Denis Diderot. C’est un roman facile à lire, sans grande théorie philosophique ou moralisatrice, mais d’une rare efficacité dans son pouvoir d’évocation de la recherche à assouvir le désir et donc à connaître le plaisir. Le désir est consubstantiel à l’homme et à la femme : c’est une loi de la Nature. Ni remords ni amour ou presque dans cette fresque érotique hautement blasphématoire publiée en 1741 !



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