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    LiliGalipette le 15 janvier 2024
    Nous nous retrouvons le 18 février pour discuter de notre lecture commune : "Les femmes n'ont pas d'histoire" d'Amy Jo Burns.

    Pauline a proposé de nous accueillir à Arras.
    LiliGalipette le 19 février 2024
    Voici un compte rendu global de nos échanges autour de ce livre qui est loin d'avoir emporté l'adhésion.

    Tou·tes les lecteur·ices ont souligné la forte relation entre Ruby et Ivy : histoire d'amour, amitié profonde, sororité, éventuelle attirance lesbienne jamais consommée.

    Pour certaines personnes, la quatrième de couverture était plus alléchante que le roman lui-même. La traduction française du titre original (Shiner) en a désappointé plusieurs, mais quelques lectrices estiment que ce mot ne pouvait pas être conservé en l'état, car il évoque une réalité peu connue des Européen·nes et des Français·es, sauf à traduire par un hasardeux "bouilleur de cru" qui renvoie à un imaginaire qui ne colle pas au roman.

    Tout le monde a pris en grippe le pasteur mystique, manipulateur de serpents, tyran domestique et chef autoproclamé sûr de ses droits, de sa toute-puissance et de son impunité.

    L'alcool et ses ravages sont un thème central du roman : dans cette région enclavée, presque oubliée du reste de l'Amérique, l'eau est si polluée par l'industrie que la seule boisson potable est la gnôle locale qui est tout autant un poison. Sa consommation explique peut-être certains agissements du pasteur dont le comportement déjà dangereux est sans doute aggravé par l'alcool frelaté.

    Plusieurs lecteur·ices ont découvert la religion évangéliste et la production de moonshine, élément fortement typique de l'histoire américaine.

    Le roman est une histoire de non-dits: quand Wren raconte, elle met à jour les mensonges et les secrets pour se libérer et tenter de vivre autrement que sa mère. Il est beaucoup question d'identité, de paternité et de filiation.

    Des lecteur·ices ne comprennent pas pourquoi Ivy et Ruby ne sont pas parties quand elles en ont la possibilité. D'autres estiment que cela était impossible, qu'on ne quitte pas si facilement une communauté enclavée et sous emprise et des traditions pesantes. Pas simple d'échapper à la main-mise des hommes et aux attentes d'une société quand on ne connaît rien d'autre.

    Plusieurs titres ont été évoqués, en lien plus ou moins proche avec le roman : Betty, My Absolute Darling, Là où chantent les écrevisses, La vraie vie et Cul de sac.
    LiliGalipette le 19 février 2024
    ClearBlueSadSky le 27 février 2024
    Les femmes n'ont pas d'histoire
    Amy Joe Burns
    2022

    Dans les collines, des familles éparses.

    Ce roman est facile à lire, peut-être, pour moi, trop peu prolixe en détails. J'aurais aimé explorer les paysages, les personnages de ces montagnes américaines hors des principaux, la vie dans une ville qui est mise en opposition avec les collines, mais jamais vraiment dépeinte.
    Si j'en ai aimé la construction en triptyque du livre, chaque partie partie passant le relais à une autre femme, je déplore un certain manque de texture dans la manière d'écrire et l'intrigue. On sent le mystère sourdre, le malaise, l'injustice, la frustration se révéler pudiquement. Les non-dits pèsent mais le récit m'a paru étonnamment léger, aéré. J'aurais aimé atterrir et non pas survoler l'histoire. Cette pudeur aura sans doute touché d'autres lecteurs et lectrices!
    La romance adolescente entre Wren et son prétendant au bord de la rivière m'a rappelé des histoires qui, collégienne, pouvaient faire palpiter mon cœur, mais dans lesquelles je replonge plus prudemment aujourd'hui. J'aurais sans doute davantage apprécié cette histoire jadis.
    L'histoire d'Ivy, de son empoisonnement par l'eau et du « miracle » que les onguents dont elle s'enduit rendent possible, constituait un ressort narratif intéressant. On se doute que le charmeur de serpent violent envers toutes les femmes de son entourage n'est pas net. Sa magie, jusqu'à l'ultime révélation, s'effondre à nos yeux, tout comme sa dignité : il a tenté de noyer sa fille ! On est bien content qu'il se retranche dans les bois, oublié. Son histoire est amère : n'est-il pas le produit de ces collines esseulées, délaissées, en quête de mysticisme
    et d'alcool ? Les hommes là-haut se dissolvent dedans. Le Moonshine, distillé par les Moonshiners, est distillé en secret et dans la sueur, selon un savoir ancestral transmis par les hommes. Le « gentil homme » de l'histoire poursuit le travail de son père, enterre le corps de tant de femmes mortes sur son terrain aux sommets, recueille l'enfant de celle qui ne peut en prendre soin. Autre plot twist plutôt réussi, mais pas non plus saisissant à mon sens.

    Ce livre m'a sortie de ma zone de confort de lecture. S'il ne m'a pas déplu (je l'ai terminé assez vite car j'attendais les rebonds de l'histoire), je ne le placerais pas au rang de mes préférés. Je lui ai attribué un timide 3/5. Si l'histoire avait quitté la cellule de ces quelques personnages pour s'élargir, mes désirs auraient sans doute été davantage assouvis. C'est sans doute le titre qui m'a donné l'espoir d'une fresque plus creusée et radicale.

    J'aurais aimé en discuter avec vous, à bientôt !

    Daria

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