Le rituel franco-français de la rentrée littéraire rappelle aux lecteurs dans l'avalanche des parutions de livres que l'usage du titre en occident vient d'une longue histoire qui remonte au "titulus" de l'Antiquité, qu'il a fallu attendre le XIVe pour que le livre s'organise autour d'un nom d'auteur et que c'est son commencement (l'incipit) qui a longtemps fait office de titre. L'apparition du titre se conjugue avec les débuts de l'imprimerie au XVe et la généralisation de son emploi s'accompagne de son raccourcissement entre le XIXe et aujourd'hui. C'est la multiplicité des titres qui amènerait à réinterroger maintenant son usage, sa forme, son contenu. Tous ces titres attirants ou repoussoirs, interprétatifs, imparfaites et trompeuses ou icôniques étiquettes (L'Étranger, L'Assomoir, Ulysse, Anna Karénine, etc.), métaphoriques, pastiches ou véritables créations poétiques pour certains, et même les titres que l'on oublie, ont-ils un impact sur nos lectures ? À quoi sert donc un titre, qu'y cherche le lecteur et qu'y projette ou cache l'auteur ?-------------------
Jean Giono déclarait à propos de "Deux cavaliers de l'orage" :
"Si j'écris l'histoire avant d'avoir trouvé le titre, elle avorte généralement. Il faut un titre, parce que le titre est cette sorte de drapeau vers lequel on se dirige ; le but qu'il faut atteindre, c'est expliquer le titre."-------------------