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Les trois princesses" est un petit bijou pour les enfants qui aiment les contes de princesses évidement mais aussi pour les parents qui souhaiteraient les éveiller à l'art ( les autres aussi). Une chouette passerelle qui pourrait se solder par une visite de musée pourquoi pas afin de remettre dans son contexte le style emprunté et rendu en hommage par
Anne Buguet. L'auteure cite à la fin Giotto, Lorenzetti, di Buoninsegna entre autres pour ces multiples clins d'oeil. Son conte semble imaginé sur la structure traditionnel du conte facétieux bien que nous soyons charmés par ces personnages amoureux dignes des contes merveilleux. Oui, l'élément magique a disparu au profit de la magie du coeur qui va conduire les trois soeurs à réaliser la prophétie de leur mère. Qui peut savoir pourquoi celle-là était baigné d'un chagrin au moment ou le roi la trouva sur le chemin, ceci est l'excuse pour qu'il l'emporte vers son royaume et lui promette une vie de bonheur. Nous retrouvons un peu de Peau d'âne avec les paroles de la mère sur son lit de mort sauf qu'il s'agit d'une prophétie. Si le roi de Peau d'âne respectera sa parole, ce roi ci n'écoutera que son propre chagrin à la pensée de perdre ses filles à l'avenir et de les laisser partir au loin comme dans la vision. Et c'est comme dans Raiponce que les trois soeurs finiront, à l'écart pour y grandir. Nous pourrions y voir d'autres contes qui se rappellent à notre mémoire comme "les chaussons du bal usés" de Grimm, ces jeunes filles ont aussi envie de braver l'autorité parentale pour aller s'amuser et trouver l'amour. le père est absent de l'histoire, l'auteure centre le récit sur l'aventure amoureuse qui prend racine, croît au rythme de la sérénade et désire prendre son envol en rêvant d'une parade pour être enlevé à la barbe du père roi. Un beau grand format qui porte l'image. Romantique et presque romanesque. Un album d'un niveau sublimement intéressant sur le plan artistique. le Quattrocento italien, ses paysages d'architectures et de dais entourés de campagnes boisées, ses constructions à plat cherchant la profondeur, ses postures délicates et maniérées au bout des doigts, ses personnages s'accordant les uns aux autres comme l'illustration linéaire d'une histoire qui défile, c'est l'origine de l'illustration qui s'offre à nous avec cette page de l'histoire de l'art de la peinture fondamentale. Comment raconter quand il n'y a pas de bulles de dialogue? Anne Muguet va jusqu'à figurer les frottements de la peinture sur une surface murale imaginaire nous rappelant aux origines même de la peinture avec la fresque et la peinture sur bois. Une merveille pour petits et grands.