Petit retour de lecture de “
Rira bien” de Yann Malaud Auteur.
-Coup d'éclat-
Imaginez un futur tellement proche qu'on pourrait le toucher du bout des doigts, un futur qui vous glacerait les os malgré la température qu'il y règne… Nous voici en l'an 54 après le Grand Cataclysme, dans un Paris intra-muros transformé en cité-État autonome et écologique. “
Rira bien” de
Yann Malaud nous dépeint un quotidien dystopique d'une réalité troublante, à la fois feutrée et inquiétante. Dans cet univers, le politiquement correct est roi, les livres ont été brûlés et la place est laissée “à tout ce qui ne suppose que des réflexes automatiques”(
1984/
George Orwell) afin d'assurer un maximum de repos à nos pauvres cerveaux ! Mais pire encore, l'humour est un crime ! L'humour est puni ! L'humour est interdit !
Seulement, là où l'humour fait défaut, l'humanité ne s'égare t'elle pas ?…
Cette société réinventée, sous couvert d'une tolérance extrême, endort les citoyens-yennes-yels ou équivalents dans son sillon totalement liberticide. L'ignorance est loin de constituer un crime, “bien au contraire, grâce au Grand Principe d'Equivalence des Mérites Subjectifs.” L'Homme, complice aveugle de cette mascarade, a de toute façon depuis longtemps abandonné le “vrai” pouvoir aux IA surdéveloppées !! Ils ne cherchent plus à comprendre les règles qui régissent leurs actions ou non-actions…
Ces points importants éclairés, revenons à nos moutons électriques… Entre ces pages impertinentes nous découvrons effectivement un monde où l'humour est devenu l'ennemi public numéro un. Toutefois, comme
Beaumarchais se pressant de rire de tout de peur d'en pleurer, c'est là que notre cher Bouffon entre en scène, bravant l'interdiction pour semer les graines cinglantes de la révolte avec son Syndicat du Rire. Un trio improbable se lance à sa poursuite, composé d'un juge inquisiteur, d'un robot IA d'un nouveau genre, et du nostalgique Quentin Duchemin, haut fonctionnaire de son état…
Ah, Quentin, ce “vieux snock” plein de verve et de répartie, “source de savoirs perdus, de connaissances oubliées”, un personnage qu'on ne saurait oublier. Ses clins d'oeil au passé et ses insultes déguisées font mouche. Je me suis amusée, tout au long de ma lecture, et d'après mon enquête minutieuse, il serait né la même année que m* ***** *****, non non ne me remerciez pas, c'est cadeau 😝. Quand à l'agent Batty, notre second personnage principal, avec son châssis motorisé et ses bras articulés, je n'ai pu m'empêcher de penser aux Daleks de
Doctor Who… qui ça ? 🤣🤣allez, alonso 😉 : son Système Neuronal Adaptatif à Programmation Symbolique et Émotionnelle ne fait pas d'elle un homme, mais je l'ai trouvée touchante, et j'ai même versé ma p'tite larme.
Leurs échanges sont autant de succulentes joutes verbales, un régal))
J'ai plongé tête baissée dans cette aventure qui, tour à tour effrayée ou pleine d'espoir, entre rires et larmes, m'a emportée dans un tourbillon d'émotions.
Je vais essayer d'écourter, il y a pourtant matière à y passer la nuit. En tout cas, l'humour, cette énigme aussi profonde qu'un océan de confettis, a une histoire, une structure, une logique, une poétique, une esthétique, toutes aussi secrètes et précieuses qu'une recette de grand-mère. Yann nous le rappelle avec autant d'éclat qu'un feu d'artifice en plein ciel étoilé. Et l'épilogue, merveilleuse idée de son ami Arnaud Cardinet (🙏) sublime et apaise ce roman, qui, au delà du thriller palpitant, nous invite à prendre soin de notre belle planète ainsi qu'à nous poser cette question fondamentale : qu'est-ce qui fait de nous des êtres humains ?
Les amis, je vous laisse avec une citation à méditer : “Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire.” -Einstein
Bonne lecture, et que la révolution du rire soit avec vous ;))
Le plus : La couverture générée par une IA, incroyable idée 🤩
L'anecdote : Ne ratez pas cette déclaration d'amour aux classiques de la dystopie doublée d'une déclaration d'amour à nos grands humoristes, passés et présents. Vraiment dès le début j'ai été emballée, à tel point qu'en cours de lecture je me suis offert la superbe “
Anthologie des Dystopies, les mondes indésirables de la littérature et du cinéma “ (
Jean-Pierre Andrevon/Vendémiaire Éditions). Ils seront parfaits ensemble, car “
Rira bien” y aurait tout autant sa place. Avec son abrutissement des masses d'un nouveau genre, Yann s'est montré d'une inventivité que je n'avais encore jamais rencontrée.
Merci Yann pour cette lecture, ta gentillesse et ta disponibilité 🙏😁.