L'auteure réussit la gageure d'allier littérature, poésie et plaidoirie pour une transition énergétique raisonnée dans un récit qui nous propulse de Marseille à la Mongolie intérieure, plus précisément dans la ville de Baotou reconstruite après un tremblement de terre.
Cyrielle, une jeune journaliste, se porte courageusement au secours de Francis, son ami d'enfance un peu trop curieux sur les méthodes des entrepreneurs chinois et qui ne donne plus signe de vie. Avec l'aide de
Bruno, un journaliste local, elle se lance à sa recherche. Ce dernier tempère les ardeurs de la jeune femme dans un pays où il ne fait pas bon se mêler des affaires de l'industrie locale et des patrons tout puissants.
À Baotou, l'exploitation des terres rares fait vivre la population et la législation est peu regardante sur la santé des personnels dans les usines de traitement de ces métaux précieux.
Au travers de l'enquête des journalistes, on découvre la vie rude des autochtones, de Liang, employé d'usine, et de son fils Chuluun, aux poumons touchés par la pollution, et aussi d'une petite fille, Enkhetuya, que le garçon rencontre au marché et qu'il n'oubliera pas, et aussi de Sinchin, un architecte mis à l'écart pour avoir dénoncé les abus. Est-ce un bon signe pour l'avenir ? Même les enfants prennent conscience des dangers qu'affrontent leurs parents pour se rallier à l'idée d'une industrie plus humaine, respectueuse des populations.
L'auteure n'épargne pas les consommateurs que nous sommes, avides de nouveautés et de confort, qu'il s'agisse de téléphones cellulaires, de batteries et autres instruments qui fonctionnent aux terres rares. Par nos actes et notre silence, nous tolérons voire encourageons ces pratiques.
L'intrigue chemine ainsi en compagnie de personnages attachants qui infiltrent peu à peu ces lieux pollués où oeuvrent des personnels peu considérés, jusqu'à la découverte de la vérité.
Un beau tour de force littéraire de
Dominique Guenin, entre prise de conscience et suspense.
Le mieux est de découvrir par la lecture cette belle histoire, en dépit de son versant tragique, et pourtant