Mighty Thor, tome 2 : Lords of Midgard

Ce tome fait suite à Thunder in her veins (épisodes 1 à 5) qu'il faut avoir lu avant. Il comprend les épisodes 6 à 12, initialement parus en 2016, écrits par Jason Aaron. Russel Dauterman a dessiné et encré les épisodes 8 à 11 ainsi que le prologue de l'épisode 6 (2 pages), l'épilogue de l'épisode 7 (3 pages), ainsi que le prologue (4 pages) et l'épilogue (2 pages) de l'épisode 12. La mise en couleurs de ces pages a été réalisée par Matthew Wilson. Rafa Garres a dessiné, encré et mis en couleurs les épisodes 6 & 7. Frazer Irving a réalisé les dessins et le mise en couleurs des 14 autres pages de l'épisode 12. Pour pouvoir apprécier tous les éléments de l'intrigue, il faut avoir commencé la série avec les premiers épisodes écrits par Jason Aaron dans The God Butcher.

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- Épisodes 6 & 7 - Dario Agger est sur le monde d'Alfheim pour inspecter les installations minières et pétrolières de la multinationale Roxxon. Il discute avec Loki de son alliance avec Malektih. Agger explique qu'il a besoin d'un surcroît de pouvoir pour faire face à Malekith (et à son allié Kurse) quand le temps sera venu. Loki lui propose un marché, mais il lui raconte une histoire de Thor avant, quand Thor intervenait encore dans les batailles aux côtés des vikings dont le seigneur Bodolf. Cette histoire commence en 896.

Il y a de l'abus. le lecteur n'est pas dupe un seul instant : si ces 2 épisodes existent, c'est uniquement pour laisser le temps à Russel Dauterman d'illustrer les suivants, car la fréquence de parution mensuelle s'accommode mal au temps nécessaire pour aboutir au niveau de qualité de ses pages. Tonton Loki raconte donc une histoire à son allié malgré lui. Rafa Garres réalise des planches pleines de bruit et de fureur donnant l'impression d'avoir été réalisées en peinture directe, avec une volonté d'expressionnisme, plus que de description. La majeure partie du récit raconte des batailles auxquelles Thor prend part, et les protagonistes se tapent sauvagement dessus. Les formes sont détourées à la truelle, pour rendre compte de l'aspect primal des affrontements. Les couleurs sont souvent boueuses, à nouveau pour cette dimension très brut de décoffrage. Les arrière-plans sont noyés dans des camaïeux au point d'en perdre tout signe distinctif, toute représentation. le lecteur prend son mal en patience et attend que le seigneur Bodolf finisse par se faire rétamer.

Malgré tout, il est vrai que les représentations grossières font leur effet et rendent bien compte de la force physique déployée. Les armures des vikings présentent des caractéristiques visuelles qui évitent l'impression que c'est toujours le même personnage qui se bat contre Thor ou à ses côtés. Jason Aaron reprend finalement l'un des fils de ses premiers épisodes, avec des souvenirs de Thor plus jeune, à une époque où il guerroyait volontiers aux côtés des humains. En cours de combat, il s'amuse à glisser des références en passant, tout en indiquant qu'il ne les développera pas. Par exemple, il évoque une certaine Panthère dans les plaines africaines et le dragon Shou-Lao. Pour le lecteur de passage, cela n'évoque pas grand-chose. Pour un lecteur familier de l'univers partagé Marvel, cela évoque le futur culte de la Panthère au Wakanda, et le dragon de la cité K'un-Lun. le lecteur finit aussi par comprendre que ce récit met en scène un guerrier émérite qui décide de prendre son indépendance vis-à-vis des dieux, et qu'il s'agit d'une mise en garde à l'encontre de Dario Agger. Finalement ces 2 épisodes ont la forme d'un conte, et comme tout conte ils comprennent un avertissement issu de la sagesse née de l'expérience. 4 étoiles.

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- Épisodes 8 à 11 - Après une semaine aussi diversifiée que spectaculaire pour Thor, le mardi revient, et Jane Foster doit se rendre à ses soins hebdomadaires pour traiter son cancer. Mais elle se fait interpeller par 2 agents du SHIELD (Agent Kurdle et Agent Krill) qui lui demandent de les suivre pour un interrogatoire sur l'Helicarrier, au sujet de Thor. N'ayant pas la force de s'y opposer, elle accepte de les accompagner. Pendant ce temps-là, à Berne en Suisse, se tient une réunion top secrète entre grands magnats de la finance. Tiberius Staone (le PDG d'Alchemax) préside cette réunion et demande à Dario Agger (PDG de Roxxon) de s'expliquer sur ses tractations occultes avec le roi Malekith. Les autres membres de ce groupe sont Sebastian Shaw (principal propriétaire des Industries Shaw), Darren Cross (PDG des entreprises Cross), Ezekiel Stane (héritier de Stane International), Shingen Harada (PDG de la corporation Yashida), Fr'R'Dox (Directrice suprême des entreprises Shi'Ar), Wiljelmina Kensington (PDG de Kilgore) et Wilson Fisk (président des industries Fisk).

Le lecteur apprécie de revenir au coeur du récit, ainsi que le retour de Russel Dauterman. Celui-ci continue de détourer les formes avec des traits fins qui donne une apparence de description précise, sans sentiment de fragilité parce que les formes gagnent en consistance par le biais de la mise en couleurs de Matthew Wilson. La dimension descriptive de cette approche graphique est accentuée par la comparaison avec les pages de Rafa Garres dans les 2 épisodes précédents. L'artiste se montre aussi convaincant pour les séquences se déroulant dans sur Terre avec des civils, que pour celles mettant en scène des personnages mythologiques ou dotés de superpouvoirs. le lecteur peut se projeter devant l'institut médical McCarthy grâce à sa façade spécifique, dans la salle des coffres en Suisse, ou encore au siège social de Roxxon. Il n'y a que les étranges structures cubiques dans la salle des coffres qui ne sont pas très fonctionnelles. Les personnages civils (ou en civils) disposent tous d'une apparence unique et crédible. Les 2 agents du SHIELD Krill et Krudle sont en costume civil et ils sont très convaincants en l'équivalent de costards noirs (Men in black), même si leur costume est bleu. Pour masquer la chute de ses cheveux, Jane Doster a mis sur sa tête un foulard avec de jolis motifs. Quelques pages plus loin, le lecteur apprécie également la forme des talons d'Oubliette Midas. Il constate à plusieurs reprises que le dessinateur a inclus des détails très particuliers qui viennent ajouter du caractère à ce qui est montré.

Russel Dauterman a fort à faire dans ces épisodes mettant en scène des éléments de nature très diverse. le lecteur commence par apprécier les effets spéciaux pour la forme du retour de Jane Foster, avec les couleurs de l'arc-en-ciel évoquant le pont Bifröst. Dans le registre des éléments superhéros ou mythologique, le lecteur retrouve l'autre forme de Dario Agger, le costume tout en cuir de dominatrice, toujours aussi provocateur d'Exterminatrix (personnage apparu pour la première fois dans Marvel Boy de Grant Morrison & JG Jones), les voitures volantes du SHIELD, l'armure très élégante de Silver Samourai, la prestance extraordinaire de Sir Ivory Honeyshot sur Alfheim, les énergies projetées par Mjolnir, etc. Comme à son habitude, Dauterman bouscule les cases pour rendre compte de la force et de la violence des coups pendant les combats, comme si elles étaient décalées de leur position en bande horizontale. Il se plie à toutes les exigences du scénario, même les plus délicates, avec la même application. Parfois, ça ne marche pas complètement : le lecteur a du mal à croire à la faisabilité d'un avion en or, la résistance et le poids de ce métal ne se prêtant pas bien à ce genre d'utilisation. le plus souvent, le lecteur est séduit et convaincu par le dessin, y compris dans les moments avec des émotions délicates, comme Loki au chevet de Freyja, sur son lit de douleurs en Asgardia.

Le lecteur est donc enchanté par la narration visuelle et il découvre la suite de la montée en puissance de Malekith. Sauf que non, car ces épisodes s'attachent à d'autres fils de l'intrigue. Il y a 2 rapides passages en Asgardia (1 page chacun), 1 passage en Alfhein (2 pages), et c'est tout. le lecteur reste donc sur sa faim en ce concerne la montée inéluctable de la guerre dans les 10 royaumes, et il se retrouve à suivre l'évolution de la situation de Dario Agger vis-à-vis des autres grands patrons de multinationales terrestres. Dans la mesure où ces derniers sont eux-mêmes des supercriminels, ou disposent de moyens d'action surnaturels ou mythologiques, ces affrontements apportent un bon degré de divertissement. le lecteur éprouve parfois un peu de mal à se sentir impliqué. L'acharnement des 2 agents du SHIELD semble sortir de nulle part et le lecteur découvre à la fin de l'épisode 11 pour quelle raison annexe le scénariste insiste tellement dessus. La présence d'Exterminatrix apporte un élément encore plus exagéré que les supercriminels habituels, avec sa tenue en latex mais aussi avec ses armes capables de transmuter toutes les matières en or, très pratique pour créer des situations dramatiques, pas toujours facile à accepter au premier degré. La présence de 2 Mindless Ones (en provenance de la série Doctor Strange) est amusante, mais ils sont largement sous-exploités.

Ces 4 épisodes sont très agréables à lire du fait de la qualité de la narration visuelle, et de l'inventivité du scénariste, mais ils apparaissent aussi comme une distraction par rapport à l'intrigue principale menant à la guerre des 10 royaumes. 4 étoiles.

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- Épisode 12 - Thor se retrouve emmenée par Mjolnir dans la Cité de l'Omnipotence, dans le Nexus de tous les Dieux, et plus particulièrement dans sa bibliothèque. le seigneur Haut-Libraire narre à Thor la genèse de Mjonir, depuis le don d'un bloc de métal Uru par le maître des nains, à Odin, métal réputé impossible à forger, jusqu'à l'existence de Mjolnir, en passant par la trajectoire dévastatrice de la Tempête Déesse, la mère du tonnerre.

Et hop ! un petit coup de rétrocontinuité sur la nature de Mjolnir. Certes mais les illustrations de Frazer Irving sont somptueuses et portent parfaitement la dimension de conte, avec une mise en couleurs quasi-surnaturelle qui transcrit la dimension mythologique du récit. Les images montrent de véritables dieux, détachés des contingences matérielles vivant dans un monde de légende. Quoi que le lecteur pense de ces apports à Mjolnir (qui peut dire combien de temps ils auront un impact dans les histoires de Thor après le départ d'Aaron ?), il est totalement emporté par la narration de Frazer Iriving. 5 étoiles.