La princesse noire

Pour continuer dans la relecture de mes anciens Brussolo, cette fois j'ai fixé mon choix sur La Princesse noire.
J'en avais gardé quelques vagues souvenirs avec l'impression générale d'avoir aimé le roman.
Une dizaine d'années plus tard, c'est à dire aujourd'hui, j'ai redécouvert cette lecture avec délectation.

Serge Brussolo est connu pour son habilité à nous plonger dans ses thrillers médiévaux. Ici, nous sommes en plein coeur de l'Âge des Vikings.
L'héroïne Inga, une jeune chrétienne de seize ans est vendue comme esclave et achetée par une mystérieuse châtelaine. Cette « Princesse noire » vit quasiment recluse dans son manoir situé sur une île, en y accueillant de jeunes infirmes qui étaient condamnés à mourir.
Mais qui est cette femme froide, solitaire et énigmatique ?
Quel mystère se cache dans le cul-de-basse-fosse de son manoir ? Et d'où proviennent les bruits sourds sur les murs en pleine nuit ? S'agit-il d'une bête monstrueuse ?

« Tout était possible dans cette prison aux allures d'orphelinat. »

C'est à travers le personnage d'Inga que l'on découvre cet univers sur fond de mythologie nordique et de légendes telles que le Ragnarök.
Sa principale tâche consiste à s'occuper des enfants, mais elle va devoir affronter le caractère revêche de certains d'entre eux.
Elle va surtout en apprendre davantage sur les sombres mystères qui entourent le manoir.
D'ailleurs, ces enfants abandonnés ont-ils été recueillis en toute bienveillance ?
Brussolo nous plonge dans une atmosphère opaque en jouant souvent avec notre peur de l'obscurité.
Il nous entraîne sur des fausses pistes en nous faisant douter du village entier.
Les rebondissements sont nombreux et on ne s'ennuie pas.
Toutefois, quelques détails manquent parfois de crédibilité, comme la maturité excessive d'Inga. Les décisions qu'elle prend et les dangers qu'elle affronte sans rechigner sont quelques fois exagérées pour une adolescente.
Concernant Dame Urd, j'avais l'impression d'avoir affaire à une châtelaine bipolaire. Selon la situation, avec Inga elle était distante, acariâtre et impérieuse, puis la fois d'après elle devenait loquace, vulnérable et mélancolique.
Je me suis demandée si ce caractère instable était voulu par l'auteur ou s'il l'avait modelé pour faciliter la trame de son récit.
Cela ne m'a cependant pas empêchée d'apprécier l'histoire dans son ensemble.

Pour cette relecture, j'ai juste retiré une demie étoile par rapport à ma première lecture.
Serais-je devenue légèrement plus exigeante avec le temps ?

Un thriller à l'ambiance surnaturelle, au temps des Vikings, quand le christianisme commençait à détrôner la mythologie nordique et ses légendes orageuses... sauf dans les coins reculés comme cette petite île perdue dans les brouillards où est amené Inga...

Cette jeune esclave chrétienne, fille d'un Viking encore fortement empreint de la culture scandinave polythéiste, est achetée par une mystérieuse châtelaine qui a enfermé dans son château délabré des enfants "exposés"... garçons et filles infirmes et aveugles dont Inga va devoir se charger.
Or, les rumeurs qui se murmurent, d'étranges bruits nocturnes et les grandes ombres émergeant de la brume créent une atmosphère pesante de crainte et d'angoisse.
Entre superstitions, non-dits, mensonges, sordides et rosseries, Inga va démêler le vrai du faux...

Mais auparavant, Brussolo nous a conduit sur de multiples fausses pistes, brouillant l'histoire comme les personnages qui ont tous (à part Inga) quelque chose à cacher et qui avaient tous, par le passé, de bonnes raisons de se comporter comme ils l'ont fait.
Ce n'est peut-être pas le meilleur livre de l'auteur et la personne d'Inga, comptant un peu trop sur sa bonne étoile, n'est pas toujours crédible (trop mature et trop sûre d'elle pour une adolescente de treize ans, même si à cet âge-là, une fille était considérée comme une femme adulte chez les Vikings). Mais le style d'écriture vif qui se passe d'arabesques et aux dosages mesurés de suspense est efficace ! C'est donc avec des frissons de délice que je me suis volontairement laissée claustrer par "La Princesse noire".

Ce polar était mon premier Brussolo, et j'ai beaucoup apprécié.
L'auteur nous plonge directement dans le vif du sujet en évoquant la mythologie nordique et ses légendes, notamment celle de la fin du monde.

Inga se sent d'ailleurs très liée à ces croyances Viking, car elle était très proche de son père, un ancien guerrier Viking. le vernis de respectabilité de sa mère n'a jamais vraiment intéressé la jeune fille, qui a toujours adoré entendre son père lui parler de son peuple.
Aussi, quand Inga est enlevée par des envahisseurs Vikings, une question s'impose : est-elle réellement effrayée par ce qu'il risque de lui arriver (être vendue comme esclave) ou apprécie-t-elle de quitter sa mère, veuve depuis la mort de son ex-Viking de mari ? Je penche plutôt pour la seconde solution car, même si le sort d'Inga ne sera pas des plus enviables une fois arrivée à destination, au moins évite-t-elle le mariage que sa mère avait arrangé pour elle.

Inga est donc vendue comme esclave et achetée par une femme mystérieuse, que l'on appelle la Princesse noire. Celle-ci a une spécialité : recueillir les bébés malformés que les Vikings abandonnent à la mort. La Princesse noire garde ces enfants sur une île lointaine et perdue dans la brume. Inga devra s'occuper des malheureux qui grandissent dans la forteresse de la Princesse noire.
Petit à petit, alors qu'elle s'installe dans une certaine routine quotidienne (entre la préparation des repas, le ménage, les relations avec les enfants), Inga en apprend plus sur sa maîtresse et se rend compte que le mystère l'entourant est des plus épais. Diverses rencontres avec des personnages de l'extérieur lui en apprennent plus sur la Princesse... mais les versions données par ces informateurs sont toutes différentes ! Inga ne sait donc plus à qui faire confiance, mais elle est certaine d'une chose : il faut qu'elle veille sur les enfants.
Car les relations entre la Princesse noire et le village voisin de sa forteresse ne sont pas au beau fixe. Les habitants du village veulent la mort de la châtelaine et elle-même souhaite détruire le village. Au milieu de ses querelles, Inga tente de négocier avec les uns et les autres, essayant de trouver un moyen pour quitter l'île en compagnie des enfants.

L'histoire est donc particulièrement bien menée par Brussolo qui multiplie les fausses pistes. La Princesse devient de plus en plus mystérieuse au fil des pages et ses intentions ne sont jamais très claires : pourquoi tient-elle à élever des enfants normalement voués à la mort ? Pourquoi les versions de son histoire sont-elles toutes différentes ? de sympathique, elle devient de plus en plus effrayante.

Un excellent début !

Nous sommes au moyen-âge sur une île qui pourrait être au large de l'Ecosse. le roman se réfère à la culture des vikings pour mettre en scène quelques mythes et personnages de légendes. Avec les nombreux rebondissements et les vrais détails de l'histoire qui sont dévoilés progressivement le suspense reste entier jusqu'à la fin. Une histoire agréable à lire, mais Serge Brussolo a fait bien mieux dans ses créations.

"Les gosses grogna-t-il, elle ne les recueille pas pour les sauver,elle s'en sert pour nourrir la bête qu'elle cache au château".
Inga, fille d'une famille de bijoutiers, alors qu'elle devait livrer "un crucifix incrusté de pierres précieuses" à une riche abbaye, a été enlevée par des "pillards vikings" puis vendue au marché des esclaves à La princesse noire, sur laquelle courent des bruits plus terribles les uns que les autres.
La princesse noire enlève des gosses malformés abandonnés par leurs parents ou déformés plus encore par des "fabricants de monstres".
Inga, pleine d'effroi pénètre dans ce château maudit où vivent des clans d'enfants violents car laissés à eux-même,maltraités,plein de vermine et dénutris. Des meurtres d'enfants sont perpétrés. Qui les assassine et les couvre de larmes?
Le talent de Serge Brussolo, maître du suspense (que je préfère toutefois dans des thrillers moins torturés) est de multiplier, sur fond de légendes et de superstitions les personnages hors-normes susceptibles d'avoir tué.
La princesse noire, manipulatrice et menteuse, haïe de tous,n'éprouve aucun sentiment, elle a mêlé son fils aux enfants infirmes et ne sait plus qui il est. Son mari, un chef viking a disparu. Snorri "son homme à tout faire" lui est entièrement dévoué. Skoll, le chef des ados et tyran arrogant, possède une béquille cloutée fort efficace.Un dragon volant inquiète la population.Un loup-garou rôde et décime le clan des aveugles dont le chef Örock est un dangereux fanatique.Quant à Fodor, chef exalté du village de pêcheurs, il répand des horreurs entre deux beuveries. Bonjour l'angoisse!
Qui tue? Qui a tué? Qui veut tuer?
Le lecteur se trouve plongé en pleine horreur et suit pas à pas "l'ymagière" Inga, "nourrice de monstres" sous peine de se perdre dans les oubliettes. Elle porte "le signe de Thor" rien ne pourra nous arriver! Enfin c'est vite dit!
On retrouve ici le monde des vikings de la captive de l'hiver, le personnage de la sorcière comme dans le château des poisons et la jeune fille au grand coeur comme dans Hurlemort et on retrouve...Serge Brussolo, toujours égal à lui-même entre imagination débordante, suspense et terreur diffusée avec soupçons de complot.