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Dans les années 80, dans un Beyrouth dévasté, la narratrice vit une relation aimante avec son père qu'elle nomme le géant. Alors que ses années d'enfance ne devraient être qu'insouciance, elle subit les conséquences de la guerre civile qui sévit au Liban, laissant le pays exsangue.
Père et fille sont unis par leur amour des plantes, et surtout des mauvaises herbes, qui leur ressemblent tant, eux qui n'appartiennent à aucun groupe, qu'il soit politique ou religieux, libres comme ces herbes folles.
Exilée en France à l'âge de 12 ans, sans son père, elle garde au fond du coeur ces heures de complicité ainsi la vie, l'absence et les silences, les éloignent progressivement l'un de l'autre...
Mais ce que son père lui a légué de plus précieux demeurera : la liberté de penser.

Un roman à deux voix qui distille au fil des pages les peurs inavouées, les ressentis de chacun, leurs doutes et leurs bruyants silences.
Un texte sensible et délicat aux odeurs de jasmin et de marjolaine, plutôt doux parfois amer car restent indélébiles le manque et la violence de la séparation.
Le rythme saccadé impose une lecture soutenue avec certains passages où le lecteur se perd, s'ennuie et s'interroge mais cela ne dure que quelques instants tant le verbiage est beau.
Un premier roman riche à découvrir sans hésiter.
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Livre lu dans le cadre du prix Cezam des lecteurs 2021.
Je n'ai jamais réussi à rentrer dans l'histoire. Les personnages ne m'ont pas paru intéressant.
L'histoire ne m'a pas plu tout simplement.
Cette alternance de va et vient entre l'enfant/fille/femme et son père m'a laissé indifférent. Franchement pas une lecture pour moi.
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Elle a peur de le perdre, elle serre sa petite main sur le doigt de son géant. Pas besoin de parler, elle sent toutes ses émotions. Elle sent quand il a peur, quand il est tendu, quand il est stressé car il faut fuir. Ses petites jambes ont alors du mal à suivre. Beyrouth, 1983. Des pluies d'obus ou de tirs, imprévisibles. L'instant c'est la vie dans ce chaos. Avec ses parents, ils n'habitent plus dans leur appartement. Mais dans celui que des amis absents leur ont prêté.



"Les seuls moments où j'ai un peu peur, c'est quand il faut s'arrêter devant les soldats. Ils font des gestes des bras et des mains pour dire si on peut passer ou s'il faut s'arrêter. Ils arrêtent les gens pour leur poser des questions que je ne comprends pas bien. Ils demandent souvent où on va et je ne vois pas bien ce que ça peut bien avoir comme importance. Ils demandent aussi les papiers d'identité et ça non plus je ne comprends pas bien pourquoi. Je ne vois pas ce que ça peut bien leur faire, de savoir comment on s'appelle et quand on est né. Parfois ils crient sur mon géant et il n'y a rien que je déteste plus au monde, qu'on crie sur mon père."



"Une fois en route, je me retournais souvent pour voir si elle avait peur, mais elle restait calme, comme d'habitude, et me souriait de temps en temps. A mi-chemin de la maison, je lui ai dit que le marchand de glaces était sûrement fermé à cette heure-ci. Demain on irait tous les quatre prendre un gros cornet de glace italienne au bord de la mer. Elle n'a pas insisté. Elle n'a pas répondu. Après une énorme détonation, je l'ai vue dans le rétroviseur, toujours calme, les deux mains sur les oreilles."



Une petite fille et son père que l'on va suivre pendant une trentaine d'années. Entre le Liban et la France. Séparés mais finalement connectés l'un à l'autre, chacun dans leur solitude. Quand les choses deviennent trop insupportables au Liban, le père décide d'envoyer sa femme et sa fille à Paris. Pour leur assurer un avenir meilleur. Lui, il est journaliste, écrivain, poète. Quelque chose comme cela. La petite fille grandit. Déjà au Liban, elle se sentait différente. Très introvertie, elle reste à l'écart dans la cour de l'école. En France, elle déteste qu'on lui pose plein de question et qu'on la prenne en pitié.



"Les différents sont encore plus seuls à Paris qu'à Beyrouth. (...) J'ai passé six mois à me dire que je voulais rentrer. Je sais que je ne risque rien ici, il 'y a pas de guerre, je suis en sécurité et c'est déjà pas mal. Je suis grande, je comprends très bien ces chose-là (...). Peut-être qu'un jour viendra, si je reste ici, où je me serais si bien habituée que je prlerai aussi bien français qu'arabe. Peut-être même que mon français, qui est déjà meilleur à l'écrit que celui de mes camarades de classe, évoluera jusqu'à commener à grignoter ma langue maternelle. Dans quelques années, je me mettrai peut-être à rêver en français. Je suppose que mon accent va vite disparaître(...)".



Elle se lie d'amitié avec une fille qui affiche toujours un sourire était cousu sur son visage. Les deux solitudes se lient d'amitié. Mais finalement, il y a un tel gouffre destructeur...



Dima Abdallah parle d'enfance en ruines, de solitude, de différence, de liberté, celle de rester qui on est quitte à ne pas rentrer dans le moule, mais aussi de souffrance, de cette souffrance justement d'être en rupture de ban. de déracinement. Elle parle aussi de relation père-fille. de paternité. de regrets. de l'inquiétude d'être père dans un pays en guerre et puis d'être père d'une jeune femme exilé et qu'il sait fragile. Une histoire de déchirure sans fin.



C'est un magnifique roman, écrit comme une partition de musique. Car oui, il y un rythme, une musique dans la plume de Dima Abdhallah. Un roman douloureux mais aussi sensuel où l'odeur du jasmin et la marjolaine qui vous ramènent au pays.



Lien : http://milleetunelecturesdem..
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Ce livre est un traité de jardinage, mais il s'agit du jardinage de l'âme.
L'auteur nous entraîne dans une relation père-fille qui s'étale sur une quarantaine d'année, qui part de Beyrouth pour aller à Paris et qui s'exprime alternativement par la voix de la fille et celle du père.
La fille est née au début du conflit au Liban. Nous la découvrons, âgée de 6 ans et plongée dans le chaos d'une ville ravagée. le père se tient debout face aux événements et lutte pour préserver son intégrité, sa dignité.
Dans cette relation forte entre père et fille, il y a une double attraction qui court sur tout le récit. La fille cherche à préserver son père de sa peur en se fermant à double tour. le père cherche à protéger sa fille en simulant une vie normale dans un monde fou.
Rarement, le sentiment d'angoisse et de mal être a été aussi bien rendu. Ce qui ne rend pas la lecture facile même si le texte est servi par un style fluide, direct et concis.
L'amour des plantes revient très régulièrement et compose une musique lancinante qui sert de fond à ce récit. Cette métaphore filée souligne en pointillés la difficulté à faire grandir cette relation père-fille sans la détruire, à l'accompagner dans le temps, même s'il faut pour cela soigner les mauvaises herbes.
C'est une histoire poignante et sincère, portée par une auteure, Dima Abdallah, qui a su traduire des douleurs profondes et les faire affleurer dans son texte, sans brutalité.
Je recommande ce livre difficile, quelquefois hermétique, mais qui approche de très près la réalité de ces vies déchirées par le conflit du Liban. Un livre qui n'oublie pas de convoquer la poésie pour redonner du sens à un monde qui s'égare. Un livre sur les adventices, « ces hôtes de lieux incongrus, ces hôtes que personne n'a voulus, qui dérangent mais s'en moquent bien et n'en finissent pas de pousser ».
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Magnifique roman à deux voix, le père et la fille, de l'enfance à l'âge adulte. A Beyrouth sur fond de guerre civile, puis entre Paris et Beyrouth ; la guerre ici n'est qu'une toile de fond. Histoire d'amour père-fille qui n'arrivent pas à communiquer et se parlent donc de plantes dans leurs lettres; sensation commune d'étrangeté au monde, de décalage, de non-appartenance à un groupe ethnique, religieux, géographique. Une très belle écriture poétique, un coup de coeur.
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Livre très bien écrit, mais les aller/retour entre les 2 protagonistes n'a pas réussi à m'entrainer dans le voyage. Si l'émotion recherchée était visible, elle ne m'a pas touché suffisamment. Ce n'est pas un livre pour moi mais je pense qu'il peut trouver son public car une vraie qualité d'écriture.
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Dima Abdallah signe avec cet ouvrage un hommage bouleversant à son père. Ce premier roman livre avant tout ses souffrances d'enfant, une enfant « en marge » à l'école et celles d'un homme, son père de plus en plus « isolé » resté au pays. le livre est partagé entre elle et lui, entre la France et le Liban, entre souvenirs et travail de mémoire. Aujourd'hui, c'est Dima qui tient une petite main et les mauvaises herbes sont ici promesses d'un meilleur lendemain. J'ai vraiment apprécié cette lecture pour le témoignage de l'enfant et de ses angoisses comme pour la valorisation du droit à la différence. Pour le reste, l'actualité récente du Liban et la corruption généralisée reculent certainement l'heure où « on sera peut-être assez en paix pour que les mots de chaque langue occupent le même nombre d'emplacements, le même espace dans la tête, assez en paix pour que le partage soit équitable ».
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Je viens de découvrir grâce à vous « Mauvaises Herbes » de Dima Abdallah, premier roman de cette auteure.
Dima Abdallah nous dresse un magnifique portrait d'une fillette élevée à Beyrouth pendant la guerre civile, dans le bruit, la peur, les déménagements successifs, les massacres, les corps mutilés et morts sur la route, les barrages quotidiens.
Son refuge, c'est son père, un géant aux mains rassurantes, et les plantes qu'ils cultivent de balcon en balcon, de maison en maison.
La mère et le petit frère sont en retrait. L'auteure accentue le récit sur la relation entre ce père et sa fille.
A 13 ans, elle part vivre à Paris, fuyant son pays dévasté et dangereux. Seul le père reste à Beyrouth.
Elle se construira d'après son passé, son enfance, ses rêves et ses cauchemars, et deviendra mère à son tour.
Les rapports entre le père absent et sa fille vivant au loin sont admirablement retranscrits, avec un parallélisme de sentiments, d'émotions, de non-dits. L'amour entre les 2 protagonistes est évident, leur lien très fort malgré l'absence de paroles. Ils se comprennent ainsi.

Sans être complètement autobiographique, cette autofiction est si bien construite qu'il n'y a aucun doute possible sur le fait que l'auteure relate tout un pan de sa vie. En effet, Dima Abdallah est née au Liban en 1977, et vit à Paris depuis 1989.
Un premier roman réussi, que je recommande vivement, et qui représente un vrai coup de coeur pour moi. Une auteure à suivre.
Merci pour cette découverte.
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C est d une poésie....melancolique. c est beau et terrible à la fois!
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