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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Roman graphique dédié à la mémoire de son grand-père Chahine, Zeina Abirached nous raconte l'histoire d'Abdellah Kamanja qui a passé 10 ans de sa vie à trouver comment faire pour entendre le quart de ton sans changer ni l'aspect du clavier ni celui du piano. Grâce à cette technique, le piano devient bilingue (jouer avec les mains et un pied) belle métaphore s'il en est pour parler également de double culture, de pont entre les langues, des traductions parfois hasardeuses mais tellement drôles sous le coup de crayon de Zeinab. L'histoire se déroule à Beyrouth en 1959 et parallèlement, la petite Zeina nous raconte comment elle vacille entre le français (sa langue refuge) et l'arabe (langue de violence au Liban). Il y a parmi les dessins, cette phrase magnifique et poétique : "Etre un piano oriental c'est ouvrir une fenêtre à Paris et s'attendre à voir la mer" Et pour parler de sa double langue : "Un piano oriental... cette étrange juxtaposition de deux visions du monde que rien ne semble pouvoir lier, sa musique double, le son léger du déhanchement inattendu d'une note au milieu d'une phrase. Je les porte en moi."
Merci Zeina de m'avoir conseillé la lecture de votre ouvrage lors de notre rencontre au salon du livre maghréb. J'en ai compris et aimé sa double et merveilleuse histoire !
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toujours super fan de Zeîna Abi Rached, de ses dessins en noir et blanc qui croque si bien l'histoire du Liban, sa vie quotidienne, son histoire, avec beaucoup de tendresse... C'est un peu décousu,
mais le récit est très touchant avec le jeu des deux temporalités (celle de son aïeul et la sienne), des deux cultures (française et libanaise). J'adore !!!
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Piano

En petit format (j'ai lu l'édition à 10 euros), paradoxalement, l'oeuvre de Zeina Abirached n'est pas d'une accessibilité immédiate. le trait de l'autrice, qui déjà n'est pas particulièrement élaboré, assez enfantin même, paraît comme compressé dans un livre trop petit pour lui.

Crescendo

Pourtant, c'est une oeuvre d'une grande poésie. Dès le début de la BD, j'ai apprécié la qualité de son écriture, d'une grande rareté. A cela s'ajoute la beauté de la composition en noir et blanc. C'est alors le dé-clic. Les figures de Zeina Abirached, d'apparences simples, sont en fait associés pour créer des ensembles riches et complexes. Ainsi, si le découpage peut parfois paraître redondant, d'où une certaine pesanteur, il est finalement contrebalancé par la maestria de la composition, qui monte en puissance : répétition des motifs, des mots, des onomatopées, des notes de musique... qui tapissent parfois le fond des décors, géométrie des formes dans un style persan ou années 60, jeu sur les marges et disparition progressive des contours des cases, des frontières, pleines pages, gros plans parfois radicaux, schémas et cheminements pointillés qui contrastent avec la musicalité de l'oeuvre...

Allegro

J'avoue, Zeina Abirached a su me toucher au coeur plusieurs fois, dans ce récit polyphonique, évoquant son aïeul musicien, l'invention du piano oriental, mais aussi son propre bilinguisme (français et arabe libanais) : « je tricote depuis l'enfance une langue faite de deux fils fragiles et précieux » (citation extraite d'une double page du centre de l'album, mêlant auto-représentation, calligraphie arabe, police Times sur fond uni de « clic » noir et blanc). Et ce chiasme, ce déhanchement permanent pourrait-on dire, est repris allègrement dans cet art si élégant et personnel qui est celui de Zeina Abirached, dénué de pathos mais avec une profondeur aiguë.

Forte
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Zeina Abirached, BD le piano oriental,
Je recommande cet album qui fait l'éloge des échanges culturels entre le Liban et l‘Europe, via les voyages du pianiste inventeur Victor Abdallah, de son jumeau Ernest au service de l'amour et des livres, et de Zeina elle-même, artiste graphique qui construit un pont Beyrouth - Paris - et ... Paris Beyrouth.
A l'origine de ces pérégrinations diverses, la musique du pianiste soucieux d'établir un dialogue entre l'Orient et l'Occident, avec un piano « bilingue », aux cordes modifiées, qui anticipe des innovations de John Cage par exemple.
Avec l'odyssée du pianiste, c'est le thème des espoirs et illusions, si fréquent dans les romans de Charif Madjalani.
Pour être complet, il faudrait examiner une insatiable « soif d'ailleurs » qui anime successivement les membres de la famille dont Zeina se fait la mémorialiste attentive, affectueuse et ironique.
- La musique naît-elle des bruits du quotidien, du craquements des chaussures neuves du pianiste sur le départ ? Ce serait la portée musicale originelle.
- L'illustration du récit vient-elle des motifs ornementaux libanais et des portraits de famille, figés par la tradition ? Assurément.
Chacun a ses raisons de partir, et aussi de garder l'empreinte du pays d'origine, ce que rappellent les vignettes de fenêtres de Beyrouth puis d'un Paris renouvelé par l'imagination :
« être un piano oriental, c'est ouvrir une fenêtre à Paris et s'attendre à voir la mer ».
L'humour s'exerce en permanence à l'occasion des visites rituelles chez le tailleur et dans les échoppes de lingerie fine, sur les conversations stéréotypées et les réunions de famille.
Zeina Abirached a hérité de Georges Pérec le goût des listes (« j'aime, j'aime pas ») et des accumulations, des cartes géographiques aux points de repère fixés par les passions obsessionnelles : Victor connaît Beyrouth par la localisation des pianos qu'il répare, Ernest, par ses conquêtes amoureuses et ses lectures, etc.
Le métissage est une richesse à entretenir et à cultiver. Il en résulte, pour notre plus grand plaisir, cet album original, un bel hommage à la musique, à la littérature, et au graphisme à la fois précis, sage et exubérant.
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Pourquoi ai-je attendu si longtemps pour lire cette merveille ???
Le piano oriental raconte en parallèle la vie du grand-père de l'auteur en se concentrant sur un évènement précis, l'invention d'un piano bien particulier et celle de l'auteur elle-même, entre le Liban et la France. Au carrefour entre Orient et Occident, entre langue arabe et langue française, ce bijou de poésie, de douceur et de sensibilité a fait écho chez moi au message d'Amin Maalouf dans Les identités meurtrières sur la chance et le rôle des individus à la croisée de différentes cultures et sur la place de l'apprentissage des langues dans un combat pour la paix et la tolérance. Grand coup de coeur !
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Comment transformer la musique en mots, les mots en musique. Comment faire du beatbox avec des bulles de bande dessinée… Bienvenue dans le monde du Piano Oriental où vous lirez ce que vous entendrez, et vous entendrez ce que vous lirez.

Lien : http://www.startingbooks.com..
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A travers l'histoire du piano oriental, c'est le thème des ponts entre les langues -le français et l'arabe- que Zeina Abirached aborde. On comprend à travers son récit à quel point l'identité passe par l'appartenance à une langue, la façon dont on se l'approprie et ce qu'elle dit de nous. J'ai été très touchée de la voir parfois perdue au début du récit, hésitante et incertaine, et j'ai adoré découvrir la comparaison entre les deux langues, la façon dont elle les utilisait et les tics de langage qu'elle avait parfois. Elle raconte ainsi l'histoire des personnes bilingues, partagés entre deux cultures, qui ont deux façons de s'exprimer et essayent de trouver leur place dans ce meli-melo, de se sentir « chez eux ». le Piano oriental est donc une bande-dessinée que je vous recommande très, très chaleureusement. J'ai tout aimé dans ce livre et y ai trouvé beaucoup d'émotion, d'intensité et de sincérité. Ne passez pas à côté !
Lien : http://ulostcontrol.com/le-p..
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Je découvre ici un auteur que je ne connaissais que de nom. Et cet album est une merveille.
Un pont entre Orient et Occident, entre Beyrouth et Paris ou Vienne, entre les langues, les cultures, les générations.
Tout est musique, rythme. le dessin en noir et blanc répond aux touches du clavier et on se balade entre ces pages porté par les pas d'Abdallah, les chemins parcourus à travers la ville ou au fil des voyages. Les danses sont nombreuses et le lecteur ne cesse de tourner, bouger, regarder à droite et à gauche, suivre les multiples mouvements qui font de cette bande dessinée une fête constante.
Ce livre est rempli de bonheur, d'espoir, d'humour, de douceur, de curiosité, de regard vers les autres et porte une belle parole face à notre triste actualité pleine d'intolérance.
Une fois encore merci à Babelio pour les opérations Masse critique qui m'ont permis tant de belles découvertes et merci pour cet envoi des éditions Casterman.
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Abdallah Kamanja, l'arrière-grand-père de l'autrice, était un homme joyeux. Son coeur battait au rythme de l'allegro et sa tête résonnait de musique orientale.

Jeune homme dans les années 60, il avait un rêve : pouvoir jouer au piano les mélodies qu'il affectionne tant. Or sur le piano, l'intervalle entre deux touches correspond à un demi-ton alors que le plus petit écart entre deux notes dans la musique orientale est le quart de ton.

Cela lui prit des années pour arriver à réaliser son rêve de rapprochement entre musique d'orient et d'occident. Mais il ne réussit jamais à commercialiser son piano.

Dans le même temps du récit, Zeïna Abirached raconte son enfance à Beyrouth, son exil en France dans les années 80.

Elle fait un parallèle entre ses difficultés à naviguer enfant entre la langue française et la langue arabe et la volonté de son ancêtre de relier les musique orientale et occidentale.

Au delà de l'histoire qui m'a intéressée, j'ai trouvé la construction de cet album originale et dépaysante.

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Le piano oriental est une histoire de pont(s) entre l'Orient et l'Occident. Celle d'abord d'Abdallah Kamanja, employé de bureau mélomane qui rêve de réunir les sons de l'Occident à ceux de l'Orient. A force d'essais, de démontage de piano et de réflexions, il parvient à inventer un « piano oriental » : la manipulation d'une pédale d'un piano droit classique, en décalant les cordes, permet de jouer les quarts de ton de la musique orientale. Une invention qui lui vaut d'être convié à Vienne par Hofman. le voilà donc en partance pour un voyage vers le pays de la musique, en compagnie de son fidèle ami Victor.
Mais le piano oriental, c'est aussi une autre histoire de sons, celle des langues qui ont façonné Zeïna Abirached : le français et l'arabe. Née à Beyrouth en pleine guerre civile libanaise, Zeïna grandit entre l'arabe, la langue de son pays, et le français, langue chérie par son grand-père traducteur et qu'il a appris à ses enfants.
C'est en quittant son Liban natal pour s'installer en France que Zeïna prend conscience de la langue qui est la sienne. Elle n'a pas de nom mais elle est une évidence :
"Je me suis rendue compte que le français et l'arabe sont intimement liés en moi, inextricables, le français et l'arabe sont ma langue.
Je tricote depuis l'enfance une langue faite de deux fils fragiles et précieux."
Zeïna Abirached signe avec ce roman graphique aux histoires croisées un petit bijou, touchant et plein d'humour. J'avais déjà été conquise par son trait aux noirs profonds et aux arabesques orientales avec Mourir partir revenir. le jeu des hirondelles édité chez Cambourakis (puis j'avais tout lu d'elle). Il est encore plus abouti ici – le noir et blanc du piano lui offrant en plus l'occasion de jolis délires graphiques. On y retrouve la touche d'humour déjà présent dans le jeu des hirondelles ou 38, rue Youssef Semaani avec ses personnages hauts en couleurs et attachants et il se dégage du Piano oriental une vraie émotion. La quête musicale d'Abdallah – la tête toujours les notes et chantonnant sans cesse, vrai passionné de musique – est touchante par son désir de lier musique classique européenne et musique orientale. Il est constamment habité par les deux et son piano oriental prouve qu'elles peuvent s'entendre et cohabiter. Belle métaphore s'il en est. J'ai été particulièrement touchée par les langues tissées de Zeïna Abirached et la découverte petit à petit que la sienne est celle qu'elle s'est construite, entre l'arabe et le français, et tout ce qu'elle porte (une manière d'appréhender le monde). le piano oriental a forcément trouvé un écho particulier en moi qui suis née à 10 000 km d'ici, avec la mer pour horizon et ai grandi dans le français et la langue créole. Cette dernière est ancrée en moi pour toujours, surgissant parfois dans une expression, un mot.
Lien : https://31rstfloor.wordpress..
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