La fiancée

J'ai généralement une position de bienveillance vis à vis de tout ouvrage qui traite de la résistance en France durant la Seconde Guerre Mondiale contre l'inique gouvernement de Vichy à la solde des nazis.

Cela nous montre également qu'un gouvernement de type nationaliste est capable de faire des choses absolument misérables au nom d'une haine raciale qui va au-delà des frontières. De Gaulle et Pétain, ce n'est pas vraiment la même chose comme on voudrait nous le faire croire en revisitant L Histoire. Il n'y a pas de bouclier et d'épée, n'en déplaise à certains polémistes éditionnalistes nationalistes.

Cette BD raconte l'histoire de jeunes gens à peine sortis de l'adolescence qui vont s'organiser et militer afin de tenir tête à la fois contre l'occupant allemand et le régime de Vichy du maréchal Pétain. Il y a incontestablement des valeurs de partage et de fraternité mais surtout beaucoup de courage dans les actes face à l'oppression. Je serai toujours admiratif vis à vis de ces personnes.

On intéressera plus particulièrement à la fiancée de Guy Moquet, ce garçon qui n'avait que 17 ans lorsqu'il a été fusillé le 22 octobre 1941 avec 26 autres prisonniers en représailles. C'est un jeune héros de la résistance française dont sa lettre d'adieu est resté célèbre par ses mots : « Ma petite maman chérie, mon tout petit frère adoré, mon petit papa aimé, Je vais mourir ! […] Certes j'aurais voulu vivre, mais ce que je souhaite de tout mon coeur c'est que ma mort serve à quelque chose. […] ma vie a été courte, je n'ai aucun regret si ce n'est de vous quitter tous. […] en vous embrassant de tout mon coeur d'enfant. Courage !». Comment ne pas être bouleversé par ces mots qui raisonnent encore dans ma tête ?

Odette Nilès ne fut pas seulement la petite fiancée de Guy Moquet dont elle a partagé la vie au camp de Choisel, à Châteaubriant, et qu'elle a vu partir à la mort avec ses camarades. C'était une vraie résistante qui a été arrêté car elle participait à une manifestation contre l'occupant. Elle révèle des facettes inconnues du jeune rebelle et des anecdotes assez émouvantes.

La BD est bien construite dans l'ensemble. On observera une narration claire qui ne fait pas dans le superflu ainsi qu'un dessin sobre et expressif à l'aquarelle. A noter également une excellente préface de l'auteure Gwenaëlle Abolivier.

Bref, c'est une biographie sur une femme âgée aujourd'hui de 98 ans. C'est un récit poignant qu'il faut garder en exemple en transmettant le flambeau de la mémoire. C'est quand même assez indispensable pour construire notre futur.

Au-delà de la tragique destinée de Guy Moquet et d'un amour naissant brisé pour Odette Nilès, ainsi que des souffrances qu'ils ont endurées durant leur emprisonnement, leur histoire, insérée dans celle de la guerre et de l'occupation en France, ce roman graphique illustre les tristes comportements de collaboration de trop de français, particulièrement ceux qui portaient un uniforme et affichaient à travers lui leur soutien à un régime et à une idéologie parmi les pires.

Ces collaborateurs, terme bien insuffisant pour qualifier leur trahison de la France, leur soumission à l'ennemi motivée par à savoir quelles motivations, et surtout leur comportement inhumain à l'égard des civils, résistants, communistes ou autres, qu'importe, restent de bien tristes protagonistes de cette période douloureuse.

Les héros sont ailleurs, ici Odette Nilès, Guy Moquet et leurs compagnons, jeunes, pleins d'idéaux, acceptant de mourir courageusement, fidèles à leur patrie. Comme l'a dit Malraux dans son discours pour Jean Moulin, ils sont, avec tous ceux qui sont tombés, le visage de la France, que la jeunesse du XXIe siècle doit continuer de regarder

Dans la préface de son roman graphique « La fiancée » Gwenaëlle Abolivier explique comment, après avoir rencontré Odette Nilès, la fiancée de Guy Môquet, elle a décidé de raconter la tragédie des 27 résistants exécutés le 22 octobre 1941, du point de vue de cette dernière, aujourd'hui âgée de 98 ans, toujours déterminée, révoltée et qui a su garder sa jeunesse d'esprit malgré les épreuves.
L'autrice, journaliste à France Inter pendant 20 ans a découvert la carrière des fusillés de Châteaubriant lors d'un de ses reportages.
Pour commémorer ce triste anniversaire (80 ans le 22 octobre2021), Guenaëlle Abolivier s'allie à l'illustrateur Eddy Vaccaro pour nous offrir un émouvant roman graphique.
Les aquarelles d'Eddy Vaccaro apportent beaucoup de délicatesse au texte, certes l'histoire est tragique mais il ressort de la légèreté et même un peu de joie dans ce récit d'un moment de vie de très jeunes gens : Guy Môquet et Odette Nilès n'avaient que 17 ans.
Eddy Vaccaro a choisi le gris pour le moment présent, celui où Odette raconte, et des couleurs douces pour l'année 1941, il en ressort une atmosphère pleine de sensibilité pour cette courte histoire d'amour.
Odette, issue d'une famille communiste, participe très jeune à des actes de Résistance (distributions de tracts ) et à des manifestations contre l'occupant qui entraînent son arrestation. Condamnée à mort, elle est finalement emprisonnée au dépôt de la préfecture avec des prostituées, puis à la prison de la Roquette et enfin à Châteaubriant au camp d'enfermement de Choisel .
C'est là qu'elle rencontre Guy Môquet, à la barrière qui sépare les hommes des femmes dans le camp, le coup de foudre a lieu entre les 2 jeunes gens.
Guy Môquet, militant aux Jeunesses Communistes, avait été arrêté en octobre 1940 suite à une lettre de dénonciation.
Le 20 octobre 1941, un responsable allemand est tué à Nantes, les allemands décident alors de tuer 50 otages en représailles. Guy Môquet et 26 de ses camarades du camp de Choisel seront fusillés le 22 octobre.
Avant, on leur permet d'écrire à leurs proches. Guy Môquet écrit sa lettre, bien connue maintenant, à ses parents et à son frère mais aussi une lettre à Odette qu'elle conservera toute sa vie. Petite surprise à la fin du livre, surprise que j'ai adorée !
J'ai beaucoup aimé ce partage des souvenirs d'Odette transmis avec beaucoup de pudeur, cette histoire dans L Histoire.
Odette Nilès est présidente de l'Amicale de Châteaubriant. Sa petite fille Carine Picard Nilès l'aide à entretenir cette mémoire.
Au-delà de cette histoire, l'autrice nous montre la solidarité des détenus ainsi que l'importance du rôle des femmes dans la Résistance alors que la société de l'époque ne leur conférait pas une très grande place, qu'elles n'avaient pas encore le droit de vote et que la majorité des métiers et des actions et décisions leur étaient interdites.
Je remercie chaleureusement Babelio et les Editions Soleil pour l'envoi de ce beau cadeau à l'occasion d'un concours.

Cette histoire raconte les actes de résistance d'hommes et de femmes pendant la seconde guerre mondiale. Odette Nilès était la petite fiancée de Guy Môquet, ils se rencontrèrent au camp d'internement de Choisel à Châteaubriant.
Les dessins et les dialogues collent au plus proche de la réalité narrée par Odette. L'amour naissant entre ces deux adolescents de 17 ans est tendre et émouvant. Ils avaient toute la vie devant eux et des rêves en grand. Rêve d'un monde plus juste, rêve d'un monde libre, d'un monde en paix.
Guy Môquet sera fusillé le 22 octobre 1941 à la carrière de Châteaubriant avec 26 autres compagnons. Sa dernière lettre à sa famille, à ses amis, son billet doux pour Odette donnent des frissons. On croirait le connaître Guy. Il est un frère, un fils, un amoureux. Il est l'avenir.

Cette histoire résonne dans notre actualité. En Ukraine, à Hong Kong, en Chine, en Biélorussie, aux États-Unis, en Birmanie, partout les hommes et les femmes se battent contre des autocrates, des dictateurs, des impérialistes, des hommes qui voudraient éradiquer la libre disposition d'être soi, qui voudraient empêcher leurs voisins de continuer à écrire leur propre histoire, leur histoire vraie et forte.

Cette BD en touches sépia et traits fragiles me touche. Mes enfant sont allés et l'une va encore au lycée Guy Môquet de Châteaubriant pour sa dernière année de lycée. Alors quand j'ai vu passer une critique sur Babelio je n'ai pas pu m'empêcher de la lire. Je l'offrirai à l'un de mes enfants, elle fera le tour de la famille. Il faut partager ce passé, ces actes de bravoure pour notre liberté, il ne faut pas oublier Guy Môquet et tous ses amis. Odette n'a jamais oublié.

"Il n'y a pas un jour où je ne pense pas aux copains, Tintin , Charles, Guy et les autres. J'avais beaucoup d'amour pour mes camarades, que je considérais comme mes frères, c'était il y a quatre-vingt ans..."

Merci à Gwenaëlle Abolivier et Eddy Vaccaro pour cet hommage raconté du point de vue d'Odette. "Raconter, c'est résister".

La Fiancée est un témoignage sur la situation des communistes français pendant la seconde guerre mondiale. Odette Nilès, cette “fiancée” est un jeune fille de famille de communistes qui était la petite amie de Guy Moquet dans le camp de prisonniers De Chateaubriand. Guy Moquet fait partie du groupe de prisonniers politiques qui ont été fusillés en représailles d'un attentat de la Résistance contre l'occupant.
Le récit de cet enfermement sans jugement dans ce camp est raconté avec beaucoup de pudeur et de simplicité. le graphisme est simple, un trait épuré et vite ébauché rehaussé d'aquarelle, sans fioriture ou grandiloquence, aussi juste et réel qu'il le faut.
Le ton est celui du témoignage, celui d'une femme qui avait quinze an au début de cette histoire, parfois incrédule devant l'horreur et la saloperie. On découvre les conditions de détention, la vie dans ce camp, on découvre aussi des personnages intègres, qui évoluent dans cette situation inconfortable et injuste. Ce récit est touchant, et même bouleversant, l'absence d'emphase rend ce témoignage encore plus réel, simplement comme une vérité qu'il faut connaître.
Oui, sous Pétain on pendait un gamin de 17 ans pour ses idées, et ne parlons pas du cas des juifs. Que certains pensent encore en 2022 à nous faire croire que Pétain était un bienfaiteur, je trouve cela absolument immonde. Que d'autres puissent traiter les médias actuels de “collabos” devraient d'abord se renseigner sur ce qu'est vraiment un collabo. En fait, à ceux-là, j'ai envie de leur dire, ouvrez des livres, des vrais, comme celui-ci et arrêtez d'être c...
Un témoignage à lire…