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Citations sur En attendant Eden (24)

Eden ignorait qu’il rappelait à Gabe ses amis, des gars d’une autre guerre, au cours de laquelle il avait commencé à apprendre à réparer les hommes. Pas par des réparations permanentes, mais par des petits rafistolages qui achetaient à l’homme le temps dont il avait besoin pour embarquer dans un hélicoptère et s’envoler vers un lieu où les vraies réparations pourraient se faire. Dans sa guerre, Gabe avait appris presque tout ce qu’il y avait à savoir sur comment acheter du temps à un corps démoli. Massage cardiaque, agent coagulant, garrot, intubation nasotrachéale, tout ce vocabulaire des instants sauvegardés. Au fil des années de la guerre de Gabe, et plus tard, il avait vu les minutes qu’il avait achetées pour ses amis se transformer en des peines de trop nombreuses heures, trop nombreux jours, trop nombreux mois. Il ne tarda pas à apprendre qu’en matière de temps l’ennemi n’était pas le manque, c’était l’excès. Parce qu’au bout du compte, c’était le temps qui transformait les fractures de tous ses amis en cassures. Et pour ses amis, les moments compris entre leur sauvetage et leur fin devenaient une liste de tourments causés par lui.
Désormais, tout ce que Gabe espérait offrir, c’était de la rapidité.
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«  Il voulait être comme ce policier.
Il sentait la sueur qui s’évacuait de lui alors qu’il était allongé là, les pincements de douleur dans ses plaies ouvertes autour du cou et sur ses flancs, et le drap qui se mouillait et lui collait au dos, et puis aussi son cœur qui tambourinait contre les parois de sa cage thoracique, trop grand et trop puissant pour simplement mourir. Il avait l’impression que son cœur l’enterrait, le martelait pour l’enfoncer de plus en plus profondément dans son lit , tellement profondément qu’au bout du compte les draps finiraient par l’envelopper, pour se refermer imperceptiblement au- dessus de sa tête comme un sable mouvant » ....
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La chair du jeune gars était tendue et boursouflée au niveau des jambes et des hanches. La vieille infirmière posa ses mains sur lui à cet endroit. Il était encore chaud et elle sentit une plénitude qui glougloutait comme une bouillotte. Des pas remontèrent la rampe du C-17, un unique secouriste. Garée derrière lui, une ambulance normale. — Sacré boulot, vous deux, dit-il. (Puis il décrocha un Motorola de sa ceinture et l’agita à leur attention.) Ça fait cinq minutes qu’ils volent et il est toujours stable. Vous voulez qu’on charge votre autre type ?"
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Et le peu de lui qui était encore là, eh bien, il était difficile de dire que c'était lui. Il avait un esprit, c'est sûr, mais cet esprit était désormais comme un puzzle dont on aurait encore coupé les pièces. Des pièces dans les pièces.
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Peut-être que le corps était mieux à même de décider que la médecine.
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Entre leurs tournées, les médecins et infirmières plus âgés parlaient à voix basse du gars du quatrième étage si grièvement brûlé que c’était un miracle qu’il eût survécu. Ils parlaient toujours vite quand ils parlaient de lui, murmurant au-dessus de leurs cafés, serrés les uns contre les autres dans un ascenseur. Ils disaient toujours la même chose : c’était le gars le plus grièvement brûlé des deux guerres réunies, je suis pas sûr que je voudrais qu’on me garde en vie dans cet état, ce n’est qu’une question de temps. Ces mots-là, ils les disaient tous : une question de temps. Et nom de Dieu comme c’était vrai. Pour mon ami, c’était une question de jours, de semaines, de mois, d’années, à rester allongé dans ce lit sans avoir le droit de mourir.
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Une bouffée d’angoisse l’envahit, explosa puis se répandit comme une onde de néant silencieuse. Car il n’y avait rien qu’il eut envie de voir ni rien qu’il eut envie d’entendre. S’il avait pu entendre, les infirmières lui auraient dit qu’il était aveugle. S’il avait pu voir, les infirmières auraient écrit un mot pour l’informer qu’il était sourd. Je n’aurais pas peur, se promit-il. Je serai plus grand que tout le monde. Je serai mort. Je serai sur cette terre plus proche de la mort que quiconque, et je saurai ce que seuls savent les morts. C’est quelque chose, pensa-t-il, que de savoir ce que seuls savent les morts. Et qu’est-ce donc ? Tout ce qu’ils savent, c’est que jadis ils vécurent, et qu’ils ne sont morts que pour cette seule raison.
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Il la touchait autant qu'il le pouvait, il lisait Mary comme du braille.
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Elle n’avait qu’à le laisser.  
Toute la souffrance cesserait. Personne ne saurait que c’était elle qui avait fait cela. Et que tuerait-elle ? La masse de chair qui se trouvait devant elle n’était pas un époux, ce n’était certainement pas le célèbre BASE Jump, tout cela avait pris fin en un éclair trois ans auparavant sur une route dans la vallée du Hamrin. Elle n’était même pas sûre que le fait de laisser ce téléphone ici pouvait s’appeler tuer. Les événements en cours suivraient tout simplement leur cours.
Mais elle ne le pouvait pas.
Si elle avait eu en elle ce qu’il fallait pour ça, elle l’aurait fait depuis longtemps. Alors elle se leva, lissa le devant de son chemisier et prit quelques respirations.
— D’accord, dit-elle en le haïssant de cette haine hachée que l’on réserve aux personnes que l’on aime réellement.
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Sur la voie rapide, tout était silencieux. Les lignes discontinues délimitant les voies filaient vers elles en une pulsation saccadée, réfléchissant la lumière de leurs phares. Les panneaux vert et blanc de l’autoroute passaient au-dessus d’elles, en un rythme apaisant comme des vagues qui se brisent. Mary pensait à son époux, et au mot imminent, et peut-être que quand ce serait fini, quand il ne serait plus là, les choses pourraient s’améliorer pour elle et la fillette.
Elles recommenceraient, et ce serait une bonne chose.
La mort de son époux serait une bonne chose.
Elle sentit l’infidélité de cette pensée passer entre ses jambes puis remonter dans son ventre d’une manière qu’elle avait, je le savais, déjà ressentie au moins une fois auparavant.
 
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