Incroyable relecture du chef-d'oeuvre de
Mary Shelley (il en fait même l'un des personnages de son roman) publié en 1818, que d'aucuns considèrent comme un des premiers romans de science-fiction, le livre de
Peter Ackroyd nous plonge dans la psychologie de plus en plus torturée du célèbre docteur. Comme dans l'oeuvre originale, le narrateur c'est Victor Frankenstein lui-même. Mais au lieu de le cantonner à sa Suisse natale, il le fait voyager jusqu'en Angleterre où il rencontrera, outre Percy Shelley, la deuxième femme de celui-ci, Mary,
Lord Byron lui-même, ainsi que le "médecin" personnel de ce dernier,
Polidori.
Si cela vous dit quelque chose, c'est normal. En effet, en 1816, ces quatre personnages réels ont fait un fameux voyage jusqu'en Suisse, à la villa Diodati. C'est dans cette villégiature que
Mary Shelley écrivit la première esquisse de ce qui deviendra son "
Frankenstein, ou le Prométhée moderne" alors que
Polidori, sur une idée originale de Byron, fit naître "
Le Vampire". de l'avis général, ce livre est assez médiocre. Cependant, il inspira presque 80 ans plus tard celui qui deviendra un maître du genre,
Bram Stoker. Sans que cela semble artificiel, Ackroyd ajoute son Frankenstein à cette troupe d'artistes en goguette.
C'est brillant. D'autant que ce roman est servi par une écriture fort agréable à lire, pourtant assez classique mais jamais ampoulée. Eh oui, car de la part de l'auteur, il fallait reprendre la façon d'écrire d'un gentilhomme de ce début du XIXème siècle. le plus étonnant, c'est que
Peter Ackroyd réussit l'exploit de renouveler le personnage mille fois rabâché (par le cinéma notamment) du savant fou, parvenant même à nous surprendre (un peu).