On sort très certainement enrichi de cette lecture du roman de
Kaouther Adimi., "
Nos richesses". L'oeuvre est construite de manière très originale et très forte : on y entend trois voix (celle d'Edmond Charlot l'éditeur, de Ryad l'étudiant et celle "off" d'un narrateur), on y suit trois regards (celui de Charlot le passionné, de Ryad l'ennuyé et celui du passeur de temps), on y vit trois époques (l'Algérie colonisée et des années de guerre, l'Algérie tétanisée de 2017 et l'entre-temps de la voix "off"). le style est précis, sans fioritures mais non sans poésie. Les phrases sont courtes, les images brillantes et évocatrices. Les personnages y sont brossés avec justesse.
Je connais Alger et son histoire mais pas celle de ce passionné qu'était Edmond Charlot. Je connais Camus,
Gide, Roy,
Giono, Saint Ex et d'autres brillants auteurs de la période évoquée. Mais ce concentré de rencontres en la tranquille banalité d'un
journal /carnet de quatre-vingts pages est cependant foisonnant, étonnant. Alger y apparait comme le centre du monde littéraire d'un temps, elle entre en résistance, c'est un personnage à part entière du roman, mais elle vieillit mal, elle peine à gérer ses richesses et sa jeunesse.
Ce présent de fin d'année fut une découverte, je la recommande.