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EAN : 9782757899700
264 pages
Points (18/08/2023)
3.81/5   382 notes
Résumé :
Leïla, Tarek et Saïd grandissent dans un village de l’est de l’Algérie, au début des années 1920. La première, mariée très jeune contre son gré, décide de se séparer et retourne chez ses parents, avec son fils, dans la réprobation générale. Tarek est un berger timide et discret. Saïd, lui, vient d’une famille plus aisée et poursuit des études à l’étranger. Tous deux sont secrètement amoureux de Leïla.

La Seconde Guerre mondiale envoie les hommes au fr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (67) Voir plus Ajouter une critique
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°°° Rentrée littéraire 2022 #43 °°°

Leïla, Tarek, Saïd, tous nés dans un petit village de l'Est algérien, El Zahra. Saïd, le lettré, l'écrivain chéri par une famille favorisé, frère de lait de Tarek, né pauvre, simple berger mais sachant lire et écrire. Et puis Leïla, née femme, forcée d'épouser à treize ans un homme bien plus âgé, mais suffisamment rebelle pour le quitter avec son fils sous le bras puis d'épouser Tarek, à son retour de guerre. Des personnages très romanesques, complexes, qui placent au premier plan la question de la place de l'individu dans le monde, son aspiration à la liberté.

Les destinées de ces trois-là sont ébranlées par la marche de l'Histoire. Ainsi ils traversent les soubresauts de l'histoire algérienne, entre espoir et tragédies. Durant la Deuxième guerre mondiale, Saïd et Tarek sont enrôlés dans des régiments indigènes aux côtés des Alliés, des Frontstalags allemands à la bataille de Montecassino, subissant humiliations et discriminations racistes notamment lorsqu'ils attendent des mois d'être rapatriés en Algérie après la fin de la guerre. Puis c'est la guerre de l'Algérie, Tarek faisant le choix du FLN. Puis l'immigration économique en France : usine, foyer miteux de la Sonacotra ( société créée pour accueillir les travailleurs migrants isolés ) et envoi de mandats à sa famille restée à El Zahra. Et enfin, tous les drames politiques intérieurs, du coup d'Etat mené par Boumédiène pour renverser le président Ben Bella, jusqu'à la terrible guerre civile débutée en 1992. C'est toute l'histoire algérienne que découvre le lecteur mais puissamment incarnée par ceux qui la vivent et la subissent.

Kaouther Adimi relève le pari de proposer une saga familiale, à la fois intimiste et historique, déployée de 1922 à 1992, en seulement 260 pages. Son sens de l'épure et de la justesse du mot lui permettent d'enjamber avec les aisances les années, parfois dans des ellipses temporelles fort longues, sans que le lecteur perdent le sens du récit ou que l'évolution psychologique de ces personnages principaux en pâtissent.

Des trois personnages, celui qui m'a le plus emportée, c'est Tarek, alors que ma sympathie naturelle allait pour Leïla, fatiguée à lutter contre un patriarcat étouffant, usée par les ragots concernant sa vie privée supposée, élevant seule ses enfants avec un mari absent. J'ai d'ailleurs été déstabilisée de ne pas être plus touchée par Leïla.

Tarek, c'est le discret presque insignifiant qui se révèle au fil du récit, c'est celui à qui Kaouther Adimi offre la plus belle évolution psychologique. Lui le taiseux qui subit en silence voit sa vie bouleversée par le tournage du film La bataille d'Alger en 1966. Homme à tout-faire sur le tournage, la rencontre avec le réalisateur italien Gillo Pontecorvo va changer sa vie et la faire bifurquer dans une incroyable villa romaine. Lui le taiseux, toujours en exil, hanté par les guerres auxquelles il a participé, y trouve pour la première fois une accalmie, un refuge, touché par la découverte du Beau, au point de songer à en faire sa thébaïde et ne plus jamais rentrer en Algérie. Lui qui écrit à sa femme inlassablement « Vais bien, mandat suit », se révèle en dictant des messages bouleversants à son magnétophone de poche, jamais envoyés, ayant besoin de garder pour lui cette part de soi.

« Les mots m'ont toujours manqué. J'ai été nourri dans le silence. J'ai pleuré dans le silence. J'ai ri dans le silence. Qu'est-ce que les mots et à qui appartiennent-ils ? Tous les gens que je rencontrais étaient des hommes qui travaillaient pour les autres et qui ne voyaient jamais au-delà de l'effort. Les gens pensent que quand on a fait la guerre et qu'on a survécu, c'est terminé. Moi j'ai fait deux fois la guerre, deux fois je suis rentrée chez moi plein de poussière et je n'arrive pas à m'en débarrasser. Elle est entrée dans ma tête et dans mon coeur. C'est le vent mauvais qui l'apporte, cette fichue poussière qui jamais ne me lâche. (…) Personne ne songe aux nuits où l'on se réveille en sursaut, où l'on regarde sous le lit pour vérifier qu'il n'y a pas de bombe, où la peau se hérisse au moindre bruit. Depuis ma naissance, c'est comme si un vent mauvais soufflait sur moi, m'emportait, me ballottait, me brusquait et jamais ne cessait de siffler à mon oreille, m'épuisant, m'empêchant de penser, de trouver un refuge pour me reposer. Et d'un coup, Rome ! Et soudain la villa du Cardinal ! le vent a cessé. Pour la première fois de ma vie, le silence, seul le silence, me tient compagnie et je m'éveille et me couche dans le calme. (…) Je ne suis plus ce que j'étais ou plutôt c'est le contraire, je suis devenue celui que j'aurais été sans les guerres. »

Le vent mauvais de la guerre, de l'exil, des malheurs, peut parfois se dissiper mais il menace en permanence et peut souffler d'où on ne l'attend pas. La figure de Saïd, plus en retrait que celle de Tarek et Leïla, permet à l'auteur d'aborder une autre thématique dans cette saga pleine de tempérament : celui de la force de la littérature. Dans Nos richesses, Kaouther Adimi montrer comment la littérature peut sauver. Ici, c'est sa force obscure de « vent mauvais » qui est évoquée, apportant de la noirceur au récit. Mais je n'ai pas compris l'ampleur des réactions de Leïla lorsqu'elle découvre que l'aigri Saïd s'est emparé de sa vie pour la coucher sur le papier. Sans doute m'a-t-il manqué quelques pages pour avoir accès à la psychologie de ce personnage. Cette incompréhension a quelque peu freiné mon enthousiasme initial. Mais la magnifique dernière page qui dresse un pont avec le présent m'a reconnectée avec bonheur au récit.
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Au vent mauvais parle-t-il de ce vent venu du désert chargé de poussière rouge contenant des traces des essais nucléaires de la France ou bien fait-il allusion à tous ces événements dramatiques mettant en péril une indépendance durement acquise ? Kaouther Adimi (Nos Richesses et Les Petits de décembre) qui a des liens étroits avec l'Algérie laisse ses lecteurs choisir la bonne hypothèse à l'issue d'un livre remarquablement construit.
Dans un premier chapitre assez court, l'autrice présente un écrivain, Saïd B., qui vient de publier le premier roman en langue arabe, en Algérie. Ce livre a un succès populaire énorme. C'est pourquoi, son auteur qui travaille à la radio en journée, vient au-devant de ses lecteurs dans une librairie d'Alger. L'héroïne de ce roman dont la photo illustre la couverture, se nomme Leïla.
Dans ce livre, l'auteur raconte sa vie, celle de Tarek, son mari, là-bas dans leur village d'origine, El Zahra. Saïd et Tarek étaient les meilleurs amis pendant leur enfance mais Saïd est parti faire des études alors que Tarek a continué son travail de berger.
Il faut ajouter simplement que la parution de ce livre a bouleversé la vie de Leïla et Tarek qui ont dû fuir précipitamment leur village, avec leurs enfants, sous la pression menaçante des femmes.
Dès que j'ai terminé le livre, j'ai relu les premières pages car elles sont essentielles pour la compréhension du roman dont la première grande partie est consacrée à Tarek, la seconde étant évidemment pour Leïla.
Avec ces deux destins, Kaouther Adimi m'a fait vivre toutes ces années si importantes pour l'Algérie où Tarek est né en 1922, fils d'une mère muette, son père étant décédé. C'est Safia, une femme du village qui a veillé sur lui.
Comme Leïla, Tarek grandit dans une Algérie colonisée par la France. C'est pourquoi, il est enrôlé dans l'armée française et doit aller combattre de l'autre côté de la Méditerranée. Un peu plus tôt, en 1938, Leïla (15 ans) a été mariée contre l'avis de Safia qui la recueille un peu plus tard, avec son bébé de trois mois. Elle avait quitté son mari, récoltant la réprobation de tout le village.
Avec précision, un souci honorable du détail, des chapitres courts et un déroulement palpitant, l'autrice permet de rappeler le sort de ces travailleurs algériens entassés dans des foyers Sonacotra insalubres. Confrontés au racisme, ils apportent leur force de travail indispensable à notre pays durant ces années d'après-guerre.
J'ai souffert avec Tarek, admiré son courage, espéré sans cesse un sort meilleur pour lui et sa famille restée là-bas, à El Zahra. le mandat qu'il envoie régulièrement à Leïla lui permet de vivre et d'élever leurs enfants.
Dans Au vent mauvais, j'ai bien aimé les détails concernant le tournage de la Bataille d'Alger par Gillo Pontecorvo, un film dans lequel Tarek se retrouve impliqué, un film qui, à Alger, des années plus tard, sera hué par des jeunes acquis aux thèses des islamistes !
La partie consacrée à Leïla apporte beaucoup d'explications, éclaire certains passages concernant Tarek. le traumatisme subi lors de la parution du livre de Saïd B. poursuit Leïla pendant des années. Là, l'autrice pose des questions essentielles à propos du travail de l'écrivain lorsque celui-ci écrit sur la vie de gens bien réels.
Il faut le profond amour la liant à Tarek pour lui permettre enfin de surmonter cela. Les figues de Barbarie retrouvées plus tard leur donneront encore un peu de bonheur.
C'est dans cette partie que la situation politique en Algérie bascule une fois de plus dans le drame avec attentats, assassinats, extrémisme religieux jusqu'au-boutiste.
J'ai vraiment aimé lire Au vent mauvais, roman faisant partie de la sélection pour le Prix des Lecteurs des 2 Rives, un livre qui m'a plongé au plus près de la réalité d'un pays qui a traversé des périodes très difficiles pas vraiment terminées d'ailleurs.
Mon émotion est montée encore d'un cran lorsque Kaouther Adimi a révélé un élément fondamental pour l'écriture de son livre, élément que je vous laisse le soin de découvrir.

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Après Nos richesses et Les petits de Décembre, j'ai une nouvelle fois été séduite par la plume de Kaouther Adimi avec Au vent mauvais.
Le prologue du roman est là pour intriguer le lecteur avec ce vent mauvais qui a soufflé la nuit du 22 septembre 1972, un vrai vent qui arrive du Sahara et va recouvrir Alger de sa poussière rouge, mais aussi annonceur d'une tempête de jours difficiles.
Début des années 1920, trois enfants, Leïla, Tarek et son frère de lait Saïd grandissent dans un petit village de l'est de l'Algérie, au hameau de El Zahra. Tarek et Saïd dont l'amitié semble indestructible sont séparés à l'adolescence. le brillant Saïd, d'une famille plus aisée part poursuivre ses études tandis que Tarek timide et discret reste au village et devient berger. Tous deux sont secrètement amoureux de Leïla. Celle-ci âgée de quinze ans, mariée contre son gré à un ami de son père ose le quitter et retourne chez ses parents, avec son fils, dans la réprobation générale.
À travers les destins croisés de ces trois personnages, Kaouther Adimi dresse une fresque certes rapide mais ô combien efficace de l'Algérie des années 1922 aux années 1992, de la période de colonisation jusqu'au moment où le pays bascule dans la guerre civile.
Elle retrace la colonisation, la Seconde Guerre mondiale, l'envoi des hommes au front et la façon honteuse dont ils seront ensuite accueillis à leur retour par les Français, la guerre pour l'indépendance de l'Algérie et l'arrivée du FLN, le coup d'état de Boumedienne qui ne surprend pas la population habituée à observer en arrière-plan de la ville les chars de Gillo Pontecorvo en train de tourner le film La Bataille d'Alger, l'émigration vers les villes et pour terminer avec la montée de l'islamisme et le début de la guerre civile en cet été 1992 inaugurant cette funeste « décennie noire ».
Tout en dressant cette grande fresque de l'Algérie sur un siècle ou presque, Kaouther Adimi nous invite également à réfléchir sur le rôle de la Littérature et le pouvoir des mots.
La publication d'un livre par Saïd devenu écrivain va en effet bouleverser la vie de Leïla et Tarek. Il a pris pour héros ses deux amis et sous leur propre nom. Ils sont ulcérés de retrouver leur vie intime portée à la connaissance de tous et Leïla, personnage principal dans le roman, pose cette question : « Quel nom porte cette sorcellerie qui donne le pouvoir de deviner les corps, les pensées et les rêves les plus intimes de deux personnes ? » Elle pense que son prénom ne lui appartient plus, qu'elle s'est fait confisquer son identité, que son histoire a été salie, que son corps est connu de tous et que ce qui est écrit est écrit pour toujours.
C'est donc ce pouvoir des mots qui est évoqué ici, pouvoir réparateur, pouvoir salvateur comme l'affirme d'ailleurs Tarek en parlant de son collègue avec lequel il travaillait à Paris : « Et la littérature, se disait Tarek, c'était peut-être au contraire ce qui avait sauvé son binôme, ce qui l'empêchait de sombrer, de faire rouler hors de leurs orbites ses yeux-billes » mais, en contrepartie, peut-on raisonnablement raconter l'histoire d'une famille ?
Inspirée par la propre histoire de ses grands-parents, Kaouther Adimi livre un portrait déchirant, la douloureuse tragédie de son peuple, de cette Algérie du XXe siècle.
Au vent mauvais est un livre tout en délicatesse. Avec une écriture concise et émouvante, Kaouther Adimi, parvient à faire ressentir les horreurs qu'a traversé l'Algérie, sans les décrire forcément mais en les suggérant de façon très subtile et malheureusement bien compréhensible.
De façon récurrente, elle insiste sur le fait que les guerres vous altèrent et vous abîment définitivement… mais termine par une note positive en revenant à El Zahra où « les figues de Barbarie continuent de pousser ».


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Fresque romancée et romanesque de l'Algérie du 20è siècle, secouée par la sortie de colonisation.
Tarek et Saïd ont été nourri au même sein, l'amitié qui les lie semble indestructible.
Et pourtant.


Amoureux de Leila, Tarek, est effondré par le mariage subi et contraint de sa jeune amie. Par dépit, il s'engage dans l'armée française qui renforce ses troupes, alors que l'Europe se déchire.
Lorsqu'il revient au pays Leila a commis l'impensable : elle a quitté son mari. Tarek l'épouse. Mais le couple n'aura pas beaucoup l'occasion de partager le quotidien : pour faire vivre sa famille, il n'a pas d'autre choix que l'exil, en France puis en Italie. Un message sibyllin et angoissant de son épouse lui parvient, il rentre au pays. En retrouvant la trace de son ami Saïd, il ne s'attendait pas au raz-de -marée que les circonstances de ces retrouvailles occasionneront.


Deux thèmes se détachent de ce roman qui en peu de pages a l'ambition de retracer l'histoire de l'Algérie au vingtième siècle mais aussi et c'est là l'originalité de ce roman, d'imaginer l'impact pour quiconque de se retrouver personnage de roman.

On comprend tout à fait la démarche, mais il, est risqué de le faire tenir en moins de 300 pages. Des pans entiers de l'histoire de l'Algérie dans les années 60 sont passées sous silence et pourtant, ce sont des événements qui marquent forcement les mémoires et les choix de vie.
Le thème de la place de la fiction et des retentissements sur les personnages réels est traité assez rapidement et c'est dommage.

Il aurait sans doute été nécessaire de développer plus, d'autant qu'on est facilement embarqué par la narration.

272 pages Seuil 19 Août 2022
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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"Comme dit si bien Verlaineau vent mauvais"... je suis venu te dire, Kaouther, que je reviens. Tu t'en doutais un peu, puisque c'est à la Comédie du Livre que je suis venu t'acheter ce livre et te dire à quel point j'avais apprécié "Mes richesses", que tu as discuté de Spiderman avec mon bonhomme qui a le même âge que le tien, que tu m'as offert ces petits moments d'échanges naturels et bienveillants qu'offrent les salons du Livre quand on veut bien se risquer à la conversation avec ces auteur(e)s qui nous impressionnent parfois trop... ces échanges qui me font naturellement te tutoyer aujourd'hui.

Tu pourrais me dire que j'ai mis le temps puisque la prochaine Comédie du Livre approche... mais tu sais bien que les vents de la littérature attaquent toujours nos PAL et les mettent sans dessus dessous, créant des listes de lecture toujours différentes de celles qu'on avait projeté. Et tu le sais bien que les vents étirent le temps, parce que c'est bien ce que subissent tes personnages, des destins ballotés par L Histoire mais eux aussi par la littérature, car quand on devient un personnage, on n'est plus maître de grand chose, même si on existe vraiment.

Tu seras sans doute heureuse de savoir que j'ai retrouvé tout le plaisir de lecture que m'avait offert ton premier livre (enfin, premier pour moi, tu m'as compris), y reconnaissant ta patte, dans une grande bienveillance envers tes personnages, dans ton sérieux sans faille quand tu abordes les sujets historiques, tels que le destin des combattants des colonies pendant et après la Seconde Guerre Mondiale ou l'évocation si sensible de l'Algérie aux portes de la décennie noire.

Tu te doutes bien que j'ai encore beaucoup apprécié l'originalité de ta construction narrative, avec ses deux parties déséquilibrées, entre le récit centré sur Tarek puis le passage à Leïla où on savait tous qu'on allait apprendre quelque chose qui allait nous faire regarder tout le reste avec un angle si différent que nous nous sentirions emporté par les mêmes vents mauvais que les protagonistes. Et évidemment, tu sais que j'ai apprécié ce final en miroir avec celui de Nos richesses, cette façon de ne t'inviter à nos côtés qu'au dernier moment, de ne pas t'imposer dans le livre mais de venir nous saluer pour nous donner quelques clés de compréhension.

Tu comprendras je l'espère cette demi-étoile de moins... parce que tout en saluant comme je viens de le faire cette construction parfaitement au service du propos... je ne peux m'empêcher de penser que ce sujet de l'Algérie de 1920 à 1990 méritait peut-être une plus grande fresque familiale que je ne pourrais que regretter en vain. Une fresque qui aurait permis d'éclairer tous ses passages que tu as volontairement laissé dans l'ombre, certains par pudeur j'imagine, d'autres peut-être par peur de n'être pas à la hauteur.... Ah, le manque de confiance en eux de nos auteur(e)s apprécié(e)s parfois...

Mais qu'importe, cela me donnera d'autres sujets de discussion pour la prochaine fois où nous nous croiserons... Tu n'es pas annoncée à la prochaine Comédie du Livre... mais si tu lis cette lettre babéliote sache que tu feras partie des noms que je vérifierais chaque année, tu es rentrée dans le cercle fermé de ces "auteur(es) à qui j'ai envie de parler"...
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critiques presse (3)
LeDevoir
27 février 2023
Kaouther Adimi esquisse 80 ans d'histoire algérienne.
Lire la critique sur le site : LeDevoir
LeMonde
02 janvier 2023
La romancière questionne le pouvoir de l'écrivain dans une fresque algérienne où l'ambivalence est reine.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaCroix
01 septembre 2022
Magnifique et poignante évocation de l’Algérie du XXe siècle, ce roman retrace les violentes contradictions qui ont bouleversé jusqu’à l’intime hommes et femmes de ce pays.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (61) Voir plus Ajouter une citation
Ce ne fut que plusieurs jours plus tard qu'il se vit pour la première fois dans sa tenue militaire. Il aperçut son reflet dans un miroir, le visage buriné par le soleil et le vent, l'uniforme légèrement trop petit pour sa grande stature mais qui semblait pourtant trop grand à Tarek. Son regard fiévreux surtout le troubla. Comme si ses yeux avaient su avant lui que tout cela était grave, comme si ses yeux avaient compris la réalité avant même que Tarek, lui, l'ait admise. Il se répéta toute la nuit qu'il ne laisserait ni l'uniforme ni la colère des autres le changer. Il était Tarek d'El Zahra, il n'était pas un soldat.
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Nous tairons les cauchemars et ferons mine d’ignorer que lorsque le pays tout entier a basculé dans l’horreur, nos yeux, comme ceux de nos parents et de nos grands-parents avant nous, ont changé, car c’est bien ce que vous font les guerres, elles vous altèrent et vous abîment définitivement. Elles s’enchaînent à vos pieds et vous les traînez toute votre vie. Elles vous épouvantent et vous condamnent à vivre en marge des autres. Elles vous forcent à cohabiter, à cheminer avec des démons.
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Il se contentait d’acquiescer à son binôme dont les autres ouvriers disaient qu’il était devenu à moitié fou à force de lire de la littérature, mais Tarek avait vu les yeux de l’homme et avait compris, lui, que c’était la guerre qui lui avait fait perdre un peu de sa raison. Laquelle de guerre, il l’ignorait, mais peu importait au fond car toutes les guerres font la même chose aux hommes, elles transforment vos yeux en deux billes figées. Et la littérature, se disait Tarek, c’était peut-être au contraire ce qui avait sauvé son binôme, ce qui l’empêchait de sombrer, de faire rouler hors de leurs orbites ses yeux-billes.
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Les gens pensent que quand on a fait la guerre et qu’on a survécu, c’est terminé. Moi, j’ai fait deux fois la guerre, deux fois je suis rentré chez moi mais je suis plein de poussière et je n’arrive pas à m’en débarrasser. Elle est entrée ²dans ma tête et dans mon cœur. C’est le vent mauvais qui l’apporte, cette fichue poussière qui jamais ne me lâche.
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Un soldat tunisien qui marchait en traînant la jambe depuis qu’il avait pris une balle dans la cuisse en Italie alluma une cigarette et inhala la fumée. Il sourit d’un petit sourire froid et murmura en arabe :
- Ce n’est pas parce qu’on a combattu pour la France et qu’on porte un uniforme français qu’on n’est pas des étrangers, hein ? Ah, les gens sont mauvais partout, c’est moi qui vous le dis !
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Videos de Kaouther Adimi (28) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Kaouther Adimi
Le cinquième roman de Kaouther Adimi, « Au vent mauvais », publié aux Éditions du Seuil, nous raconte l'histoire de Tarek, Saïd et Leïla, 3 algériens qui grandissent dans le même village, le hameau d'El Zahara, jusqu'au jour où la guerre, la Deuxième Guerre mondiale, les sépare brutalement. Tarek servira sa patrie du mieux qu'il peut, en faisant face aux injustices en Allemagne, en France, à l'incompréhension, et trouvant miraculeusement refuge dans une villa hors du temps à Rome, avant de rejoindre Leïla son amour de jeunesse, en Algérie. Saïd choisira l'écriture, il deviendra écrivain et se servira de son passé, de ses amis, pour conter une autre forme de réalité, quitte à trahir, blessé dans son amour-propre dans ce triangle amoureux, un prétexte en somme pour asseoir son art.
Kaouther Adimi a reçu le Prix du roman des étudiants France Culture – Telerama, en partenariat avec le CNL.
#SonLivre : un podcast réalisé par Pauline Carayon du CNL et Romuald Boivin. Illustrations par l'artiste plasticienne Fanny Michaëlis.
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