Les femmes qui aiment sont dangereuses

"Tu me tues, tu me fais du bien", cette litanie de la Française à son amant japonais extraite du scénario de Marguerite Duras pour le film d'Alain Resnais "Hiroshima mon amour", retentit comme un signe annonciateur de la violence du désir qui saisit les femmes lorsqu'elles tombent amoureuses.Elles tombent donc. Sentiment de chute, mais aussi pour rester dans l'univers de Duras, qui fut l'une de celles qui, au XXème siècle, sut le mieux parler des femmes amoureuses, rapt, ravissement et déshabitation de soi.

les différentes métamorphoses des femmes amoureuses représentées par des femmes et des hommes qui, tous, renvoient à l'opacité du secret le mieux gardé du monde : comment emprisonner à jamais, pour soi, ce vertige que provoque l'Amour ?

Le désir féminin de lire et d'écrire n'est pas près de s'éteindre. Pourquoi dit-on dans la langue des commerciaux du livre que les femmes demeurent des "prescriptrices "? Les docteurs peuvent prescrire des pilules contre la mélancolie, les femmes, elles, savent, comme les sourcières, sorcières, trouver sous le corps du texte l'essence même de leur être.

Car les livres ne sont pas des objets comme les autres pour les femmes; depuis l'aube du christianisme jusqu'à aujourd'hui, entre nous et eux circule un courant chaud, une affinité secrète, une relation étrange et singulière tissée d'interdits,d 'appropriations, de réincorporations

Comme on prend souvent les belles filles pour des idiotes, et les actrices pour des moins que rien, la question a obsédé certains esprits,ils ont voulu en avoir le coeur net : l'a-t-elle lu ou non?" ...
Eve Arnold..."a raconté qu'en arrivant dans sa maison, elle a trouvé Marylin en train de lire Ulysse,...

Une femme amoureuse en vaut cent. Par sa puissance sexuelle et son intelligence du cœur, elle peut, en se donnant à celui qu’elle a choisi, le capturer dans les rets de son désir et faire de lui son égal, voire son esclave. Le désir de la femme a toujours été perçu, et sous toutes les latitudes, plus fort, plus ensorcelant, plus mystérieux que le désir des hommes.

Des hommes peuvent être bêtes et laids et des femmes intelligentes et belles. Oui, les femmes peuvent avoir d’autres désirs que ceux assignés par Rousseau : « d’être savantes du savoir des hommes », riches qu’elles sont d’un savoir bien à elles, d’une connaissance de l’amour leur ouvrant la voie vers le désir suprême : l’accès à la vérité. Car la vérité est femme, et il faut la dénuder pour la connaître.

La force de l’amour sexuel féminin demeure cachée. C’est une houle qui peut nous dévaster sans que nous ayons à la rendre visible.

Trop de sexe nuit à l’idée que les hommes se font de la femme. Ils la veulent seulement comme objet sexuel, à condition qu’elle ne soit pas un être humain à part entière, mais juste des orifices.

Les femmes amoureuses sont dangereuses, car elles peuvent perturber par la force de leur désir le déséquilibre dit naturel qui s’est instauré entre les deux sexes depuis l’aube de l’humanité et on les sent capables de parvenir quelquefois à le rétablir ou même à l’inverser.