Je ne suis qu'un chapitre de ton existence, il y en aura beaucoup d'autres.
Rappelle-toi nos merveilleux souvenirs, mais n'aie pas peur de t en faire d'autres.
Attrape la lune, et si tu la rates, tu seras toujours parmi les étoiles.
P.S. Je t'aime, Holly, et je sais que tu m'aimes. Tu n'as pas besoin de mes objets pour te souvenir de moi, tu n'as pas besoin de les garder comme preuve que j'ai existé ou que j'existe encore dans ton esprit. Tu n'as pas besoin de porter mon chandail pour me sentir autour de toi ; j'y suis déjà... et mes bras t'entourent, à jamais.
Les souvenirs, c'était bien joli, mais on ne pouvait ni les toucher, ni les sentir, ni les serrer contre soi. Ils ne collaient jamais complètement au moment présent et s'effaçaient avec le temps.
Elle ne se souvenait pas de la dernière fois où elle avait été vraiment heureuse. Elle avait la nostalgie de l'époque où elle se couchait sans un souci en tête. Où elle prenait plaisir à ce qu'elle mangeait, alors que maintenant elle s'alimentait pour rester en vie. Elle détestait avoir la gorge serrée et sentir le froid l'envahir chaque fois qu'elle pensait à Gerry; elle avait la nostalgie de l'époque où elle se délectait en regardant ses émissions de télévision préférées, alors que maintenant elle fixait l'écran d'un œil vague pour passer le temps.
Elle détestait de n'avoir rien à attendre de la journée qui s'annonçait; se réveiller avec cette sensation lui était insupportable. Elle détestait l'impression de n'avoir aucun désir, aucun plaisir.
Holly cessa de rêvasser et dirigea de nouveau son regard vers son reflet dans le miroir. Elle ne se sentait pas trentenaire. D'ailleurs, qu'est-ce qu'on était censé ressentir à trente ans? Quand elle était plus jeune, ses trente ans lui paraissaient si lointains. Elle croyait qu'une femme de cet âge-là devait être sage, expérimentée, bien assise dans la vie, avec un mari, des enfants, une carrière. Elle n'avait rien de tout cela. Elle avait l'impression d'être aussi ignorante qu'à vingt ans, à ceci près qu'elle avait quelques cheveux blancs et des pattes-d'oie en plus.
"Quoi que l'avenir lui réserve, elle savait qu'elle ouvrirait son coeur et le suivrait où il la mènerait. En attendant, elle vivrait".
Holly avait les yeux douloureux d'avoir pleuré toute la nuit. Comme toutes les autres nuits de ces dernières semaines, elle avait sombré sur le matin dans un sommeil entrecoupé. Chaque jour, elle se réveillait vautrée dans une posture inconfortable quelque part dans la maison ; aujourd' hui, c'était sur le canapé. Une fois de plus, elle avait été tirée de son sommeil par la sonnerie du téléphone. Ses amis ou des membres de la famille s'inquiétaient à son sujet. Ils devaient tous croire qu'elle passait ses journées à dormir. Pourquoi ne téléphonaient-ils pas pendant qu'elle circulait dans sa maison comme un zombie, cherchant dans les pièces... Quoi au juste ? Que s'attendait-elle à trouver ?
Elle trouve que se battre pour la paix, c' est comme se faire sauter pour rester vierge.
Elle n'était jamais complètement heureuse et tuait le temps en attendant autre chose. Elle ne se contentait plus simplement d'exister; elle voulait vivre. Or, quel est l'intérêt de vivre une vie dont toute éteincelle est absente?