Aimer, c'est trouver sa richesse hors de soi.
La vraie méthode pour former la notion de philosophie, c'est de penser qu'il y eut des philosophes. Le disciple devra se tracer à lui-même le portrait de ces hommes étranges qui jugeaient les rois, le bonheur, la vertu et le crime, les dieux mêmes et enfin tout.
On appelle réflexion ce mouvement critique qui de toutes les connaissances, revient toujours à celui qui les forme, en vue de le rendre plus sage.
Le freudisme, si fameux, est un art d'inventer en chaque homme un animal redoutable, d'après des signes tout à fait ordinaires ; les rêves sont de tels signes ; les hommes ont toujours interprété leurs rêves, d'où un symbolisme facile. Freud se plaisait à montrer que ce symbolisme facile nous trompe et que nos symboles sont tout ce qu'il y a d'indirect. Les choses du sexe échappent évidemment à la volonté et à la prévision ; ce sont des crimes de soi, auxquels on assiste. On devine par là que ce genre d'instinct offrait une riche interprétation. L'homme est obscur à lui-même ; cela est à savoir. Seulement il faut éviter ici plusieurs erreurs que fonde le terme d'inconscient. La plus grave de ces erreurs est de croire que l'inconscient est un autre Moi ; un Moi qui a ses préjugés, ses passions et ses ruses ; une sorte de mauvais ange, diabolique conseiller.
Tous les exercices scolaires sont de sagesse; il y a autant de péril à les prendre trop à coeur qu'à les mépriser.
Se taire à la rigueur, c'est déjà mentir.
La pensée n'est pas plus en moi qu'hors de moi, car le hors de moi est pensée aussi, et les deux toujours pensées ensemble.
On dit souvent que l’ambition succède à l’amour, et l’avarice à l’ambition, selon le cours de l’âge. On voit assez clairement pourquoi l’âge glace les amours, comment les moyens de plaire changent avec les années, et quel genre de puissance peut appartenir à un vieillard. La maturité de l’âge transforme déjà l’amour en une sorte d’ambition. Il y a une sureté de soi, un mépris de beaucoup de choses, un air d’indifférence, qui agissent sur l’esprit le mieux prévenu.
Plus les instincts sont forts, plus on est loin de la folie; plus la raison les modifie, plus on en est près.
Supponsons qu'un être existe, qui n'ait point de cause; il viendrait donc du néant; et le néant, qui n'est rien, ne peut rien produire. Mais dit Hume, supposer qu'une chose qui n'aurait point de cause vient alors du néant, c'est justement supposer que tout ce qui arrive vient d'autre chose.