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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Tu dois te demander, Diana, pourquoi j'ai tant tardé à raconter cette histoire. ..
...M'y voici.
Je vais évoquer cette folie argentine et toutes ces personnes emportées par la violence. je me suis enfin décidée parce que je pense bien souvent aux morts, mais aussi parce que je sais qu'il ne faut pas oublier les survivants. Je suis à présent convaincue qu'il est très important de penser à eux. de s'efforcer de leur faire aussi une place. C'est cela que j'ai tant tardé à comprendre, Diana. Voilà sans doute pourquoi j'ai tant attendu.
Mais avant de commencer cette petite histoire, j'aimerais te dire une chose encore: si je fais aujourd'hui cet effort de mémoire  pour parler de l'Argentine des Montoneros, de la dictature et de la terreur à hauteur d'enfant, ce n'est pas tant pour me souvenir que pour voir, après, si j'arrive à oublier un peu."

Le livre est dédié à Diana E. Teruggi.

En exergue:
Un souvenir, mon ami.
Nous ne vivons qu'en avant ou en arrière.
Gérard de Nerval.

L'épisode de son enfance que Laura Alcoba raconte commence en 1975 . Les montoneros doivent impérativement se cacher pour ne pas être arrêtés, et torturés, et très vite, d'ailleurs, Laura va aller voir son père en prison. Sa mère est recherchée , et toutes les deux vont aller habiter dans une maison, qui est en fait une imprimerie clandestine. Sa mère travaillera cachée derrière tout un camouflage de casiers de lapins. Et celle que Laura va le plus côtoyer, c'est cette Diana.
Cette histoire est vue , de façon parfaite, par petites annotations, souvenirs , et si elle raconte des évènements très particuliers, elle parle également très bien de l'enfance. A cet âge là, 8 ans, l'enfant qu'elle était ressent beaucoup de choses, en comprend d'autres, mais pas tout bien sûr. Pas les véritables enjeux, pas le pourquoi de cette existence bizarre qu'elle est amenée à mener. On rejoint là tout à fait le film de Benjamin Avila, Enfances clandestines. Et, de même on constate , devant ce combat contre une dictature, l'existence de trois générations : ces jeunes hommes et femmes, donc, les Montoneros, qui prennent, ils le savent, le risque d'être tués à tout moment, leurs enfants qu'ils entrainent dans ce risque , et leurs parents qui sont le plus souvent ambivalents: "Ce qui fait peur à mon grand-père, ce sont les gens qui veulent que tout change. "Qui les aident comme ils peuvent mais ont tellement peur de les perdre.
Ce seront ces fameuses grands-mères qui ont commencé à défiler toutes les semaines depuis le 30 avril 1977 sur la place de Mai, certaines d'entre elles ont d'ailleurs été assassinées aussi.
Les enfants.. Laura Elcoba le décrit très bien. Elle est prévenue, elle sait qu'il faut se taire : "J'ai compris et j'obéirai. Je ne dirai rien. Même si on venait à me faire mal. Même si on me tordait le bras et qu'on me brûlait avec un fer à repasser. Même si on me plantait de tout petits clous dans les genoux. Moi j'ai compris à quel point il est important de se taire."
A cet âge-là, les enfants veulent faire plaisir, s'adaptent à tout, et ce qui la heurte la plus, la petite Laura, ce qu'elle a le plus retenu, ce sont les erreurs qu'elle fait , et souvent bien malgré elle. La peur de mal faire, la honte d'avoir mal fait. le reste, se cacher sous des couvertures pour circuler, cesser d'aller à l'école parce que c'est trop dangereux,tout ce qui lui est imposé, lui semble presque normal. Laura Elcoba sait très bien traduire la tension à hauteur d'enfant, le reste, la fin, c'est l'adulte qui l'écrit.
En lien, un peu plus sur Diana Esmeralda Teruggi de Mariani, Daniel Enrique Mariani et leur fille Clara Anahi.

C'est..bouleversant. Merci MaiteBsAs de m'avoir fait découvrir Laura Alcoba.

Lien : http://www.desaparecidos.org..
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La dictature argentine vue par les yeux d'une petite fille. Sa famille entre dans la clandestinité, sa mère change totalement d'apparence afin d'échapper aux sbires du nouveau régime, et le départ pour une nouvelle adresse donne lieu à mille précautions bien difficiles à comprendre quand on n'a que sept ou huit ans... D'autant qu'à cette petite fille, on en explique le moins possible : il ne faudrait pas qu'elle mette les siens en danger par une parole imprudente.
J'ai lu ce récit (qui retrace l'enfance argentine de Laura Alcoba) d'une traite. Il est à la fois traversé par une grande tension, car on redoute à tout moment l'arrestation, et en même temps il reconstitue avec une grande justesse la perplexité et la candeur d'un regard enfantin grand ouvert sur la folie du monde. Il y a une grande finesse dans la peinture des émotions, et cette façon d'écrire délicate, pudique et sincère m'a marquée parce que je la trouve au final plutôt rare.
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À la sinistre époque de la dictature militaire, en Argentine (1976-1983), il existait un groupe politique appelé "Montoneros", issu de la gauche péroniste et prônant la lutte armée, dont la plupart des dirigeants et militants furent exécutés par la junte au pouvoir lorsqu'ils ne réussirent pas à s'exiler. L'auteure, à cette époque, était une fillette de sept ans et ne voyait la réalité politique qu'à travers les déménagements et changements d'identité successifs imposés par la clandestinité et le séjour en prison de son père. Laura Alcoba revit pour nous ses souvenirs, dans une langue simple et vivante, et nous fait partager ses peurs, de la police, de la dénonciation, mais aussi son émerveillement devant une réalité sans cesse en mouvement. Un témoignage émouvant...
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