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EAN : 9782072941306
208 pages
Gallimard (06/01/2022)
3.53/5   59 notes
Résumé :
« Dès notre premier rendez-vous au Bûcheron, Flavia m’a parlé de la mère que Griselda a été pour elle, durant toutes ces années.
— Présente, aimante. Très aimante.
Elle m’a regardée dans les yeux en prononçant ces mots. Pour s’assurer que j’avais bien entendu, pour me faire savoir qu’elle ne disait pas ces mots à la légère.
“ Aimante, vraiment.” »

Griselda était la mère de trois enfants, deux garçons et une fille. Un jour d’hiver,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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Paris, décembre 1984. « Ce jour-là, Claudio n'a pas écouté Griselda » C'est avec cette phrase laconique que Laura Alcoba ouvre sa longue, minutieuse et patiente enquête sur un fait-divers familial. Mais s'agit-il d'une tragédie, d'un drame ou bien d'un accident ?
Quarante ans après, l'autrice va écouter tour à tour tous les protagonistes de ce drame, elle va le faire avec délicatesse et bienveillance tout en s'interrogeant sur chaque évènement précédent le drame.
Elle arrive à prendre ce recul nécessaire pour raconter les faits alors que son père était un ami proche de la famille qu'elle-même a connue lorsqu'elle était enfant.
Petit à petit, se dévide la parole des parents, celle de Griselda, de Claudio et celle de Flavia leur fille et de Colette l'institutrice avec son mari René, et l'on voit apparaitre chaque personnage. Les souvenirs tout d'abord, ceux de l'autre pays, l'Argentine, qu'il a fallu quitter et puis l'arrivée en France, et le travail dans un lycée privé avec, pour tout logement, une loge étroite de concierge. Puis, peu à peu, transparait la personnalité dérangée, fragilisée de Griselda. Jusqu'à ce jour funeste de décembre 1984 où l'irrémédiable se produit.
Comment se reconstruit une famille après un drame de cette ampleur ?
Laura Alcoba est fascinée par Flavia dont elle dit : « Elle a en elle une force et un courage que je ne croyais pas pouvoir exister.
Je le sais depuis le début : c'est pour elle que j'écris ce livre »
Bien sûr, le mythe de Médée est évoqué par l'autrice, qui cherche à comprendre sans jamais juger.
L'écriture d'un tel sujet était pour le moins périlleuse et Laura Alcoba s'en sort avec maestria et sans effets de manche. Elle a su s'effacer pour mettre la lumière sur les mots, les gestes des personnages et l'on vibre avec eux au fur et à mesure que se précise le récit.
Une histoire d'une grande force menée avec douceur et empathie, voilà ce que je retiens de ce très beau récit romancé.
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Qu'est-ce qui a bien pu se passer dans la loge du Lycée T. à Paris, en décembre 1984, pour que la narratrice de cette histoire, bien des années après, décide d'enquêter et d'expliquer un drame familial qui s'est joué en quelques heures et a détruit une famille apparemment très heureuse ?

C'est à un long flash-back que nous convie Laura Alcoba, qui va pendant plus de cent pages raconter la vie de Griselda, une femme argentine ayant émigré en France, et retrouvé Claudio, l'homme de sa vie pour lequel elle éprouvé un coup de foudre dès leurs débuts dans une librairie de Buenos Aires, et lui donner trois enfants dans la loge du lycée où ils sont hébergés.
Il nous faudra attendre la page 106 pour connaître les détails de « l'accident », ou du « drame » ou encore de « la tragédie ». Auparavant, avec la narratrice qui écoute les témoins de cette époque, on aura appris à connaître l'histoire de Griselda et on aura tenté de comprendre ce qui a pu conduire cette belle femme à agir ainsi lors de cette funeste journée de décembre 1984.

On aura au passage tracé le portrait de Flavia, la fille de Griselda et Claudio, qui va se reconstruire grâce notamment à un couple d'instituteurs très aimants, Colette et René.

Il y a beaucoup de délicatesse et de douceur sous la plume de Laura Alcoba, qui réussit le tour de force de ne jamais juger, accabler, ou vilipender la femme qu'est Griselda, quoi qu'elle ait pu faire dans le secret de sa loge un petit matin.

Traversée par le mythe de Médée, « Par la forêt » convoque des souvenirs anciens de femme ogresse, dévorant ses propres enfants. Il faut se souvenir de la tragédie grecque d'Euripide, puis de la pièce de Corneille, ou de tous ces récits d'infanticide insoutenables : une femme n'a pas le droit de tuer ses propres enfants, cet acte est trop infamant.

Avec beaucoup de patience donc, Laura Alcoba nous conduit sur le chemin qui mène à la forêt sombre de l'inconscient, nous rassurant au passage comme l'ont fait Colette et René avec la petite Flavia sur les sentiers près d'une forêt métaphorique où ils sont allés ensemble, pour terminer sur une note magnifique, à l'image de ce que dit Flavia à la narratrice à propos de sa mère Griselda :
« Présente, aimante. Très aimante ».

Une belle leçon de tolérance et d'empathie à laquelle seule la littérature ou la culture en général nous donne accès.
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Lorsqu'on découvre la quatrième de couverture, on ne peut que se rendre compte que la lecture de ce livre ne sera pas facile au vu du principal sujet évoqué : une mère ayant tué deux de ses enfants. Pourtant, l'auteure, Laura Alcoba, en a écrit une histoire solaire, avec beaucoup de poésie, de pudeur mais surtout sans aucun jugement.

À la fois avec douceur et délicatesse, elle nous conte l'histoire terrible de Griselda, mère de trois enfants, qui – un vendredi de décembre 1984 – a tué deux de ses enfants. On y apprend beaucoup de cette journée funeste mais aussi du passé de cette femme argentine, avant son exil d'Argentine en France entremêlé des difficultés depuis son enfance à l'âge adulte.

La narratrice rencontre, trente ans plus tard, les différents protagonistes qu'elle a connus par l'intermédiaire de sa famille quand elle était plus jeune : la mère, le père mais aussi la fille survivante, Flavia ainsi que d'autres témoins du drame. Tous ces témoignages sont rassemblés, sans jamais sentencier les actes, et confrontés aux propres souvenirs enfouis de la narratrice. Elle expose simplement les faits. Ce qui pourrait paraître « froid » ou « détaché », ne l'est finalement pas, mais rempli d'humanité et porté par une plume habile.

Comme je l'avais déjà mentionné dans ma chronique du livre « Les jardins d'hiver » de Michel Moatti, j'éprouve un intérêt certain pour les événements qui se sont déroulés en Argentine durant les années 70-80. Leur évocation apporte une plus-value au fond de l'histoire.

La retenue et l'empathie dont fait preuve Laura Alcoba dans ce livre est à saluer. Exposant l'avant et l'après de ces infanticides, l'auteure n'a pas la prétention d'expliquer le pourquoi de ce terrible geste posé par une mère « aimante », telle que qualifiée par Flavia, qui n'était alors qu'une petite fille de 6 ans à cette époque.

Voilà un livre de cette rentrée littéraire hivernale très riche, que je vous recommande chaudement.
Lien : https://www.musemaniasbooks...
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« Bientôt, l'envie de fuir, de partir en courant, s'était transformée en urgence. Depuis qu'elle étouffait dans leur appartement, elle avait l'impression d'être devenue ce cheval espagnol capable de parcourir des kilomètres comme si de rien n'était. Elle avait toujours rêvé d'être ce cheval infatigable, débordant d'énergie et prêt à conquérir la terre pour l'offrir à celui qui le chevaucherait.  »

Elle rêvait de liberté dans cette Argentine des années 70, elle est devenue une mère infanticide. En effet, un jour de décembre 1984, Griselda commet l'irréparable. Elle noie ses deux garçons, Boris et Sacha. Seule Flavia, 6 ans, est épargnée. 34 ans plus tard, la narratrice, une proche de la famille, retourne sur les traces de cette histoire. Elle questionne le passé et les protagonistes de cette affaire, sans jamais juger. Pas de pourquoi, juste des faits et la vie qui continue.

« Au plus noir, au bout de la nuit et de l'horreur, le pari de l'amour et de la vie. »
Sur un sujet difficile, Laura Alcoba propose un texte tout en bienveillance et délicatesse.
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C'est un livre qui décrit tout en douceur et retenue la pire des violences et j'oserai dire la folie passagère d'une Médée de notre temps.
La narratrice qui a connu la famille chez qui ce drame est arrivé, essaie plus de trente ans après les faits de restituer le contexte dans lequel une mère aimante noie ses deux garçons, Sacha et Boris, épargnant sa fille Flavia qui était à l'école ce matin là.
Griselda, la mère , est une exilée argentine qui du temps des militaires s'est retrouvée avec une balle dans la tête, inopérable, ce qui lui cause de nombreuses fatigues et douleurs. Elle a eu là-bas un amant qui finira par la rejoindre à Paris. Ils deviennent les concierges d'un lycée, et apparemment le calme s'installe jusqu'au drame dans la baignoire.
Chaque témoin , même Griselda, rejoint la narratrice dans un café parisien et essaie de raconter petit à petit comment cela a t-il pu arriver, comment certains ont aidé Flavia à avoir une jeunesse à peu près normale. Flavia elle -même est une figure lumineuse qui raconte ses quelques souvenirs de "ce jour là"et qui vient fêter les 88ans de son père.
Beaucoup de pudeur chez L.Alcoba, pas de jugement,de l'empathie, des faits c'est tout .
Lors de la mort du petit Gregory et alors qu'un juge pensait que peut-être la mère était coupable, je me souviens du "Sublime, forcément sublime de Marguerite Duras"et je reste encore et toujours dubitative ...
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critiques presse (1)
LeMonde
07 janvier 2022
L’écrivaine enquête sur un double infanticide dont elle a bien connu les protagonistes. Un roman remarquable.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Ce jour-là, Colette a deviné que quelque chose étai arrivé.
Elle se souvient : Griselda a déboulé devant sa salle de classe, en pleine journée. Elle était hagarde, le visage couvert d’un maquillage indéchiffrable, mouillée de la tête aux pieds, comme si elle était tombée dans l’eau toute habillée. La femme qui se tenait devant elle était comme absente. Alors, même si cette femme était la mère de l’enfant qu’elle était venue chercher, Colette a dit « non » : « La classe n’est pas terminée, vous ne pouvez pas prendre votre fille. »
Plus tard, les sirènes ont retenti. Un pompier est venu, puis un policier. Par bribes, elle a su ce qui s’était passé.
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C'est bizarre, les mensonges que l'on fait aux enfants.
Souvent, ils font mine de croire les histoires qu'on leur raconte pour rassurer les grandes personnes. Pour qu'on leur fiche un peu la paix, aussi. C'est que, si les enfants montrent aux adultes qu'ils ne sont pas dupes de leurs baratins, les grandes personnes s'empressent de rafistoler leurs mensonges, ils en colmatent les fissures pour accoucher, au bout du compte, de bobards encore plus gros. Cette perspective les décourage d'avance, les enfants. Car si les adultes en rajoutent, s'ils poussent le bouchon un peu trop loin, les enfants se sentent obligés de protester (il ne faut qu'en même pas les prendre pour des idiots), et l'affaire devient encore plus pénible. C'est en général pour s'épargner tout cela que les enfants font semblant de croire aux mensonges des adultes.
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"Ça va bientôt faire trois ans que ce premier rendez-vous a eu lieu. Ça va bientôt faire trois ans que je cherche le chemin pour écrire ce livre. Pour aller au plus près de ce qui leur est arrivé sans leur faire mal, sans ajouter de la douleur à la douleur. Mais certaine aussi qu'il faut que j'aille au bout de ce que j'ai entrepris, que j'aille au bout de cette tentative pour comprendre leur histoire."
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Flavia.
Elle a en elle une force et un courage que je ne croyais pas pouvoir exister.
Je le sais depuis le début: c'est pour elle que j'écris ce livre.
J'écris pour la petite fille qu'elle était et qu'elle est toujours.
J'écris pour l'enfant qui a gardé en elle, durant plus de trente ans, quatre images de ce jour-là. Puis qui me les a livrées à une table de café.
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Ce jour-là, Claudio n'a pas écouté Griselda.

C'est une des premières choses qu'il a dites à l'Avocate. Un an et demi plus tard, quand le procès a eu lieu, c'est encore une des premières choses qu'il a déclarées: ce jour-là, Griselda l'a appelé, mais il n'a pas su l'écouter.
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Videos de Laura Alcoba (15) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Laura Alcoba
Laura Alcoba vous présente son ouvrage "Les rives de la mer Douce" aux éditions Mercure de France.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2677309/laura-alcoba-les-rives-de-la-mer-douce
Note de musique : © mollat Sous-titres générés automatiquement en français par YouTube.
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