A(ni)mal

« Chaque jour est un combat. Ce voyage est notre guerre, nous le savions en fuyant. »

Dans un style direct et tranchant, parfois cru et souvent poétique, c'est tout le parcours d'un jeune adolescent migrant qui est conté ici. de la fuite de son pays à son arrivée en France c'est un mélange de lutte, de détresse et de renoncements, mais aussi d'espoir.

Miran a 15 ans et son pays, non identifié mais qu'on imagine être une dictature au Proche-Orient, sombre dans la guerre civile. L'armée terrasse les opposants, des milices se forment, des groupes terroristes émergent et prennent peu à peu le contrôle. Sa mère lui donne le peu d'argent qu'elle possède et le confie aux mains de passeurs pour qu'il puisse rejoindre la France.
Au cours de son périple, Miran va apprendre à s'endurcir face à certaines horreurs, et nous lecteurs, aussi. Au gré des rencontres, heureusement parfois bienveillantes, il va tenter de faire face à sa réalité actuelle. Sa vie d'avant est loin, les personnes, les parfums, les lieux qu'il connaissait n'existent plus que dans ses souvenirs. Au bout du chemin, peut-être l'espoir d'une nouvelle vie mise entre parenthèses.

Je pensais lire quelque chose d'un peu simpliste et facile. Il s'avère que c'est une belle découverte. Bien écrit, immersif, prenant et touchant : un joli et éclairant roman.

a(ni)mal c'est un roman témoignage, c'est l'histoire d'un parcours de migrant, un parmi tant d'autres, un parcours similaire mais aussi singulier (car je doute que beaucoup s'achèvent ainsi...)
Une première partie très forte, très dure, très prenante et terriblement poignante. Tellement bien écrit que j'ai eu du mal à quitter ses pages et que j'y pensais souvent entre deux lectures.
Et puis après l'arrivée sur le sol européen, j'ai été moins convaincue par la tournure des évènements.
Autant pendant le début de l'exil, je n'arrêtais pas de m'interroger sur l'humanité de ses passeurs sans pitié et même avide de sang . Autant j'ai eu du mal à adhérer aux heureuses rencontres bienveillantes qui ont ensuite jalonnées la route de notre réfugié, bien qu'elles m'aient un peu redonnées foi en notre humanité.
Comme le martèle Miran tout au long de son parcours "je suis un homme", il est important de ne pas oublier que ce sont des hommes qui fuient, et que nous sommes des hommes autant et comme eux, mais surtout pas plus qu'eux, nous avons juste eu la chance de naître au bon endroit.
"Là-bas sur d'autres rives, des hommes et des femmes se lèvent chaque matin sans même penser qu'ils sont libres tellement ça leur semble naturel et légitime. Nous appartenons tous à la même espèce, à la même terre ! Qui refusera l'asile à celui dont la vie est en péril ? Qui fermera sa porte à un enfant en danger de mort ?"
Un roman à mettre entre toutes les mains et surtout idéal pour amorcer le sujet avec les adolescents.

Les romans slalom, ça te prends aux tripes, ça t'ouvre les yeux. J'ai été profondément touchée par cette histoire. Et puis la fin. Je ne m'y attendais pas et c'est un magnifique message d'espoir. La plume nous attaque le coeur, c'est beau, poétique, foudroyant. Ce roman m'a appris beaucoup de choses.
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A travers ce récit on ressent la peur, puis du répit, puis la peur, ensuite de l'espoir, beaucoup d'espoir. Ce récit d'aventure te brise le coeur, surtout à la fin, parce que c'est la vraie vie. Et c'est horriblement triste. C'est un parcours de vie très émouvant. Très cruel. Alors merci @cecile.alix de nous montrer cette facette du monde.