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Citations sur La question (22)

Ne pas céder à ces brutes qui se flattaient d’être des émules de la Gestapo.
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Dans la soirée, un autre que je ne connaissais pas, entra à son tour. Un petit blond, au fort accent du nord : un appelé. Il me dit avec un grand sourire : "Vous savez j'ai assisté à tout, hein! Mon père m'a parlé des communistes pendant la Résistance. Ils meurent, mais ils ne disent rien. C'est bien!"
Je regardai ce jeune à la figure si sympathique, qui pouvait parler des séances de torture que j'avais subies comme d'un match dont il se souviendrait, et qui pouvait venir me féliciter sans gêne, comme il l'aurait fait pour un champion cycliste. Quelques jours plus tard, je le vis congestionné, défiguré par la haine, battre dans l'escalier un musulman qui ne descendait pas assez vite : ce "centre de tri" n'était pas seulement un lieu de torture pour les Algériens, mais une école de perversion pour les jeunes Français.
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tout cela, je devais le dire pour les Français qui voudront bien me lire. Il faut qu'ils sachent que les Algériens ne confondent pas leurs tortionnaires avec le grand peuple de France, auprès duquel ils ont tant appris et dont l'amitié leur est si chère. Il faut qu'ils sachent pourtant ce qui se fait ici EN LEUR NOM.
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C'est aux "disparus" et à ceux qui, sûrs de leur cause, attendent sans frayeur la mort, à tous ceux qui ont connu les bourreaux et ne les ont pas craints, à tous ceux qui, face à la haine et la torture, répondent par la certitude de la paix prochaine et de l'amitié entre nos deux peuples qu'il faut que l'on pense en lisant mon récit, car il pourrait être celui de chacun d'eux.
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(p. 56)

Tout cela, je devais le dire pour les Français qui voudront bien me lire. Il faut qu’ils sachent que les Algériens ne confondent pas leurs tortionnaires avec le grand peuple de France, auprès duquel ils ont tant appris et dont l’amitié leur est si chère.

Il faut qu’ils sachent pourtant ce qui se fait ici EN LEUR NOM.
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Le "centre de tri" s'emplissait alors de cris, d'insultes, de rires énormes et méchants. Erulin commençait l'interrogatoire d'un musulman. Il lui criait : "Fais ta prière devant moi." Et je devinais dans la pièce d'à côté un homme humilié jusqu'au fond de l'âme, contraint de se prosterner en prières devant le lieutenant tortionnaire. Puis, d'un coup, les premiers cris des suppliciés coupaient la nuit. Le "vrai travail" d'Erulin, de Lorca et des autres avait commencé. Une nuit, à l'étage au dessus, ils torturèrent un homme : un musulman, assez âgé semblait-il au son de sa voix. Entre les cris terribles que la torture lui arrachait, il disait épuisé : "Vivre la France! Vive la France!"
Sans doute croyait-il calmer ainsi ses bourreaux. Mais les autres continuèrent à le torturer et leurs voix résonnaient dans toute la maison.
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"Alors, il ne veut pas parler? dit l'un des civils.
-On a tout le temps , dit le commandant, ils sont tous comme ça au début : on mettra un mois, deux mois ou trois mois mais il parlera.
-C'est le même genre que Akkache ou Eyette Loup, repris l'autre. Ce qu'il veut : c'est être un "héros", avoir une petite plaque sur un mur dans quelques centaines d'années." Ils rirent à sa plaisanterie
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Il y a maintenant plus de trois mois que j'ai été arrêté. J'ai côtoyé, durant ce temps, tant de douleurs et tant d'humiliations que je n'oserais plus parler encore de ces journées et de ces nuits de supplices si je ne savais que cela peut être utile, que faire connaître la vérité c'est aussi une manière d'aider au cessez-le-feu et à la paix. Des nuits entières, durant un mois, j'ai entendu hurler des hommes que l'on torturait, et leurs cris résonnent pour toujours dans ma mémoire.
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(p. 23)

Brusquement, Érulin me releva. Il était hors de lui. Cela durait trop.
«Écoute, salaud ! Tu es foutu ! Tu vas parler ! Tu entends, tu vas parler !» Il
tenait son visage tout près du mien, il me touchait presque et hurlait : «Tu
vas parler ! Tout le monde doit parler ici ! On a fait la guerre en Indochine,
ça nous a servi pour vous connaître. Ici, c’est la Gestapo ! Tu connais la
Gestapo ?» Puis, ironique : «Tu as fait des articles sur les tortures, hein,
salaud ! Eh bien ! maintenant, c’est la 10e D. P. qui les fait sur toi.»
J’entendis derrière moi rire l’équipe des tortionnaires. Érulin me martelait le
visage de gifles et le ventre de coups de genou. «Ce qu’on fait ici, on le fera
en France. Ton Duclos et ton Mitterrand, on leur fera ce qu’on te fait, et ta
putain de République, on la foutra en l’air aussi ! Tu vas parler, je te dis.»
Sur la table, il y avait un morceau de carton dur. Il le prit et s’en servit pour
me battre. Chaque coup m’abrutissait davantage mais en même temps me
raffermissait dans ma décision : ne pas céder à ces brutes qui se flattaient
être les émules de la Gestapo.
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Ce « centre de tri » n’était pas seulement un lieu de tortures pour les Algériens, mais une école de perversion pour les jeunes Français.
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