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Directeur d'Alger Républicain de 1950 jusqu'à son interdiction en 1955, Henri Alleg doit passer dans la clandestinité en novembre 1956 pour échapper aux mesures d'internement qui frappe la plupart des collaborateurs du journal. Arrêté le 12 juin 1957, il est séquestré un mois entier et livre ici le récit de sa détention, dénonçant les tortures dont il a été victime.
(...)
Si certains passages sont insoutenables, ce témoignage demeure nécessaire comme le conclut Henri Alleg, pour que les Français sachent ce qui s'est fait « EN LEUR NOM ».

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Livre censuré et interdit quelques jours après sa sortie, c'est un témoignage dur et cru de ce que la France a fait subir à ceux qui n'étaient pas d'accord avec sa politique en Algérie. Le début et la fin du livre sont la justification du récit, que les gens sachent ce qui se passait, qu'on ne puisse pas dire "on ne savait pas".

Le témoignage en lui même est poignant, on ne peut que se demander si on aurait la même volonté, la même force de caractère pour résister à des tortures de plus en plus violentes, à la pression physique comme mentale. Les circonstances de sa publication, alors même que l'auteur est encore emprisonné, expliquent le côté "brut" du témoignage, sans trop de recherches d'analyses. Cela contribue à la force de l'oeuvre mais ne permet forcément pas de savoir qui était impliqué dans ce qui s'est passé et jusqu'où il faudrait remonter dans les responsabilités de tels actes.

Le plus terrifiant après avoir lu un tel livre est de se dire que personne n'a jamais été condamné pour les actes commis dans les circonstances décrites à cette époque.
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Alger 1957, Henri Alleg, journaliste clandestin, est arrêté. Son témoignage interdit de publication en 1958 deviendra vite emblématique. Dénonçant l'emploi de la torture en Algérie dans un style sec et bref, rendant l'horreur d'autant plus insupportable. Un livre d'histoire.

25/08/2009
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"La question" est un témoignage bouleversant et essentiel. C'est le récit des deux mois qu'Henri Alleg a passé emprisonné et torturé par les militaires français, en 1957 durant la guerre d'Algérie.
Je n'ai pas choisi le jour de ma lecture par hasard. Pourquoi? Parce qu'Henri Alleg connaissait Maurice Audin également torturé dans une villa du quartier d'El-Biar à Alger d'où il n'est jamais revenu.
Soixante ans plus tard, nous sommes le 13 septembre 2018 et c'est le jour où le président de la République a décidé "qu'il était temps que la Nation accomplisse un travail de vérité" sur l'affaire Audin. le journal le monde indique qu'Emmanuel Macron reconnait d'abord que "Maurice Audin a été torturé puis exécuté ou torturé à mort par des miliaires". Mais aussi que si sa mort dit-il est "le fait de quelques uns, elle a été rendue possible par un système légalement institué : le système arrestation/détention confié par voies légales aux forces armées" pendant la guerre d'Algérie.
Comme son ami Henri Alleg, le mathématicien Maurice Audin était membre du Parti Communiste et militant anticolonialiste. Ils ont été arrêtés par des parachutistes français car on les soupçonnait d'héberger des membres de la cellule armée du PC algérien. Et ils ne sont pas les seuls.
J'ai peu de mots devant l'atrocité de ce que ces hommes et ces femmes ont vécu.
Pourtant les idées d'Henri Alleg, directeur du journal Alger Républicain et contributeur de l'Humanité, défendant l'Algérie libre et la fraternité entre les peuples seront plus fortes que ses bourreaux.
Je ne peux pas m'empêcher d'être admirative et la puissance de ce récit m'a tiré les larmes aux yeux.


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Le célèbre journaliste engagé dans la cause algérienne et historien, Henri Alleg, s'insurgeait, il y a de cela de soixante ans déjà, dans «La Question», un livre à travers lequel il dénonçait la torture pratiquée par l'armée française contre les Algériens durant la Guerre de libération.
«Les tortures? Depuis longtemps le mot nous est à tous devenu familier. Rares sont ici ceux qui y ont échappé», avait-il affirmé dans son ouvrage écrit en prison à Barberousse, actuellement Serkadji, à Alger, et publié en France le 18 février 1958 aux éditions de Minuit. Désignant les tortionnaires, le livre a été immédiatement censuré et les exemplaires mis en vente saisis. Directeur du quotidien Alger républicain, un journal qui a été interdit en septembre 1955, Henri Alleg était connu comme un fervent militant de la cause algérienne passé à la vie clandestine en 1956. Voulant contacter son ami Maurice Audin le 12 juin 1957, Henri Alleg fut arrêté le lendemain de la disparition à jamais du mathématicien dont l'affaire vient de connaître un rebondissement 61 ans après. Suite à la récente confidence du président Emmanuel Macron que Maurice Audin eut été assassiné par l'armée, un soldat du contingent vient de libérer sa conscience en avouant que c'était lui qui avait enterré le mathématicien. Une version qui vient contredire une fois de plus la thèse officielle.
L'ancien directeur d'Alger républicain est transféré alors dans un lieu de torture à El Biar sur les hauteurs d'Alger. Après un mois de supplices et de tortures, il est jeté en prison en août 1957 après avoir réussi à faire parvenir en France une copie de sa plainte pour torture remise au procureur général d'Alger. Selon Nils Andersson, un éditeur né à Lausanne, expulsé du territoire suisse par les autorités helvétiques en 1966 suite à la publication de divers écrits, principalement favorables aux combattants algériens puis vietnamiens, l'histoire du livre commence au moment où Léo Matarasso, l'un des avocats de Alleg, lui demande de témoigner sur les tortures subies. Après un moment d'hésitation, l'avocat le convainc de l'importance qu'il décrive les supplices infligés à des milliers d'Algériens. Les feuilles du manuscrit sont transmises clandestinement aux avocats, dont Léo Matarasso, Roland Rappaport qui devient avocat de la famille Audin et Pierre Braun. Sa femme Giberte déchiffrait les feuilles pour pouvoir taper le manuscrit. Plusieurs éditeurs ont refusé le manuscrit qui a été remis par la suite à Jérôme Lindon aux Editions de Minuit qui avait déjà publié Pour Djamila Bouhired un ouvrage dans lequel Georges Arnaud et Jacques Vergès dénoncent les tortures subies par cette moudjahida. Dans son livre, Henri Alleg raconte sa période de détention et les sévices qu'il y a subis avec les Algériens. «J'ai côtoyé, durant ce temps, tant de douleurs et tant d'humiliations que je n'oserais plus parler encore de ces journées et de ces nuits de supplices si je ne savais que cela peut être utile, que faire connaître la vérité c'est aussi une manière d'aider au cessez-le-feu et à la paix», avait-il écrit, indiquant que «des nuits entières, durant un mois, j'ai entendu hurler des hommes que l'on torturait, et leurs cris résonnent pour toujours dans ma mémoire». Il a attesté avoir vu «des prisonniers jetés à coups de matraque d'un étage à l'autre et qui, hébétés par la torture et les coups, ne savaient plus que murmurer en arabe les premières paroles d'une ancienne prière», relatant que c'est pendant cette période qu'il avait appris la «disparition» de son ami Maurice Audin, arrêté vingt-quatre heures avant lui, «torturé par la même équipe qui ensuite me prit en mains. Il a évoqué, entre autres, la disparition de cheikh Larbi Tebessi, président de l'Association des ouléma musulmans, et du docteur Cherif Zahar. Ce livre témoignage a provoqué un véritable choc dans les esprits des milieux intellectuels français et dans la presse comme notamment France-Observateur, L'Express et L'Humanité. Dans une lettre de protestation au gouvernement, André Malraux, Roger Martin du Gard, François Mauriac et Jean-Paul Sartre l'avaient sommé, «au nom de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, de condamner sans équivoque l'usage de la torture, qui déshonore la cause qu'il prétend servir».
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Après avoir lu le livre de Aussaresses, un des tortionnaires, j'ai lu un livre d'une victime.

Un livre terrifiant à lire. Il présente la torture pendant la guerre d'Algérie de façon crue telle qu'il l'a vécue.

Henri Alleg (Harry Salem) est né en 1921 à Londres. et mort le 17 juillet 2013 à Paris 19e, est un journaliste français, membre du PCF et ancien directeur d'Alger républicain. Il est notamment l'auteur de la Question, un livre dénonçant la torture pendant la guerre d'Algérie (source Wikipédia).

Il a été arrêté en juin 1957 et a été torturé pendant un mois. Lors de son procès en Algérie, trois ans après son arrestation, alors qu'il a pu décrire entièrement le bâtiment où il a été torturé, aucun des tortionnaires a reconnu l'avoir torturé. Il a été condamné à 10 ans de réclusion pour atteinte à la sécurité de l'état, puis transféré en France.

Il raconte dans ce livre avec une grande richesse de détails la torture dont il a subi. Il a été censuré en France dès sa sortie, fin 1957, parce qu'il portait attente à l'honneur de la France et de son Armée, puis immédiatement publié en Suisse.

Il faut noter que le Colonel Faulques (capitaine à l'époque), un des tortionnaires de Alleg, se vante d'avoir réussi à le faire parler, alors que Alleg semble être fier de réussir à ne rien dire lors de la torture. Tous les deux ont intérêt à maintenir leur version.

D'un autre côté, le Général Aussaresses dit dans le livre "Services Spéciaux", où il parle de la torture qu'il a pratiqué et surveillé, que Henri Alleg n'a survécu que parce que c'était un individu sans grande importance parmi les personnes recherchés.

Par ailleurs, dans la citation de la page 23, on voit qu'un des tortionnaires, un certain Erulin, insultait et menaçait aussi bien Alleg que les hauts personnages de la république - les ministres Duclos et Mitterrand - ce qui me semble incompatible avec ses fonctions puisqu'il était justement censé les obéir et Alleg était justement supposé ou accusé de se battre contre la République Française pour l'indépendance de l'Algérie. À cela se mêle le fait que Alleg était un militant du Parti Communiste.

C'est un livre court, facile à lire (si on peut le dire comme ça), mais dur par son contenu. Ça donne à réfléchir au delà de la simple lecture en cherchant d'autres sources sur l'ensemble de l'époque, une époque trouble que beaucoup aimeraient oublier.
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La claque. J'imagine la déflagration à la publication en France de ce court texte dans lequel Henri Alleg, directeur du journal « Alger Républicain », raconte son incarcération ponctuée de séances de torture par les forces françaises en Algérie pendant la guerre d'indépendance.
Il en raconte les premiers jours en détails. La progression et les subtilités dans les types de torture, que ce soit à base d'électricité ou d'eau, ou plus psychologique, les discours et remarques des exécutants, l'évolution de ses sensations et de ses pensées, les autres prisonniers croisés, sa cellule et ses conditions de détention. Il passe plus vite et résume le mois qui a suivi.
Révoltant, révulsant, nécessaire.
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Un témoignage poignant et terrifiant sur les tortures menées durant la guerre d'Algérie, écrit par Henri Alleg, ancien directeur du journal "Alger républicain".
Le récit est factuel, très bref, comme un coup de cloche qui réveille brutalement. L'auteur ne cache rien des pratiques inhumaines de ceux qui ont été ses tortionnaires. L'absence de fioritures nous emmène d'ailleurs à ses côtés, sur sa paillasse humide et froide, assailli par les cris des gens que l'on "travaille", sur le qui-vive.
Un récit qui ne peut que rester gravé en mémoire un certain temps.
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Henri Alleg est décédé le 17 juillet 2013. Il faut (re-)lire « La question », celle de la torture pratiquée par l'armée française en Algérie. Bref rappel des faits : la France ne veut pour rien au monde perdre ses colonies. En 1954, elle « perd » néanmoins l'Indochine, alors, pas question de perdre l'Algérie. Au 1er novembre commencent les « opérations de maintien de l'ordre », terrible euphémisme employé par le gouvernement français pour ne pas dire le gros mot de « guerre ». En 1955, le quotidien Alger-Républicain est interdit, car non, tous les « pieds-noirs », les français d'Algérie, ne sont pas pour l'escalade de la violence contre les nationalistes algériens. Henri Alleg, directeur de ce journal, continue son combat dans la clandestinité. Il est communiste. le 12 juin 1957, il est arrêté par les parachutistes au domicile du mathématicien Maurice Audin, lui-même incarcéré et qui mourra sous la torture. Commence alors le calvaire d'Henri Alleg, qui subira durant plus d'un mois “ la question ”. de jeunes appelés assistent parfois aux séances de tortures, admirent le courage du supplicié, mais ne parviennent pas à s'opposer à leurs supérieurs. Transféré dans un autre camp puis une prison, motivé par ses avocats, Alleg, encore incarcéré, va réussir à écrire ce témoignage et à le faire publier. Ce livre va déclencher une prise de conscience dans l'opinion publique : l'État français, cette bande d'hommes armés, utilise massivement la torture en Algérie. (Et à un niveau tel que les officiers français partiront exporter leur « savoir-faire » aux USA et auprès des dictatures d'Amérique latine). Un livre, une question, qu'on doit garder à l'esprit lorsque notre attention se relâche et que l'on croit vivre dans un État bienveillant/débonnaire et sans dangerosité.
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Cela faisait longtemps que je désirais lire La Question d'Henri Alleg. Il fait partie de ces livres dont tout le monde parle pour dire une chose : « Ce livre a été censuré par l'Etat français, il faut le lire » … C'est donc à l'occasion d'une visite amicale et d'un débat politique que j'ai eu l'honneur, puis la tristesse de le lire.
Ce témoignage déchirant révèle une souffrance d'un « frère » dans la révolution algérienne torturé par des Paras français au nom des Français et pour une Algérie cruellement française.
Ce qui m'a traversé l'esprit tout au long de la lecture de ce grand « petit livre » écrit en prison par un journaliste communiste Français et dans une Algérie colonisée, c'est que ce témoin ne s'adresse qu'aux Français qui ne sont ni musulmans ni Algériens, bref, le torturé s'adresse à ceux qui veulent bien l'entendre : « Tous cela, je devais le dire pour les Français qui voudront bien me lire. ». Or, loin de n'être qu'une dénonciation objective de la torture des musulmans et des communistes en Algérie dans les années 50, ce livre devrait être l'attestation d'une réelle amitié franco-algérienne malheureusement peu valorisée par les anciens colonisés.
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