Neuf nouvelles par lesquelles Alloula re-visite son passé. Son enfance, au village d'abord, à Oran ensuite. Son père, son instituteur, un gargotier. Chacune de ces nouvelles écrites dans un français absolument excellent, qui parfois même semble inaccessible.
Il décrit avec une aisance, une facilité l'ambiance, les odeurs, les attitudes, les lieux et les gens comme au spectacle, et l'on est spectateur ébahi.
C'est le cinéma ambulant des années 50 dans un village d'Algérie, «
le cri de Tarzan ». C'est la nouvelle « mes enfances exotiques » un succulent déjeuner sur l'herbe, décrit avec beaucoup d'humour et d'ironie. « Solinger Germany » il faut du génie pour transformer une simple action de rasage au petit matin en un récit pittoresque, varié, qui vous transporte sur la banquise, au Pôle Nord, au Canada, le tout grâce et à cause de flocons de mousse à raser, sans oublier, la mère qui munie d'une serviette vient sécher le visage de son mari…. La délicatesse est encore plus légère que la mousse…Dans les « gargotes » un seul périple dans les fin fonds de la ville nous entraîne dans une caverne d'Ali Baba… Un peu de nostalgie et un salut à son frère assassiné en 1994 : « on vous parle d'Oran". Enfin « la langue fantôme » L'hommage fantastique de cet illustre écrivain à la langue française.
Inutile de dire (mais je le dis quand même) c'est absolument génial et je m'en vais chercher d'autres « Alloula ».