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3,5

sur 128 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Électrisant…

Assurément c'est l'ambiance que nous retenons avant toute chose de ce livre, « Après l'orage », premier livre de l'auteure argentine Selva Almada. Une ambiance quasi cinématographique de station-service au milieu de rien en pleine canicule, de vieilles pompes à essence poussiéreuses, de chaises en plastique, de chiens endormis sous la table à même la terre battue, de rideaux en lanières à plastique poisseuses, de carrosseries de voitures, de vieux pneus, de bouts de fer tordus, entassés pêle-mêle rôtissant au soleil. L'ambiance, ainsi que l'écriture sobre mais poétique, constituent les véritables piliers de l'histoire. Ce d'autant plus qu'il s'agit d'un huis-clos magnétique entre quatre protagonistes au sein même de cet endroit, antichambre de l'enfer…

« Quand il parvint à l'endroit voulu, il s'écroula sur le sol, ouvrant les bras et la bouche, ses poumons se remplirent d'air chaud. Dans sa poitrine, son coeur était comme un chat dans un sac. Il regarda les petits morceaux de ciel qui se faufilaient dans la frondaison clairsemée de l'arbre ».

Le Révérend Pearson et sa fille Léni, âgée de seize ans, nomades incessants, sont tombés en panne. Bloqués dans une station-service perdue au milieu d'un paysage désolé et aride, le rustre et taciturne El Gringo Bauer, malade des poumons, répare leur voiture. La panne est plus sévère que prévu, les heures s'écoulent et le jeune assistant qui vit avec El Gringo, surnommé Tapioca, l'aide, le ravitaille en bières fraîches et en maté. Au cours de ces longues heures d'attente, le Révérend et sa fille ont le temps de faire connaissance avec les deux hommes, de les questionner. L'attente est également propice aux souvenirs de refaire surface mettant en valeur la part d'ombre et de lumière de chacun d'eux. Les regrets des deux pères émergent, les espoirs des deux adolescents osent de timides balbutiements. le jeune Tapioca semble totalement pur et innocent. le Révérend, toujours prompte à évangéliser les personnes croisées, à « récurer les esprits sales, les rendre à leur pureté originelle et les remplir de la parole de Dieu », voit dans le jeune homme la mission de sa vie en le ramenant avec lui, de quoi effacer un passé pas si glorieux. Pour chacun, c'est leur vie qui se joue là. le terrible orage qui va éclater, tension extrême des éléments à l'image de la tension qui monte entre les protagonistes, permettra au destin de faire son oeuvre…

La religion est très présente dans ce livre, sans doute un peu trop à mon goût d'ailleurs, le fanatisme du Révérend au sein de ce huis-clos crée une tension très forte, quasi insupportable. Intéressant cependant de sentir l'opposition entre le Révérend Pearson très pratiquant, et la croyance aux forces naturelles d'El Gringo, son simple respect de la nature. C'est par ailleurs, et c'est ce qui m'a particulièrement plu, un roman d'ambiance très visuel et poétique, à l'écriture sobre dans lequel les émotions des personnages sont à vif et la tension monte crescendo jusqu'à l'éclatement et au bouleversement des destins de chacun. Bouleversement dans une nature qui, elle, reste implacable après l'orage.

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Sur une route désertique au nord de l'Argentine, dans un paysage saturé de chaleur, le Révérend Pearson et sa fille Leni tombent en panne et se retrouvent dans un garage paumé où El Gringo leur promet une réparation rapide .
Il est secondé par un jeune homme, Tapioca , 16 ans comme Leni.

Les heures passent, lentes pour les deux naufragés de la route, plus délicates que prévues pour le garagiste et intrigantes pour Tapioca qui n'est jamais sorti de ce trou depuis son enfance et observe ces étrangers , une proie facile pour le Révérend qui voit dans le jeune homme une version pure de ce qu'il aurait pu être si il avait eu la chance de rencontrer un homme comme lui pense t'il ...

L'ambiance devient inexorablement plus tendue, comme cette atmosphère particulière que l'on ressent avant l'orage , un silence trompeur avant l'intempérie qui éclate comme les tensions humaines.

Une fin qui m'a surprise et qui laisse le lecteur sur sa faim.
Drôle de roman pour une drôle d'ambiance ...
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Quelques heures avant l'orage, il y a le Révérend Pearson et sa fille, Leni, 16 ans, qui tombent en panne sur une route isolée de la province du Chaco dans le nord de l'Argentine, autant dire dans un quasi désert. Il y a aussi, non loin de là, une station-service, qui fait office de garage et de casse, vers laquelle la voiture du Révérend est remorquée, puis réparée par El Gringo Brauer et son jeune assistant Tapioca, 16 ans. Il y a, surtout, le paysage vide, la terre desséchée, le temps immobile, le vent, la poussière, quelques arbres rabougris et des carcasses de voitures sous un soleil de plomb et un ciel sans nuages.
Depuis bien des années avant l'orage, le Révérend, pasteur nomade et fanatique, porte la Bonne Nouvelle et sillonne la région dans sa voiture, avec sa fille et des caisses pleines de Bibles, d'hôtels minables en motels pourris. Depuis bien des années, Brauer tient son garage au milieu de nulle part et s'accommode parfaitement de l'absence de religion et de la présence de Tapioca, qu'il a pris sous son aile quand la mère de celui-ci l'a abandonné alors qu'il n'avait que 8 ans.
Ignorant encore qu'un orage va éclater, ces quatre personnages forcés de se côtoyer pendant les heures nécessaires à la réparation de la voiture, s'observent, se jaugent. Si Brauer et Pearson ont en commun d'avoir élevé, seuls, un enfant et d'avoir leur destin derrière eux, ils sont diamétralement opposés, l'un taciturne et athée, ayant le respect de la Nature pour seul credo, l'autre prêcheur théâtral et prosélyte impénitent (si j'ose dire). Quant aux enfants, ils se ressemblent plus qu'il n'y paraît, ayant grandi sans mère, sans véritable présence féminine. Leni est partagée entre son adoration pour son père, et ses doutes quant à la prétendue bonté de Dieu, qui ne lui a jamais offert ni vie de famille, ni foyer sédentaire. Tapioca se pose moins de questions, mais tous deux voient la route (celle sur laquelle elle passe sa vie, celle qu'il voit tous les jours à côté de la station-service) comme une échappatoire vers un avenir différent de leurs présents respectifs.
Peu de mots suffisent à créer une tension, qui devient lentement insupportable, en même temps que l'air se charge d'électricité et que la tempête, réelle et symbolique, approche.
Et puis, après l'orage et ses trombes d'eau, il y a le calme qui revient, la tempête sous les crânes qui s'apaise. Pourtant tout est différent, le cours des vies est bouleversé même si le paysage désertique reste immuable, même si le soleil, indifférent, recommence à brûler de plus belle.
Paradoxal huis clos dans un espace infini, western moderne sans colts à la ceinture mais la Bible à la main, il y a de la graine de film dans ce roman. de façon inattendue, la trame épurée, le style simple, aiguisé, une langue qui sonne très juste, le décor implacable et l'atmosphère oppressante le rendent poétique et entêtant.
« Après l'orage », magnétique...
Lien : http://www.voyagesaufildespa..
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D'un coté, le révérend Pearson, pasteur évangélique, et sa fille Leni, 16 ans. de l'autre, El Gringo Brauer, mécano de son état, et son fils adoptif Tapioca. Les premiers sont tombés en panne au milieu de nulle part, sous un cagnard étouffant. Les seconds occupent le seul garage à des kilomètres à la ronde. Une rencontre intense, quatre personnages aux antipodes, une ambiance qui peu à peu va se charger en électricité. Dans ce coin paumé du nord de l'Argentine frappé par une infernale sécheresse, l'orage va gronder, les éléments se déchaîner et les natures de chacun se révéler dans un final que l'on devine rapidement inévitable...

La quatrième de couverture parle d'un huis clos à ciel ouvert et c'est exactement ça. le face à face entre le révérend et le garagiste est d'une grande force. le premier est un orateur hors pair, un homme qui sait se montrer convaincant. le second est un taiseux, profondément athée : « Les affaires du ciel ne l'intéressaient pas. La religion était faite pour les femmes et les hommes faibles. le bien et le mal, c'était une autre histoire : ça, c'était une question quotidienne, concrète, que l'on pouvait affronter avec son corps. La religion, d'après lui, était une façon d'éluder ses responsabilités. S'abriter derrière Dieu, attendre d'être sauvé, ou rendre le diable responsable du mal qu'on était capable de faire. » Entre eux, l'affrontement ne pouvait que couler de source.

Un excellent premier roman. Chapitres courts, écriture sèche et très visuelle, aller-retour entre le présent du récit et le passé des personnages, Selva Almada possède à l'évidence un vrai sens de la narration. Il y a quelque chose d'hypnotique dans ce texte. Chacun à l'air sûr de soi, maître de ses paroles et de ses actes. Et pourtant on sent que l'étincelle qui va mettre le feu au poudre ne demande qu'à jaillir. Tout tient dans l'ambiguïté des attitudes, dans cette atmosphère immobile et irrespirable qui finit par électriser le décor et les protagonistes. le début de ma réconciliation avec la littérature argentine à 15 jours du salon du livre, c'est parfait !
Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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L'endroit est désertique, la chaleur étouffante, c'est le milieu de nulle-part. le Révérend Pearson et sa fille Leni sont bloqués chez un garagiste, El Gringo Brauer et son assistant, le jeune Tapioca, à cause de leur voiture tombée en panne. L'arrivée d'un simple événement climatique va changer la vie de ces quatre personnages...

Selva Almada a réussi à écrire une histoire plutôt simple et dont la scène ne dure à peine une journée, mais très marquante et avec une incroyable maîtriste stylistique. En alternant présent et retours en arrière, on apprend des détails essentiels chez les personnages sans pour autant tout savoir, nous laissant le soin de nous questionner et d'utiliser notre imagination.

La religion, la nostalgie et le rôle de la mère sont au coeur de ce roman profondément humain qui met en lumière deux mentalités et deux modes de vie opposés. Pourtant, les personnages ne sont pas si différents que ça, nous prouvant que qui que nous soyons, d'où que nous venions et quoique nous fassions, nous sommes tous pareil, égaux face aux aléas de la vie que nous ne pouvons contrôler.

Loin de nous noyer de descriptions, l'auteure nous donne juste ce qu'il faut pour que ses mots se transforment en images et sensations, nous forçant à l'exil par la pensée.

Ce livre est pour moi plus qu'un coup de coeur, plus qu'une claque. Quelques jours après l'avoir lu, j'ai toujours du mal à m'exprimer dessus, d'où la brièveté de ce billet, car c'est un livre qui se ressent, intime.

Il ne me reste plus qu'à remercier Babelio et les éditions Métailié un milliard de fois pour cette magnifique découverte qu'est ce roman subtil et poignant, quasi-parfait.
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Une histoire étrange,lieu de l'action un garage au milieu de nulle part,province du Chaco,dans le nord de l'Argentine.La voiture du révérend Pearson et de sa fille Léna,seize ans,tombe en panne.Ils se font remorquer jusqu'au garage de El Gringo Bauer.Bauer y vit avec Tapioca,un garçon de seize ans,dont la mère,de passage, l'a abandonné huit ans auparavant,prétendant qu'il est son propre fils.En attendant la réparation,le révérend,attiré par la candeur de Tapioca ,va tout faire pour convertir l'adolescent.El Gringo s'en apercevant,s'ensuit alors un bras de fer entre les deux hommes.C'est un combat métaphysique ,le révérend ne jure que par Dieu et Jésus,alors que pour El Gringo,en dehors des forces de la nature,il n'y a pas grand chose.Et arrive l'Orage,et en l'espace de quelques heures,tout se dénoue,tout s'achève.La tension est permanente.Je n'ai pas aimé le personnage du révérend,et lire ses discours de conversion et ses textes de prêches m'ont été pénible ,bien que ne soyant pas athée.Je regrette aussi la fin,et suis curieuse de savoir pourquoi Selva Almada l'a choisie.Pourtant j'ai beaucoup aimé le livre,un très beau premier roman,court,dense,sous tension.
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Il y a chez cette romancière débutante quelque chose en elle, sinon du Tennessee, du moins du sud des Etats-Unis. Dans l'atmosphère poisseuse d'une journée où a lieu une rencontre improbable entre un révérend sentencieux et charismatique, qui n'a que le Christ à la bouche, et un garagiste du bout du monde, athée et taciturne. Ce sont les deux personnages principaux d'Après l'orage, chacun flanqué de leur progéniture, une fille et un garçon, adolescents. Sans oublier une palanquée de chiens et des horizons désolés, accablés par une chaleur plombante. Il n'en faut pas plus à Selva Almada pour planter un décor, avec un talent de tous les diables, et faire progresser l'action avec une lenteur sublime, comme dans un western de Sergio Leone. Les conflits qui peuvent mener à la violence, la révolte des deux plus jeunes, les stigmates du passé, tout est comme absorbé par un paysage plus grand que nature. Après l'orage est mieux qu'une révélation, il donne le sentiment qu'une auteure majeure, une de plus dans la riche littérature argentine, vient d'éclore et qu'elle n'a pas fini de nous étonner.
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Dans la foulée de la lecture, la fin m'a fait passer de 4 étoiles à 3,5...
Si on revient au titre original "El viento que arrasa", c'est pourtant cohérent. Un révérend exalté par la Mission qu'il croit avoir, accompagné de sa fille qui suit par obligation, arrive - par hasard, par la volonté du Seigneur, ou par celle de Satan selon le point de vue où on se place - dans un garage isolé d'Argentine, où vit un homme qui s'occupe d'un jeune homme abandonné par sa mère lorsqu'il était enfant.
Dans la sècheresse oppressante puis dans le coup de vent et la grosse pluie d'orage, se noue une histoire d'abandons et de choix, dans une narration à la fois simple et originale, et une écriture qui donne envie d'en lire plus. Un livre qui intrigue : qui est cette autrice, qu'a-t-elle écrit d'autres ?
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C'est un roman court, et c'est sans doute cette brièveté qui le rend percutant, mais pas seulement.

Il fait chaud, très chaud dans ce coin perdu d'Argentine (on doit être pas très loin de la ville de Rosario, à l'Est), la sécheresse est à son maximum, on observe la terre qui se craquelle, on sent les mains poisseuses, la sueur qui dégouline dans le dos, et voilà que les tuyaux brûlants d'une automobile en panne viennent ajouter au malaise ambiant. La voiture, c'est celle du Révérend Pearson, un pasteur itinérant qui se déplace seul (se faisant passer pour un veuf) avec sa fille Leni. le pasteur attend que Mr Brauer, dit El Gringo, la répare. le garagiste vit lui aussi seul avec un adolescent, José dit Tapioca, que sa mère a abandonné un jour au garage avant de s'enfuir pour toujours. On dirait que le temps s'est arrêté sur ce bord de route, mais Selva Almada installe une confrontation et un suspense taillé au cordeau. On sent le désir du pasteur de happer Tapioca qu'il ressent comme une âme pure. le révérend face au garagiste, le self-made man charismatique face au mécanicien taiseux, la connaissance livresque face à l'intuition, la fille face à son père, la jeune fille qui n'a pas encore tout à fait conscience de son pouvoir face au jeune homme naïf, sans compter la chaleur et l'orage qui menace.. Je me suis régulièrement demandé si le pasteur était un homme réellement bon et charismatique ou un homme machiavélique, marqué par un passé suggéré. Car c'est cela aussi, la force de Selva Almada : suggérer les choses, révéler certains éléments par petites touches, sans tout dire, même quand la voiture sera réparée et que l'orage salvateur (?) sera passé.

Un premier roman très visuel, sensuel et intelligent.
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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Une voiture en panne, un garage perdu au milieu de nulle part, une forte chaleur, la rencontre improbable de quatre personnages (un garagiste athée et son fils adoptif (ou pas), un prédicateur prosélyte et sa fille). Et cela suffit pour captiver le lecteur, pour l'amener à réfléchir sur le sens de la vie, pour apprécier cette prose sobre mais efficace.

Sous le charme.

C'est court, mais original et intense. C'est un roman d'ambiance, pas besoin de longues descriptions, l'auteur a un talent certain pour créer un climat (tout en tensions sous-jacentes) en peu de mots.
Lien : http://krolfranca.wordpress...
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