WatergangMario Alonso
premier roman
Le Tripode, 2022, 221 p
Ce livre, offert par une amie de la belle-soeur de M. Alonso, a une couverture magnifique, qui est une caractéristique de la maison d'édition le Tripode.
C'est un roman original, voire étrange, à part, par ce qu'il raconte, le lieu de l'action (ou le manque d'action), le personnage principal, le style qui souffle poésie et magie. C'est un roman polyphonique, humains, objets, éléments, roman animiste alors?-abstractions, s'expriment tour à tour. Ces différents narrateurs éclairent par fragments le personnage de Paul. Les chapitres sont très courts. La lecture est très agréable. L'endroit, mouvant, est beau, et les personnages sont doux, dénués de violence.
Cela se passe à Middleburg,une petite ville où il n'y a pas grand-chose à faire, au milieu des polders, que Paul, le personnage principal, parcourt sans cesse, lui qui est un poids plume et a choisi de ne pas parler. C'est un garçon spécial, à part lui aussi, et c'est sans doute cette étrangeté qui le rend attirant, qui attire les filles particulièrement. Ses mots, il les réserve pour son livre qu'il écrira à 13 ans, c'est sûr, mais peut-on jamais être sûr de rien?- soit dans quelques mois, sous un pseudo. Il y donnera la parole à tout le monde. le livre qu'on est en train de lire, est donc le livre que Paul écrira. En attendant, il noircit des carnets remplis de listes et du mot Paul. Il vit avec sa mère divorcée, sa soeur, ado et enceinte, aux nombreuses copines qui ne jurent que par le rose, et dont le petit ami, père biologique, hésite à assumer ce rôle. Son père, à Paul, est parti en Angleterre vivre avec une autre qui a le même prénom que sa première femme, et tous deux attendent un heureux événement. le père leur adresse régulièrement des lettres respectives. Paul, à qui son père, traître d'un côté, manque, lit ses lettres dans le polder et les y enterre.
le polder remplit le corps, le coeur, et l'esprit de Paul. le
watergang est un abri, un havre d'amour, un lieu d'attente aussi. C'est un beau paysage, terre imbibée d'eau qui marque une limite, avec ses reflets, ses lumières, ses ombres, ses couleurs, sa fausse horizontalité. Ce lieu, on peut le quitter, comme le père de Paul, ou bien y rester ou même y revenir. le polder serait en attendant un lieu de plénitude, mais il sera habité par une autre grâce qui l'élargira encore.
le polder n'est pas seul à avoir des reflets. le roman aussi a ses jeux de doubles, ses flous, ses dessous.
Bref, ce roman est un livre de poésie.