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4,1

sur 1088 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Ma voix, dissonante, paraîtra pour beaucoup sévère car loin des éloges dithyrambiques publiées sur le réseau. Elle voit dans une histoire décrite comme passionnante une histoire insipide; dans une femme décrite comme merveilleuse un personnage banal; dans un roman présenté comme un bijou une pierre mal polie. Elle voit dans un roman couronné de succès une mollesse, une paresse, un raté. Vous l'aurez saisi, je n'ai pas été satisfaite par ma lecture. Elle fut longue pour moi. Elle fut ennuyante, assommante, rasante. Elle fut laborieuse. C'est qu'il n'y avait rien pour attiser mes sens ici, rien pour nourrir ma curiosité, rien pour éblouir mes pensées. Tout était fade, terne, morne. Tout était insipide. Mon mari m'a demandé ce qu'il manquait à ce roman pour me plaire. Une ossature, j'ai répondu. Une solidité. Une puissance. Une force. Une intelligence. Il lui manque la fermeté de la poigne. Il lui manque la puissance du coup de poing asséné. Il lui manque l'intransigeance de la plume assurée. Il lui manque une vigueur. Madame Hayat est un roman, pour moi, trop léger, trop mou. Les personnages m'ont agacé car faussement sulfureux, leurs relations m'ont endormi car faussement passionnées, leurs questions existentielles m'ont assommé car criantes de banalité et leurs débats sur la littérature m'ont ennuyé car pédantes à la fin. Tout a sonné faux à mes yeux. Tout était mal ficelé, mal agencé. C'était surfait. Quand les autres ont vu de l'or, j'ai vu moi du contrefait. Seul le décor m'a plu dans ce roman. Seul sa façon de raconter le régime kafkaïen m'a intéressé. C'est la peur qui s'infiltre dans les pores, qui paralyse et qui noie les individus dans un monde dirigé par l'absurde. C'est un monde qui ne peut se libérer qu'en empruntant la voie littéraire car elle seule abat les frontières, détruit les murs, arrache les barbelés. Elle seule donne du sens à un monde déraisonné. Quand le monde réel souffre de ses impasses, la littérature permet de s'en échapper. Prudence, toutefois. Il faut savoir la quitter pour revenir se confronter à la réalité. En bref, le décor est réussit mais il ne suffit pas à contenter car l'histoire qu'il sert est dépourvu d'intérêt.
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Un homme, lâche et jaloux, entretient deux liaisons à la fois avec des femmes qui méritent mieux que lui avec, comme toile de fond, la montée de l'intégrisme religieux.

On a le sentiment que l'auteur met en scène ses fantasmes et quelques idées au sujet de la littérature afin de meubler un peu...

Ne donnez pas de cours sur des livres qui vous tombent des mains, n'écrivez jamais d'article sur des oeuvres que vous n'avez pas pu lire jusqu'au bout. On reconnaît un bon livre à de nombreux critères, plus ou moins évidents, du reste, mais le premier d'entre eux est tout de même de pouvoir le lire en entier sans s'ennuyer. p156
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Je ressors très mitigée de cette lecture. Je l'ai trouvé laborieuse.
L'auteur ne précise jamais l'époque où la ville où ça se situe. J'imagine bien sûr que c'est sous l'oppression en Turquie. Mais ça m'a mis du temps à rentrer dans l'histoire car j'ai eu du mal à contextualiser le propos et l'imaginer dans une époque.

Fazil étudiant en littérature va rencontrer Madame Hayat plus âgée que lui et vivre une aventure avec cette femme. Il rencontrera en même temps Sila étudiante comme lui en littérature il vit avec elle une histoire différente. Nous suivons donc les questionnement amoureux de ce personnage. Bien sûr il y a tout le contexte politique de l'oppression qui est mis en avant. Mais nous sommes tellement dans les questionnement de Fazil qu'on a du mal à ressentir pleinement le totalitarisme qui règne dans le pays.
J'ai eu beaucoup de mal à croire à la relation de Madame Hayat avec Fazil et c'est là où le livre devient difficile à suivre. Leur histoire est pour moi trop improbable pour être possible. et je ne m'attache pas à eux.
Madame Hayat est passionnante mais je ne comprend pas son choix. Fazil est un peu fatiguant avec ses questionnement.

Je suis donc plutôt déçue même s'il y a de beaux moments et de bons dialogues.
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C'est  l'histoire d'un jeune homme Fazil futur écrivain, il a été riche et protégé des vicissitudes de la vie. Il est devenu pauvre et loue une chambre dans un immeuble qui accueille les laissés pour compte de la société turque (?).Il vit dans une ville qui ne sera jamais nommée, on y mange des mezzes en regardant le Bosphore à une époque qui ne sera jamais datée.

C'est l'atout de ce livre d'être ainsi hors du temps, les histoires d'amour sont uniques  mais toutes les dictatures se ressemblent.
Fazil tombe amoureux de deux femmes, Sila,une étudiante en lettres, jeune, belle, devenue pauvre comme lui. Avec elle il peut partager ses questionnements intellectuels.
L'autre femme est beaucoup plus âgée que lui, elle danse sur un plateau de télévision. et regarde des documentaires à la télévision. Elle ne manque pas de conversation. Elle est vive, et essaie de prendre la vie comme elle vient. Madame Hayat est belle à sa manière toute orientale,

L'auteur décrit par petites touches la répression exercée par le pouvoir en place sur les opposants au régime, les professeurs de littérature étant en première ligne. Mais cette tension à peine palpable n'est pas le sujet de ce roman. Et c'est dommage, l'auteur qui a écrit ce roman en prison a choisi de le centrer sur les romances de Fazil et sur ses atermoiements existentiels : Quelle femme choisir alors que des bandes armées de bâton sèment la terreur dans les rues dès la nuit tombée ?
Le style vieillot, extrêmement classique, du roman nuit au charme distillé par la mystérieuse et sensuelle Madame Hayat.
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L'envie est forte de défendre bec et ongles le travail d'Ahmet Altan, ce rédacteur en chef du quotidien Taraf en butte à un pouvoir autoritaire odieux. Elle est d'autant plus forte qu'il a écrit pour l'essentiel « Madame Hayat » pendant ses cinq années de détention dans la prison de haute sécurité de Silivri, à l'ouest d'Istanbul. Mais il faudrait sans doute une autre plume, un bien autre engagement pour être admiré comme un Nazim Hikmet ou un Yachar Kemal d'aujourd'hui. Décontextualiser le plus possible le travail d'Ahmet Altan et ne voir dans son roman qu'un objet érotique et ludique autonome de plus n'est tout simplement pas possible. Plus le sujet véritable en effet d'un tel roman est ignoré, plus aisément il impose sa vision masculiniste, utilitariste, libérale détestable et plus facile est alors son intégration dans le discours ambiant.


Comme les horribles magasins roulants d'autrefois, voilà un livre d'Acte Sud qui porte tout en devanture. Nous ne serons ainsi pas dépaysés en entrant dans la boutique. Les phrases d'Ahmet Altan, constamment imagées, sont le plus souvent malheureuses, brinquebalantes et en équilibre précaire. Les malhabiles et ordinaires clichés en effet semblent n'être jamais en mesure de commander la moindre vision inattendue ou un tant soit peu inusuelle capable d'éclairer l'univers de l'auteur. Dans l'instant où ils se présentent, jamais ils ne s'imposent, jamais ils ne font advenir le moindre sens poétique ou simplement neuf susceptible d'être ensuite déployé. L'écriture de « Madame Hayat », sans inspiration véritable, est impuissante à déplier les implicites d'une quelconque vision et à restituer aux piètres images choisies la durée, le temps qui feraient l'excitant vivant du roman.


Ahmet Altan derrière les barreaux fait le brouillon de ses baisers et réveille les femmes de ses rêves. Il imagine, ouverte à tous les désirs du jeune Fazil, la très mûre, très plébéienne et voluptueuse Madame Hayat ; entrouverte à ses ambitions, il imagine aussi Sila, plus jeune, plus présentable et gracile. C'est là le trio rabâché à l'envie de l'officieuse, de l'officielle et du machiste bourgeois ordinaire prisonnier de ses préjugés de classe et de genre. « Madame Hayat était libre nous dit Ahmet Altan. Sans compromis ni révolte, libre seulement par désintérêt, par quiétude, et à chacun de nos frôlements, sa liberté devenait la mienne. » Et il ajoute quelques pages plus loin s'agissant cette fois de Sila : « Nous avions le même âge, nous venions d'un milieu comparable, nous avions reçu une éducation semblable, nous lisions (…) J'eus l'envie de l'embrasser. Elle m'intimidait, je ne savais pas pourquoi mais elle m'intimidait, elle me faisait peur, d'une façon pourtant très douce, très sensuelle, attirante. » Mais même cette misogynie commune a l'air d'un grelot au gré de ce qui s'approche, de ce qui s'apprête dans ce roman. Alors que le régime de Recep Tayyip Erdogan se prépare à abroger la loi sur les violences faites aux femmes, l'auteur turque écrit : « – (Sila) : Tu n'as pas mal, j'espère. (…) (Fazil) : J'étais fâché. – C'est toi la femme, c'est moi qui dois te poser cette question. Elle ne répondit pas. Je me suis retourné d'un coup, je l'ai attrapée par les poignets pour la plaquer sur le lit. Elle essaya de se libérer mais j'étais le plus fort. – C'est toi la femme, répétai-je. Alors moi aussi je suis une femme. – Fazil … Tu me fais peur. – Moi aussi je suis une femme. Puis elle éclata de rire : C'est moi la femme… ça te va comme ça ? Tu as besoin que je le dise pour t'en convaincre, c'est ça ? Je la lâchai. – Taré … Regarde dans quel état sont mes poignets … Qu'est-ce qui t'a pris ? – Il me semblait qu'il y avait erreur dans la répartition des rôles, j'ai voulu corriger ça. » (p. 133). Ahmet Altan défend ces pratiques systématiques de la violence jusqu'au bout : Sila (p. 203) et Madame Hayat (p. 184-186): « (Madame Hayat) : – le passé de quelqu'un est une chose dangereuse. (…) Mais pour pouvoir tuer le passer de quelqu'un, c'est la personne elle-même qu'il faut tuer. Et tu finiras par la tuer, juste pour anéantir son passé. (…) – Tu veux me tuer ? (Fazil) : – de temps en temps … (…) Je regardais son cou blanc, charnu, je vis mes mains étrangler ce cou. Un frisson de désir m'envahit. Jamais je n'aurai imaginé que la pensée de tuer quelqu'un pût procurer une telle excitation sexuelle. (…) Je l'ai tuée. Ce soir-là et tant d'autres après lui, je l'ai tué cent fois. En mourant elle plongeait ses yeux au fond des miens, la pupille grandissante, dilatée comme un gouffre qui m'aspirait dans les profondeurs. Je n'étais plus le même homme (…) Une part sombre de moi voulait rester là, continuer d'y défouler sa passion rageuse et ses désirs de destruction. (…) Tu as égaré tes marques sur mon cou, je vais devoir porter un foulard… ».


Ahmet Altan a reçu en 2021 le Prix Femina étranger pour « Madame Hayat ». Ce prix a été créé en opposition au Goncourt jugé trop misogyne. Cette origine semble aujourd'hui totalement oubliée. Il faut dire que la récupération gênée des oeuvres dans l'ordre de l'esthétique, de la culture est le plus souvent d'actualité avec les jurys d'aujourd'hui parce que sans doute l'appréciation formelle est seulement considérée. de la culture, de l'esthétique, certes il y en a quelques modestes pages dans le roman mais qui ne justifient certainement pas l'enthousiasme de la critiquature. Fazil et Sila, tous deux étudiants en littérature, échangent bien quelques titres, pas d'avantage. Ils assistent bien à quelques cours, rapportent bien quelques propos de leurs professeurs mais rien là de vraiment édifiant. Les apprentis écrivassiers ne dessinent malheureusement dans leurs bavardages qu'une littérature au rabais, toute empreinte de leurs petits moi qui ne peut en aucun cas séduire un jury quelconque. Presser d'en finir avec ce qu'ils ne comprennent pas, ils affirment à nouveaux frais, ce qui fonde et légitime à leurs regards de myopes l'autorité du texte littéraire. Ils défendent ainsi une littérature qui, si elle porte toujours ce nom – et nous nous demandons bien pourquoi – devrait, dans une langue apaisée avec elle-même, traiter un fond qui ne change jamais, une littérature qui devrait parler uniquement de l'être humain, de ses émotions, de ses affects, de ses sentiments avec ce qu'ils génèrent toujours, le désir de possession (p. 82). Il faudrait avec eux que l'écrivain, la critique s'affranchissent définitivement d'un intellectualisme fruit d'une parenthèse de deux siècles d'enlisement esthétique ; qu'ils s'affranchissent d'un intellectualisme secrétant un formalisme exacerbé et incompréhensible. Il faudrait pour cela qu'ils écrivent, croient-ils, des papiers à peu près lisibles, qu'ils ignorent les livres auxquels personne n'a rien compris, qu'ils cessent d'humilier le lecteur, qu'ils ne portent plus aux nues des ouvrages qui tombent des mains et ennuient les analphabètes (p.156).


Ahmet Altan a été la victime d'une abjecte répression et c'est sans doute pourquoi il a la sympathie du grand public, certainement pas pour son écriture, pour sa vision de la femme, pour sa conception de la littérature. Les idées défendues, les reproches fait au régime turque dans « Madame Hayat » sont pourtant insignifiants. Après tout, ce qu'il incarne longuement, véritablement avec Fazil et Sila, c'est le ressentiment des personnages pour un régime qui menace, qui détruit, qui ne maintient pas les fortunes établies … deux fois rien. Mais le pouvoir est insatiable, craintif, là il redoute le complot, ailleurs la casserolade.
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Ce roman d'Ahmet Altan m'aura laissée sur le bas-côté durant la quasi-totalité de sa lecture.

Certes, j'ai aimé l'écriture de l'auteur mais n'ai rien éprouvé à l'exclusion de trois passages.
Selon moi, le narrateur décrit mais ne vit pas ce qu'il raconte. Comment puis-je alors ressentir quelque chose ? Je n'ai eu d'autre choix qu'être la spectatrice de ce triangle "amoureux" et aucun des personnages ne m'a émue.

J'ai ressenti un bref éblouissement lorsque l'auteur lie la mort et (au) le désir (pages 184-185) tout comme lorsqu'il met enfin des mots, dans la bouche de Fazil, sur la personnalité de Madame Hayat : "Elle ne s'énervait pas, elle ne demandait pas d'explications et, ce qui était le plus effrayant, le plus insupportable, elle retournait la situation en sa faveur, elle faisait comme si aucun lien particulier n'existait entre nous, elle m'écartait tranquillement de sa vie. Avec une sérénité une impassibilité plus blessantes que n'importe quelle colère". Un des rares passages où Fazil et Madame Hayat ne m'ont pas paru lisses.
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Prix Femina étranger 2021
Subtil (le désir, c'est complexe), impressionnant (écrit d'une prison turque).
Pour autant, pas moyen d'accrocher. Je ne ressentais rien en lisant cette histoire, Madame Hayat, certes très libre, ne m'impressionnait pas. Grande déception. Je n'étais peut-être pas dans la bonne mood.
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